Cela fait un moment que nous le pensons (ref. le premier billet de ce blog : « Halte à la dictature de Wall Street »). Un chef d’entreprise ou un dirigeant a besoin de temps pour développer sa stratégie, puis la mettre en œuvre. L’effet de son action ne peut pas se mesurer en quelques trimestres. Non content de ne pas avoir beaucoup de sens, ce couperet trimestriel — épée de Damoclès permanente — présente un autre inconvénient de taille : il empêche les dirigeants de lancer des actions de moyen ou long terme, parfois de démarrer des chantiers de transformation devenus indispensables pour la sauvegarde de l’entreprise, sur le seul motif que cela pourrait être mal interprété par les bourses mondiales.
Franz-Olivier Giesbert signe un article intéressant à ce propos dans Le Point.fr du 26 Mars 2009 que nous diffusons ci-dessous.
Publié le 26/03/2009 N°1906 Le Point
« L'idée la plus stupide du monde »
Franz-Olivier Giesbert
Franz-Olivier Giesbert signe un article intéressant à ce propos dans Le Point.fr du 26 Mars 2009 que nous diffusons ci-dessous.
Publié le 26/03/2009 N°1906 Le Point
« L'idée la plus stupide du monde »
Franz-Olivier Giesbert
Que la moralisation du capitalisme soit en cours, voilà enfin une bonne chose, et on ne s'en plaindra pas. Elle a simplement trop tardé.
Il y a des années que nous mettons en garde, au « Point », contre le « cupiditisme » et des pratiques goinfresques qui déshonorent un système économique, le capitalisme, qui est le pire de tous, à l'exception de tous les autres, pour paraphraser Churchill.
La croisade de Nicolas Sarkozy contre les banquiers ou les patrons gloutons est donc tout à fait justifiée. Elle peut apaiser un moment la haine sociale qui monte dans le pays. Mais il est clair que se pose, dans la foulée, la question de la refondation d'un modèle qui, avec son obsession du lucre, a creusé sa propre tombe.
Jack Welch, patron de General Electric pendant vingt ans, a tout dit là-dessus. Jusqu'au krach, c'était l'icône et le commandeur du capitalisme américain, un fanatique de la croissance et de la rentabilité, sacré naguère « manager du siècle ». Il nous assure aujourd'hui que l'obsession, chez les entrepreneurs, du résultat trimestriel et de la valeur de l'action était « l'idée la plus stupide du monde ». Dont acte.
Avant le G20, il est temps que les gouvernements commencent à songer aussi à l'après-crise, pour définanciariser une économie trop longtemps tyrannisée par des marchés qui, finalement, font la loi dans les entreprises. Jusqu'à ces licenciements dits boursiers, comble de « l'horreur économique », qui mettent les spéculateurs en joie. La finance est une chose trop importante pour être confiée aux seuls financiers. Depuis le temps qu'on le sait, il ne faudrait plus jamais oublier de s'en souvenir.