Dean Baker |
Je laisse aux lecteurs le soin d’en tirer les enseignements nécessaires.
Interview publiée dans le numéro du 2 Avril 2009, page 51, édition papier.
Le Point : Qu'est-ce qui vous gêne dans le plan Obama de sauvetage des banques ?
Dean Baker : Certaines de nos plus grosses banques sont de manière évidente en faillite. La solution, c'est de les fermer, de procéder à une mise en faillite organisée, ordonnée. Au lieu de cela, avec le programme d'achat d'actifs toxiques, on va déverser des montagnes d'argent public, sans aucune transparence. Le mécanisme va, en fait, autoriser des investisseurs à acheter ces actifs toxiques avec de l'argent public quand, de leur côté, le risque sera minimal. En outre, c'est politiquement dangereux : dans quelques mois, les électeurs s'apercevront que des spéculateurs ont gagné des millions grâce à ce programme, sur le dos du contribuable.
Dean Baker : Certaines de nos plus grosses banques sont de manière évidente en faillite. La solution, c'est de les fermer, de procéder à une mise en faillite organisée, ordonnée. Au lieu de cela, avec le programme d'achat d'actifs toxiques, on va déverser des montagnes d'argent public, sans aucune transparence. Le mécanisme va, en fait, autoriser des investisseurs à acheter ces actifs toxiques avec de l'argent public quand, de leur côté, le risque sera minimal. En outre, c'est politiquement dangereux : dans quelques mois, les électeurs s'apercevront que des spéculateurs ont gagné des millions grâce à ce programme, sur le dos du contribuable.
Le Point : Mais l'argument de l'administration Obama est que ces banques sont trop importantes pour qu'on les laisse tomber...
Dean Baker : S'il s'agit d'un processus de faillite organisée, ce n'est pas vrai. Les dépôts de ces banques sont couverts par la FDIC [Federal Deposit Insurance Corporation, l'organisme fédéral chargé d'assurer les comptes bancaires] dans de larges proportions. D'autres créanciers essuieraient, certes, des pertes, mais ce n'est pas un drame. Et, de toute façon, ce plan ne sera vraisemblablement pas suffisant, il faudra revenir devant le Congrès demander une rallonge dans quelques mois. Autant régler le problème maintenant et sans gaspiller l'argent du contribuable.
Cette capitulation devant les banques n'est pas surprenante : la proximité de Tim Geithner [le secrétaire au Trésor] et de Larry Summers [président du conseil économique national à la Maison-Blanche] avec les milieux financiers était connue. C'est sans doute trop difficile pour eux de dire aux banques dont ils sont si proches : « Vous êtes la cause du problème. »
Dean Baker : S'il s'agit d'un processus de faillite organisée, ce n'est pas vrai. Les dépôts de ces banques sont couverts par la FDIC [Federal Deposit Insurance Corporation, l'organisme fédéral chargé d'assurer les comptes bancaires] dans de larges proportions. D'autres créanciers essuieraient, certes, des pertes, mais ce n'est pas un drame. Et, de toute façon, ce plan ne sera vraisemblablement pas suffisant, il faudra revenir devant le Congrès demander une rallonge dans quelques mois. Autant régler le problème maintenant et sans gaspiller l'argent du contribuable.
Cette capitulation devant les banques n'est pas surprenante : la proximité de Tim Geithner [le secrétaire au Trésor] et de Larry Summers [président du conseil économique national à la Maison-Blanche] avec les milieux financiers était connue. C'est sans doute trop difficile pour eux de dire aux banques dont ils sont si proches : « Vous êtes la cause du problème. »
Le Point : Comment jugez-vous les autres initiatives d'Obama pour relancer l'économie ?
Dean Baker : Il se montre très actif et c'est ce qu'il faut. Le passage du plan de relance de l'économie de 700 milliards de dollars est un coup politique admirable. Le problème, c'est que ce n'est pas suffisant.
Dean Baker : Il se montre très actif et c'est ce qu'il faut. Le passage du plan de relance de l'économie de 700 milliards de dollars est un coup politique admirable. Le problème, c'est que ce n'est pas suffisant.
Le Point : Mais comment le Congrès acceptera-t-il de dépenser encore plus alors que le déficit budgétaire atteint des sommets ?
Dean Baker : Attendez les prochaines mauvaises nouvelles ! Le chômage, par exemple : on prédisait 10 % à la fin de l'année, en fait ce sera sans doute dès cet été. La bulle de l'immobilier commercial n'a pas encore fait sentir ses effets et ils seront terribles. La crise est loin d'être terminée.
Quant au déficit budgétaire, c'est un problème très exagéré. Quand la croissance sera revenue, il se résorbera très vite. L'endettement public américain est encore tout à fait supportable
Dean Baker : Attendez les prochaines mauvaises nouvelles ! Le chômage, par exemple : on prédisait 10 % à la fin de l'année, en fait ce sera sans doute dès cet été. La bulle de l'immobilier commercial n'a pas encore fait sentir ses effets et ils seront terribles. La crise est loin d'être terminée.
Quant au déficit budgétaire, c'est un problème très exagéré. Quand la croissance sera revenue, il se résorbera très vite. L'endettement public américain est encore tout à fait supportable
Propos recueillis par Emmanuel Saint-Martin, Le Point