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25 avril 2016

"Le digital, un monde qui implique de nouvelles façons de collaborer" (Décideurs Magazine)



Julie Atlan m’a interviewé pour le magazine Décideurs sur le thème de la formation en interne qui pour moi est un facteur de différenciation des entreprises.

Lien interview Gérald Karsenti

J’y évoque notamment l’Université HPE qui est accessible à tous les collaborateurs de Hewlett Packard Enterprise afin de se former en interne, mais également aux salariés de nos partenaires. Une large palette de prestations - abordant des sujets tant comportementaux que techniques -  y est disponible.

Mais je partage également dans cet entretien ma vision de la formation pour demain et de la formation managériale plus particulièrement.

Dans ce monde de "disruptions", ou les changement sont incessants, la formation de façon générale est l’un des moteurs des grands chantiers de transformation. Nous allons devoir réinventer notre façon d’enseigner et d’apprendre. N'oublions pas que les jeunes générations (Z en particulier) vont arriver en entreprise avec un regard totalement différent. 



Ces générations - digital natives par essence - auront besoin d’un autre mode de dialogue, d’échange et de collaboration avec les professeurs.
Il en est de même pour le management. Au sein de Hewlett Packard Enterprise, nous commençons à mettre en place un dispositif de serious game. Cela consiste à utiliser des mécanismes ludiques pour résoudre des problématiques pédagogiques ou d'entreprises. Même s’il peut être amusant, son objectif est toujours de faire évoluer les mentalités, de mieux se former, de s'entrainer, de se sensibiliser à de nouveaux concepts et pour les dirigeants de fidéliser leurs équipes. Au sein de Hewlett Packard Enterprise, on utilise cette méthode dans le cadre de la formation des futurs managers. 

On doit intégrer différentes formes d’intelligence et accepter que le monde ne soit plus aussi cartésien qu’autrefois. L'imprévisible fait définitivement partie de l’équation. Les méthodes d’enseignement doivent prendre ces nouvelles évolutions. L’enseignement ne peut plus être: « je sais et je vous transmets ce que je sais », mais « je sais un certain nombre de choses, vous aussi, et nous allons dialoguer et collaborer pour mieux cerner le problème posé et y apporter les réponses adéquates».  


La collaboration est au coeur du changement sociétal actuel


13 décembre 2015

L'action plutôt que la communication de l'action !


J'étais récemment l'un des co-animateurs des Etats de la France (voir un de mes posts précédents).
Lors de la  soirée, j'échangeais avec un chef d'entreprise, qui fut également l'un des plus grands conseillers politiques.
Nous étions quelques jours après le drame horrible du 13 Novembre. Nous étions tous bouleversés.
Alors nous avons échangé sur la France, sur ce qu'il faudrait faire pour sortir de l'ornière, pour avancer et redonner toutes ses lettres de noblesse à la France qui a tous les talents. 

Nous évoluons dans une société surmédiatisée. Les médias, sous toutes
leurs formes, influencent considérablement notre réflexion, la pensée et bien sûr, nos dirigeants, qu'ils soient en charge d'entreprises ou de partis politiques. Il n'est pas question pour moi de nier leur importance. Ils sont indispensables, ils sont la preuve que notre pays est une belle démocratie. Ils ne sont pas du reste les seuls à avoir un impact sur nos leaders. Les marchés financiers sont également très présents dans leurs pensées et donc dans leurs actions. Un dirigeant sait qu'il ne peut pas décevoir les marchés. Présenter un plan d'actions de qualité mais avec des effets à moyen ou long terme ne se termine jamais très bien pour lui. Les marchés voient généralement cela comme une dilution de leurs bénéfices à venir, plus précisément de ceux qu'ils attendent dans l'immédiat ! Les politiques ne sont guère épargnés. On leur reproche souvent, à peine au pouvoir, de ne penser qu'aux élections suivantes plutôt que de réformer le pays. Mais si d'aventure, ils viennent à agir en expliquant que les résultats ne seront pas visibles instantanément, ils perdent généralement toute crédibilité. 

Nous voulons tous de l'immédiateté car notre monde a raccourci le temps grâce à l'internet, aux technologies, aux réseaux sociaux. Tout va très vite. Nous sommes dans la vitesse. Nous agissons souvent dans l'urgence. Nous avons appris à vivre ainsi, même si cela se fait au détriment de notre réflexion. L'instantané est devenu la règle. Il ne faut pas décevoir. Il ne faut jamais décevoir. 

Alors nos dirigeants, narcissiques pour l'essentiel, sous les feux de la rampe de façon quasi permanente, agissent en ayant tout ceci en tête. Un politique finit par se dire qu'il est préférable de montrer qu'il est dans l'action, plutôt que d'agir vraiment. Il en est souvent de même dans l'entreprise. 

Alors ce soir-là nous sommes arrivés à cette réalité : tout le monde préfère communiquer sur l'action plutôt que d'agir vraiment. Cela donne l'illusion de l'action pourtant sans en être en réalité. Ce n'est qu'une communication. 

Certes, la communication reste déterminante. Mais aujourd'hui, il est bien plus important d'agir. Nos politiques, quelque soit leur parti, feraient bien de s'en souvenir. 

L'action plutôt que la communication de l'action !

29 novembre 2015

La 1Oème Edition des Etats de la France s'est déroulée le 18 Novembre dernier


Cette année se déroulait la 10ème édition des Etats de la France. Comme depuis quelques années maintenant, nous nous sommes retrouvés dans le magnifique amphithéâtre du Conseil Economique, Social et Environnemental. Ci-dessous, en voici quelques éléments de synthèse. Y figurent aussi les informations  nécessaires pour obtenir plus de details. J'ai eu le plaisir d'accueillir Emmanuel Macron, Axelle Lemaire et de présider la table ronde sur le numérique.
CONSERVER LE CAP, ACCELERER LE RYTHME, AMPLIFIER L'EFFORT

Matthias Fekl

A l’issue de la 10ème édition des Etats de la France qui s’est tenue mercredi 18 novembre au Conseil économique, social et environnemental, plus de 500 représentants de sociétés à capitaux étrangers installées en France ont fait part de leurs « Recommandations pour améliorer l’attractivité du site France ». Un « Manifeste des Etats de la France 2015 », signé par 100 Présidents de filiales françaises d’entreprises multinationales, a été publié ce même jour dans le quotidien Les Echos pour porter ces recommandations. Ont été dévoilés les résultats d’un sondage Ipsos / EY / Etats de la France réalisé auprès de 200 dirigeants sur leur perception de l’impact des réformes engagées en matière d’attractivité. Ci-dessous Matthias Fekl en introduction de cet événement.

