Le 1er Octobre dernier, j'intervenais devant les anciens d'HEC dont la synthèse (ci-dessous) a été rédigée par Didier Hauvette (Management et RH, HEC) et Jack Voileau (Stratégie de l'entreprise, HEC). Le texte sera publié dans la revue HEC "Hommes et Commerce".
Groupement Stratégie de
l’Entreprise
Rencontre du 1er
octobre 2013 avec Gérald Karsenti , PDG d’HP France
Pour Gérald Karsenti, nous vivons
aujourd’hui la révolution de l’entreprise étendue préfigurée dans les
années 80 par Michael Porter. Les technologies numériques l’ont rendu
possible. Ce qui génère une accélération des changements des « Modèles
d’affaires » (Business models), une impérieuse nécessité d’innovation et
une évolution inévitable des qualités nécessaires aux leaders.
Les modèles d’affaires
changent très vite : la part du matériel dans le CA d’IBM, qui représentait il y a 10 ans
83%, est aujourd’hui de 12% ; Dell, qui a changé la donne dans les années
90, est aujourd’hui en difficulté ; Amazon, de son côté évolue vers la distribution alimentaire !
Aujourd’hui, ce qui
fait le succès d’un pays, c’est l’innovation : il y a une impérieuse nécessité à
innover et les jeunes y sont prêts. Je le vois à HEC :
ils sont différents, ils n’ont pas de frontières, pas de complexes et beaucoup
d’idées. Ils ont compris que l’innovation génère de la création qui génère à
son tour de la valeur.
L’innovation peut
faire peur : chez
HP, à puissance comparable, un serveur occupe 10 % du volume des modèles
précédents ; et ils sont de plus en plus puissants. Nous allons vendre
moins de serveurs. Il faut donc identifier de nouvelles zones de création de
valeur. Nous sommes en changement perpétuel.
Quels sont donc les
éléments-clés pour réussir ce challenge de l’innovation ?
- Gérer le capital humain
(identifier les talents, les développer,…) ; si on se contente de vivre
sur l’acquis, il se déprécie rapidement, comme le capital matériel.
- Donner aux femmes le rôle qui leur
revient : les entreprises où les femmes sont plus nombreuses réussissent
mieux, y compris sur le plan financier.
- Faire évoluer la culture
managériale : en 30 ans, les organisations sont passées d’un modèle
mécaniste à un modèle organique ; ça
nécessite beaucoup de délégation et les changements d’attitudes et de
comportements correspondants.
- Avoir une vision d’ensemble :
pour HP, il s’agit de « Challenge 2017 ». Elle permet d’anticiper les
différentes évolutions et de prévoir les plans d’actions, par exemple pour
augmenter la rentabilité des secteurs moins rentables.
- Utiliser les atouts dont nous disposons
en France : nous utilisons beaucoup le Crédit Impôt Recherche ; c’est
l’outil le plus efficace que je connaisse, dans le monde entier, dans ce
domaine.
Et quelles implications
en résulte-t-il pour les leaders, quelles qualités sont requises ?
Avoir une intelligence qui ne soit
pas uniquement analytique :
certes, un bon QI est un prérequis ; en tant que dirigeant, il faut
traiter 15 sujets dans la même journée. Mais il ne suffit pas, il faut également de l’intelligence
émotionnelle et de l’intelligence relationnelle.
S’entourer de gens
brillants : ceux qui le font développent mieux leur organisation que les
autres.
Avoir du courage : il sera
indispensable demain plus que jamais.
Rester connecté : écartelés entre la
dictature de l’immédiateté opérationnelle et la vision à long terme, c’est à
mes yeux le seul moyen de ne pas devenir schizophrène ; lorsque le leader
s’isole, il échoue.
Rencontrer ses clients : il
me paraît essentiel d’aller voir un nombre minimum de clients chaque
semaine ; les clients disent la vérité.
Avoir une écoute active et
bienveillante : indispensable pour mobiliser les talents et les énergies.
Cultiver son charisme, savoir
séduire : celui qui est charismatique arrive à convaincre. Quand je reçois
la CEO d’HP, il faut la séduire car c’est elle qui décide d’investir - ou pas-
sur nos projets, en France.
Avoir un « fou du roi » : un conseiller ou
quelqu’un de ce type qui ne joue plus sa carrière. Les narcissiques explosent
quand ils n’écoutent plus leur fou du roi. Et c’est également indispensable
pour les autres !
Pour réussir, le
parti pris de la fierté et de l’optimisme :
La France
a beaucoup d’atouts. Et je veux porter le message d’une France qui
réussit ! Il est important et urgent que nous réagissions pour en avoir
rapidement les bénéfices.
Ce monde
est ouvert, l’optimisme est une qualité indispensable pour demain. Un leader,
c’est quelqu’un qu’on a envie de suivre, ce n’est pas un statut, c’est une
qualité que les autres vous reconnaissent. Il n’y a pas de leaders pessimistes, ça
n’existe pas !
Didier Hauvette (Management et RH)
et Jack Voileau (Stratégie de l’Entreprise)