16 décembre 2012

Le courage d'agir

Dessin pris sur internet
Une femme ou un homme politique est-il libre d'agir ? Oui si justement il se détache des suffrages électoraux à venir. Mais dans ce cas, il ne sera peut-être plus élu et par voie de conséquence ne pourra plus agir ! 
Mais s'il agit dans le contexte actuel, s'il conduit les réformes nécessaires, alors comment peut-il espérer le vote de ses concitoyens ? C'est un cercle vicieux qui conduit la plupart du temps à ... l'immobilisme. 
En France, comme dans le reste de l'Europe, il faut agir et vite. faute d'avoir reformé l'Etat, nos structures, nos institutions, nous sommes confrontés à des coûts de travail qui deviennent un fardeau pour les entreprises, une taxation qui fait fuir les plus aisés et décourage l'initiative et le sens de l'entreprise, l'investissement (bien que la France reste encore une terre d'asile pour de nombreuses entreprises dont la mienne). Un bilan rapide nous montre que le système actuel ne peut que nous entrainer dans le trou. L'élite va peu à peu fuir, ceux qui sont dans le besoin, dans d'autres pays en particulier, vont tenter d'émigrer en France, terre d'accueil par excellence (cela a toujours été l'un des éléments fondateurs de notre république et de notre constitution) et nous deviendrons à n'en plus douter un pays dont le potentiel économique sera des plus modestes. La spirale négative se dessine déjà. Il faut donc agir. Il faut lancer des réformes. Il faut s'attaquer au système scolaire et universitaire qui coûte trop cher pour des résultats qui ne sont plus là. Certes, nous formons des élites dans nos grandes écoles, mais la plus grande masse sort des études avec des diplômes amoindris. Toutes les études et les classements le montrent, la France a dégringolé. Il faut redonner le goût aux jeunes gens pour les études scientifiques, et pour ceux qui en font, les dissuader d'aller vers la finance. L'industrie a besoin de renfort. La recherche aussi. Il faut donner des moyens à nos laboratoires. Nous formons certes des élites, encore faut-il les garder. Il faut motiver les jeunes à innover. Il faut identifier les jeunes pousses, les futurs "google" et les accompagner dans leur émergence. C'est un travail nécessaire. Les américains font cela depuis toujours. On voit le résultat. De façon générale, il faut célébrer la réussite. Les entrepreneurs s'ils réussissent gagnent de l'argent, parfois beaucoup, mais tant mieux, ils créent aussi de l'emploi par la croissance qu'ils génèrent. Où est le problème ? Le problème est que nous n'avons pas de "google" ! 
Il faut réformer notre de système de retraite. Nicolas Sarkozy a certes fait un premier pas, mais nous sommes loin du compte. Il faut aller beaucoup plus loin, et sans aller sans doute à un pur système par capitalisation, il faut allonger les périodes de cotisation et réduire les pensions. Nous n'y couperons pas. Il faut réformer notre système d'allocations. Nous n'avons plus les moyens de nos ambitions. Sans tomber dans le modèle anglo-saxons, nous devons trouver un compromis acceptable qui permette à nos enfants de vivre dans de bonnes conditions. Il faut finalement revoir notre système fiscal dans sa globalité, mais cela dépend de tout ce qui est écrit plus haut. Si nous réformons, les coûts à financer chaque année seront moindres et nous n'aurons pas besoin de taxer autant. Dans le cas contraire, nous y sommes contraints. C'est le "chien qui se mord la queue". 
Il n'est pas question ici de "droite" ou de "gauche". Il m'arrive d'entendre que le gouvernement actuel mène une politique de droite. Mais la question n'est plus là. Tout gouvernement, quelque soit son orientation, a le devoir de conduire des transformations profondes, au risque de ne pas être reconduit, au risque d'une gronde sociale. Le président Obama a lui maintenant les coudées franches pour quatre ans. Il ne craint pas pour le prochain scrutin. Il peut juste vouloir terminer sur autre chose qu'un vaste conflit social. Nous verrons bien ce qu'il fera. Intéressant de voir par exemple les décisions qu'il prendra sur les armes à feu suite au drame que les USA viennent de vivre. Avant les élections, il n'aurait même pas imaginer toucher au sujet. Mais à présent ? Ce sera là un bon test en quelque sorte. 
Les politiques sont dépendants du peuple. Mais s'en affranchir conduit à la dictature. La démocratie est source de liberté, mais c'est aussi une prison. Combien de changements ont avorté, ont été abandonnés ou conduits de façon partielle, par peur du lendemain ? Mais pour ne pas avoir ces contraintes, il faudrait basculer dans un système autocratique ! Il n'en est évidemment pas question. Donc, il faut des politiques courageux, qui se font élire en acceptant l'idée que leur mandat puisse ne pas être reconduit.
4 ou 5 ans pour transformer. 
4 ou 5 ans pour laisser une trace dans l'histoire. 
Cela n'en vaut-il pas la peine au fond ? 

Pour que tous les parents puissent continuer de souhaiter à leurs enfants une vie meilleure que la leur !

09 décembre 2012

Inciter les jeunes générations à entreprendre ...

Qualités de tout créateur.
Mais la plus importante de toutes
n'est-elle pas la gestion du risque
Des études récentes, conduites au niveau européen, mettent en avant la faible proportion de jeunes français attirés par la création d'entreprise en comparaison d'autres pays européens.  Nous sommes en particulier décalés par rapport à la Grande-Bretagne et aux pays Nordiques. Davantage encore bien sûr par rapport aux Etats-Unis si nous sortons de la zone euro. Plusieurs questions me sont alors venues à l'esprit. 

En premier lieu, est-il vraiment important d'entreprendre ? Indiscutablement oui. En poussant les jeunes générations à créer des entreprises, sur de véritables idées, nous contribuons à générer une dynamique, à créer de l'emploi et à favoriser la croissance du segment des petites et moyennes entreprises, si vital pour nous tous. Tout ce dont nous avons besoin en ce moment !

Est-il vrai que la France est en retard par rapport à l'Europe en général ? Oui et non. Cela dépend à qui l'on se compare. Plus intéressant est de se demander pourquoi nous le sommes ? Les raisons sont multiples. La France est un pays aux racines profondes, ancestrales, ancré dans une histoire millénaire, un brin rigide certes, mais aussi pleine de valeurs. Parmi ces dernières figure celle de la conformité. Dans tous les pays dits "traditionnels" (la France en fait partie), où la culture a figé une grande partie de nos codes et de nos modèles de référence, nous avons pris l'habitude d'ériger des principes, qui sont parfois autant de carcans. Difficile souvent de s'en affranchir. Même parfois de pouvoir le faire. Il est de bon ton de bien travailler à l'école, puis à l'université, d'obtenir un travail fixe (un CDI comme disent les parents avertis et responsables), de bénéficier d'un bon salaire, de se marier et de fonder une famille, etc. C'est ce que j'appelle la conformité, ou la mise en conformité. Depuis la nuit des temps, nous sommes incités à nous conformer à des règles. La Bible (ancien et nouveau testaments), le Coran, tous textes religieux en fait, les constitutions d'états, les lois, les textes législatifs, les conventions collectives, le mariage, etc. tout cela est fait pour nous proposer des modes opératoires auxquels le plus grand nombre doit adhérer. C'est ainsi qu'une société peut fonctionner. L'ancien testament par exemple qui a inspiré les deux autres religions monothéistes comme nous le savons tous est pour une grande partie un ensemble de règles de vie et de droit. De temps à autre, au gré des générations, des individus, des hommes et des femmes sortent du lot, un côté un peu rebelle, indiscipliné, ils ne veulent pas être dans un moule, ils veulent au contraire en sortir, et exprimer leur potentiel, leur savoir-faire, leur talent. Ces profils, que l'on pourrait qualifier de leaders, peuvent en sortir tout en respectant la loi ou la transgresser. Ils seront artistes, sportifs de haut niveau, acteur, entrepreneur ou voyou, bandit, criminel. C'est Steve Jobs ou Jacques Mesrine. Dans le premier cas, c'est tout bénéfice pour la société, dans le second cas, c'est une catastrophe qu'il faut alors gérer. On met alors en place d'autres règles, la police, la justice, les prisons. Mais bien sûr, concentrons-nous sur celles et ceux qui sortent des modèles proposés pour créer, innover, apporter de la valeur et pas sur la seconde qui n'a rien d'admirable, bien au contraire. Elles/ils sont animés par le désir puissant de laisser parler tout leur être et de réaliser quelque chose d'exceptionnel. Elles/ils ont en commun d'appréhender la notion de risque de façon tout à fait différente. Différemment des autres en tout cas. Elles/ils ne cherchent pas à toujours prendre la décision la plus raisonnable, mais à opter pour celle qui les fera avancer vers leur but, celle qui les mettra potentiellement sur le chemin du succès. Elles/ils acceptent la possibilité d'échouer, de perdre. 
Du reste, elles/ils ne voient jamais cela ainsi, mais plutôt comme une première étape, une phase nécessaire pour un jour atteindre leur nirvana. La France fait sûrement partie des pays qui n'incitent pas les jeunes à la prise de risque. D'ailleurs, le mot risque en France fait peur, alors qu'aux Etats-Unis, ou même en Angleterre, il apparait comme la marque du leader, de celui qui est prêt à jouer pour l'emporter. Il y a du respect dans le regard des américains à l'égard des jeunes créateurs qui réussissent, de la défiance ou de la méfiance dans celui des français, et plus généralement des européens. Cela tient aussi à nos systèmes de protection (sociaux en particulier), à l'existence d'une fonction publique très puissante et à celle de syndicats qui amplifient souvent les sentiments de revendications déjà solidement arrimés à l'éducation basique d'une française ou d'un français. Sans en être conscient, nous naissons avec le sentiment diffus qu'il faut être raisonnable et qu'il est préférable de mieux un peu comme ses parents, en mieux. J'exagère un peu, je grossis le trait bien sûr, mais c'est un peu vrai au fond. Dans des pays où la création est plus forte, on pousse au contraire les jeunes à changer la donne en permanence. C'est une question d'état d'esprit. La France devra y passer, quoiqu'il arrive, car notre économie ne pourra pas faire face, et nos systèmes sociaux protéger comme ils l'ont fait jusqu'à présent. Il va nous falloir déplacer nos frontières. 

