29 juillet 2012

Savoir préparer les prochaines générations de leaders ...

L'enfant prodige
Wolgang Amadeus Mozart
par Greuze (1763-1764)
Il y a quelque chose de paradoxal dans le management. A peine arrivé aux commandes d'une unité d'affaires, quelque soit la taille de cette entité, quelque soit le secteur d'activité, on se doit de travailler sur son plan de succession, et plus largement sur la génération de talents. Un dirigeant averti, qui fait bien son travail, doit passer un temps considérable à identifier, évaluer, faire progresser, accompagner, motiver, les jeunes (ou moins jeunes) pousses de l'entreprise. Ces talents, dûment identifiés, par des processus parfaitement élaborés, sont l'une des clés du succès futur de l'entreprise. Un élément simple de mesure que je me suis assigné tout au long de ma carrière consiste à compter le nombre de promotions que l'on a pu assurer en interne comparé aux recrutements extérieurs. Si 70 à 80% des promotions sont assurées par de "l'interne", alors votre service de recrutement fait bien son travail, vos managers s'occupent bien du sujet et l'entreprise parvient à capter ces générations de futurs patrons. Si vous êtes dans un ratio très inférieur, vous avez un souci sur au moins un des points précédents. Il faut agir. Si vous êtes à un taux inférieur ou égal à 20%, alors là vous avez un énorme souci. Il vous faudra revoir l'ensemble de la chaîne et recruter à l'extérieur en attendant qu'elle soit opérationnelle. J'ai vécu cela deux ou trois fois dans ma carrière. J'ai toujours procédé de la même façon :
  • Définition d'un processus de recrutement dynamique à tous les échelons de l'entreprise;
  • Travail collaboratif avec les universités et les écoles;
  • Présence accrue sur les réseaux sociaux (autrefois, les réseaux tout court !); 
  • Définition de filières de carrière, même si elles doivent évoluer dans le temps, les salariés, vos équipes ont besoin de directions, d'un cap;
  • Mise en oeuvre d'une Université interne ou d'un système de formation élaboré, avec recours aux formations internes (les talents sont là) mais aussi externes (cela permet d'ouvrir de nouveaux horizons); 
  • Suivi des formations et des plans de développement des collaborateurs ;
  • Mise en oeuvre d'un plan de motivation et de bien-être pour tous les salariés et de programmes spécifiques pour les hauts potentiels / top talents; Attention un haut potentiel sera contrarié, s'il a des valeurs, de voir son entreprise ne pas s'occuper correctement de l'ensemble des salariés; En d'autres termes, s'il est un haut potentiel, il doit déjà avoir une certaine perception du management des hommes et des femmes;
  • Mise en oeuvre d'un programme de coaching et de mentoring;
  • Programme de retention préventif pour les hauts potentiels. Un cadre qui vous donne sa démission doit partir. Vos chances de le récupérer sur le long terme sont faibles. En d'autres termes, quand le mal est fait, il est fait. Mieux vaut travailler en amont et apprendre de ses erreurs. 
Reste l'aspect psychologique. Tout au long de ma vie professionnelle, du moins à ce jour, j'ai rarement vu des managers bloquer sur ces idées. Par principe tout le monde est d'accord. Il en est tout autrement lorsqu'il s'agit de faire progresser certaines personnes, plus vite parfois que le manager direct, ou de faire recruter à ce dit manager un talent venant de l'interne ou de l'externe. Inconsciemment, on peut éprouver une appréhension à intégrer dans son équipe ou à développer en son sein un talent qui pourrait un jour nous "manger" tout cru. En réalité, cela arrive peu souvent. Une entreprise avisée fait tourner ses cadres. Il est généralement peu efficace de nommer quelqu'un au sein d'une même équipe. Il est en effet difficile de manager des personnes dont on a été le collègue. Mais cela peut se produire. Et alors ? 
On ne peut de toute façon bloquer le talent. S'il est là, il émerge tôt ou tard. Avec votre aide ou pas. Et si votre leadership est ébranlé par celui d'un autre, c'est que vous vivez peut-être sur vos réserves et qu'il est temps de passer la main ou du moins de vous remettre en cause. 
Et puis, que peut-il y avoir de plus excitant que de détecter des talents, des hommes et des femmes brillants, ambitieux, innovants, des hommes et des femmes qui voient les choses sous un angle nouveau, des hommes et des femmes qui vont appréhender les choses différemment et apporter une valeur que vous ne pourriez pas générer seul. 
C'est là toute l'histoire du monde, la vie c'est le progrès, c'est le renouvellement des générations. Tout ce qui survient n'est pas forcément bon, mais on peut difficilement arrêter ce processus. On nait, on se forme, on travaille, on réussit plus ou moins et un jour on passe le relais. 
Alors si ce que vous faites vous passionne, si votre entreprise compte pour vous, voilà bien la meilleure des motivations pour détecter les futurs grands : assurez-vous de passer le témoin à un homme ou une femme en qui vous croyez ! Pour le bien de tous !
Note : 
La vidéo qui suit donne une certaine idée de la façon dont on reçoit le temps quand il surgit brusquement, au moment le plus souvent où l'on ne s'y attend pas. Il faut voir les visages, sceptiques, avant qu'elle chante, puis au moment où elle commence, puis enfin à la fin. Bouleversant ... de talent ! De l'émotion à l'état brut ! Et en plus, le talent peut jaillir à tout âge ! 