Table ronde L’Embellie
Une table ronde
Cette 10ème édition a été ouverte par un message de solidarité de la communauté des entreprises étrangères avec la France dans l’épreuve qu’elle traverse depuis les tragiques événements du 13 novembre. Une minute de silence a été respectée en mémoire des victimes.
Muriel Pénicaud
Muriel Pénicaud
Quatre membres du gouvernement, vingt-cinq présidents de filiales françaises d’entreprises étrangères, le président du MEDEF, la directrice générale de Business France et plusieurs grands témoins, ont débattu de l’attractivité de la France devant 500 participants.
Gérald Karsenti
Gérald Karsenti
Au total, six tables-rondes ont abordé le thème de l’attractivité de la France sous différents angles :
  • L’attractivité de la France s’est-elle améliorée depuis un an ?
  • Comment nous inspirer des bonnes pratiques étrangères pour aller plus vite, plus loin, plus fort dans la réforme ?
  • Comment faire de la transition énergétique un facteur d’attractivité pour la France ?
  • Comment mieux valoriser l’atout « innovation » pour améliorer l’attractivité de la France ?
  • Comment faire en sorte que les investissements étrangers soient plus créateurs d’emplois ?
  • Comment faire de la révolution numérique un facteur d’attractivité de la France et attirer les talents de la nouvelle économie ?
Nous tenons une fois encore à remercier tous les intervenants et participants, ainsi que nos partenaires.
Rendez-vous l’année prochaine pour la 11ème édition des Etats de la France !
Emmanuel Macron
Emmanuel Macron

L'attractivité de la France selon les responsables de sociétés étrangères

Thierry Mandon
Thierry Mandon
Pour nourrir la réflexion, les Etats de la France en collaboration avec EY ont demandé à Ipsos de réaliser, pour la deuxième année consécutive, un sondage sur l’image de la France auprès des responsables de sociétés étrangères ayant plus de 250 salariés en France.
Le pays est-il jugé attractif pour les entreprises ? Les mesures prises vont-elles dans la bonne direction ? Sont-elles à la hauteur des enjeux ? Comment les perceptions ont-elles évolué depuis un an ?
À ces questions, l’enquête dévoilée le 18 novembre a apporté plusieurs éléments de réponse :
  • La perception globale de l’attractivité de la France progresse positivement et l’action du Gouvernement dans ce domaine est saluée ;
  • Les mesures prises depuis deux ans sont jugées comme allant dans le bon sens mais restent insuffisantes pour répondre aux attentes des entreprises étrangères ;
  • Bien que toujours dégradée, l’image de la France s’améliore auprès des sièges mondiaux.
Les recommandations prioritaires des Etats de la France 2015 
Axelle Lemaire
Axelle Lemaire
Les entreprises multinationales représentées aux Etats de la France ont présenté 7 mesures phares :
1. Installer de nouvelles règles de gouvernance pour améliorer l’attractivité de la France
2. Refonder le droit du travail pour favoriser la création d’emplois
3. Améliorer l’écosystème de l’innovation en rapprochant le monde de la recherche, de l’entreprise et de l’université et améliorer son financement et sa fiscalité
4. Faire de la numérisation de la société française un facteur d’attractivité pour la France en facilitant le développement des start-ups ainsi que leur alliance avec les grands groupes
5. Attirer les talents de la nouvelle économie pour renforcer l’attractivité de la France
6. Favoriser l’installation des quartiers généraux et des centres de décisions internationaux des multinationales
7. Mettre la transition énergétique au cœur de la politique d’attractivité de la France
Pierre Gattaz
Pierre Gattaz en clôture
propos des Etats de la France :
Fondés par Denis Zervudacki, Président de D.Z.A., les Etats de la France constituent le rendez-vous annuel des sociétés à capitaux étrangers pour qu’elles puissent, dans une approche résolument « francoptimiste », faire entendre leur voix sur la problématique de l’attractivité du site France. Ils ont pour objet de permettre aux multinationales de débattre des ressorts de l’attractivité de la France et de former leurs recommandations pour que notre pays soit mieux irrigué par les investisseurs étrangers. Pour cette 10ème édition, les Etats de la France étaient soutenus par plus de 70 grandes entreprises partenaires, dont 6 partenaires stratégiques : Accenture, Adecco, EY, Hewlett-Packard Enterprise, Roche et Siemens.   

26 octobre 2015

« Patrons, champions du changement » : le mouvement en faveur de l’innovation sociale et managériale lancé par le MEDEF

Lancement de l'initiative du MEDEF
"Patrons, champions du changement"
Je suis en compagnie des leaders présents
le jour du lancement
 
J'étais invité à participer Jeudi 22 Octobre au lancement du mouvement "Patrons, champions du changement", lance par le MEDEF (Pierre Gattaz).
 
50 premiers dirigeants d’entreprises de toutes tailles (de la TPE au grand groupe) et des représentants d’organisations patronales (Medef territoriaux et fédérations professionnelles) ont participé ce matin autour de Pierre Gattaz au lancement du mouvement des « Patrons, champions du changement ».
 
Ce mouvement créé à l’initiative du Medef vise à faire de l’innovation sociale et managériale un levier de performance durable pour l’entreprise. Engageante mais non contraignante, cette dynamique s’appuie sur la capacité d’influence des dirigeants à faire bouger les choses au sein de leur entreprise mais aussi au sein de leur écosystème.
Avec la mixité femme-homme comme premier axe de travail, l’objectif de ce mouvement est de développer la présence des femmes dans le paysage économique français et faire en sorte qu’elles accèdent à plus de responsabilités visibles. La méthode retenue est celle de l’engagement volontaire de chacun et repose sur la capacité à convaincre ses pairs.
Pour Pierre Gattaz, président du Medef : « il y a urgence à actionner l’ensemble des leviers pouvant améliorer la compétitivité de notre pays. L’innovation n’est pas uniquement  technique ou technologique, elle s’appuie aussi sur des pratiques managériales renouvelées parmi lesquelles la gestion de la mixité entre les femmes et les hommes qui doit devenir un vraie priorité ».
 