Comment ? 
En modifiant les formations à l'école, en assurant des formations continues de haut niveau tout au long de notre vie, en facilitant la création d'entreprise (des progrès ont été faits ces dernières années à ce niveau), en acceptant l'échec (il n'est pas une fatalité), en coachant celles et ceux qui en ont besoin, en identifiant mieux et vite les initiatives qui pourraient déboucher sur un Amazon ou un Google, en incitant les entreprises à innovant, en payant mieux nos chercheurs pour qu'ils restent dans l'hexagone, en leur donnant des moyens pour qu'ils puissent conduire des recherches approfondies et performantes, en mettant en relation de façon continue la recherche, l'enseignement et l'entreprise pour transformer des idées en entreprises, en allégeant bien sûr la fiscalité pour inciter, pour motiver. Il faut faire la différence entre celui qui lance une entreprise et qui embauche et celui qui travaille comme salarié. L'entrepreneur prend des risques. C'est méritoire. Il faut lancer des campagnes de pub également. Faire savoir aux jeunes ce que l'on attend d'eux. Il faut rendre l'entreprise noble. L'entrepreneur qui réussit doit être mis en avant comme un exemple comme nous le faisons avec un commercial qui rencontre le succès. L'entrepreneur qui réussit doit devenir un icône. C'est ainsi que les jeunes par mimétisme voudront se lancer dans l'aventure, créer des entreprises qui deviendront mondiales, des références mondiales. 

Si dans quelques années, des entreprises, nouvellement créées, figurent au CAC40 ou en bonne place sur la bourse parisienne, si elles sont également cotées sur le Nasdaq, sans que personne ne se souvienne qu'à l'origine elles étaient françaises, alors nous pourrons en conclure que beaucoup de choses se seront passées. La France aura sans doute changer de vitesse. 
C'est tout le mal que l'on peut se souhaiter ! 

25 novembre 2012

La nostalgie : que faut-il en penser ?

La crise qui nous frappe depuis 2008 amène certaines personnes, souvent les mêmes, à penser qu'hier était mieux qu'aujourd'hui. Alors arrêtons-nous quelques instants sur cette considération nostalgique. Est-il vrai qu'avant tout était mieux ? Où est-ce juste une vue de l'esprit de celles et ceux qui préfèrent au fond que rien ne change et que tout redevienne comme avant ? Il y a un peu de tout ça. 

Et puis, tout dépend où l'on positionne le curseur du temps. 

Certains diront que cela fait près de 70 ans que nous n'avons pas connu de conflit mondial (voir ci-dessous le lien sur le dernier post de Michel Serres et Michel Polacco dans le Sens de l'Info sur France Info). Certes, ce n'est pas faux, mais que dire des guerres localisées à des régions plus limitées, en Algérie, en Afghanistan, en Irak, sans parler des guerres qui prennent une nouvelle forme, le terrorisme, les attentats, les guerres d'indépendance, les mafias, les gangs, les ghettos qui se forment dans les banlieues et qui sont souvent hors contrôle. La violence a toujours fait partie de nos vies. Elle évolue simplement. Elle se modernise, elle s'adapte, elle change d'allure, mais elle a toujours été là. Nous sommes marqués par les massacres perpétrés par les hommes, tous ces holocaustes qui ont à l'humanité le visage insoupçonné de l'inhumanité. Mais ces 70 ans sans massacre d'une ampleur équivalente, nous les devons à quoi ? A l'apprentissage ? A l'expérience ? Non, je pense que nous le devons en Europe à la construction d'une communauté, merci à nos pères, et à la peur. La peur guide les pas de l'homme. Les plus grands tyrans se méfient de nos jours. Ils savent que la sanction ne tarde plus trop de nos jours. Les fous et les barbares ont toujours existé, il y en aura toujours. Malheureusement. Il faut juste les mettre sous contrôle. 

Alors pourquoi cette nostalgie ? 

Le progrès technique, dans les domaines des télécommunications, de l'informatique mobile, des médias, du divertissement, du cinéma ou de la médecine, rend notre vie plus sûre, plus énergisante, nous la vivons en meilleure santé. Nous vieillissons mieux. Nous allons à l'école dès notre plus jeune âge, du moins dans les pays occidentaux, nous bénéficions d'une sécurité sociale, d'aides quand nous en avons vraiment besoin, nous sommes plus en sécurité. Notre vie est bien meilleure qu'avant en réalité. 
Alors pourquoi cette nostalgie ? 
Meilleure santé, meilleure éducation, accès à l'information, liberté, paix. Que demandez de plus ? Je pense que la nostalgie qui nous frappe vient de l'anéantissement de certaines valeurs qui faisaient la grandeur de nos nations. Prisonniers de nos claviers, endoctrinés par tout un tas de penseurs modernes qui structurent nos esprits, nous nous sentons de plus en plus isolés. Un combe, un paradoxe. Isolé dans un monde de communication et de réseaux. Les réseaux sociaux du reste ont pris le relais de nos vies bien réelles. Nous vivons par procuration dans le virtuel. Certains vivent avec leur smartphone comme s'il s'agissait d'une extension d'eux-mêmes ! 
Alors on veut revenir à l'essentiel, on veut retrouver les valeurs qui nous tiennent à coeur dans tout ce que nous faisons. On veut se retrouver entre amis, débattre à nouveau, avoir des contacts, s'engueuler, rire, pleurer, éprouver des émotions. On veut travailler pour des entreprises qui ne cherchent pas à nous formater, pour des entreprises qui nous entrainent dans un projet, simple mais enthousiasmant, un projet dont les valeurs seront les nôtres, un projet dans lequel nous pourrons nous inscrire sans nous poser mille questions. 

Alors oui si on se compare au passé, surtout lointain, sur un plan matériel, sur le plan de la paix, on peut penser que nous sommes mieux aujourd'hui. 
Mais si on se compare au passé sur le plan des valeurs, c'est plus compliqué. Je crois que la principale raison est liée au manque de temps et au manque de réflexion. Comme nous en manquons, nous suivons la pensée générale, j'allais dire unique, et nous oublions de nous arrêter quelques instants, pour remettre en cause ce qui parait établi. Or, bonne nouvelle, rien n'est vraiment figé, tout peut être remis en cause, c'est juste une question de volonté et de courage. Il faut juste le décider et commencer non pas à se rebeller, ou à s'indigner comme on le disait récemment, mais à réfléchir. 
N'est-ce pas finalement l'un des points essentiels qui différencie l'homme des autres espèces? Notre cerveau ! Et si on décidait de s'en servir vraiment et de ne plus confier notre système de réflexion à des médias, à des réseaux qui nous disent ce que nous devons penser, ce que nous devons faire et même comment nous devons nous sentir !
Il faut se souvenir du passé. C'est notre histoire, notre culture, mais il ne faut pas en être prisonnier. La vie est une course en avant qui réserve de belles surprises. 

