Les néo-classiques — de tendance libérale — n’ont eu de cesse de démontrer de façon scientifique que l’économie de marché était le système économique le plus efficace. Ils affirment ainsi l’existence d’un équilibre général qui assure — sous réserve que les marchés soient parfaitement concurrentiels — une allocation optimale des ressources. En cas de choc ou de dysfonctionnement, Walras[1] imagine le mécanisme du tâtonnement qui ramène immanquablement les marchés vers l’équilibre. Or ce monde merveilleux n’existe pas. Les hypothèses qui sont avancées n’ont aucune chance d’être réunies. L’introduction du facteur temps a fait voler en éclats ce modèle virtuel. Hayek[2] a même démontré que l’imperfection de l’information dans l’économie réelle disqualifiait la théorie walrasienne de l’équilibre général. La réalité est que les ajustements par les prix et les salaires — prônés par les économistes libéraux — n’ont aucune chance d’entraîner la stabilisation. Ils peuvent au mieux apporter aux actionnaires — sur le court terme — des profits additionnels sur le dos des salariés et des consommateurs par une baisse du pouvoir d’achat. En cas de crise — celle que nous connaissons actuellement est la plus violente que le monde occidental ait jamais connu — les entreprises commencent par baisser la production et l’emploi, pas les prix. Ils baissent aussi les salaires, ils les ajustent. Le déséquilibre observé sur les marchés de biens et de services va alors progressivement se déplacer vers celui de l’emploi. Il en résulte bien sûr une baisse de la consommation puisque le pouvoir d’achat des ménages baisse. Les profits des entreprises sont impactés. Elles ne peuvent plus investir. Elles licencient de nouveau. Et c’est un cercle vicieux infernal. Seul l’état peut par le biais d'une politique de relance par la consommation venir en aide aux entreprises et ainsi permettre une sortie de crise plus ou moins rapide. Certes le système bancaire s’est montré défaillant — nous y reviendrons plus tard — mais c’est bien l’économie réelle qui est touchée. La consommation baisse, mais aussi la production industrielle et le commerce international. D’ailleurs l’INSEE a publié le 15 février dernier de nouvelles statistiques économiques dont celle du PIB qui aurait reculé de 1,2% en volume au 4ième trimestre 2008. Si elle peut avoir du bon, nous ne croyons pas qu’une relance par l’investissement et/ou par l’incitation monétaire soit suffisante. Cela prend du temps et les effets risques d’être longs à venir. Rien ne vaut que de redonner du pouvoir d’achat aux français et de les inciter à dépenser. Pour cela il faut qu’ils reprennent confiance … Keynes est toujours d’actualité, comme nous le disions …
[1] Léon Walras (1834-1910) était un économiste français de tendance néo-classique.[2] Friedrich Hayek (1899-1992) était un philosophe et économiste de l’école autrichienne, de tendance libérale, opposé au socialisme et à toute forme d’incursion étatiste.