24 juillet 2011

Big Apple ... New York New York ...

Manhattan
En débarquant à Manhattan en 2000 avec ma famille, je ne savais pas à quel point nous serions séduits. On a eu la chance de vivre 3 ans dans l'Etat de New York, le Village de Larchmont plus exactement, au nord de Manhattan, là même où se trouve la FASNY, le collège franco-américain de NY. Très vite, nous avons donc voulu nous rendre dans le temple américain. Car Manhattan, dans notre subconscient à tous, a une place à part. Manhattan n'est pas tout à fait une ville. Du moins, ce n'est pas qu'une ville. Il y a un esprit qui vous habite presque tout de suite. Manhattan n'est pas non plus une ville américaine, du moins pas typiquement américaine. Manhattan est la ville cosmopolite par excellence, où chacun y trouve un peu ce qu'il veut. A Manhattan, on croise à chaque coin de rue, des hommes et des femmes surprenants, qui vous interpellent par leur profil atypique et unique. C'est la ville aux mille talents, où se côtoient des hommes et des femmes d'affaires d'un côté et de l'autre des individus qui semblent venus de nul part, des newyorkais souvent étonnants, des êtres virevoltants, qui vous laissent souvent sans voix lorsqu'ils marquent un panier de basket au coeur de Central Park ou qu'ils se livrent à leurs acrobaties rythmées sur des rollers. Je me souvient ainsi d'un homme qui devait bien avoir 70 ans et qui dansait en rythme sur des rollers avec une classe infinie. Quel style ! Le tout avec une radio collée à l'oreille pour se donner une cadence. Des instants inoubliables. Des moments que j'affectionne particulièrement. Brefs, il faut savoir les capter. Pas si simple tant nous sommes pris dans notre tourbillon quotidien. Nous nous attendions à voir une ville de buildings, sans charme particulier, des hauteurs inhumaines, du bitume à perte de vue, une ville sans identité, sans saveur. Nous y avons trouvé l'inverse. Le charme fou de SoHo, l'effervescence de la cinquième avenue et du Rockefeller Center et la vie intense des théâtres et du Music Hall, une ville de spectacle, bouillonnante, avec une âme. On ne peut rester insensible à Manhattan. Si vous vous laissez prendre par Manhattan, vous y laisserez à n'en pas douter une part de vous. A jamais.  