Le passé est un trampoline qui doit nous servir à rebondir pour aller plus haut, vers un monde plus sain, plus équilibré, plus en ligne avec nos aspirations profondes. Et celles d'aujourd'hui ne sont justement pas celles d'hier !

19 novembre 2012

Réflexions sur le management actuel

Un de mes collègues m'a adressé un lien vers un article publié dans le journal Le Monde du 12 Novembre dernier.
Son titre : "Pour une révolution managériale: rétablir la confiance et l'engagement".
L'auteur : François Dupuy. Sociologue, directeur académique du Centre européen d'éducation permanente (Cedep) de l'Insead, auteur de La Fatigue des élites. Le capitalisme et ses cadres (Le Seuil, collection "La République des idées", 2005) et de Lost in Management. La vie quotidienne des entreprises au XXIe siècle (Seuil, 2011).
Ce papier, que je vous laisse découvrir çi-après appelle quelques commentaires de ma part.
Je partage totalement l'idée que le management actuel doit s'adapter à la nouvelle donne et qu'il convient de fuir tout management coercitif, toute pression inutile. On ne manage pas par la terreur. La révolution française, même si elle a sur le long terme marqué son temps et imprimé un vent de liberté, l'a clairement démontré. Robespierre n'a pu tenir très longtemps dans ce climat qu'il avait lui-même instauré, sans en prendre vraiment conscience, pour au final finir à son tour sur l'échaffaud. En période difficile, de crise, de tension, de décroissance, au moment où les affaires deviennent plus difficiles, où les clients investissement moins, où ils licencient, où tout le monde est incité à réduire les coûts, rien ne vaut plus que de se serrer les coudes, de former une équipe et d'éviter les débordements hasardeux et parfois nauséabonds. J'en suis plus que convaincu. La difficulté reste en fait d'aligner l'ensemble de son équipe, les managers plus particulièrement, à cette conviction (voir l'un de mes précédents posts).
Concernant les process et les outils. Bien sûr, il faut se méfier des champions des processus, ces bureaucrates que l'on trouve un peu partout, dans de nombreuses entreprises, particulièrement les multinationales. On connait tous ces spécialistes du thermomètre, qui en placent là où ils peuvent. A la fin, ils ne savent même plus pourquoi. Et pire, ils n'utilisent pas 20% des fameux KPIs qu'ils élaborent !! Un paradoxe ! A trop mesurer, on finit par ne plus savoir ce que l'on cherche à prouver ou à démontrer. Mais prétendre inversément que l'on puisse se passer de toute mesure est absurbe et vient généralement de personnes qui n'ont jamais managé d'entités opérationnelles. Il y a une grande nuance entre la théorie et la pratique. Mes nombreuses années à la tête d'entreprises m'ont définitivement convaincu que ce qui distingue les entreprises qui réussissent de celles qui échouent, c'est l'éxécution. La capacité à faire arriver les choses. Make things happen ! Bien sûr, il faut une stratégie, des produits et des services à vendre, des collaborateurs talentueux, une harmonie et un bien-être et bien d'autres éléments encore. Mais au final, l'exécution est vitale. Elle fait la différence. Et les managers capables de réfléchir, d'innover et d'agir simultanément sont des perles rares.
Concernant les hommes et leur importance au sein de l'entreprise. Je ne crois pas qu'ils soient plus importants aujourd'hui qu'ils ne l'étaient hier. Les choses n'ont pas fondamentalement évolué à ce niveau. Il faut des femmes et des hommes entrepreneurs qui investissent et prennent des risques. Il faut des dirigeants qui exploitent les idées des créateurs. Des dirigeants et des managers qui font en sorte que les plans opérationnels soient mis en place. Ils ont aussi la charge de déplacer les ressources (capitaux technologique, financier, humain, etc.) là où il le faut, là où la croissance se trouve, là où l'entreprise peut creuser l'écart. C'est tout un art. Il faut aussi qu'ils embauchent les bons profils, qu'ils les forment, les coachent, les fassent grandir au sein du groupe. Il faut qu'ils s'occupent avec attention de celles et ceux qui sont dans l'entreprise depuis plus ou moins longtemps et qu'ils se chargent de leur assurer un développement harmonieux. Un salarié motivé donne plus de lui-même qu'un autre, c'est une évidence. Mais les femmes et les hommes ont toujours eu un rôle clé dans le succès ou l'échec d'une firme. Aujourd'hui comme hier. Pas plus en 2012 qu'en 1960, 1980 ou 2000. Pas plus, pas moins. Il y a toujours eu des salariés qui se donnent à fond, qui vont au-delà de toute limite, plus pour eux, pour l'équipe, leurs collègues que pour l'entreprise. Certains le font aussi pour l'entreprise. Il y aussi toujours eu des salariés qui ne se donnent pas à la tâche. Les raisons sont multiples et je ne veux pas là les discuter. Ce n'est pas le propos de ce billet.
Alors faut-il de nouveaux managers ? De nouveaux dirigeants ? Faut-il une révolution managériale ? Pour rétablir la confiance et l'engagement. Oui, bien sûr, il fautde la confiance. On la veut. Oui bien sûr il faut de l'engagement. On le veut. Mais à de rares exceptions près, les dirigeants et managers en poste sont capables de faire cela. Quand ils ne le sont pas, ils doivent quitter leurs fonctions car leur échec à ce niveau aurait des conséquences bien trop importantes. Etre manager implique des devoirs qu'il faut être en mesure d'assumer. Ce n'est pas facile. On fait tous des erreurs. On apprend d'elles et on essaie d'en faire de moins en moins.
Ce qu'il faut, ce sont des dirigeants, des managers, différents, capables de saisir le monde vers lequel nous allons. Ce monde est différent et exige des qualités et un style appropriés, des compétences humaines et de leadership que nous possédons tous, de façon quasi innée, mais que nous n'avons pas appris à mettre en avant. Ni à l'école, ni à l'université, ni dans l'entreprise. Nous n'avions pas besoin de ce type de profil. Cela ressemblerait à quoi ? Un mélange d'intelligence émotionnelle et d'autres éléments pour constituer un tout. Un manager prenant en compte toutes les dimensions, pas seulement celle que nous qualifions de "financière", un manager ne priviligiant pas uniquement le court terme en sacrifiant le long terme, un manager capable de résister à la pression et de faire valoir ses vues, ses idées, et plus important ses valeurs.
Mais c'est là un autre thème sur lequel nous reviendrons sous peu ...
Je vous laisse à présent lire le papier de François Dupuy.  En synthèse, je suis d'accord avec lui que le monde des affaires d'aujourd'hui, le monde tout court du reste, ne tourne pas rond. Je suis d'accord que certains managers ne se conduisent pas bien. Mais cela a toujours été le cas. Il n'y a pas aujourd'hui une multiplication de ces profils. Du moins, ce n'est pas ce que je vois autour de moi. Je me méfie des enquêtes qui tranchent ainsi avec autant de détermination, et qui peuvent confondre pression et exigence. Je suis d'accord que la bureaucratie peut tuer les plus belles dynamiques et que dans les périodes difficiles il convient de porter attention aux femmes et aux hommes de l'entreprise, car ce sont elles et eux qui peuvent faire la différence. Mais je crois aussi qu'il faut de la discipline pour réussir, de la ténacité et une organisation qui fonctionne. Sans excès, sans comportement stupide. Et j'affirme que nous verrons dans les temps à venir émerger une nouvelle classe de leaders qui saura aborder les choses d'une façon très différente ... en tout cas je le souhaite, nous en aurons besoin.

11 novembre 2012

Que penser du prix Nobel de la Paix à l'Union Européenne ?

