30 juin 2014

Leadership, HP et ... la France à Toulouse avec Objectif News le 24 Juin dernier.

Je voulais partager avec vous le compte-rendu de mon intervention à la Matinale Objectif News à Toulouse le 24 Juin dernier. Un débat intéressant avec un public varié autour du leadership, d'HP et de la France.

Innovation disruptive et leadership : le PDG d’HP France partage sa méthode de management

Paul Lauriac (TBS) et Emmanuelle Durand-Rodriguez (Objectif News) ont mené l'interview de Gérald Karsenti lors de cette matinale
 
Gérald Karsenti
Invite à la Matinale Objectif News le 24 Juin 2014
Interview La Tribune du 25 Juin 2014 - Sophie Arutunian
 
Lien la Tribune
Lien Objectif News.com
 
Invité ce mardi de la Matinale Objectif News, Gérald Karsenti s’est exprimé longuement sur une discipline qui le passionne : le leadership. Lui même chef d’entreprise respecté, aimant aller vite, gérer des problèmes et avoir un coup d’avance, le PDG d’HP France assure qu’une nouvelle génération doit émerger pour accompagner les mutations des entreprises. Gérald Karsenti prône l'innovation "de rupture", illustrée par la fabrication de "The Machine".

 Gérald Karsenti, 51 ans, est à la tête d'HP France depuis 3 ans, et déjà il y marque les esprits. Sous la présidence de ce leader affirmé et bosseur acharné, la filiale de l'entreprise américaine est entrée en 2013 dans le top 5 des filiales les plus performantes. Alors qu'il y a quelques années, HP était connu essentiellement sur le marché de l'impression et du PC, elle l'est maintenant aussi sur sa capacité à transformer le business process des entreprises.

Cloud, big data, mobilité et sécurité des données sont au cœur de l'activité d'HP. Ainsi, contrairement à IBM par exemple, le groupe est présent sur plusieurs segments de marché (logiciels, serveur, stockage, réseaux, services, pc, printing) : "Nous sommes la seule entreprise au monde à faire du "bout-à-bout". Notre métier est de transférer l'information au bon moment à la bonne personne. En face d'un client, nous comprenons l'ensemble de son flux informationnel." Parmi les clients toulousains, HP France compte Airbus Group et Orange.

Depuis son arrivée, Gérald Karsenti a engagé une réforme en profondeur de l'entreprise, rajeunissant la pyramide des âges tout en évitant un plan social. Fervent défenseur de la diversité homme / femmes au travail (il est pour la suppression de la journée de la femme), il place l'humain au cœur de son management, mais c'est avant tout un businessman : "Tous les matins, je regarde les prises de commandes. Nous avons plusieurs dizaines de millions d'euros d'avance sur notre business plan", affirme-t-il sans donner plus de précisions. Exigeant avec lui-même et avec son entourage, le chef d'entreprise prône l'innovation de rupture pour tirer son épingle du jeu dans une société "qui se transforme" et où la politique "ne va pas assez vite". Reçu à l'Élysée, sa voix est écoutée quand il parle d'innovation et de numérique.

Former les leaders demain


Il se définit lui-même comme "quelqu'un d'assez simple, optimiste mais réaliste". Gérald Karsenti a en effet les pieds sur terre et la tête bien accrochée. Le chef d'entreprise ne dort que 5 heures par nuit et "il aime la vitesse". "En France, on aime passer du temps à analyser, à faire des réunions, à réfléchir. Moi, je pense qu'il vaut mieux se tromper 20 % du temps et avancer, plutôt que de vouloir avoir raison tout le temps et ne rien faire." À la tête d'une filiale de 6.000  salariés (dont une centaine à Toulouse), Gérald Karsenti est conscient de sa responsabilité :

"Pour être un leader, il faut savoir mettre ses problèmes de coté et être à 100 % dans son travail. Il faut être super motivé et affuté physiquement et mentalement. C'est compliqué d'être un leader. Mais c'est passionnant. La passion est ce qui fait que l'on réussit ou que l'on échoue."

Professeur de leadership à HEC Paris, le PDG du groupe informatique est convaincu que la capacité à guider des hommes n'est pas innée et qu'elle s'apprend. Il affirme également que les leaders de demain sont en rupture avec les méthodes actuelles :

"Demain, une entreprise sera jugée sur son bilan RSE autant, voire davantage, que sur ses résultats financiers. Les leaders de ma génération sont trop cartésiens, leur finalité est toujours le profit. Une nouvelle génération de leaders doit accompagner les mutations des entreprises."