16 juillet 2012

Être un leader c'est décider !

Qui a fait du sport d'équipe de haut niveau le sait bien ...
Qui a managé des projets ou des situations délicates le sait parfaitement ...
Qui a traversé une violente tempête sur un voilier ne peut l'ignorer ... 
Qui a combattu en mêlée aurait eu tort de l'oublier ...
Qui a été aux limites de l'impossible a certainement tiré cette conclusion ...
... le leader décide. Il doit décider. Il lui faut décider. 
Dans une équipe, il y a des membres. Ces membres sont des personnalités. Ils ont du caractère, des "savoir-faire", des compétences. Généralement, chacun de ces membres est compétent et apporte de la valeur au reste du groupe. Mais au final, il en faut un qui décide. Il aurait certes pris soin de consulter, d'écouter, de se faire challenger et de challenger lui-même l'opinion des autres. C'est son rôle. Mais il arrivera un moment où, retranché, il lui faudra choisir une option. Il fera peut-être une erreur. Il pourra se tromper. Mais il lui faudra décider, car le mal de notre société est que plus personne n'ose décider. On fait des réunions de travail et de concertation à n'en plus finir, on lance des études, on analyse, on décortique, on fait milles choses pour éviter ... de décider. Car ...
Décider c'est prendre des risques ...
Décider c'est s'exposer à la critique ... 
Décider c'est être au bord du précipice ... 
Certains ne supportent pas cette sensation. On est isolé, seul, l'impression vague de ne plus être soutenu, d'être face à soi-même. Mais c'est cela même être un patron. Celui qui refuse cette situation doit faire autre chose. 
Un leader au final est celui qui guide, qui décide, qui entraîne. Il ouvre la route et la ferme. Il est au commencement et à la fin. 
Ne pas décider c'est mettre assurément tout le monde en difficulté. 
Le décideur doit éviter de se tromper trop souvent. Mais il est préférable de se tromper un peu que de ne rien faire. Reste à définir ce que l'on entend par "un peu" ! 