La crise économique que nous vivons aujourd'hui se transforme peu à peu en crise sociale, un peu partout en Europe, un peu partout dans le monde, avec comme toujours des points culminants, des zones plus touchées que d'autres. A sa source, il y a une crise financière. Les flux financiers dégressifs et les problèmes monétaires se traduisent vite par de la décroissance et des déséquilibres divers. En France, comme ailleurs, notre industrie souffre, le chômage s'aggrave et nous parlons de plus en plus de ... pauvreté. Qui aurait pu penser que certains pays européens comme l'Espagne, le Portugal, la Grèce ou l'Italie connaitraient les mésaventures actuelles ? C'était peu prévisible. Et pourtant, nous y sommes et la France n'en est pas loin. Les courbes de l'endettement, de l'emploi et de la balance extérieure sont arrivées dans une zone dangereuse où l'action devient nécessaire. D'où le plan adopté par le gouvernement dans la lignée du rapport Gallois. Choc, pacte ou trajectoire de compétitivité, tous les termes ont été employés, mais au fond peu importe, seul compte le résultat, il faut redresser l'industrie, générer de la croissance, source d'expansion et de création d'emplois. L'Europe a besoin de cela pour exister et vivre en paix. Sans croissance, l'Europe ne peut pas s'en sortir.
Il existe deux raisons majeures de révolte pour un peuple: la faim et la privation de liberté. "La seconde est acceptable un temps tant que la faim ne gagne pas les chaumières" disait le diction. Mais que se passe-t-il lorsque le pain vient à manquer et que la liberté file en lambeaux ? Eh bien c'est la révolution !!! En sommes-nous là ? Bien sûr, nous sommes loin d'une révolte ou d'une guerre, bien que certains intellectuels aient pu récemment prédire la possibilité d'un conflit mondial. Je n'y crois pas. Mais pour s'assurer que tout ira pour le mieux, il faut veiller à préserver cette paix qui est si importante pour tous les équilibres.
Récemment, l'Europe a reçu le prix Nobel de la paix. Cette annonce a été diversement appréciée. Certains ont applaudi des deux mains. D'autres ont critiqué cette décision qui favorisait une région du monde.
Je fais plutôt partie de la première catégorie. J'ai vu dans cet événement la consécration du travail des générations passées. Nous vivons sur un continent qui a connu des horreurs sur des millénaires. Les pires sont sans doute arrivées au XXe siècle. Confrontés à des idéologies totalitaires, nous avons connu les pires catastrophes humaines, certaines surpassant et de loin nos pires cauchemars. L'union européenne, car il s'agit bien d'une union, a permis l'unification pacifique d'un continent. D'un conflit cauchemardesque franco-allemand, étalé sur trois guerres, sur deux siècles, nous avons construit une alliance et une force. L'union en Europe, une fédération aux Etats-Unis, le modèle est différent, mais la logique est la même. Seule compte la paix. 
Nous devons faire face en permanence à des chocs. Des chocs de civilisation, des chocs industriels, des chocs culturels, et aujourd'hui un choc de compétitivité. En toile de fond, il y a des crises, des redressements, des hauts et des bas. Un peu comme dans toute association. Une entreprise, un gouvernement, une association, un couple, peu importe. Tout ne peut pas être rectiligne. Mais une chose est certaine.
On est plus fort quand on est uni.
On est plus fort quand on part le même language.
On est plus fort quand on partage des valeurs communes.
Alors oui, ce prix Nobel de la paix avait à mes yeux beaucoup de sens.

04 novembre 2012

Devoir de mémoire et ... entreprise

Il y a en France de très nombreux monuments aux morts. Ils sont là, au coeur de nos villages et villes. On y prête plus trop attention avec le temps. Et pourtant, les centaines de milliers de noms qui y figurent étaient pour l'essentiel de jeunes gens, entre 17 et 23 ans, maximum 25/28 ans. Si nous avions la possibilité de visionner leurs photos ou le film de leur vie, si courte, nous aurions un choc. Nous verrions des visages jeunes, plein d'avenir, le regard lumineux et le sourire radieux. En fait, lorsque l'on songe à eux, on pense plutôt aux "anciens combattants". On imagine des personnes âgées. C'est sans doute une erreur que nous faisons tous. Ce n'est pas tant que cette image ne soit pas belle, nos anciens ont du mérite, mais dans notre subconscient, nous associons cela à quelque chose de passé et un peu de désuet. Quelque chose dont on a plus envie de parler. C'est franchement injuste car ces jeunes générations ont donné leur vie pour nous. Nous leur devons quelque chose. Quoi ? C'est difficile à dire. Ou plutôt tout le monde peut mettre dans le panier de la mémoire ce qu'il veut bien y déposer. On y met ce que l'on veut donc, mais il faut honorer leur mémoire. En le faisant c'est notre histoire que nous sanctifions, c'est-à-dire nos racines, notre culture, nos valeurs. C'est d'autant plus fort que sur ces monuments, il y avait des français de naissance, mais aussi des français venant d'autres origines, voire des étrangers, des maghrébins en particulier (nombreux sont ceux qui sont morts pour la France), des chrétiens, des protestants, des juifs et des musulmans. Mélange de culture pour une cause commune. A l'heure où nous allons rentrer dans les commémorations et les célébrations, le 11 Novembre en particulier, il faut garder ceci en tête. Des hommes et des femmes ont donné leur vie pour une cause qu'ils croyaient juste. 
Dans l'entreprise, c'est un peu la même chose. Ne pas entretenir la mémoire de l'entreprise et son histoire revient à la laisser dépérir. L'histoire d'un peuple est faite de hauts et de bas, de bons moments et de très mauvais. Dans l'entreprise, c'est un peu la même chose. Il y a les périodes fastes, de développement, de croissance et d'embauche. Et puis les moins bonnes. Un plan social, c'est un peu comme une déchirure pour les dirigeants qui le conduisent, mais surtout pour celles et ceux qui le subissent. Cette rupture entre ceux qui restent et ceux qui partent sonne un peu comme un tocsin, certes moins dramatique, mais tout de même, on coupe des liens forts qui nous unissaient à quelque chose qui faisait partie de nous, on rompt une synergie que l'on croyait immuable. C'est pour cela qu'il faut choyer la culture au sein de l'entreprise. La culture n'est pas neutre. C'est un bien immatériel, difficile à valoriser dans un bilan, et pourtant sa valeur est immense et son impact fantastique. Il faut préserver cette adhérence que chaque salarié a avec son entreprise, comme autrefois, lorsque nous faisions corps avec le village, l'école ou même l'entreprise régionale. Chaque dirigeant devrait favoriser ce devoir de mémoire
Il est drôle de constater que le phénomène est identique à l'observation précédente. Peu de jeunes diplômés, fraichement recrutés, ont le souci de connaitre l'histoire véritable et profonde de l'entreprise. Cela fait un peu réchauffé. Pas très "glamour". Le passé c'est le passé.  Ils ont tort. La passé sert à construire les fondements de la réussite à venir. Le passé, c'est notre ancre. C'est ce qui pousse des hommes et des femmes à faire des choses extraordinaires, des choses qu'ils ne feraient pas dans un contexte où l'entreprise n'aurait pas de recul et de ... mémoire. 
L'entreprise a un grand intérêt à protéger son histoire et son passé. Elle a intérêt à les construire et à les transmettre. Ce passé, cette mémoire, c'est sa culture. Et la culture fonde les plus grandes réussites, car pour elle, on peut gravir des montagnes et changer le monde. Parce que l'on sait que nos lignes, nos mots, nos actes viendront s'ajouter à celles et ceux de nos prédécesseurs, sans s'évaporer. Ils viendront au contraire consolider les acquis de l'entreprise pour la rendre plus forte. Devoir de mémoire ! 

