Le 18 décembre 2013, les Etats de la France se sont tenus comme prévu au Conseil Economique, social et environnemental, les discours d'accueil ayant du reste été délivrés par son président Jean-Paul Delevoye, suivi de Philippe Houzé, Président du Conseil France de l'INSEAD et président du Directoire du Groupe Galeries Lafayette. Plusieurs ministres, Arnaud Montenourg, Najat Vallaud-Bekacem (au diner), mais aussi Pierre Gattaz (le patron du MEDEF) et Louis Gallois (Commissaire général à l'investissement) sont venus s'exprimer sur l'attractivité de la France et les moyens de l'améliorer. Nous signalons aussi une excellente intervention de Philippe Lentschener sur la "Marque France". L'INSEAD et EY ont fourni tout au long de la journée, en particulier lors des tables rondes consacrées à l'économique, au social, à la fiscalité et à l'innovation, des données et analyses pour étayer les propos.
Le succès de la journée a été indéniable. Des centaines de participants et au final des échanges très fructueux.
Le lendemain, le 19 Décembre 2013, le manifeste signé par les 4 partenaires stratégiques, Adecco, Accenture, Siemens et HP France, mais aussi par cinquante autres membres environ, a été publié en première page des Echos.
La volonté est claire : rendre la France plus attractive pour séduire davantage les sièges mondiaux de nos entreprises et favoriser le retour à l'investissement en France. Nous sommes des acteurs opérationnels. Nous ne regardons pas la France de loin, nous y sommes. Nous sommes dans le schéma inverse du "brench-bashing". Nous rejetons ceux qui dénigrent en permanence notre pays, mais en même temps nous savons que sur les questions économiques, sociales, fiscale et sur l'innovation, il est urgent d'agir.
Notre démarche est concrète. Nous avons formulé des propositions concrètes qui, appliquées, permettront un retour à l'investissement pour nos groupes, en France, et pas ailleurs, ce qui générera de l'emploi et des points de croissance.
Nous devons tous contribuer à l'attractivité de la France, en nous concentrant en particulier sur l'attraction des talents.
Nous sommes donc dans une démarche positive. Le Premier Ministre, Jean-Marc Ayraud, interrogé au Journal de 20 Heures à ce sujet a d'ailleurs parfaitement compris et résumé nos objectifs. Nous sommes dans une démarche de propositions, pour faire avancer les choses.
Voici le texte publié par les Echos :
L'appel de 50 dirigeants de filiales étrangères installées en France
Manifeste signé par Alain Dehaze, président d'Adecco Groupe France, de Gérald Karsenti, PDG d'HP en France, de Christian Nibourel, président d'Accenture France, de Christophe de Maistre, président de Siemens France, tous rejoints par 48 autres signataires.
Tous, nous présidons aux
destinées des filiales de grands groupes internationaux en France, un pays où
nous employons plus de 150 000 salariés et réalisons plus d’une centaine de
milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Nous
faisons partie de cette « communauté », celle des sociétés dont les capitaux
sont étrangers mais qui créent de la richesse, ici en France dont nous nous
voulons citoyens.
Nous
en sommes les supporters et les ambassadeurs auprès de nos maisons-mères pour
que celles-ci fassent le choix d’y investir et d’y créer des emplois.
Depuis
quelques années, nous avons de plus en plus de mal à les en convaincre, et
nombre d’entre elles se sont installées dans une attitude prudente et
attentiste vis-à-vis de notre pays qu’elles ont mis « sous observation ».
L’affaire
n’est pas indifférente : les 20 000 entreprises qui partagent notre identité
emploient 2 millions de personnes, soit 13% de la population salariée, un quart
dans le seul secteur industriel, contribuent à hauteur de 29% du chiffre d’affaires
de l’industrie française, assurent le tiers des exportations françaises, réalisent
29% de l’investissement corporel de l’industrie française et assurent 29% de la
R&D des entreprises œuvrant en France.
Cette
richesse est inestimable. Or, une menace plane sur l’aptitude de notre pays à
conserver toutes ses capacités de séduction pour les investisseurs
internationaux. Nous qui sommes quotidiennement « benchmarkés », nous pouvons témoigner
de l’incroyable concurrence non seulement de pays émergents mais aussi de pays
matures qui ont placé au cœur de leurs politiques l’impératif de compétitivité
et d’attractivité.
La
France a des ressources, des talents et un esprit d'innovation qui sont rares
mais de longue date est pénalisée par la complexité et
l’instabilité de l’environnement législatif et réglementaire, par un manque de
flexibilité du droit du travail, par des procédures complexes, longues et aléatoires
en matière de restructuration, par des coûts
plus élevés qu’ailleurs et plus globalement, par une méfiance culturelle envers
l’économie de marché.
Dans
tous ces domaines, nos sièges mondiaux considèrent que la situation de notre
pays ne s’est pas fondamentalement améliorée. Pis,
elle se serait parfois, dans certains d’entre eux, dégradée.
Nous
ne manquons jamais de valoriser des avancées significatives, qu’il s’agisse des
dispositions du Pacte National pour la croissance, la compétitivité et l’emploi,
de la loi sur la sécurisation de l’emploi, du programme des investissements d’avenir,
des premières mesures prises en matière de simplification, celles visant à
stimuler l’entreprenariat en France, qui au delà de leurs dispositions,
manifestent une prise de conscience de l’impératif « compétitivité ».
Mais
ces avancées, si elles nous rapprochent des « standards internationaux », ne
sont pas toujours suffisantes pour convaincre nos sièges mondiaux.
Il
est pour les multinationales réunies à l’occasion des Etats de la France des
priorités qui, parce qu’elles concernent des domaines qui, pour elles, sont
particulièrement pénalisants, aideraient notre pays à sortir vainqueur des compétitions
« intragroupes » de nos multinationales.
Assouplir,
en matière sociale, les procédures de consultation en regroupant les différentes
instances représentatives du personnel, en en régulant le pouvoir et en
encadrant le coût des expertises.
Alléger
les aspects pénaux du droit du travail en supprimant le délit d’entrave et en
soumettant les relations du travail au droit civil de la responsabilité.
Stabiliser
et sécuriser l’environnement fiscal et supprimer la possibilité de rétroactivité
fiscale.
Etendre au domaine fiscal et notamment en matière de fiscalité
environnementale et comportementale l’obligation d’accompagner tout projet de
loi d’une étude d’impact évaluant ses conséquences sur l’investissement
international.
Engager
une politique ambitieuse d’attraction et de rétention des talents
internationaux et des quartiers généraux européens.
Toutes
ces mesures seraient un signal fort adressé à nos quartiers généraux et nous
aideraient à les convaincre de faire le choix de la France. Nous nous engageons
à relayer puissamment toute initiative qui répondrait à ces attentes car nous
croyons en la France.
Mieux
que ceux qui nous observent de loin, nous savons que notre pays a toutes les
cartes en main pour réussir. Nous connaissons la créativité des Français qui ne
demande qu’à être libérée, et ses atouts qui ne demandent qu'à être mobilisés.
Nous connaissons aussi ses capacités de rassemblement et de rebond.
Mais
il ne saurait y avoir de rebond sans confiance.
De
par nos fonctions et nos carrières internationales, nous sommes des
observateurs privilégiés de l’ailleurs et de l’autre et déplorons la tendance
maladive que nous avons en France de céder à l’autodénigrement et à l’autoflagellation.
Nous
appelons à ce que notre pays reprenne confiance dans son destin et son avenir.