Les liens :
 
 
 
 

13 octobre 2015

Ma participation au Manifeste pour l'engagement citoyen des entreprises


Le 23 Septembre dernier, une tribune a été publiée dans les Echos au sujet du rôle joué par nos entreprises pour encourager l'engagement citoyen des salariés. Je vous laisse la découvrir, les liens se trouvant à la fin du texte.
 
 
Tribune :
 
7 PDG S’ENGAGENT
DANS UNE DEMARCHE INNOVANTE DE RESPONSABILITE CITOYENNE
Les échéances électorales à venir sont nombreuses. Nous pouvons et voulons faciliter l’accès de nos salariés aux mandats électoraux et permettre ainsi le développement d’une meilleure connexion entre le monde de l’Entreprise et de la Politique pour les décloisonner définitivement.
Les élections législatives et municipales de 2017 et de 2020 sont en vue : elles seront l’occasion pour de nouveaux élus de proposer des réformes, voter des lois, faire appliquer des décrets, qui pour l’intérêt général, ne doivent pas méconnaitre la réalité des entreprises.
Les entrepreneurs savent l’investissement et l’engagement des élus locaux et nationaux comme de nos gouvernants pour faire face aux défis complexes et aux problématiques économiques et sociales.
Mais, sans plus de rapprochement et de connaissance étroite avec les entreprises, les enjeux économiques et de création d’emploi des prochaines années seront difficiles à atteindre.

Nous avons décidé d’exposer publiquement notre conviction et notre engagement sur ce sujet d’actualité.
Nous avons donc pour plusieurs d’entre nous, ouvert le débat en interne, et mis en œuvre une stratégie concrète pour faciliter et permettre l’accès de nos salariés à des mandats électoraux.
Temps disponible pour les campagnes électorales, création de RTT politiques sur lesquelles l’entreprise pourrait abonder, suspension du contrat de travail une fois élu, prise en compte des responsabilités exercées et du gain de compétences lors du retour, garanti, dans l’entreprise, nous avons lancé des expérimentations qui préfigurent une Responsabilité Sociale et Citoyenne de l’Entreprise.

Nous souhaitons partager ces expériences novatrices en la matière de sorte à encourager nos confrères chefs d’entreprise à soutenir notre action et s’y engager.

Bien que les avancées dans nos entreprises n’en soient pas toutes au même stade, nous nous engageons avec cet objectif commun de faire bouger les lignes. Il reste que notre challenge ne manque pas d’obstacles culturels, stratégiques, politiques mais l’enjeu est trop important pour ne pas être soutenu.
Il est fondamental d’une part pour une meilleure compréhension de la réalité de l’entreprise et d’autre part pour permettre à  ceux qui veulent s’engager de ne pas craindre leur retour dans l’entreprise, leur mandat achevé.
S’investir dans la vie publique, c’est avant tout un engagement citoyen. Sur le plan du développement des ressources humaines, c’est une magnifique opportunité donnée aux salariés du privé de valoriser leurs connaissances et leurs expériences dans la sphère publique et réciproquement, mais aussi de développer leurs compétences et, pour reprendre le terme des DRH, leur « employabilité ».
Nous espérons susciter une attention et une réaction positive du politique et des entrepreneurs. De vraies pistes opérationnelles sont développées dans « Le Manifeste pour l’engagement Citoyen des Entreprises et de leurs salariés ».
Nous souscrivons pleinement à cette démarche concrète qui apporte des clés pour moderniser les échanges entre sphère des élus et monde de l’entreprise.
Il est clair que si l’entreprise s’engage, les politiques doivent également s’engager.
 
Jean-Dominique SENARD, Président du Groupe Michelin
Augustin de ROMANET, Président Directeur Général, Aéroport de Paris
Guillaume SARKOZY, Délégué Général, Malakoff Médéric
Pierre-André de CHALENDAR, Président Directeur Général, Saint-Gobain
Christophe CATOIR, Président, Groupe Adecco France
Hervé ALLART DE HEES, Président Directeur Général, TADEO
Gérald KARSENTI, Président Directeur Général, Hewlett Packard France

« Le Manifeste pour l’engagement Citoyen des Entreprises et de leurs salariés », une publication du Cercle de l’Excellence RH, sous l’impulsion d’Edgar Added (RH&M) son fondateur et de Stéphane Roussel (membre du Directoire de Vivendi), son Président.

Lien 1 : Le Cercle de l'Excellence RH publie son premier manifeste citoyen (Les Echos)

Lien 2 : Nous devons aider les salariés à s'engager en politique (Les Echos)

04 octobre 2015

C'est le moment de nous demander si nous avons les bons leaders en place ?

Sommes nous bien gouvernés ? De toujours, cette question alimente les débats, les discussions de comptoir dans les bars de quartier et les échanges animés à la machine à café. Nous avons tous notre avis sur la question. Nous observons les dirigeants d'entreprises et les leaders politiques et nous nous forgeons une opinion sur eux. Cette position est souvent définitive. Il y a une raison à cela. 

Mais avant de voir cela, une autre question se pose à nous : jugeons nous avec les bons critères ? 

Elle est en réalité toute aussi importante que la première. Peut-être l'est-elle même davantage ?  

Alors même que l'Occident, France en tête, est le temple de la rationalité, nous concentrons généralement notre analyse sur des critères extérieurs généraux, tels que l'énergie déployée ou la clarté des propos. Un tribun de scène sachant restituer en des termes simples sa vision du monde de demain a toutes les chances de plaire. Et ceci qu'il soit engagé en entreprise ou en politique. C'est pour cela que nous ne changeons que très rarement d'avis. Parce que nous n'allons que très rarement dans le fond des choses, par manque de temps essentiellement. Les politiques le savent bien et jouent sur tout le reste pour influencer nos choix. 

Pourtant, nous savons bien que l'essentiel n'est pas là. Certes, bien présenter, bien communiquer et avoir du charisme sont des éléments déterminants, mais ils ne peuvent suffire à orienter un navire dans la bonne direction. 

Du moins plus aujourd'hui. Nous sommes en effet entrés dans une transformation profonde de notre société, des entreprises en particulier. Nous sommes en "disruption" selon le terme consacré. Toutes les activités, tous les secteurs d'activité, tous les métiers, sont en passe d'être revisités par de nouveaux entrants, les "nouveaux barbares" comme titrait récemment le journal "Le Point". Maurice Levy, patron de Publicis, a trouvé cette formidable formule lors d'une interview au magazine Fortunes "tout le monde peut être ubérisé !". Tout est dit ! 