02 novembre 2012

Le scandale - Le sens de l'info - Michel Serres / Michel Polacco

Dans la cadre de leur émission hebdomadaire, "le Sens de l'Info", le philosophe Michel Serres et Michel Polacco abordent le thème du scandale sous un angle singulier qui m'a intéressé. Je voulais partager ce Podcast avec vous.
Le scandale ponctue la vie des affaires, de la politique et même la vie privéeMichel Serres précise que c'est le même mot que le mot esclandre, l'un étant la chose, l'autre étant le bruit. Dans une époque où nous cherchons à retrouver nos repères, une réflexion très intéressante ...
Le scandale - Le sens de l'info - Éducation / jeunesse - France Info

28 octobre 2012

La France engage un tournant déterminant pour son positionnement futur

Mon post du jour vise à réfléchir à la France d'aujourd'hui. Ou plutôt de livrer quelques réflexions personnelles issues de mes discussions professionnelles ou privées. Egalement de ce que j'observe ci et là. 
D'abord, il faut admettre que la crise commence à se faire sentir. J'ai le privilège d'appartenir à quelques cercles de réflexion qui réunissent des leaders et des dirigeants de tout secteur, et je dois constater que partout le discours est le même : le marché se tend et devient plus difficile. Jamais le chômage n'avait atteint de tels seuils, nous avons passé la barre des 10% et des 3 millions d'actifs sans travail. Difficile d'imaginer que l'on puisse casser cette course en avant. Si nous passons la barre des 3,5 millions, tout deviendra plus compliqué.
A cela se rajoute un climat politique et social tendu. Les entrepreneurs sentent l'étau se refermer sur eux. D'où les mouvements qui se multiplient. De nombreux amis autour de moi, qui sont plein d'idées, des créatifs à l'état pur, songent à partir. Sérieusement, je veux dire. Pas juste des mots en l'air. Ils ont pris des contacts et envisagent de délocaliser leur entreprise, ou de se lancer mais pas en France. Il faut dire que les prévisions actuelles ne sont pas engageantes. Problème, ce sont des emplois qui filent, du leadership qui s'évapore, des bénéfices qui ne se feront pas sur notre terre. 
Beaucoup de gens autour de moi sont frustrés de voir les questions relatives au mariage homosexuel (qui cache un problème plus important, celui de la filiation) ou de l'acquisition de la nationalité française au coeur des débats actuels alors qu'ils sont convaincus que l'urgence est ailleurs. Je suis par nature quelqu'un d'ouvert, persuadé que le monde avance et qu'il ne faut jamais résister aux mouvements de fond. Mais il y a un temps pour tout, nous le savons bien. Il en est ainsi depuis la nuit des temps. Ce sont des débats importants, qui me tiennent à coeur, mais n'ont-ils pas raison en affirmant qu'ils n'arrivent pas au bon moment ? Je n'ai pas la réponse mais il me semble qu'effectivement d'autres sujets sont plus brulants. Plus déterminants pour l'avenir de notre pays. Les gouvernements doivent établir des priorités comme les dirigeants le font pour leur entreprise. On ne peut pas tout faire en même temps. Ou au final on perd sur tous les fronts. Quand nous aurons 3,5 ou 4 millions de chômeurs, quand nous aurons définitivement perdu notre triple A, quand les investisseurs mettront leurs fonds ailleurs qu'en France, alors il sera trop tard. Il faut se concentrer sur l'économique pour pouvoir alors faire du social et pas l'inverse. Mais économique ne veut pas dire de la spéculation. Il faut établir des fondations solides, reconquérir les leaderships que nous avions autrefois dans certaines industries, comme le textile ou l'horlogerie. Il faut se bouger et vite. La vitesse est une condition du succès. Elle permet d'emballer le moteur et de ne pas se laisser glisser lentement dans une sorte de paralysie gangréneuse. 
Il faut en premier lieu relancer l'économie, rendre la France plus compétitive en baissant les charges qui pèsent sur les entreprises, mettre en place une politique pour attirer l'investissement étranger (avec conditions) comme les américains le font, aider les jeunes pousses par un véritable système d'incubation (au niveau national). Il faut différencier les entreprises qui prennent des risques et embauchent de celles qui ne le font pas. Il faut favoriser l'innovation. Il faut faire en sorte que les ingénieurs français ne quittent plus la France pour aller travailler dans les laboratoires américains et chinois, mais qu'ils aient les moyens de rester en France pour conduire leurs recherches. Il faut inciter les jeunes filles à aller vers les filières scientifiques pour que l'on puisse rapidement établir de véritables rééquilibrages hommes-femmes au sein des entreprises. 
J'aime la France. Je n'ai jamais imaginé la quitter. J'ai certes passé dans ma vie du temps au Japon, en Russie et plus récemment trois ans aux Etats-Unis, mais il s'agissait d'un parcours de carrière, pas d'un exil financier ! Je vivrais peut-être un jour ailleurs qu'en France, qui peut savoir, mais la finance ne gouvernera jamais ma vie. L'argent est important, mais rien ne vaut que de choisir l'endroit où l'on veut vivre, se lever le matin. Rien ne vaut que de se sentir chez soi. Bien sûr je souffre de voir mon pays s'enfoncer dans une crise sourde et douloureuse, chaque jour un peu plus, de voir se multiplier les sans-abris dans la rue (c'est même incroyable). Je constate de plus en plus que beaucoup de gens vivent des souffrances psychologiques traumatisantes. Je constate que la violence gagne un peu partout, à un niveau qui devient inquiétant. Nous ne pouvons pas balayer tout cela d'un revers de main. Mais il me semble que je pourrais davantage servir les miens et mon pays en restant là à pied d'oeuvre pour résister, construire, aider. Je le fais aussi bien que possible à la tête de l'entreprise que j'ai la chance de diriger. Je le fais en enseignant à HEC Paris le leadership pour transmettre mes idées, pour que les dirigeants de demain aient une démarche plus équilibrée, un management dynamique, performant, mais sans doute plus social. Discours démagogique. Bien sûr, je prends le risque d'en faire sourire certains, mais qu'importe, je suis persuadé que nous sommes à un moment charnière. L'Europe est un vieux continent, plombé par des décennies de combats sociaux, qui ont beaucoup apporté à la qualité de nos vies, mais qui ont aussi rendu nos économies non compétitives face aux nouveaux pays émergents, les BRICS comme on les nomme, Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Il faut admettre cela et comprendre que les réformes sont indispensables. Certaines vont être douloureuses. Mais faut-il partir pour autant ? Chacun apporte sa réponse. Pour ma part, je n'ai certainement pas le désir d'être un pigeon, mais pas plus que de fuir ailleurs ... je veux rester et redoubler d'énergie pour que la France reste la France. La France a inspiré le monde pendant des siècles. Nous continuons à représenter quelque chose de fort et nous sommes toujours la cinquième puissance mondiale en PIB ! 
Je voudrais partager avec vous ce texte de Guillaume Lange qu'il m'a adressé. C'est un éclairage différent et intéressant. Il y a là des réflexions justes, on se rejoint du reste sur certains points, mais pas sur tous. 

22 octobre 2012

Notre besoin de parler et d'échanger ...