11 juillet 2011

Chronique du 04 au 17 Juillet 2011

Thomas Voeckler,
maillot jaune du tour
au 18 Juillet 2011
Un Français en jaune sur le tour de France est déjà en soi une nouvelle pour notre chronique. Nous lui souhaitons bon courage pour le dernier rush. L'homme est courageux. Et du reste c'est bien de courage dont nous avons tous besoin lorsque nous regardons à l'horizon. L'horizon économique bien sûr. Car de ce côté là, on annonce un temps de grosse tempête. La crise de la dette et ses répercussions n'en finit pas de faire couler beaucoup d'encre.
Nous ne sommes pas sortis de la crise. Loin s'en faut. Pourtant, beaucoup font comme s'il ne s'agissait que de vieux souvenirs, que d'une histoire ancienne, un cauchemar aujourd'hui oublié. On a vite rangé tout ceci dans un placard. Attention danger ! Seule la nation allemande tient bon. Nos voisins, si importants pour nous sur le plan économique, nos partenaires de toujours, aussi bien fournisseur que client, ont fait leur armes, comme nous le savons, en réintégrant l'Allemagne de l'Est. Et ils l'ont fait seuls. Personne ne les a aidé ou peu. Alors aujourd'hui, ils coincent un peu lorsqu'on leur demande de venir en aide à Pierre, Paul ou Jacques, simplement parce que certains ont plus ou moins bien gérés leur finance. Partout en Europe, le chômage frôle les 10%, parfois on les dépasse. Même tendance alarmante aux Etats-Unis. Les indices de prix, alimentaires en particulier, remontent à une vitesse vertigineuse. Et quand le peuple a faim ... on connait la chanson. 
Pour information, en 1970, la dette américaine était de 170% du PIB, ce qui a provoqué la cassure du lien qui unissait le dollars à l'étalon or, avec les conséquences bien connues. En 1928, veille de catastrophe, ce même pourcentage s'établissait à 220% !! Aujourd'hui, nous dépassons les 350% !!! De quoi inquiéter même les plus détendus. Voilà bien où se trouve l'inquiétude la plus forte, sachant qu'en plus le coup de la conversion dettes privées en dettes publiques n'est ni facile ni acceptée. L'étau se resserre. Il y a urgence à réformer la finance mondiale en profondeur. Mais comment ? L'absence de gouvernance mondiale est une cause de retard chronique. Nous sommes un peu comme celui qui, assis dans un bolide, voit le mur arriver mais n'a ni volant ni freins !!! 
Certains bougent. Les plans d'austérité se multiplient, en Grèce, au Portugal, en Italie. Le président américain met toute son énergie à convaincre les élus de la nécessité d'une action rapide au niveau de la dette. De la nécessité de le suivre et de lui faire confiance, qu'ils soient républicains ou démocrates. La cause est maintenant commune. Mais au final il peine ...
L'incapacité à s'aligner, à se mettre d'accord, des égos mal placés, tout cela peut coûter cher au monde moderne et aux générations futures. La recherche de consensus systématique présente des limites que nous avons peut-être déjà dépassés. D'autant plus que tout ce que nous disons de la problématique financière peut s'appliquer à d'autres domaines tout aussi dramatiques et urgents, comme les impacts du changement climatique par exemple. On parle beaucoup, on décide peu. 
Or quand il y a crise, la solution est autant dans la vitesse d'action que dans le contenu de la solution. Il vaut mieux se tromper (un peu) et agir que de rester dans un immobilisme consternant. Certains en appellent à la notion de souveraineté nationale. Mais admettons que le concept a peut-être vécu et qu'il serait temps d'évoluer.
Christine Lagarde
C'est dans ce contexte de tension extrême que Christine Lagarde vient de lâcher le Ministère de l'économie, des finances et de l'Industrie pour prendre la direction du FMI (le Fonds Monétaire International). A peine installée dans son siège, elle accordait un entretien à la chaîne de télévision américaine ABC (diffusé le 11/07/2011) et déclarait son inquiétude face au blocage entre démocrates et républicains en vue de relever le plafond légal de la dette publique américaine. Pour certains, le risque serait un possible défaut de paiement. Pour d'autres, des solutions existent. Mais plus que le contenu, il est intéressant de noter que Christine Lagarde est rentrée dans ses nouveaux habits en un temps record, tout en reconnaissant que son prédécesseur, Dominique Strauss-Kahn, avait fait un remarquable travail à la tête de l'institution. Compétente, elle ne perd pas de temps et prend déjà des positions affirmées. Tant mieux.  


Au gouvernement Fillon, elle avait été la première femme à occuper un poste de Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie. Au FMI, elle est de nouveau la première femme portée au sommet de la vénérable maison. 

Un bon livre sur le leadership et la psychologie des leaders

La face cachée du
leadership
Qu'est-ce qu'un bon leader ? Quelles sont les compétences nécessaires pour diriger une entreprise ? Un dirigeant peut-il améliorer ses performances ? Comment repérer les futurs leaders ou le devenir soi-même ? Manfred Kets de Vries, psychanalyste et professeur de management, brosse ici un tableau complet du leadership. En s'interrogeant sur l'usage que font les dirigeants de leur intelligence émotionnelle et sur les dysfonctionnements et les perversions propres à l'exercice de l'autorité, il débusque les pièges qui guettent les leaders. II fournit alors des pistes pour progresser, montrant quelles sont les qualités indispensables d'un bon dirigeant, comment les repérer et comment les développer. Quiz, exercices d'auto-évaluation et questionnaires ponctuent la lecture et permettent de réfléchir à son propre style de leadership. Cette nouvelle édition, entièrement mise à jour, donne des réponses concrètes à toutes les questions qu'appelle le leadership. Enrichie de nombreux exemples, de Napoléon à Richard Branson, la réflexion de Kets de Vries est aussi un véritable guide pour l'action.
From Wikipédia :

Manfred Kets de Vries
Manfred F.R. Kets de Vries (born 1942 in The Netherlands) is a clinical professor of leadership development at INSEAD, where he holds the Raoul de Vitry d'Avaucourt Chair of Leadership Development. He is the founder of INSEAD's Global Leadership Centre, program director of INSEAD's top management seminar, "The Challenge of Leadership: Creating Reflective Leaders" and the program "Consulting and Coaching for Change; Creating Reflective Change Agents", and has received five times, INSEAD's distinguished teacher award. With ESMT, Berlin he is a Distinguished Visiting Professor and Director of their Center for Leadership Development Research. He is best known for bringing a different view to the much-studied subjects of leadership and the dynamics of individual and organizational change. Prof. Kets de Vries is also the founder of the Kets de Vries Institute, a partnership that counsels individual CEOs and top executive teams, using a clinical orientation to leadership coaching and organizational transformation.