Il se dit que nous aurions produit plus de données dans les deux dernières années que depuis la naissance de l'humanité ! S'il est sans doute difficile de vérifier cette statistique avec une certitude absolue, nous mesurons bien l'enjeu et l'ampleur des mouvements engagés. Les applications se multiplient, les réseaux sociaux explosent, le monde vacille. Les objets connectés, le "cloud", le "big data" sont des termes techniques certes, mais connus à présent de tous. Car en quelques années, l'informatique a été rebaptisée. On ne parle plus de systèmes d'information mais de numérique ou de digital. En quelques temps surtout, les présidents de sociétés, leurs comités de direction plus généralement, se sont emparés de la question "numérique", conscients de son importance, des enjeux financiers qui lui étaient attachés et des conséquences possibles dans l'hypothèse où certains virages ne seraient pas pris. 

Le leader de demain, dirigeant d'entreprise ou politique, doit assurément comprendre ce monde en mouvement. Il doit se l'approprier, prendre conscience que plusieurs générations sont et vont se côtoyer à ses côtés, sans se comprendre parfois, les uns étant des "digital natives" ou presque, les autres d'une époque plus lointaine. Ces derniers, du moins la plupart d'entre eux, tentent de se raccrocher aux branches, et la plupart se débrouillent finalement très bien. Et cela tombe bien. 

Il n'est en rien question d'âge ici. La bêtise n'attend pas les années pour s'imposer et les plus expérimentés ne sont pas forcément les plus réfractaires à la technologie et plus largement au progrès technique. 

Quand on voit la vitesse à laquelle des secteurs se voient chahutés par des nouveaux entrants. L'hôtellerie avec Airbnb ou booking.com, les logisticiens avec Amazon, la SNCF avec Blablacar ou les réseaux par car, etc.,  les exemples ne manquent pas, on se dit qu'actuellement mieux vaut connaitre ses gammes ! 

Du coup, l'expérience accumulée compte bien moins aujourd'hui. Car la plupart du temps, elle devient plus ou moins obsolète dans les deux ans qui suivent. Bonne nouvelle, nous sommes confrontés à une obligation de compétence et de résultat ! 

Il est temps de disposer des leaders 
aptes à construire le monde de demain

Les questions à se poser sont alors simples. 

S'il s'agit d'un dirigeant d'entreprise :
  • Est-il en train de prendre les bonnes options sur le marché ? 
  • A-t-il une bonne compréhension des enjeux du numérique et de ses conséquences possibles sur l'entreprise ? 
  • S'est-il bien entouré ? A-t-il positionné des Gen Y, les plus jeunes, aux côtés de Gen X ou de babyboomers pour bénéficier à plein de leurs atouts respectifs ? 
  • Va-t-il au contact des équipes, des clients, de son écosystème pour s'imprégner des mouvements qui se produisent tout autour de lui ? 
  • Est-il capable de prendre les bonnes décisions pour éviter le pire à l'entreprise ? 
  • Et bien d'autres points bien sûr ...
Au final, les conseils feraient bien de s'en assurer. Car si des groupes comme AXA ou Accor ont pris le sujet à bras le corps, d'autres peinent à décoller un premier niveau d'analyse. 

S'il s'agit d'une femme ou d'un homme politique, les questions sont un peu les mêmes. Mais l'absence de compréhension de ce monde numérique qui se profile sous nos yeux est quasi éliminatoire. 

De nombreuses enquêtes montrent qu'aujourd'hui réussir la mutation numérique est une condition de survie pour de nombreuses entreprises. Dans tous les cas, en ne prenant pas aujourd'hui certains virages technologiques, on se prépare des lendemains très douloureux. 

Il en est de même bien sûr en politique. Je ne donne bien entendu aucun conseil, souhaitant garder une parfaite neutralité, mais il est un fait que nous jouons ces prochaines années une partie très importante. La gagner c'est mettre la France ou l'Europe si nous voyons plus large, sur les bons rails. La perdre c'est la garantie de décrocher face à la redoutable férocité des adversaires.

Nous n'avons donc jamais eu autant besoin de leaders adaptés au monde de demain, tant en politique que dans les affaires. Les critères sont la définition d'une vision simple et claire, une parfaite compréhension des enjeux du numérique, une écoute active, un sens de l'humain et de l'émotionnel (on veut s'éloigner du fameux QI), une certaine distance par rapport aux approches de court terme, etc.

Fort de cela, lorsque vous voterez, dans la solitude de l'isoloir, songez à ces qualités requises et faites les bons choix. Fort de cela, cette grille de référence à l'esprit, que vous ne manquerez pas de développer, vous saurez si le ou les leaders de votre société sont à même de vous entrainer vers la lumière !

Une chose est certaine, la compétition fait rage. Ces dernières années, la France a perdu son 5ième rang mondial au profit du Royaume-Uni. Certes, nous disposons de nombreux atouts, mais encore faut-il que nous fassions les bons choix en matière d'investissement, sur le plan des secteurs d'activités à développer ou des formations à adapter, etc.

Toutes ces décisions conditionnent en réalité ce que nous serons dans 5 à 10 ans ! Est-ce terrifiant ou au contraire excitant ? Je vous laisse juge, mais en tout état de cause, telle est notre feuille de route. 

06 septembre 2015

Un monde sous perfusion



Brutalement la Chine nous inquiète. On se demande si la décélération de sa croissance pourrait se propager au reste du monde. C’est plus cela qui nous perturbe que son état réel. Les difficultés des chinois ne sont pas fondamentalement le souci occidental, mais qu’elles puissent plonger le monde dans une récession durable est plus perturbant. Un peu comme le printemps arabe dont beaucoup avaient seulement retenu la possibilité d’une contamination à d’autres zones au lieu d’y voir simplement un formidable élan humain, une envie de liberté et de rénovation. On s’interrogeait alors sur la Russie et sur d’autres nations où l’humeur citoyenne faisait des siennes. Les marchés n’aiment pas les révolutions. Surtout lorsqu’elles se multiplient et se développent.

Quand l’argent vient se mêler aux débats d’idées, rien n’est plus vraiment objectif.