Alors que je faisais mon footing dans Paris ce dimanche, le temps était radieux du reste, j'ai pris conscience que les bars branchés s'étaient multipliés comme des petits pains. La décoration est en général très tendance et l'ambiance dynamique. On ne vient plus là que pour boire un verre entre amis, mais aussi pour faire des rencontres, connaitre des gens, de nouvelles personnes, se mettre en réseau comme on dit. Sur un plan plus personnel, on vient aussi y chercher l'âme soeur. Bref, dans tous les cas, on veut faire des rencontres. 
C'est assez paradoxal quand on y songe puisque nous sommes justement à l'ère des réseaux virtuels, de l'internet, de Facebook, de Linkedin, et d'autres réseaux sociaux qui nous incitent inconsciemment au retranchement. S'ils ont leurs vertus (je suis moi-même sur Linkedin et comme vous le savez j'ai un blog (:-)), nous connaissons les limites et les dangers de tout excès, le numérique n'échappant pas à la règle. On connaissait "un verre, ça va, deux (ou trois) bonjour les dégâts !", on pourrait avoir "une à trois heures de connexion ça va, 5 à 6 heures bonjour les dégâts !". 
Donc bonne nouvelle la société génère toujours ce désir de contacts physiques, de dialogues, d'échanges. Pour le commercial que je suis, c'est rassurant et même rafraichissant. Tout ne se passe pas à coup de clavier. Il faut les deux. Ils sont certainement complémentaires.
Il faut admettre que les mises en relation sont plus complexes qu'avant.
Trouver un emploi est complexe.
Trouver des amis n'est pas si simple (excepté ceux que nous avions déjà !).
Trouver l'âme soeur devient hasardeux. Comment évaluer les valeurs partagées de nos jours ? 
Trouver des collègues avec qui on peut partager ses réflexions sur l'avenir ? Sur l'entreprise de demain par exemple.  
Trouver des investisseurs pour se lancer ... complexe aussi. 
Trouver des partenaires pour monter une société, des hommes et des femmes qui partagent les mêmes goûts, les mêmes passions, voilà encore un beau challenge. 
Tout est devenu plus compliqué. Les réseaux nous aident à établir des liens mais ensuite rien ne remplace la confiance d'un sourire, d'un regard, d'une poignée de mains. Hum ... cela me va. 
Au travail, la transformation des bureaux en "open spaces" (plus conviviaux mais moins confidentiels) et la nouvelle loi interdisant la cigarette dans les lieux publics ou de travail, ont engendré un changement là aussi assez majeur. La machine à café, la fameuse machine à café, s'est déplacée à l'extérieur des bâtiments, au moins pour les fumeurs. Ils prennent leur café (à la machine à café ou ailleurs) et sortent dehors avec leurs collègues d'affinité pour fumer et avaler des gorgées de caféine. Même les non fumeurs sont tentés de les rejoindre. En fait, c'est assez sympa de se trouver là, dans un groupe ! Au final, ce sont là des moments de convivialité, où l'on apprend à se connaitre, à se voir de façon différente. 
Au-delà de ces contacts humains, éternels, nécessaires, il y a une volonté forte de conserver cette petite différence qui fait de nous des êtres humains, l'espèce la plus évoluée qui peuple la terre. Cette petite différence se traduit par le langage. Parler un code commun permet d'échanger des émotions, de motiver d'autres personnes pour atteindre des objectifs ambitieux. Cette petite différence nous permet chaque jour d'innover. Elle nous permet de créer, d'apprendre, d'enseigner, de discuter, de débattre, d'être d'accord ou pas. Elle permet de pousser nos limites toujours plus loin, de faire montre de nos intelligences. Le langage est un véhicule de changement. Grâce à lui, un jour, l'être humain a conçu l'écriture, puis d'autres techniques, et un jour l'ordinateur, mais au final tout vient de là. Ce qui distingue l'homme de l'animal c'est avant tout la langage. Pas uniquement, mais en premier lieu. 
C'est bien cet élément fondamental que l'on cherche à retrouver en allant fumer une cigarette à l'extérieur des bâtiments, en prenant un café à la machine avec des amis ou collègues, en allant dans un bar le jeudi soir pour un "happy hours"ou en recréant des atmosphères de convivialité dans les immeubles modernes. Nous sommes en quête de sens. En quête d'un langage commun qui ne soit pas qu'informatique. Pas que numérique. 
Je voudrais partager avec vous un de mes derniers interviews, papier paru dans le journal la Tribune (en cliquant sur les photos, vous pouvez lire ou imprimer l'article) :


14 octobre 2012

Thoughts about success, leadership, effectiveness and the impact of our priorities / Réflexions sur le succès, le leadership, l'efficacité et l'impact de nos priorités (english and french versions)


Success is an equation. I read this some years ago. I was not convinced. I thought it was a kind of “cliché”. In this paper, do not remember the author, it was said that success is a combination of several ingredients: talent, effort and luck. Thinking about it some years after, I feel this is quite true. When you play to the lottery, your success or failure is 100% linked to luck. Some effort in fact to go and play … but let’s admit this is not indeed a big one. No talent required. When you become rich because of a specific business you launched a long time ago, a lot is due to talent and effort, some to chance. Whatever the way you take it, success is an equation of these three elements, knowing that the pourcentage will change over time and will vary from one person to another. It is then better to keep this in mind.
Based on this experience, I then wondered if some other sentences or remarks had retained my attention these pas few years. I held some that I would like to share with you. They bring thoughts and discussion. And this is certainly what matters the most at the end.  Here they are:
  • ·       From Lou Gerstner: “act with the sense of urgency” and “inspect what you expect”. On the first, we can see how important is the fact to make decisions. It is better to move and be right 80% of the time, than being static. If you are you will for sure make no or less mistakes, but your business will collapse.  The second one is even more important. It says that people will see in what you inspect what are your priorities. You would better select this carefully and keep them for a while. Changing would put your team in trouble and make them sure that they have not to focus on this so much because in 3 months from now you will change your area of interest again.
  •       "Do not strive to be a leading company, strive to lead". Do not remember who is the author. However this is a quite important one. We all know companies that are not the leader of one specific segment (in terms of revenue for example) while they are leading the market and influencing people. This is true for leaders as well. People with a strong ego, talking only about them, are generally people with a lot of problems. Indeed what is true for people is true for companies and vis versa. 
  •       "Why better is better than best". This one speaks by itself. I let you thing about it and agree or disagree.
  •       "Our priorities reveals our values". Probably the one I feel the more. We said before that not changing what we expect and then inspect too enough is key, which is true, and that these priorities will reveal what counts for you. But not only. It reveals more. It reveals what you have in mind. The sense you want to be in everything you do. Quite important indeed. Think about what you boss is articulating and you will see several things : his values, what he is expecting from you and the team and finally if yours are matching to the ones he is driving.  

Le succès est une équation. J'ai lu ceci il y a quelques années. Je n'ai pas été convaincu immédiatement. Je trouvais qu’il s’agissait là d’un cliché convenu. Dans ce papier, dont je ne me rappelle pas du nom de l'auteur, il était dit que le succès est une combinaison de plusieurs ingrédients : le talent, l’effort et le facteur chance. En y pensant quelques années plus tard, j'estime que ceci est plutôt juste. Quand vous jouez à la loterie, le succès ou l'échec est lié à presque 100 % à la chance. Un peu d'effort en fait pour aller sur place et jouer … mais l’effort requis reste raisonnable. Aucun talent n’est exigé. Pour réussir dans les affaires, la création d’une entreprise par exemple, il faut beaucoup de talent et d'effort, et un peu de chance. Quelque soit la voie que vous empruntez, le succès est donc une équation formée de ces trois éléments, sachant que le pourcentage changera au fil du temps et variera d'une personne à un autre. Il est plutôt mieux d’avoir ceci à l’esprit.
Fort de cette expérience, je me suis alors demandé si d’autres phrases ou remarques avaient retenu mon attention ces dernières années. Je souhaite en mettre quelques unes en évidence. Elles amènent la réflexion. Et c’est bien cela qui compte au final. 
Les voici :
  • De Lou Gerstner: « agir avec vitesse » et « faire des revues sur ce qui compte pour vous ». Celui ou celle qui a fait des affaires sait qu'il est préférable de bouger vite, quitte à se tromper 20% du temps. C'est préférable que de rester statique. Car ne pas bouger évite des erreurs certes, mais vous fait courir le risque d'aller dans le mur. La seconde est vitale. Au travers des priorités que vous fixez, vos équipes vont lire ce qui compte pour vous. Autant ne pas se tromper ! Par ailleurs, vous avez intérêt à ne pas en changer trop souvent. Les changer tous les 3 mois par exemple aurait pour conséquence de démobiliser vos équipes et de perdre par ailleurs votre crédibilité.
  • "Ne vous efforcez pas d'être en pôle position de leader, efforcez-vous d'être le guide". Je ne connais pas l'auteur et la traduction est très personnelle. C'est ainsi que je la sens. En réalité, ce que dit cette citation, que je crois juste, est qu'il n'est pas forcément essentiel d'être le numéro 1 d'un secteur, il est plus fondamental d'être le guide, celle ou celui que l'on suit, dans ses idées, sa démarche, etc.
  • "Pourquoi le mieux est mieux que le meilleur". Celle-ci parle d'elle-même et mérite réflexion. Je vous laisse la méditer, sachant que vous serez peut-être d'accord ou pas au final. 
  •  "Nos priorités révèlent nos valeurs". Probablement celle qui a le plus de sens et de valeur à mes yeux. Nous avons dit plus haut que nos priorités permettaient de révéler ce qui compte à nos yeux et qu'en changer était dangereux car le risque de démobilisation est réel. Mais en réalité, nos priorités révèlent plus que ça. Elles traduisent l'état de nos valeurs les plus profondes, ce que nous sommes, ce que nous voulons accomplir et par voie de déduction ce que nous attendons des autres. Si les valeurs de nos collaborateurs sont incompatibles avec les nôtres, il est peu probable que cela dure très longtemps. Inversement, si tel est le cas, alors les équipes passeront en vitesse accélérée car ils auront plus que jamais le désir d'accomplir leur tâche pour servir quelque chose qui leur tient particulièrement à coeur.    

07 octobre 2012

La colère en entreprise ...