08 juillet 2012

Rencontres économiques d'Aix-en-provence 2012

J'assistais ces trois derniers jours aux 12ème Rencontres Economiques d'Aix-en-Provence organisées par le Cercle des Economistes (dont le président est Jean-Hervé Lorenzi). Le thème, sous lequel les discussions se sont inscrites, était "Et si le soleil se levait aussi à l'Ouest ... ou la nouvelle dynamique mondiale". Amusant d'une certaine façon. Moins de l'autre. Les sessions "Délocalisation et relocalisation", "L'innovation" ou "Choc des cultures et des modèles sociaux. Quel renouveau ?" étaient intéressantes, porteuses d'idées. Il y avait aussi de nombreuses personnalités, dont l'ancien Président de la République française Valéry Giscard d'Estaing ou le nouveau ministre de l'Economie et des Finances Pierre Moscovici. Mais au final pas de grandes révolutions, si ce n'est une conviction : l'Europe doit se dépêcher de s'adapter ou la douche risque d'être très froide. Le BRICs (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) nous font une concurrence effrénée, tout en se dépêchant de nous dire qu'ils admirent l'Europe, la France en particulier et qu'ils rêvent d'arriver là où nous en sommes. L'argument n'est pas infondé, sans doute sincère même, car effectivement nous disposons d'un système social, je dirais presque "sociétal", stable, enviable pour beaucoup. Nous vivons dans des démocraties, où le mot "liberté" prend tout son sens. On peut comprendre l'envie des autres de nous copier de ce point de vue. Mais tout cela a un prix. Ne rejetons pas ce modèle, nous y sommes globalement attachés. Il coûte cher, mais c'est aussi ce qui a permis de construire cette France que nous connaissons et que nous apprécions. Pas sûr que nous aurions aussi bien résisté sans lui. Cependant, les conséquences sont connues. Notre coût du travail est élevé. Notre croissance difficile à trouver. Nos emplois s'envolent et notre industrie fout le camp. Sans compter que dans les services nous devons lutter contre des taux journaliers qui se situent 3 à 7 fois plus bas que les nôtres ! De quoi refroidir même les plus optimistes. La réponse, nous la connaissons. Valeur, valeur et valeur !! Nous n'avons plus trop le choix, nous devons monter en gamme et proposer aux clients des services de haute volée et des produits différenciés. C'est à ce prix que nous pourrons renouer avec la croissance. Et pour atteindre cet objectif, il faut ... innover ! Notre salut est dans l'innovation. Au fil des conférences d'Aix, il était facile de détecter l'un des fils conducteurs du renouveau français et européens ... l'innovation effectivement. C'est le coeur du problème, la solution à nombre de nos maux.

Le Cercle des Economistes

Nous avons aussi eu l'occasion, pour certains, d'assister à des opéras. C'est la saison bien sûr à Aix. Samedi soir, on donnait "Les Noces de Figaro" de Wolfgang Amadeus Mozart, sur une mise en scène de Richard Brunel (très originale car "moderne") et sous la direction musicale du Chef d'Orchestre Jérémie Rhorer, un jeune homme très brillant, avec qui j'ai eu l'occasion de partager un diner la veille et donc d'échanger, comme les 8 autres convives. J'avoue avoir été très impressionné par son talent, sa verve, son dynamisme et sa vision. Le lendemain, il ne m'a pas déçu, bien au contraire. Si vous avez l'occasion, faites un détours par Aix, vous ne le regretterez pas. 


Jérémie Rhorer
Courte biographie de Jérémie Rhorer :


Né en 1973, Jérémie Rhorer a fait partie de la Maîtrise de Radio-France, puis étudié au CNR puis au CNSM de Paris (flûte, clavecin, écriture; écriture, orchestration et clavecin). Il se forme à la direction avec Emil Tchakarov.
Sur ses conseils, il fonde son orchestre : Les Musiciens de la Prée. Avec cette formation, il attire l’attention de Christopher Hogwood et de Marc Minkowski dont il devient l’assistant. Il travaille ensuite avec William Christie en tant que chef assistant, notamment pour le Jardin des voix ou Les Boréades. Il dirigera les Arts Florissants à Vienne dans Hercules de Haendel. Il dirige aussi l’Ensemble orchestral de Paris ou les Musiciens du Louvre.
Il est également compositeur (quatuor à cordes, Rodéo pour clarinette et piano, créé par Paul Meyer) Il a enregistré les concertos pour orgue de Haydn avec Olivier Vernet et la Missa pro defunctis de Cimarosa.