La Chine inquiète donc. D’un certain point de vue, cela peut se comprendre puisque l’on tablait sur des taux de croissance de 8%. Certains espéraient les deux chiffres. Et puis là, soudainement, nous n’aurions plus que 7%, 5%, voire moins. Enfin … façon de dire car dans le monde actuel, dépasser les 3% c’est être un quasi extra-terrestre.

Mais les marchés n’aiment pas non plus les mauvaises surprises. Ils n’aiment pas être pris de court, lorsqu’ils ne maitrisent plus les événements. Pourtant, cet ajustement chinois était largement prévisible. Pour une fois, il avait été prévu par de nombreux économistes, de toutes tendances politiques du reste. La Chine s’étant engagée dans une vaste transition économique, pour miser davantage sur la demande domestique et moins sur les exportations, il était évident que cela ne se ferait pas aussi facilement. Les ajustements en économie créent des secousses, c’est inévitable. La Chine n’y est pas parvenue à ce jour, c’est une évidence, la dévaluation de sa monnaie apparaissant d’une certaine façon comme une bouée de sauvetage pour relancer les exportations et ne pas exposer (de trop) le citoyen chinois.

Mais la Chine reste un marché gigantesque, dont le potentiel est loin d’avoir été exploité. Le pays est en pleine mutation. Une mutation technologique, économique, sociale et humaine. Une transformation sans précédent.

Les héros sont fatigués …

Un peu oui, car depuis des années, nous vivons dans un climat incertain, où rien ne semble plus figé. En fait, rien ne l’est. Selon l’expression de Maurice Levy, le PDG de Publicis, formule devenue célèbre à présent, toutes les industries, toutes les économies sont potentiellement confrontées à un risque d’« ubérisation » ! Il y a eu l’écroulement de la nouvelle économie aux débuts des années 2000, les attentats du 11 Septembre, la paralysie qui s’en est suivie, puis la reconstruction incertaine, avant que l’on ne sombre de nouveau dans une crise d’une ampleur sans précédent. En 2008, c’est l’effondrement. Subprimes, faillite de Lehman Brothers, économies mondiales et européennes en difficulté. L’Irlande, l’Espagne, le Portugal plongent. La Grèce aujourd’hui.

Ah oui la Grèce ! A l’inverse de beaucoup, je me garderais de donner une position définitive sur la situation grecque. Il y a entre moi et la Grèce plus qu’une analyse économique et financière d’un pays … il y a ma jeunesse, mes lectures, les héros mythologiques, Aristote, Socrate, Platon et puis … Alexandre le Grand. J’ai du mal à être objectif avec la Grèce. N’ont-ils pas inventé la démocratie ? N’ont-ils pas structuré nos pensées et finalement nos valeurs ? Ce que nous sommes finalement, du moins en grande partie.
Mais en prenant du recul, je me demande si la solution choisie, rester dans la zone euro et accepter un nouveau plan d’austérité, était la meilleure solution. Cette nouvelle cure ne va-t-elle pas faire plonger le pays un peu plus ? N’aurait-il pas été préférable d’opter pour le Grexit ? L’exemple de l’Argentine est riche d’enseignements à cet égard.

La Chine et la Grèce sont au final certainement sources d’inquiétudes. Mais les zones de turbulences ne sont pas uniquement là. Il y a les ex-BRICs, appelés il y a peu à des croissances à deux chiffres dont le premier n’était pas le 1, et qui souffrent aujourd’hui. Ainsi, la Russie ou le Brésil ne sont pas au mieux économiquement. Ils sont à la peine.



Les Etats-Unis eux-mêmes, première puissance mondiale, pourraient tôt ou tard entrer en récession, comme le Canada aujourd’hui.

Mais au final, la principale source d’inquiétude reste l’Europe. Croissance molle, chômage galopant, climat morose, rien n’est simple. A cela s’ajoute la dette des Etats.

Il y a bien sûr urgence. Il faut des actions fortes et efficaces, d’autant plus que le chômage frappe en grande partie les jeunes. Il faut harmoniser nos politiques fiscales, développer une véritable solidarité entre pays, sinon il n’y a pas d’Europe. Il faut poursuivre les efforts de rigueur, mais aussi et surtout construire un véritable plan de relance européen. Une approche keynésienne pour soutenir la consommation et l’investissement. Les grandes nations, dont la France, l’Allemagne et l’Angleterre, pour n’en prendre que trois, peuvent emprunter à des taux très bas et soutenir les axes clés de l’économie … sur le long terme, ce qui est plus cohérent.

L’histoire est riche d’enseignements. Le monde a toujours basculé du mauvais côté lorsque le peuple s’est vu privé de liberté, lorsqu’il avait faim … ou les deux !

En France, la liberté ne prête pas à discussion, mais un chômage fort, croissant, durable, touchant les jeunes en priorité, peut déboucher sur le pire.

C’est là qu’il va agir. Et même si de façon évidente, nos politiques le savent et sont déterminés en paroles, il faut qu’ils le soient à présent dans les actes et bien entendu qu’ils obtiennent vite des résultats tangibles.Certes, notre président s’est engagé à redresser la courbe de l’emploi. Il s’est engagé à ne pas se présenter en 2017 s’il venait à échouer. Mais cette conséquence ne pourrait en rien nous satisfaire, être une consolation.

Nous n’avons pas ou plus le choix, nous devons réussir sur le terrain de l’emploi. Pour nous sortir des ces multiples perfusions, des organismes internationaux, BCE, Fed et FMI en tête. 

Et pas dans trois ans,  aujourd’hui !  

22 mai 2015

Adapter les compétences et les profils aux défis de demain

En marge du Congrès HR qui s'est déroulé les 8 et 9 Avril 2015 au Pré Catelan, j'ai été interviewé par Moortgat.

Je souhaitais partager avec vous quelques réflexions sur l'adaptation nécessaire des profils et des compétences des femmes et des hommes de l'entreprise aux défis de demain.

Nous sommes au coeur de plusieurs mutations, sociétale, digitale, humaine, et pour en tirer tout le bénéfice les entreprises doivent s'appuyer sur des femmes et des hommes préparés à aborder les questions d'hier d'une façon totalement différente. Il est même probable que les questions qui se poseront demain n'en sont pas aujourd'hui.


26 avril 2015

Le management du multiculturalisme dans un contexte international est un atout déterminant !