02 juillet 2011

Chronique du mois de Juin 2011

A la demande de certains de mes lecteurs assidus (que je remercie au passage), je lance une rubrique "Chronique de la quinzaine". Ce sera l'occasion pour moi de parler de ce qui m'a le plus marqué. Ce qui m'a intéressé. Je pourrais ainsi alterner avec des billets sur des sujets divers. De façon exceptionnelle, je ferais référence cette fois à des faits qui portent sur les trois dernières semaines.
Gérald Karsenti
Je commence par la semaine du 27 Juin. Elle a démarré pour moi par une très bonne nouvelle, je ne pourrais dire le contraire, puisque les dirigeants mondiaux et européens de Hewlett Packard ont décidé de me confier la direction de la filiale française. L'annonce a été faite par Yves de Talhouët le 27 Juin 2011. J'ai pris mes fonctions de PDG HP France le 1er Juillet 2011 (cliquez sur le titre pour voir l'annonce). C'est sans aucun doute un moment très important dans ma carrière. 
Pour plusieurs raisons : 
1) HP est un fantastique groupe, le seul aujourd'hui qui peut offrir aux clients une vue de bout en bout du flux informationnel, le seul qui possède un leadership technologique étendu allant du PC, des imprimantes, des offres de proximité aux technologies et services liés aux centres de traitement ("Data Centers") en passant par les réseaux; 
2) La richesse des femmes et des hommes qui y travaillent, leur loyauté envers ce groupe, l'attachement qu'ils ont tous à une culture ancrée dans le marbre; 
3) Une dynamique permanente, le groupe ayant fait l'acquisition de multiples entreprises dans les réseaux, le stockage, les serveurs, les ordinateurs personnels, les imprimantes, l'art graphique, le logiciel et les services; 
4) une capacité d'innovation sans cesse renouvelée, les annonces récentes de la plateforme WebOS et de la tablette HP en sont deux parfaites illustrations; 
5) Un nouveau président mondial a pris les rênes de l'entreprise au 1er Novembre 2010. Comme je l'avais annoncé dans un précédent billet, il s'agit de Léo Apotheker. C'est une nomination qui était venue à point nommé car Léo est un leader de croissance et nous en voyons déjà les effets positifs. 
Yves de Talhouët
Président HP EMEA (MD)
Je succède à Yves de Talhouët. Ce fait est déjà un honneur. Yves est un fantastique leader. Du reste, il vient de prendre la présidence d'HP en Europe (Zone EMEA).
Les challenges qui nous attendent sont passionnants. Nous avons un potentiel unique, guidés par un objectif central: satisfaire nos clients en leur apportant des solutions innovantes et en délivrant nos contrats avec l'excellence attendue. HP est une entreprise d'ingénieurs, fondée sur l'innovation, la créativité et le développement des collaborateurs & et de son écosystème (partenaires).