01 juillet 2012

La valeur temps

J'ai toujours beaucoup lu. Au final, rien ne vaut que de parcourir les pages d'un bon livre, d'un roman, d'un essai ou de s'informer en feuilletant une revue ou un journal. Comme beaucoup, j'aime bien être informé. Des choses importantes et d'autres qui le sont moins. Je tiens à rassurer mes lecteurs, je ne verse pas non plus dans le "people" ! Et pourtant, les journaux dits "people" sont révélateurs de mouvements de société, de tendances, car ils relatent des faits ou transmettent des informations qui sont réellement celles qui vont toucher le plus grand nombre ... alors, concluons que rien n'est plus important de nos jours que la maitrise de l'information. On est submergé de données, de graphiques, d'analyses et au final on ne sait plus parfois distinguer l'important du futile, on se perd dans tous ces réseaux sociaux qui certes apportent de la valeur mais aussi consomment du temps. Et j'en viens à ma réflexion du jour : le temps. J'ai compris depuis longtemps que la valeur sur terre la plus importante était justement celle du temps. Celle qu'on ne maitrise pas en fait. On ne maitrise pas le temps qui coule. On sait le mesurer ce temps filant, mais on ne peut pas l'arrêter, aucun arrêt sur image n'est possible. Vous pouvez toujours sortir de cet engrenage journalier, cet enchainement de rendez-vous, d'événements qui égrène nos agendas, cette turbulence quasi-permanente, vous le pouvez, pour quelques temps du moins, mais quand vous reviendrez aux opérations et à la vie réelle, votre charge aura juste doublé et votre stress n'en sera que décuplé ! En compensation, vous aurez eu votre bouffée d'oxygène. Mais une chose est certaine, le temps continue sa course sans se soucier de vos états d'âmes, de vos questionnements, de vos peurs et craintes, il avance, implacable. Analysons un peu plus. "Ce qui est rare est cher" disent les économistes. Certes, mais alors le temps est-il rare ? Oui et non. Rare pour ceux qui en manquent, mais pas trop pour les autres. Songez qu'à un instant donné, nos partageons tous les mêmes secondes, les mêmes minutes, le temps est pernicieux puisqu'il se vend en masse. Lorsque vous achetez un appartement, vous êtes certains que personne d'autre n'en est propriétaire. Du moins, à priori.  Mais pour le temps, c'est différent. Nous sommes des milliards au même moment à bénéficier de ce temps si précieux. Nous n'en sommes pas propriétaires. Nous sommes des locataires. Et qui plus est des locataires à titre gratuit ! Ah, voilà bien un point important. Est-ce gratuit ? Le temps est-il gratuit ? Oui et non. Oui en ce sens que vous ne recevez pas une facture à payer pour du temps alloué ! Restons discrets, cela pourrait donner des idées à certains ! Non, en ce sens que nous payons tous les jours des dizaines d'autres factures pour avoir juste le droit de vivre, des taxes, l'électricité, le chauffage, etc; Si nous arrêtons de payer, on perd tout, on se retrouve SDF et un jour ... Donc le temps ne serait pas gratuit. La valeur temps pourrait donc être chiffrée. Elle serait la somme de tout ce que nous payons, le tout ramené à une échelle commune pour lisser les différences de fortune. Car sinon, nous ne pourrions que constater que le temps vaut plus cher pour un riche que pour un pauvre. C'est juste d'un point de vue citoyen, mais très inéquitable autrement. Ainsi la vie d'un maçon landais vaut-elle plus ou moins que celle de Bill Gates ? Si on dit que celle de Bill Gates vaut plus, tout le monde hurlent, outrés, mais si on dit l'inverse, personne n'y croit. Le temps n'est pas gratuit. Il ne vaut pas la même chose selon que l'on est plus ou moins fortuné. Mais nous sommes là dans une vision encore très classique. Plus on gagne et plus on paie. Plus on gagne et plus vous devez payer pour exister et vivre. On ne cherche pas à être équitable à ce niveau mais logique. Ceux qui en ont plus doivent payer pour les autres. Même logique que celle entendue pendant les débats présidentiels sur l'ISF ou la fameuse contribution exceptionnelle des riches. Il existe une autre façon de voir les choses. J'ai vu un film il n'y a pas longtemps où les êtres humains dans un monde futuriste commençaient leur vie avec le même temps. Un temps alloué en quelque sorte. Dans cet univers étrange, on travaillait pour gagner du temps. Du droit à vivre en quelque sorte. Et quand vous achetez des bananes ou un café, on vous décompte du temps, pas de l'argent ! C'est exactement la théorie développée par mes soins dans un de mes livres, où j'écrivais que