Notre société est plus que jamais un mélange de diversités, de communautés et de cultures différentes. Les entreprises n'en sont que le reflet. Du moins en règle générale car de plus en plus souvent,  elles influencent la pensée collective, nos réflexions, notre vision du monde et parfois même notre façon de vivre.
Dès lors, tout leader d'entreprise ou politique se doit d'intégrer ces évolutions à sa stratégie de développement ou de campagne. Ces salariés, clients ou électeurs ne pourraient comprendre qu'il passe outre et qu'il agisse comme s'il régnait toujours une pensée unique, une et une seule façon de voir les choses, une et une seule façon de faire.
Et tout bouge. Les frontières d'hier tanguent, le progrès technologique et la digitalisation pouvant expliquer une grande partie de nos mutations actuelles, mais il n'en reste pas moins que les périmètres d'un jour ne peuvent pas ou plus être considérés comme immuables.

Au Siècle des Lumières, la France dominait le monde de ses idées éclairées, les Anglais ont longtemps été la place financière du monde et il eut un temps où les Hollandais régnaient en maîtres sur le commerce des mers.  Une autre époque où les Etats-Unis et le Japon imprimaient les messages qui rythmaient nos vies. Mais depuis, d'autres puissances ont émergé ou ont refait surface. Si la Russie a connu des hauts et des bas, les BRICs boostent l'économie mondiale, la Chine et l'Inde en particulier. Les pays Arabes conduisent peu à peu une mutation sans précédent, une révolution pourrions-nous dire, ce qui est de bonne augure pour demain, tout comme l'Afrique qui redevient le continent où tout le monde veut investir. L'Europe est de son côté à la peine et doit faire preuve de beaucoup d'imagination pour attirer les fonds étrangers, heureusement aidée par le taux de change, les taux d'intérêts et le prix du pétrole, trois facteurs qui devraient sous peu changer la donne.  

Face à cette turbulence incessante, à ces cartes qui ne cessent d'être rebattues, les entreprises doivent comprendre ces changements, nos politiques aussi, et les intégrer pour les transformer en avantages compétitifs.

En abordant cette question centrale du multiculturalisme dans l'entreprise, et dans la société plus généralement, je me garderais bien de prétendre à l'exhaustivité ou de m'attaquer à l'opposition des termes "multiculturalisme" et "interculturalisme", bien que le sujet soit intéressant (l'occasion d'un autre post ou de vos commentaires).

Je souhaite en fait m'attarder sur le multiculturalisme car nos entreprises, grandes ou plus petites, ont toutes à gérer l'expansion internationale et dès lors la prise en compte de cultures diverses. Un peu comme l'avait fait Alexandre le Grand en son temps.

C'est une richesse infinie mais l'expérience m'a amené à faire plusieurs constats.

Il s'agit tout d'abord de faire coexister plusieurs cultures (ethniques, religieuses, autres) au sein d'une même structure organisationnelle, dont le rayonnement serait par construction international. Il ne s'agit pas de ramener tout le monde vers sa culture et/ou ses croyances ou encore, plus extrême, de demander à certains/certaines d'abandonner des pans entiers de leur culture pour mieux s'intégrer, mais au contraire de respecter les coutumes, les traditions et les sensibilités de chacun pour servir un intérêt et des enjeux collectifs.

Et ce n'est pas facile car nous avons été formatés pour penser que notre culture est dominante, que notre civilisation prime sur les autres et que nos idéaux n'ont aucune raison de ne pas séduire les autres. Sauf que rien ne dit que les autres justement pourraient penser différemment !  

Ainsi, lorsque l'on est dans un "call" ou un meeting international, avec des invités venant de tous pays, chacun ayant sa propre culture, il faut se souvenir qu'un discours, une phrase ou un commentaire ne sera pas perçu de la même façon par chacun des participants. Selon votre philosophie de vie, conditionnée souvent par votre pays d'attachement ou de naissance, votre religion, etc., vous ne recevrez pas les messages de manière identique. Votre réaction et votre action ne seront donc pas forcément celles attendues par l'intervenant, votre chef ou l'homme politique.

Bien entendu, si vous êtes un homme politique agissant dans un pays multiculturel ou un dirigeant ayant à vivre dans un environnement international, mieux vaut avoir ceci en tête pour espérer entrainer tout le monde dans votre sillage. C'est à ce prix que l'on pourra garantir l'adhésion du plus grand nombre, dans tous les pays où l'entreprise agit.

Et pour moi, il ne fait aucun doute que la prise en compte de cette diversité multiculturelle est une source inépuisable d'idées et de créativité

29 mars 2015

Un nouveau post de ma part publié dans le site HBR France : "Tombez les masques, soyez vous-même" !

Découvrez mon nouveau post dans la Harvard Business Review France en cliquant sur le lien ci-dessous:
 


Bonne lecture et n'hésitez pas à me faire part de vos commentaires sur LinkedIn !

19 février 2015

Lancement de l'année 2015 au Cercle du Leadership et intervention au HR Lab de Business Digest

Rencontre organisée par Business Digest (49ème Rencontre du HR Lab), j'ai eu l'occasion d'intervenir le 12 février dernier sur le thème "Nouveau modèle de société, nouveau modèle de leadership"


Après avoir discuté des évolutions de la société actuelle et d'un thème d'actualité, à savoir la "valeur partagée" ("Shared Value") de Michael Porter, nous avons évoqué les évolutions prévisibles et nécessaires du leader de demain. 
Des leaders davantage tournés sur la société, sur la valeur globale de leur action, sur la création de valeurs, en utilisant toutes les formes d'intelligence, l'émotionnelle en premier lieu.


Cette même semaine, nous avons lancé dans le cadre du Cercle du Leadership, que j'ai le bonheur de présider, le thème de l'année 2015, soit justement la "shared value" ! 