La colère est un sentiment complexe, consécutif à une frustration, à une douleur, à un manque cruel, à une absence durement ressentie ou  à une blessure. Du moins sous l'angle de la psychologie. Comme le choléra, elle vient du nom grec kholê, qui signifie la bile ! Cette association est amusante, surprenante, et pas dénuée d'intérêt. On ressent bien qu'à certains moments, quand on laisse échapper ses humeurs, on perd le contrôle de soi, un peu comme si nous étions rongés par un mal diffus, un choléra justement, qui viendrait à disparaitre, une fois la tension atténuée. 
Pour comprendre les tenants et les aboutissants de la colère, il faut lire Camus, Spinoza et en prenant quelques distances, Aristote et Sénèque. Ce dernier, stoïcien, explique bien dans son traité sur ce thème les mécanismes de la passion de la colère. 
Le mot est lâché. La colère est une passion. Ou une forme de passion. Une expression de sentiments intimes qui ne peuvent plus être maîtrisés et qui sont lâchés d'un coup, comme s'il fallait qu'ils sortent, qu'ils soient exprimés, pour mieux aller alors, comme s'il s'agissait d'être exorcisé.  Ce qui n'est pas garantie du reste, car bien souvent, après une colère, on ne va pas forcément mieux ! On peut s'en vouloir furieusement, surtout si elle était injuste et non maîtrisée. Lorsque cette dernière est aveugle et dévastatrice, c'est à dire gratuite et sans volonté de critique positive, elle peut exprimer une forme de fureur qui ne débouche généralement que sur des sentiments négatifs, la peur ou le rejet par exemple. Ce qui n'est guère propice au progrès.
La colère est-elle alors souhaitable en entreprise ? 
La réponse ne peut être tranchée aussi clairement. La colère rentre dans le champs des émotions et nous avons déjà pu dire que maîtriser ses émotions était une qualité forte et déterminante du leader moderne. En réalité, si l'intelligence analytique, le fameux QI, reste un atout majeur, seule, elle ne peut faire la différence. Il faut lui associer d'autres formes, dont l'intelligence émotionnelle. Or, l'intelligence émotionnelle, mesurée cette fois par le QE, le quotient émotionnel, regroupe la connaissance de soi, la maîtrise de soi et l'autonomie,  la gestion de la motivation, l'empathie et les compétences sociales ("social skills"). Nous comprenons aisément que la colère constitue une forme d'absence de maîtrise de soi, et donc potentiellement une défaillance d'un des éléments constituants de l'intelligence émotionnelle. Pour autant, la colère exprimée, avec une volonté de construire, une volonté d'avancer, porte en elle de nombreuses vertus. Vous exprimez par cette humeur courroucée votre vision des choses, vos idées, et bien souvent vos valeurs, qui viennent se placer au dessus de tout. 
Nous sortons de nos gonds en général quand on vient empiéter sur quelque chose qui vous tient à coeur. 
Celui qui perd le contrôle de lui-même en permanence n'est pas crédible. On dira de lui qu'il est soupe au lait, qu'il est incontrôlable, pas maîtrisable, dangereux, et que cela cache un manque de confiance ou des incertitudes. Il est vrai que ceux qui meuglent en permanence se servent bien souvent de leurs aboiements comme un paravent pour masquer leurs défaillances. 
Inversement, extérioriser ses sentiments, ses idées et surtout ses convictions les plus sincères, les plus profondes, même sous la forme d'une colère, peut être très bénéfique. Elle vous permet de marquer vos limites, vos lignes de démarcation, ce qui compte pour vous et ce qui compte moins, elle vous permet de ne pas laisser la nonchalance et les attitudes passives et négatives s'installer confortablement autour de vous. La colère permet bien souvent de remettre les pendules à l'heure, de rappeler qu'au fond vous n'allez pas transiger sur vos valeurs essentielles, celles de l'entreprise qui plus est, que vous n'allez pas laisser s'installer les dérives, que vous allez au contraire les prendre à la gorge et les tacler. 
Rares sont les patrons et dirigeants qui n'ont pas exprimé leur colère en certaines occasions. Ces épisodes, dès lors qu'ils servent l'entreprise et sa bonne marche, dès lors qu'ils ne viennent pas humilier ou atteindre quelqu'un dans sa chair, ce qui serait alors désastreux (on peut être en colère tout en restant respectueux des individus), dès lors qu'il n'y a aucune violence caractérisée, dès lors qu'ils restent exceptionnels, ont des avantages. Cette expression a entre autre le mérite de nous rappeler que nous restons des hommes et des femmes,  chargés d'émotions et que nous agissons souvent avec passion, par passion ou tout en passion. Plutôt rassurant ! 

01 octobre 2012

L'élégance

L'élégance est l'une des caractéristiques les moins discutées dans les théories du leadership et du management. Pourtant, elle est non seulement utile à l'acte de direction mais elle est aussi nécessaire à l'établissement de bonnes relations au sein de l'entreprise. Elle permet de créer du bien-être, propice au bout du compte à la performance. 
Pourquoi dans ces conditions un tel oubli ? Ou plutôt pourquoi un tel désintérêt ? Les chercheurs ne s'y précipitent pas. Les entrepreneurs et les managers ne s'y arrêtent pas plus. Personne ne semble s'en soucier. 
Il eut un temps, pas si lointain, où nous l'aurions examiné comme une règle standard de l'éducation d'un jeune homme ou d'une jeune fille. Un règle de bonne conduite en quelque sorte. Comme la courtoisie ou la politesse.
Il eut été une autre époque où nous l'aurions étudié en cours d'instruction civique, comme un devoir, un acte citoyen, responsable, respectueux, un acte marquant d'une part le respect que l'on doit à autrui et d'autre part ce petit quelque chose qui distingue l'individu cultivé et éduqué d'un être plus rustre, ceci étant totalement indépendant de la condition sociale. Il y a longtemps que nous savons que richesse ne rime plus forcément avec éducation. Aujourd'hui on peut gagner beaucoup d'argent, dans le show-business, dans le sport, dans l'entrepreneuriat, au jeu, sans avoir du style, de la grâce et du savoir-vivre. On peut devenir riche par hasard et n'avoir ni manières ni subtilité. 
Non, la véritable raison est ailleurs. 
Elle vient du fait qu'aujourd'hui, notre vie s'est profondément modifiée. Grâce au progrès technique, l'internet, les médias, la télévision, les réseaux, tout s'est accéléré, tout va beaucoup plus vite. Nous nous moquons bien de l'élégance. Où plutôt nous n'avons pas le temps de nous en préoccuper. On fait tout très vite. On ne prend le temps de rien. Ni d'expliquer, ni de discuter, ni de comprendre, ni d'écouter. On veut tout, tout de suite. Du moins, on veut tout le plus vite possible. Seul le résultat compte. Et je ne dis pas qu'il ne compte pas. Je suis le premier à le réclamer, parfois affamé de victoires ! 
Je dis seulement qu'il n'y a pas que le résultat qui compte. 
Dans ce monde moderne, on zappe ce qui ne compte pas. L'élégance fait partie de ces actes ou de ces qualités qui n'ont pas vraiment de valeur aux yeux de beaucoup. Et sans valeur, il n'y a pas de prix ! Alors on zappe. L'élégance du coup se voit suspendue, comme en apesanteur. Elle n'a pas disparu. Elle a été mise de côté parce qu'on ne sait plus quoi en faire. Elle peut même à la limite faire ridicule ! Qu'un leader, homme ou femme, en soit pourvu et on s'en étonne. On ne valorise pas celui ou celle qui la détient. On ne pénalise pas plus du reste celui ou celle qui en manque. 
L'élégance ne fait pratiquement plus partie des valeurs regardées et considérées. Tout simplement. Devant son inutilité, on a de façon intrinsèque décidé de la répudier. 
Sauf que certaines personnes la revendiquent. Ils ne voient pas les choses ainsi. Combien de managers commencent leurs emails par "bonjour", "bonsoir" ou "comment ça va" ? Combien de managers vous demandent vraiment comment vous allez ? Combien de managers prennent le temps de mettre les formes dans tout ce qu'ils font ? Combien de managers utilisent les bonnes formules, les bonnes expressions, prenant en considérations vos points ? 
Je ne peux ignorer que rien n'est simple de nos jours et que le temps nous prend de court bien souvent. Il m'est arrivé si souvent de m'en vouloir de ne pas être assez vigilant à cet égard ... on ne fait jamais vraiment ce que l'on devrait. 
Mais si l'on peut vouloir gagner un match, le gain de la partie ne suffit pas. Du moins pas à tous. Plus à tous. La victoire est plus belle quand on a bien joué, quand on y a mis son âme, quand on a été solidaire et ... avec la manière ! Gagner, oui bien sûr c'est bien, mais avec panache et style c'est mieux. 
Avec une certaine  élégance en somme. 

