Léon Walras (1834-1910)
Biographie (source : Alternatives Economiques - Pratique n°21 - Novembre 2005)
Fils de l’économiste Auguste Walras, Léon Walras est connu comme le principal fondateur de l’approche économique néoclassique. En fait, il a été aussi critique vis-à-vis du libéralisme orthodoxe des économistes français que du socialisme de Marx et de Proudhon. Mais il existe un autre Walras, aux idées socialistes.
Très impliqué dans le mouvement coopératif à partir de 1860, il est invité en 1870 par le gouvernement suisse à enseigner à l’Académie de Lausanne, ville où il peut se consacrer à ses écrits théoriques. Il y rencontre Enrico Barone et Vilfredo Pareto.
Sa pensée
Son ambition était de montrer que l’économie pouvait être une science « pure », c’est-à-dire susceptible d’analyse indépendante des préférences idéologiques de l’analyste. C’est la raison pour laquelle Walras a choisi d’exprimer cette analyse en termes mathématiques (algébriques en fait), tout comme s’il s’était agi d’analyser un problème de physique ou de logique formelle. Il met en scène un ensemble d’individus tantôt producteurs, tantôt utilisateurs ou consommateurs d’un ensemble de biens et de services. Il montre, par un système d’équations, qu’il existe un système unique de prix pour lequel chacune des offres et des demandes qui résultent des comportements des producteurs et des consommateurs est équilibrée : l’équilibre général sur l’ensemble des marchés est donc atteint lorsque ce système de prix est en œuvre.
Mais la démonstration de l’existence d’un équilibre général, pour peu qu’on laisse les prix fluctuer librement, dépendait d’une hypothèse cruciale : tant que les prix d’équilibre ne sont pas trouvés (prix pour lequel offre et demande coïncident), aucun échange ne doit avoir lieu. Ce qui impose, ont fait remarquer les critiques de Walras, un système entièrement centralisé, avec un « commissaire-priseur » bloquant toutes les transactions tant que le marché n’est pas parvenu au prix d’équilibre pour chaque bien ou service. Hypothèse non seulement irréaliste, mais gênante, puisqu’elle aboutissait à suggérer que l’équilibre général pouvait être organisé par un planificateur aussi bien que par un marché. Toutefois, en montrant la possibilité d’un équilibre général issu du fonctionnement de marchés parfaits et dont les prix reflètent l’utilité marginale des acteurs, Walras a jeté les bases de l’analyse orthodoxe… alors même qu’il se réclamait du socialisme.
Ses écrits
Œuvres diverses, éd. Economica, 2000.
Les œuvres économiques complètes d’Auguste (le père) et de Léon Walras sont en cours de publication aux éditions Economica (les volumes V à XIII consacrés à Léon sont tous publiés). Les Eléments d’économie politique pure constituent le tome VIII, les Etudes d’économie sociale pure le tome IX et les Etudes d’économie politique appliquée le tome X.
« De la propriété intellectuelle » (1859), Journal des économistes.
L’économie politique et la justice (1860), éd. Economica, 2001.
« Théorie de la propriété » (1896), Revue socialiste.
« Le problème fiscal » (1896), Revue socialiste.
« Théorie du libre-échange » (1897), Revue d’économie politique.
« Théorie du crédit » (1898), Revue d’économie politique.
Pour aller plus loin
La société n’est pas un pique-nique, Léon Walras et l’économie sociale, Pierre Dockès, éd. Economica, 1996.
« Le socialisme singulier de Léon Walras », Alternatives Economiques n° 193, juin 2001.
« Léon Walras, fondateur de l’économie néoclassique », Alternatives Economiques n° 213, avril 2003.