Quelques éléments de réflexion (résumant le point de vue de Michael Porter) : 

  • le monde connait de nombreux problèmes mais il devient difficile de les ignorer vu l'hyper-médiatisation;
  • en matière d'impact sociétal, les entreprises sont souvent perçues comme le problème, pas la solution;
  • ces problématiques ont été traitées à ce jour essentiellement via la philanthropie, l'action gouvernementale et les ONG, mais cela ne suffit pas. Pas assez de moyens. La RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) est souvent vue comme le mal nécessaire. or selon Porter, c'est en réalité le coeur de la solution ; 
  • si on ne progresse pas assez vite, c'est par manque de ressources. Il faut aller les chercher là où elles se trouvent, soit dans le monde du business; 
  • le business a intérêt en fait à traiter les problèmes de société ... pour réduire ses coûts en premier lieu. Moins de gaspillage résulte en plus de profit. Les exemples sont nombreux, la pollution, les conditions de travail, la santé, etc. 
  • les entreprises ont intérêt de disposer d'une structure d'éducation dans leur proximité immédiate de haut niveau. C'est l'assurance de trouver les talents qu'elles cherchent. Elles ont ainsi intérêt à financer en commun des programmes pour monter le niveau collectif. Elles en bénéficient au final. 
  • adresser un problème sociétal par le biais d'un "business model" éprouvé, c'est une forme d'évolution du modèle capitaliste, un capitalisme de "nouvelle génération" ... 
  • "shared value" c'est la génération de gains à la fois économiques et sociétaux !
  • les entreprises ne doivent pas chercher à se substituer aux ONG ou aux Etats, mais plutôt à travailler étroitement avec eux. 
Au final, il faut reconnecter le succès de l'entreprise au progrès social. Un écosystème prospère se traduit toujours par plus de bénéfices pour les entreprises qui y évoluent

Pour en savoir plus sur cette théorie :

16 novembre 2014

Nouveau modèle de société ? Nouveau leadership ? (post 2)

Vers la créativité sélective

A la fin du post 1 de cette nouvelle rubrique "Nouveau modèle de société ? Nouveau leadership ?", j'écrivais qu'avant de définir les qualités du leader de demain, encore fallait-il savoir ce que serait justement le monde de demain ? Vers quoi allons-nous ? En fonction de cela, nous verrons bien si les leaders actuels sont capables d'évoluer dans ce nouvel environnement ou s'il nous faudra au contraire aller chercher une nouvelle génération, plus à même d'embrasser les défis actuels et à venir. 

Ce n'est pas faux. Et en même temps, il serait légitime de se demander si ce ne sont pas les femmes et les hommes qui vont influencer notre évolution future ... et ce que sera notre environnement demain. Il en a au fond toujours été ainsi. Aux moments clés de l'histoire de l'humanité, il y a toujours eu des individus, hors norme, que ce soit du côté de l'entreprise ou du monde public et politique, qui ont surgi pour guider les autres, pour trouver de nouveaux chemins. 

Pourquoi en serait-il autrement aujourd'hui ? 

Il n'y a là aucune raison en réalité que cela soit différent. Le génie humain a inventé les religions, le monothéisme en particulier, le concept même de la démocratie, de la liberté, le droit, mais il a aussi permis de constamment faire progresser la pensée, les idées, l'art. Le progrès technique nous permet de mieux vivre, plus longtemps, en meilleure santé, de gagner du temps, de faire des choses que nous n'aurions pu imaginer quelques décennies plus tôt. On peut par exemple traverser l'atlantique en quelques heures aujourd'hui ! C'était impensable au début du siècle dernier. On soigne des cancers, on prévient des infarctus, on imprime des objets (3D) et on se déplace avec son bureau ou son "chez soi" grâce aux technologies de la mobilité. 

L'innovation, voilà bien ce qui guide le monde. Elle permet de progresser, de changer notre vision du monde, nos paradigmes. Elle permet aux entreprises de concevoir de nouveaux produits et services, de dégager des profits qui servent au réinvestissement et à la création de valeur et d'emplois ! Sans innovation, le monde ne serait pas là où il en est. 
Il y a une condition néanmoins. Faut-il encore que cette innovation soit tournée sur le bien-être, sur le service rendu à la communauté. Un produit qui n'aurait aucune utilité permettrait peut-être d'enrichir un individu ou plusieurs pendant un temps donné mais au final il n'y aurait là aucune création de valeur. 

Alors, comme je le dis souvent, notre société a évolué par étape depuis la fin de la première guerre mondiale. Avant 1940, les lettrés dominaient. Passer un bac philo ou entrer à Normale Sup en section littéraire ou philosophique était la panacée. Les idées avaient le vent en poupe. Après la seconde guerre mondiale, il a fallu tout reconstruire. Les ingénieurs ont pris la barre et gouverné pendant les trente glorieuses. Cela va profondément modifier l'évolution sociétale des économies occidentales. Mais après deux chocs pétroliers et une industrie plus ou moins bien rétablie, il a fallu trouver un nouveau carburant. Les marchés financiers allaient prendre le relais pour les deux décennies suivantes, propulsant les financiers au pouvoir. Les ingénieurs viennent flirter avec les salles de marché oubliant leur formation d'origine. 

Mais aujourd'hui, comme le dit Michel Serres, nous ne sommes pas face à une crise mais face à un "changement de monde" (voir mon post du 18 février 2013). La spéculation a tout broyé sur son passage. Nous avons eu les yeux plus grands que le ventre ou en d'autres termes nous avons vécu au-dessus de nos moyens. Cela est vrai pour nous autres individus lambda, mais aussi au niveau des entreprises (le modèle de la valorisation à court terme) ou des états (accroissement des déficits publics et par là-même de la dépense publique).

Le modèle actuel ne convient plus. Il faut imaginer un monde différent. Il va falloir le "digitaliser" pour en tirer tout le potentiel, intégrer les générations des "digital native", la diversité et changer notre appréhension au monde, par exemple la prise en compte de la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Voilà des défis passionnants qui nous font face et qu'il faudra aborder d'une façon différente.

Pour autant, il faudra le faire sans renier le passé, nos valeurs, notre culture au fond. Car nous ne sommes que le produit de notre histoire. Impossible de se projeter sans en avoir la pleine maitrise.

L'innovation n'a jamais cessé. Mais l'innovation utile s'est un peu éloignée. Elle n'est pas toujours recherchée et n'est plus l'élément vital de décision. On innove pour vendre et moins pour être utile à la société. Pourrait-on renoncer aujourd'hui à mettre sur le marché un produit néfaste et inutile mais porteur d'enrichissement potentiel. J'espère que oui mais je n'en suis pas du tout persuadé.

Nous sommes dans une société de l'hyper-consommation. Et nous allons devoir revoir nos objectifs. Aussi pour des raisons liées à l'environnement. Que veut-on faire du monde de demain ? Y répondre c'est définir une direction et un axe d'évolution pour l'humanité avec une inflexion certaine et nécessaire.