24 septembre 2012

Et si on avait notre "Silicon Valley" ?


Je lisais récemment un article sur la Silicon Valley et l'attraction qu'elle provoque toujours aujourd'hui. Cette dernière s'est même vu renforcée. Des sociétés, dont le nom et la gloire sonnent comme des tocsins à nos oreilles, American Express, General Motors, pour n'en citer que deux, investissement à présent, via des sociétés de capital-risque ou en direct, dans de nouvelles pousses, des start-up au futur prometteur, pour oublier la crise et les résultats anémiques qui en découlent. Tout le monde veut être au coeur de l'innovation, être les premiers à capter les prémisses de l'embellie qui tôt ou tard pointera le bout de son nez à l'horizon. Personne n'en doute, l'innovation sera l'un des moteurs de la relance, car la reprise dépend du niveau de la consommation, et donc des produits et nouvelles technologies qui verront le jour dans les temps à venir. Le cercle est vertueux et en tout cas plus drôle que de simples coupes budgétaires ou de hausses d'impôts pour financer l'impasse où nous nous sommes engouffrés depuis 2008. Une question est alors venue me titiller. Pourquoi ne pourrions nous pas au fond avoir notre propre vallée innovante ? Grenoble est devenue au fil du temps un pôle d'attractivité fantastique, autour de technologies prometteuses, et pas seulement des fameuses nanotechnologies. Sophia Antipolis ou le plateau de Saclay sont d'autres exemples de réussites dont nous pourrions tirer avantage. 
Alors pourquoi semblons nous à la traîne ? Il y a là quelque chose de peu compréhensible. Que font les américains ou le israéliens pour avoir des "Silicon" flamboyantes ? 
Ont-ils des étudiants mieux formés ? Une élite au niveau de la recherche que nous n'avons pas ? Pas de tout. Au contraire. Certes, notre enseignement a globalement chuté, mais plutôt dans les franges basses ou moyennes, les études "standards" dirons-nous, là nous ne sommes pas mirobolants dans les classements, il faut bien le reconnaitre. Mais sur le haut de gamme, on reste imbattable. Polytechnique, Normale Sup., nos universités, Centrale Paris, etc. sont des références mondiales, des cartes de visite que l'on s'arrache ! 
Ont-ils des moyens supérieurs ? Oui indiscutablement. D'abord, les entrepreneurs sont probablement plus aidés financièrement. Ensuite, des fonds d'investissement, des entreprises ou des individus sont davantage préparés à prendre des risques, en sachant que sur dix projets, un fera la différence. Pour nous autres européens, prendre le bouillon neuf fois, c'est trop dur à vivre. Pas pour un américain. Il faut revoir cela. Il faut que l'Etat aide davantage par des allégements fiscaux, par des aides supplémentaires, par divers autres avantages. C'est le moment. Il faut encourager la prise de risque. 
Accompagnent-ils davantage les entrepreneurs ? Oui, aucun doute. Nous regardons toujours un créateur, en France, en Europe, comme un être fou et téméraire. Quelqu'un qui fera mieux de se ranger et d'aller travailler dans un bureau. Un patron en France fait très peu de coaching. Dave Packard a longtemps "coaché" Steve Jobs. Nous devons mettre au point cette notion d'accompagnement de l'entrepreneur, de l'avant-projet jusqu'à l'après-lancement. Et accepter d'en voir un émerger et gagner beaucoup d'argent, sans le jalouser, sans l'assommer pour qu'il fuit en Suisse ou dans des îles improbables. 
Peut-on réussir ? Je le crois totalement. Juste une question de volonté. Nous avons tout pour cela. Les formations adéquates, des entreprises prêtes à soutenir de jeunes pousses et un gouvernement qui veut relancer croissance et emploi. Je participais à une table ronde aux journées organisées par le Medef sur le Campus de HEC Paris sur le thème "trop ou pas assez de robots". Un des participants, spécialiste il est vrai (je ne le suis pas), affirmait que dans de nombreux secteurs il était déjà trop tard. Je ne suis pas du tout d'accord. Quand on voit à quelle vitesse aujourd'hui les choses se font et se défont, on se dit que tout est possible. La ministre, Fleur Pellerin, également dans cette table ronde, avait l'air de ne pas accepter cette fatale conclusion non plus. Tant mieux, car il y a du travail devant nous. Tout est réuni pour agir et réussir. Tout est question de vitesse et de mouvement. De conviction aussi. 

13 septembre 2012

Make it Matter !

The new Hewlett-Packard campaign : Make it Matter
"If you are going to do something, make it matter !"
"You do what you do because it matters"
"What matters to you matters to us"
A campaign to be discovered ... I heard a lot of you telling me this motto "Make it Matter" has a real impact on you. HP does not care only about technologies. 
By clicking on the title you can access to the HP site or also below. A video attached as well. 
"At HP, we don't just believe in the power of technology. We believe in the power of people when technology works for them".

08 septembre 2012

Les rencontres ...

Les rencontres sont dans une vie très importantes. Elles conditionnent souvent l'orientation que nous lui donnons. Elles peuvent être heureuses ou fatales, sans intérêt ou passionnantes, voulues ou subies, liées au hasard parfois. Elles peuvent prendre une tournure inattendue ou suivre un chemin plus traditionnel. On peut côtoyer mille personnes, puis un jour croiser la route d'un individu, un homme ou une femme, unique, un être essentiel, qui fait alors toute la différence. Cela est valable dans notre sphère privée ou professionnelle. Ceci est valable en toute circonstance en réalité. 
Alors pourquoi certaines personnes peuvent marquer notre vie et d'autres pas ? Il est difficile de répondre à cette question. En amour, il y a cette alchimie magique qui fait que deux personnes se trouvent sans trop savoir pourquoi. Il faut relire Belle du Seigneur pour le comprendre. Dans le monde professionnel, c'est un peu la même chose. On ne parle plus de sentiments, mais la séduction opère (ou pas) de la même façon. Lorsque nous vendons, lorsque nous tentons de convaincre des collègues ou de collaborateurs. Lorsque nous tentons d'entrainer derrière nous, lorsque nous voulons mobiliser les énergies. Nous cherchons en permanence à nous démarquer. Ou du moins, devrions nous le faire. Faute de temps parfois, on sacrifie cette phase essentielle qui consiste à rechercher la communion, une sorte de compréhension mutuelle. 
J'ai pour ma part eu beaucoup de chance. J'ai croisé la route de quelques personnes déterminantes. Je disais récemment à un groupe d'étudiants à HEC Paris que j'avais beaucoup pratiqué la mimétisme lorsque j'étais jeune. C'est une technique que j'ai peaufiné dans le temps, sans m'en rendre compte. Chaque personne possède un ou deux traits, parfois plus, susceptibles de vous intéresser. Certains peuvent être "copiés", d'autres pas s'ils sont trop éloignés de votre personnalité ou s'ils ne correspondent à ce que vous cherchez à être. On peut admirer quelqu'un, sans chercher à lui ressembler. Il ne m'est en fait jamais arrivé de vouloir ressembler à quelqu'un de précis, mais j'ai par contre, par mimétisme, capté une caractéristique particulière de quelqu'un, une attitude, un son, une expression, une gestuelle, pour ensuite l'adapter à ma personne , au mouvement que je souhaitais donner aux choses. Rien n'est fait de façon consciente. C'est quelque chose qui s'opère ainsi, de façon naturelle. 
Il est important dans une existence de regarder les plus anciens, ceux et celles qui vous marquent par leur charisme, leur approche, leurs idées, leur état d'esprit. 
Ces rencontres sont souvent le fruit du hasard. Elles surviennent quand on ne les attend pas. Ce sont souvent des personnes qui au départ vous laissaient indifférentes, et qui peu à peu vous surprennent. J'ai toujours eu du mal avec ceux qui prétendent tout savoir, ceux et celles qui affichent leur savoir comme on brandit une bannière. Les acquis ne s'affichent pas, ils sont en nous, indélébiles, des preuves de vie, des faits d'armes.
Ceux et celles qui peuvent nous apprendre quelque chose ne cherchent généralement pas à le faire. C'est ça leur force, c'est pour cela que ces personnes sont rares. C'est aussi pour cela qu'il faut être attentif.