Nous avons tous en tête l'Iliade et l'Odyssée, oeuvres attribués à l'aède Homère. Elles ont bien souvent bercé notre adolescence, la mienne en particulier, et notre vie plus largement. Tel Alexandre le Grand, toute proportion gardée, nous y puisons le rêve, l'ambition, des leçons de vie et ... l'envie. L'envie d'aimer, l'envie de conquérir, l'envie d'aller de l'avant, l'envie de faire d'une idée une réalité, l'envie d'entreprendre, parfois l'impossible, l'envie de tout ... et bien plus encore.
Car ces oeuvres sont avant tout des référents, des guides spirituels et intellectuels, des textes auxquels on peut se reporter toute sa vie durant. Le jeune roi l'avait bien compris grâce à l'enseignement du philosophe Aristote.
Il l'avait tellement bien compris que ces ouvrages ne le quittaient pas. Les épopées d'Achille, d'Ajax le Grand et d'Ulysse, face à Priam et ses fils, Hector en particulier, ce héros solide et responsable, défenseur de la belle Hélène, amour interdit et fou de son frère Paris, nous y sommes de nouveau, et nous comprenons encore que ces écrits légendaires et mythologiques avaient de nombreuses vocations, dont l'une était de faire briller la Grèce Antique.
Chants allégoriques, ils avaient pour vocation de rendre le récit plus poignant, plus intense qu'un carnet de bord, plus énergisant qu'un compte-rendu de guerre.
Ils déclenchaient toutes sortes d'émotions et ... l'envie.
L'envie d'appartenir à cette patrie empreinte de sens et d'ordre, envie de se reconnaitre dans ces héros de champs, envie de les admirer, d'être à leurs côtés, envie de fouler le même sol, envie de porter la même nationalité, de faire partie de la même démocratie, envie d'être là, avec eux, même si cela ne fut bien souvent que par les idées.
- Peu importe au fond, ce qui compte, c'est d'avoir envie. Envie de quelque chose. Se donner un but, avoir une passion, ...
- Peu importe au fond, ce qui compte, c'est de donner envie. Donner la foi, donner confiance.
- Peu importe au fond, ce qui compte, c'est de faire envie. Comme dit le dicton, "mieux vaut faire envie que pitié". Pas faux ...
Il me semblait que commencer l'année sur le thème de l'envie était une bonne idée. Rappelons-nous, là encore souvenirs de lecture, que l'envie a longtemps était mal perçue, assimilée au mal, on pourra ainsi reprendre les oeuvres de Saint-Thomas d'Aquin. N'étais-ce pas un pêché capital ? L'envie n'a souvent rien de rationnel. Elle est tout l'inverse. On a envie de quelque chose qui normalement nous est interdit. L'interdit a quelque chose de grisant, il en est ainsi depuis la nuit des temps. Mon propos n'est pas d'encourager l'interdit, je laisse chacun maître de son destin, mais plutôt de réhabiliter ce sentiment si fort et si intense.
L'envie nous guide vers le plus haut, le meilleur, le bien-être, quelque soit la définition que l'on veut bien lui donner. Le bien-être et la réussite sont des notions propres à chacun, nous y mettons tous des pondérations différentes et nos aspirations le sont aussi. Par exemple, j'ai toujours placé la réussite littéraire au-dessus de tout, question d'éducation sans doute. La pensée, les idées, l'analyse et la réflexion sont des éléments qui nous distinguent des autres espèces vivant sur terre. Nous savons que nous avons une fin et cela change tout.
Alors, il ne faut pas comme Ulysse, voulant se protéger des belles sirènes, se boucher les oreilles avec de la cire et s'attacher au mât du navire, mais se laisser bercer par nos envies.
J'ai toujours essayé, bien que cela ne soit pas toujours facile, de faire de ma vie un choix. Renoncer parfois est salutaire. Mais renoncer trop souvent est destructeur. Et pour ne pas renoncer, il faut avoir l'envie cheviller au corps. Alors, donnons envie, où que nous soyons, quoique nous fassions, donnons envie aux autres, ce qui commence par avoir envie soi-même, et même par faire envie.
Tous les dirigeants, politiques ou autres, devraient se souvenir de cela. Rien ne compte tant au fond que l'envie.
Si le monde n'était que raison, il serait sacrément ennuyeux !
Meilleurs voeux à tous !