D'autres événements ont attiré mon attention au cours de ces trois dernières semaines.
"Passe ton Bac d'abord !"
Le Bac tout d'abord. Sans doute parce que mon fils le présentait cette année. On connait la fameuse expression "Passe ton bac d'abord !". Qui ne l'a pas entendu. Pourtant, elle reste le meilleur conseil que l'on puisse donner à un jeune. Sans lui, point de sésame pour se lancer dans des études supérieures ou du moins les choses se complexifient. Sans lui, le taux de chômage monte brutalement. Aujourd'hui, les deux tiers d'une classe d'âge atteignent ce niveau. C'est une bonne nouvelle quand on songe qu'en 1980, on ne parlait que d'un quart !!! Le nombre de bacheliers s'est donc envolé. Les filles ont un taux de réussite supérieur de 10 points aux garçons avec un peu plus de 70%. Dernier constat, malgré tous les efforts effectués au cours des vingt dernières années, le taux de succès stagne ... Bientôt les résultats, alors bonne chance aux bacheliers qui attendent avec impatience et à leurs parents !
Image de la Grèce
La situation de la Grèce me fait aussi réagir. Moi, passionné d'histoire, moi lecteur assidu des oeuvres d'Homére qui ne quittent que rarement ma table de chevet, me voici comme beaucoup incrédule face à ce pays, à l'histoire riche comme aucun autre, au bord du gouffre. Quand on pense au sens du nom même du philosophe (en grec ancien Ὅμηρος / Hómêros, « otage » ou « celui qui est obligé de suivre ») on se dit que c'est un peu à quoi se trouve réduit la Grèce: suivre. Suivre le mouvement. Accepter l'affront aussi, la gène, parfois la honte. Certes, ils ont une part de responsabilité, c'est indéniable, mais ne devrions nous pas faire profil plus bas quand on sait que demain ce sera peut être le tour d'un autre pays européen, l'un de ceux qui est déjà affaibli (l'Irlande, le Portugal) ou même l'Italie, et pourquoi pas la France. Touchons du bois!!! Le 19 Juin, le Sunday Times barrait une photo du célèbre Parthénon d'un slogan provocateur s'il en est "A Vendre", le tout suivi du numéro de téléphone du 1er ministre Grec ! Limite ... non ? Pour que la Grèce s'en sorte, les avis divergent. La mienne est la suivante : le niveau des taux d'intérêt imposés à la Grèce est trop élevé, il pèse sur l'endettement global et l'empêche de recourir aux marchés financiers de façon sereine. Faut-il restructurer la dette ? Non, je ne le pense pas. Mon passé d'économiste me rappelle qu'il faut là proposer le rachat de la dette souveraine, par les banques, par les institutions européennes, voire mondiales, et ensuite permettre à Athènes, de rembourser à des taux raisonnables. ne pas faire cela pourrait menacer la stabilité de la zone euro, créant une véritable crise systémique, bien plus sérieuse que les symptômes que nous constatons aujourd'hui puisqu'elle pourrait aboutir à un gel du marché interbancaire. Il faut du reste se souvenir que le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) et que la Banque Centrale Européenne (BCE) ont déjà réalisé des montages à plusieurs étages de ce type. Cela passe certes par l'acceptation d'une perte / décote de l'ordre de 25% pour se débarrasser en contrepartie d'actifs risqués. Pas idéal certes, mais pour le secteur financier un moindre mal.
Renault Mégane
Coup de chapeau au constructeur automobile Renault pour la mise au point d'un moteur diesel "Energy dCi 130", supposé consommer 20% de carburant en moins, et salué par tous les spécialistes du secteur. Rappelons au passage que ce fleuron de l'industrie française ambitionne toujours d'être la référence absolue des voitures à zéro émission, en attendant les véhicules électriques. Je me devais de saluer ce résultat !
Centrale nucléaire
Regard sur le nucléaire. Après le drame de Fukushima et la décision allemande (suivie de l'Italie) de renoncer à l'énergie nucléaire, nous avons des raisons légitimes de nous poser cette question. Que faire en France ? Officiellement, la France a choisi de maintenir, comme la Grande-Bretagne, la Corée du Sud, la Chine, l'Inde et le Japon, de maintenir son projet global. Au final, le bilan semble montrer que ceux qui arrêtent ou qui ralentissement ne vont que peu influer sur le volume d'affaires au niveau mondial du secteur. La question est cependant là, latente: à défaut de stopper les programmes, ne faudrait-il pas bâtir un plan mixte et développer des solutions alternatives et complémentaires. La question est même de savoir comment on parviendra à concilier dans le temps la volonté de réduire les émissions de CO2, en augmenter d'une part la sécurité des sites industriels et d'autre part la compétitivité des nations. Ces interrogations ne se posent pas seulement au niveau des gouvernements du monde, mais à toutes les strates de la sociétés, les régions, les villes, les quartiers et même les individus que nous sommes ...

Prochaines chroniques dans quinze jours donc, soit RV pris au 17 Juillet. N'hésitez pas à commenter sur geraldkarsenti@live.fr