01 avril 2013

L'information sans gestion c'est Big danger !

Gérald Karsenti invité à la conférence 
organisée par SCOR le 26 Mars dernier sur le thème du Big Data
Le 26 Mars dernier, je participais  au séminaire sur le thème "Big Data: défis et opportunités pour les assureurs", organisé par l'Institut des Actuaires, l'Institut de Formation de la Profession de l'Assurance (Ifpass), l'Institut des Sciences Financières et actuarielles (ISFA, Lyon) et Scor. Cela se passait dans les locaux de Scor, rue Kléber à Paris. Le séminaire réunissait la communauté des actuaires et des assureurs autour d'un sujet devenu majeur pour toute la profession. Dans une introduction enlevée et illustrée de cas concrets, le président David Kessler (Scor) lance les débats.

La première session débute sur le thème : "Big Data : vers une nouvelle science des risques ?". 

Je suis le premier intervenant. Après avoir défini le Big Data en lui-même, je donne une vue sur ce que représente exactement aujourd'hui ce que l'on appelle également "la gestion des masses de données colossales": entre 2,4 et 2,7 trillions d'octets créés par jour, 78000 tweets échangés par minute et 23000 applications téléchargées sur la même unité de temps. En substance, les données doublent tous les 18 mois ! Nous sommes confrontés à un phénomène de société qui touche davantage de monde que les seuls acteurs informatiques. Tout le monde est concerné. 

C'est d'autant plus crucial qu'au moment même où ces données explosent, nous avons besoin de prendre des décisions rapidement, dans des contextes où les critères de choix sont de plus en plus basés sur du "multi-factoriel", dans des environnements qui se trouvent être de plus en plus "pluri-disciplinaires". Ne pas maîtriser les données de son entreprise revient à l'inverse de ce qui est généralement escompté. Il est donc fondamental de prendre les bonnes options, pour être en mesure de mettre "la bonne information entre les mains de la bonne personne au bon moment pour prendre la bonne décision". 

Cette explosion des données s'est produite dans le temps, au cours des dernières décennies, avec l'évolution de l'informatique, partie de la production pour arriver aujourd'hui aux systèmes Cloud, aux médias de tous types et aux réseaux sociaux. Avec le machine-to-machine et l'Open Data, nous sommes de plus confrontés à de nouvelles sources de création de données. Mais l'information arrive de toute part, les formats sont variés, il peut s'agir de vidéos, d'audio, d'emails, de textes, de SMS, d'informations produites par des capteurs en tout genre ou d'images

Le Big Data, qui peut aussi se définir sous 4 angles (Volumes, Vélocité, Variétés et Valeur), permet d'analyser le passé ("analytics, Graphes), de comprendre l'Instant (corrélations, animations) et de prévoir le Futur (Maths, arbres). 

Au-delà de la compétence métier, des maths et de la statistique, il parait évident que les actuaires et assureurs vont devoir pour survivre maitriser la connaissance IT et apprendre à gérer les données avec efficacité et même dans l'efficience. 

L'enjeu va être de maîtriser les flux informationnels, sachant que 3/4 des données existantes sont non structurées. D'un côté il y a en effet le monde de l'information encadrée, structurée, celle de l'IT, qui appartient à l'entreprise (c'est le SI interne). D'un autre, il y a le monde non structuré qui se trouve aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'entreprise. 

Les exemples d'applications au monde de l'assurance ne manquent pas : grâce à des capteurs, on peut intégrer le comportement des conducteurs au volant dans l'établissement ultérieur de polices d'assurance et de leurs options; on peut prévenir ou réduire les risques sismiques, d'ouvrages, de dommages et sinistres majeurs. On peut aussi gérer sa e-reputation.

Et si la gestion de l'information est primordiale pour le monde de l'assurance, elle l'est tout autant pour les autres secteurs.  

L'idée est de passer du Big Data au Better Data en changeant d'approche, en structurant l'ensemble de façon différente ... mais c'est une autre question.

Il est en tout cas certain que cette profusion d'informations n'est pas neutre et que son orchestration devient un enjeu vital pour les entreprises et les Etats.

Pour se faire, il faut disposer d'une batterie d'outils pour faire le tri et utiliser la bonne information en fonction de ce que l'on veut faire. Bonne nouvelle, ils existent !