Ce post met en avant des idées très différentes. Les suivants y reviendront mais l'idée de ce jour est  celle-ci : après les littéraires, les ingénieurs, les financiers ... eh bien nous allons vers les créatifs !!! Ce sont les créatifs qui vont faire bouger les frontières. Plus que les politiques au fond. Les créatifs seront partout. Dans l'entreprise, dans l'enseignement, dans les administrations, dans les gouvernements, dans l'art, partout.

L'ère à venir sera celle de la créativité sélective ou de la créativité utile. Pas créer pour créer. Mais créer pour le mieux.

Et bonne nouvelle, cette fois personne ne devrait être privilégié ou défavorisé. Car chacun peut créer et innover. Le profil comptera plus que la formation. La personnalité primera plus que le reste. L'envie, la passion, l'élan que l'on saura générer ou pas.

C'est sans doute pourquoi on nous parle sans cesse de startups, d'entrepreneuriat et de tout ce qui touche à la création. Car nous sentons que les choses vont peu à peu dans ce sens.

Nous cherchons un nouveau modèle. L'innovation en sera le ciment. Là il n'y a aucun doute. Il convient même de l'espérer. 

02 novembre 2014

Nouveau modèle de société ? Nouveau leadership ? (post 1)




Le monde qui nous entoure est complexe et turbulent. Tout bouge très vite. Trop vite parfois. Les technologies sont de plus en plus performantes. Elles nous permettent en réalité de presque tout envisager. Et c'est cela même qui peut en inquieter certains. Où sont les limites ? Comment les définir ? Qui doit les poser ? Le faut-il seulement ?

Le progrès technique a été tel au cours des trois dernières décennies qu'il ne semble y avoir aucune limite. Dans le même temps, les coûts ont été divisés par deux ou par trois. L'information circule à la vitesse de la lumière au moindre coût. On a parfois à peine le temps de se familiariser avec une technologie donnée qu'elle est remplacée ! Faut-il le regretter ? Peu importe ... car ce n'est peut-être pas la bonne question.

Pour autant, nous sommes tous, à des degrés différents, inquiets, perplexes, en questionnement. En particulier sur ce que sera la société de demain. Nous voulons comprendre, donner du sens à nos existences, nous recherchons bonheur et bien-être. Nous voulons trouver des nouveaux équilibres alors même que tout est fait pour les rompre. Pris dans le tourbillon des réseaux sociaux, d'une communication incessante et parfois paralysante, nous vivons dans le "toujours connecté", toute notion d'étanchéité entre vie privée et vie professionnelle tendant à s'estomper peu à peu. Et pourtant, il faut bien se ressourcer. On ne peut être performant et créatif sans prendre régulièrement le recul nécessaire.

Alors il est peut-être tant de revenir à l'essentiel. Car si les générations changent, si les besoins évoluent, il existe malgré tout une constante, et cette constante est vitale. Elle fédére, elle rassemble, elle crée le ciment entre des individus qui diffèrent pourtant en de nombreux points, qui n'ont même parfois pas les mêmes vues ou opinions, mais qui se retrouvent à un moment autour d'un projet commun. Cette glu s'appelle la culture. Celle-ci est indélébile. Nous la transmettons de père en fils, de génération en génération. Grâce à elle, nous savons qui nous sommes. Elle nous définit et nous sert de phare, de point de ralliement. Elle est un cri intérieur, une source d'apaisement. Des membres d'une même groupe peuvent la définir différemment, peu importe au fond, du moment qu'ils vibrent à l'unisson.

La fracture que nous vivons aujourd'hui, du moins depuis la crise de 2008, correspond en réalité à une nouvelle adaptation de celle-ci. Car si elle ne peut pas être copiée par d'autres, elle peut évoluer. En cela, les jeunes générations, la Y, et même la Z qui pointe son nez, jouent un rôle prépondérant. Les "Digital Native" ne sont pas "déjantés", comme nous pourrions le penser de prime abord. Non, ils ont des aspirations différentes des générations précédentes, mais se retrouvent curieusement sur l'essentiel. Ils ne sont pas prêts par exemple à tous les sacrifices au nom d'une sacrosainte carrière. Cela ne veut pas dire qu'ils veulent travailler moins. cela veut dire qu'ils veulent travailler mieux et en tout cas différemment. A coup sûr, ils vont insuffler quelque chose de très nouveau.

Le modèle capitaliste s'est depuis longtemps imposé comme le thermomètre du monde moderne. L'économie de marché, si critiquée, a finalement été adoptée par la plupart des économies occidentales et des courants politiques, de droite comme de gauche. Rien ne compte tant de toute façon que de croître et d'assurer le plein emploi. Une phrase d'un révolutionnaire me revient à l'esprit. Alors qu'il se trouve à la tribune, il s'adresse aux représentants du peuple en ces termes : "La faim et la privation de liberté sont les deux piliers de la révolte". Bien que je ne me souvienne plus de son nom, force est de constater que cela reste vrai aujourd'hui encore !

Sans croissance économique, nous ne pourrions rien envisager. Mais si le modèle actuel a toutes les raisons de perdurer, il ne le pourra qu'au prix d'une profonde adaptation. Car nous ne pouvons pas continuer de sacrifier le long terme à des résultats boursiers de court terme. Nous ne pouvons pas continuer de poursuivre la coupe des coûts au nom d'une prétendue recherche de compétitivité. Nous ne pouvons pas poursuivre notre quête de productivité sans nous soucier de trouver de nouvelles formes d'équilibre, mélange d'économique et de social. Nous ne pouvons pas évoluer dans un écosystème en  faisant abstraction de son devenir. Il est fait de femmes et d'hommes, qui sont autant d'êtres humains que de consommateurs potentiels.

J'entame donc une série de posts, sous forme de questions. Je vais les partager sur LinkedIn. Je vous encourage à les commenter et à donner votre point de vue sur les questions soulevées en me rejoignant.

Tout cela devrait nous amener à nous questionner sur le modèle de société de demain. Et au-delà à l'évolution des formes de leadership. Nous allons avoir besoin de leaders différents pour aborder le monde de demain.

Prochain post : avant de parler des caractéristiques du leader de demain à quoi ressemblera la société de demain ?