l'acte le plus important que nous effectuons dans notre vie est celui du "commerce de notre temps". Que faisons nous ? Nous vendons à quelqu'un (personne morale ou physique) ce qui a le plus de valeur, le temps, contre un salaire. Ce faisant, nous abandonnons toujours de nombreuses choses. Nous renonçons à une partie de nos rêves, à des projets qui nous tiennent à coeur. Ce n'est donc pas neutre. Il faut bien réfléchir à qui nous souhaitons donner ce qui nous tient le plus à coeur ... notre temps ou en d'autres termes notre vie. Certains diront, comme Camus, qu'il vaut mieux vivre moins longtemps mais intensément, et d'autres sont prêts à tout pour vivre très vieux, même si leur vie ne présente aucun intérêt. Du moins aux yeux du plus grand nombre. Quelqu'un peut être heureux à ne rien faire, à réfléchir, à penser, alors qu'un autre ne conçoit pas sa vie sans actions fortes et stimulantes. Dans le film cité plus haut, et dont je ne me rappelle pas le titre, marque du temps sans doute, on échange du temps entre personnes. Par exemple, quand vous voulez faire un cadeau à un proche, vous lui donnez du temps. En d'autres termes, vous lui donnez un peu de vous, une partie de votre vie. C'est fort non ? C'est un peu la maxime "je donnerais ma vie pour toi". Et bien là, c'est un peu ça, mais pour de vrai ! Notre vie consiste en fait à allouer notre temps le plus intelligemment possible. Car n'oubliez pas que l'injustice persiste et que le même constant peut s'observer là aussi. Tout le monde ne vend pas son temps au même tarif ! Pour gagner beaucoup, il faut abandonner beaucoup de temps et ce temps évaporé vous manque justement ensuite pour faire ce qui vous tient vraiment à coeur. Le maçon landais a moins d'argent que le "trader" parisien ou londonien, mais il a moins de stress et plus de temps ! Ce n'est pas rien. Nous avons une différence importante avec les autres espèces animales. A défaut de le maîtriser, nous avons conscience de ce temps qui passe, nous savons que nous sommes mortels et qu'un jour, nous ne serons plus de ce monde. Cela devrait nous inciter à être très vigilants sur nos choix. A ne pas nous perdre dans des activités ridicules, à ne pas nous ennuyer, à choisir les gens que l'on fréquente avec beaucoup d'attention, nos conjoints, nos amis, nos collègues, etc. Car c'est cet environnement, que nous créons nous-mêmes, nous avons là un libre arbitre, qui fait que notre vie est douce et passionnante ou ennuyeuse et sans saveur. Pour ceux qui pensent que pour certains la vie est déjà écrite à leur naissance, c'est exact, mais c'est aussi très ennuyeux en fait. Pour ce qui me concerne, j'ai toujours essayé d'aller de l'avant et ce que j'ai fait, en bien ou en mal, est le produit de mon travail. Je ne pourrais m'imaginer de n'avoir rien à construire. De façon paradoxale, la vie est ennuyeuse quand votre seul souci est de savoir si vous allez choisir une Ferrari ou une Porsche. Il est beaucoup plus passionnant de travailler dans un but donné. Comme dit l'adage, on ne mange que trois fois par jour ! Il y a une semaine environ, j'ai lu dans la rubrique "Actualités à l'affiche" de la revue Challenge, qu'un homme de 42 ans, président du "think tank Terra Nova" venait d'être élu député PS dans les Bouches-du-Rhône. C'est drôle, j'ai gardé sa photo en mémoire. D'une part, parce que c'était la seule de la colonne, et d'autre part, ses traits paraissaient détendus. Il avait l'air d'un homme "bon". Je m'étais même fait cette réflexion, ça va être dur de garder de regard pour toi ... Peut-être ne l'était-il pas au fond, je ne le connaissais pas. Mais il avait l'air sympa. Je parle au passé car vendredi ou samedi, je ne sais plus, j'ai appris qu'il était mort ! Son nom, Olivier Ferrand, m'a tout de suite rappelé cette photo. J'étais sûr qu'il s'agissait de la même personne. Je revenais du Maroc, où j'assistais au conseil de surveillance d'une société que je co-supervise, quand j'ai appris ceci. En arrivant chez moi, j'ai fouillé dans mes affaires, retrouvé ce numéro de Challenge. Il s'agissait bien de la même personne. En une semaine, l'homme n'était plus, alors que de toute évidence, rien n'aurait dû se passer ainsi. Cela m'a ramené à ce constat d'évidence. Le temps est bien ce que nous avons de plus précieux. Il faut bien le négocier car nous savons que notre fin est inéluctable et qui plus est nous ne savons pas quand elle surviendra. Toutes mes condoléances à la famille de cet homme que je ne connaissais pas, mais qui m'a donné l'idée de ce billet. Je lui dédis ces mots.