07 avril 2013

Protéger le français pour porter notre culture et nos valeurs

La culture est essentielle à toute société. Elle est d'autant plus importante qu'elle nous permet d'exister, de nous sentir uniques, en nous donnant le sentiment d'appartenir à une communauté fermée. Une sorte de privilège. Les cultures sont diverses et sont alimentées par de multiples sources. La langue en est une. Ainsi, la langue française qui fut longtemps la langue de référence, diplomatique, internationale, a joué et continue de jouer un rôle majeur dans la diffusion de l'esprit français. Mais force est de constater qu'elle a perdu de sa superbe et qu'elle n'est plus qu'une langue parmi d'autres, sans avantage particulier. Elle a cédé le pas voilà des décennies face à l'hégémonie de l'anglais et de l'américain, restant certes dans certains milieux réservés une langue "élitiste" et pour tous la traduction du génie de la création littéraire. 

Nous regardons avec fierté les oeuvres de Victor Hugo, Proust, Rimbaud ou de Sartre, dont la verve n'a d'égale que la qualité de leur français, sans comprendre que les auteurs modernes ont plutôt basculé de l'autre côté de l'atlantique, avec des Paul Auster ou des Philip Roth. Le monde change et nous devons nous accrocher à l'essentiel. La préservation de notre langue est une priorité. Bien sûr, les jeunes générations, et les autres aussi, doivent être quasiment bilingues anglais-français. Cela ne fait aucun doute. Mais cela ne doit en aucun cas se traduire par l'abandon de notre langue maternelle. Cette langue qui nous permet de garder un lien avec nos ancêtres.

L'histoire de France est complexe. Lumière du monde, c'est le cas de le dire, de la renaissance jusqu'à la fin du 19ème siècle, inspirante sous Louis XIV, puis sous la révolution, conquérante sous Napoléon, notre pays a brillé de mille feux à certains moments de sa construction. Comme l'Egypte, la Grèce ou Rome en leur temps. Abandonner notre langue, la laisser partir en perdition, revient à mourir doucement, comme d'autres empires auparavant. Sans attachement à nos racines, la langue en est une, nous pourrissons de l'intérieur. Car la langue ne sert pas qu'à la communication. Elle est aussi un fantastique lien culturel entre les individus. Elle entretient la fraternité et créé des liens indéfectibles. Deux français qui se croisent à l'autre bout du monde auront plaisir à échanger ensemble, tout comme deux italiens, deux allemands ou deux brésiliens. Demain la langue dominante ne sera peut-être plus l'anglais, mais le chinois ou le brésilien. Qui peut savoir ? 

Pour autant, la langue française n'est pas statique. Elle évolue avec le temps, sait intégrer les mutations sociétales (de nouveaux mots apparaissent) et s'enrichie régulièrement. Le français n'est pas une langue morte, mais bien vivante, dynamique et résolument moderne, et malgré leur âge certain, les académiciens mettent un point d'honneur à assurer cette évolution, gage de pérennité. 

En abdiquant sur la langue, en considérant par exemple qu'il est trop tard, qu'elle ne peut échapper à son sort, celui d'être réduite à sa plus simple expression, nous commettons une grave erreur. Il faut au contraire refuser qu'elle soit massacrée comme elle l'est parfois dans la bouche de certains. Les réseaux sociaux, les SMS et messageries instantanées ne nous aident pas toujours du reste. Le Français n'est pas une langue que l'on peut ou que l'on doit tronquer. Elle n'a de force que maniée avec dextérité, simplicité et élégance. Il faut affirmer qu'il n'y a pas une culture dominante, anglo-saxone, et des ethnies autour, mais une multitude de cultures, dont la notre, et se battre pour qu'elle fasse plus que survivre. Elle en vaut la peine. Le français en est l'expression. 

Protéger la langue française, c'est refuser de voir notre culture disparaitre peu à peu et vouloir retrouver la gloire passée d'une France entreprenante. Nous en avons les moyens. Ce n'est pas impossible. Et même si ce n'est pas simple, il faut se fixer un objectif et s'y tenir. Que le Français redevienne la langue internationale au niveau mondial, c'est en effet peu probable, mais qu'elle soit davantage et mieux utilisée en France et dans les pays qui la pratiquent, c'est non seulement possible mais c'est nécessaire. 

Il faut pour cela commencer par transformer nos formations. Ne cherchons pas à copier les modèles MBA anglo-saxons, notre valeur ajouté serait limitée, mais plutôt à nous appuyer sur nos spécificités. Les MBA américains ou européens ont par ailleurs montré leurs limites. Détachons-nous en et faisons valoir nos atouts, qui nous permettent du reste aujourd'hui de dominer encore dans certains secteurs comme ceux du pneumatique, de l'aéronautique ou du luxe. Faisons en sorte que nos meilleurs talents aient envie d'innover en France et pas ailleurs. Faisons en sorte qu'ils créent ensuite des entreprises à vocation internationale en France pour servir le monde. C'est à ce prix que la France va regagner peu à peu ses galons et faire de nouveau parler d'elle pour d'autres motifs que nos scandales ridicules. 

Les groupes français qui ont souvent institué le français comme langue principale gagneraient à donner des cours à leurs salariés étrangers qui le souhaitent. Voilà un bon moyen de répandre le français à moindre frais ! 

Dans la compétition internationale que nous vivons aujourd'hui, la maitrise de la langue est un atout indéniable. Nous autres Français le voyons bien. Nous sommes rarement avantagés de conduire des meetings ou des négociations dans la langue de Shakespeare. Nous partons généralement avec un poids supplémentaire. 

Pour gagner, il faut être conscient de ce que l'on est et se développer sur ses atouts, pas ceux des autres, il faut entrainer l'autre sur notre terrain, là où nous sommes un peu plus à l'aise. Jouer à domicile a parfois des avantages ! 

Je suis persuadé qu'une France fidèle à elle-même peut apporter beaucoup au monde de demain qui est indéniablement en pleine turbulence, tant en apprenant des autres. C'est bien ainsi que nous avons progressé, la France a toujours été une terre d'asile, d'écoute et de mixité. La richesse première de notre pays a toujours été d'intégrer les richesses culturelles apportées par les autres à notre socle de base. C'est ainsi que notre culture s'est étoffée au fil du temps. Préservons-là ! Et pour se faire, rien ne vaut que de protéger en premier lieu notre langue qui permet de passer nos émotions et de transmettre nos valeurs.