Fervent défenseur de la cause des femmes en entreprise, ce patron constate que la loi qui impose un quota de femmes dans les conseils d'administration "est l'arbre qui cache la forêt. Le pouvoir n'est pas dans les conseils d'administration mais dans les comités de direction." Deux des cinq divisions de l'entreprise "dont la plus importante" sont dirigées par des femmes.

"Je mène ces actions aussi pour des raisons de business. Il est prouvé que les entreprises qui appliquent la diversité sont plus performantes."

Respecté par ses salariés, Gérald Karsenti a instauré au sein d'HP France une GPEC (Gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences) pour rajeunir la moyenne d'âge des salariés et stimuler leur motivation tout en évitant un plan social. "J'ai été soutenu par 70 % des syndicats", se félicite le PDG.

"The Machine"...


Toutes les innovations ne se valent pas aux yeux du chef d'entreprise qui distingue les innovations de rupture et les innovations "d'apparat". Pour lui, Bill Gates a changé le monde en installant l'informatique dans chaque foyer. HP n'est pas en reste : Gérald Karsenti a évoqué ce matin à Toulouse la création de The Machine, un projet de data center super-puissant de la taille d'un frigidaire, présenté il y a quelques jours lors de la conférence HP Discover à Las Vegas :

"Nous créons une machine 10 fois plus puissante que la machine existante la plus puissante. Notre machine réalisera 90 % d'économies d'énergies", explique  le patron d'HP France. La nouvelle architecture doit répondre aux nouveaux défis posés par le big data, l'internet des données et l'évolution des usages. HP va également investir 1 Md$ dans le projet Helion, un portefeuille de produits et de services cloud open source.

Une carrière politique ?


Quand on demande à ce spécialiste quel est le niveau de leadership de François Hollande, il sourit et pose un joker. Gérald Karsenti a été reçu à l'Élysée en février dernier pour parler innovation et numérique :

"François Hollande est à l'écoute, reconnaît-il. Il y a une prise de conscience des acteurs politiques sur la transformation de la société. Mais la situation actuelle de la France est déconnectée des problématiques droite / gauche. Il ne faut pas réformer, il faut transformer. La France a besoin d'un coup de pied", estime l'adepte de la vitesse.

Gérald Karsenti l'affirme, il ne veut "pas faire de politique" mais se qualifie de "citoyen exigeant" qui "aime la France"

Et ce citoyen, qui ne "transige pas sur l'essentiel tout en acceptant la contradiction", a révélé aujourd'hui devant le public de la Matinale le secret de sa performance : "j'ai 25 ans dans ma tête !" L'entreprise, elle, fêtera ses 50 ans de présence en France la semaine prochaine.
 
 
 

18 juin 2014

Les clés pour constituer une équipe gagnante (mon premier billet dans la Harvard Business Review France)

Aujourd'hui a été publié mon premier billet dans la Harvard Business Review France sur le thème de la constitution d'équipes gagnantes. C'est aussi le billet 200 de mon blog !!!

Je vous laisse le découvrir :



Je vous laisse aussi découvrir la Harvard Business Review France :

16 juin 2014

Le Baromètre de l'attractivité de la France 2014 par EY - Un papier / point de vue de ma part y est publié.

Il y a peu sortait le "baromètre de l'attractivité de la France 2014", publié par EY.

Comment attirer l'investissement
étranger en France ? 

Je livre ci-dessous mon propos sur la nécessité de pousser l'entrepreneuriat en France. 


Point de vue de Gérald Karsenti (pages 12 et 13 du document)

La France a inspiré la liberté, mais pas la liberté d’entreprendre

“Nous ne sommes plus dans le temps de la réflexion et du diagnostic, mais dans le temps de l’action et de la transformation.”

Patrie de la liberté et de l’égalité et mère des grandes révolutions à l’origine de notre monde moderne, la France dérange autant qu’elle fascine, si bien qu’aujourd’hui, les observateurs internationaux s’interrogent sur ses errements, espèrent qu’elle sorte de son inertie et, dans cette attente, lui opposent parfois de virulentes critiques à des choix jugés hasardeux. En effet, la France se cherche et avance à tâtons, oscillant entre l’American dream et le Mittelstand industriel allemand, tant et si bien qu’elle renvoie une image peu attractive à l’international. Or, c’est en puisant dans notre propre mythe fondateur, empreint de valeurs révolutionnaires, que nous pourrons susciter à nouveau le désir de France. Seulement voilà : si la passion de la liberté est gravée dans le tempérament national, l’obsession française de l’égalité nuit gravement à la liberté d’entreprendre, distillant un sentiment collectif d’injustice face à la réussite individuelle, là où la liberté d’entreprendre et le succès individuels se fondent dans le creuset du rêve collectif américain.

Notre pays dispose pourtant de tous les ferments d’une nouvelle “rêv-olution” française. Encore faut-il que nous leur offrions une terre fertile pour que l’innovation puisse y voir le jour et y créer croissance et emplois. Or, si la France vénère la matière scientifique pure, elle dénigre la recherche appliquée : “Avoir une idée, oui ! La vendre ? Jamais !”. Or, la grande majorité des innovations à l’origine de la création d’entreprises ne relèvent pas toujours de la science mais du commerce, du marketing, du design... Cette dynamique d’innovation, seule voie possible si nous souhaitons retrouver un rythme de 2% à 3% de croissance, doit être insufflée par une politique d’attractivité des talents.

80 000 étudiants quittent la France chaque année, contre 280 000 qui y viennent, mais parmi lesquels trop peu d’étudiants et de cadres expérimentés originaires des économies émergentes, davantage attirés par les pays anglo-saxons. Faciliter les entrées de ces talents à travers l’octroi sélectif de visa est un moyen de les attirer et de les faire rester en France. Mais il est surtout urgent d’aligner nos règles fiscales, sociales et juridiques sur celles de nos voisins européens et outre-Atlantique, en témoigne l’initiative Start-Up America1, pour attirer les entrepreneurs et les capitaux- risqueurs. Cette attractivité repose sur des conditions de fiscalité personnelle et d’entreprise avantageuses, en particulier avec une fiscalité des plus-values de cession non décourageante, assorties de conditions, à savoir un véritable projet d’implantation soumis à contrôle et assorti d’une interdiction de délocaliser.

La rétention ou l’attraction des talents et des champions de l’innovation repose sur un écosystème fiscal et réglementaire attractif, certes, mais aussi, et surtout, sur la capacité de notre pays à faire rêver et à offrir un cadre de vie agréable. Si nous ne pouvons que saluer le programme French Tech, il manque encore à la France des métropoles technologiques françaises, identifiées et identifiables à travers un récit cohérent, afin d’ancrer le rêve français dans un, ou plusieurs, lieux mythiques. Si aujourd’hui, la plupart des Français ignorent, par exemple, que Grenoble - où HP est implanté aux côtés de nombreuses entreprises internationales innovantes - figure à la 5e place du classement Forbes des villes les plus innovantes au monde, comment un investisseur étranger pourrait-il le savoir ?

Par ailleurs, si nous entendons rendre la France compétitive, la gestion de l’Etat devra reprendre les mêmes fondamentaux que celle de n’importe quelle entreprise : si beaucoup de tentatives d’incursion du privé dans la formation de gouvernements ont pu échouer par le passé, sphères publique et privée doivent travailler de concert, avec la composition de gouvernements mixtes entre hommes d’Etat et membres de la société civile ayant une expérience du monde des affaires et de l’international. Nous ne sommes plus dans le temps de la réflexion et du diagnostic, mais dans le temps de l’action et de la transformation, qui doivent être confiées à des professionnels dotés d’une conscience collective, mais désintéressés de tout enjeu politique.

Si la France veut à nouveau s’autoriser à rêver et faire rêver, elle doit admettre l’inexorable basculement du centre de gravité de l’économie mondiale vers les économies émergentes. Au risque de céder à la tentation d’un fatalisme immobile – tiraillée entre un passé idéalisé et la crainte d’un avenir déclassé – qui la précipiterait dans un nouveau cycle de déclin. La France de Tocqueville et de Chateaubriand, qui bouscule le statu quo et se trouve souvent là où personne ne l’attend, doit produire une synthèse féconde entre son héritage des Lumières et son avenir dans les nouveaux rapports de force à l’œuvre dans la recomposition d’un monde multipolaire.