11 juillet 2011

Chronique du 04 au 17 Juillet 2011

Thomas Voeckler,
maillot jaune du tour
au 18 Juillet 2011
Un Français en jaune sur le tour de France est déjà en soi une nouvelle pour notre chronique. Nous lui souhaitons bon courage pour le dernier rush. L'homme est courageux. Et du reste c'est bien de courage dont nous avons tous besoin lorsque nous regardons à l'horizon. L'horizon économique bien sûr. Car de ce côté là, on annonce un temps de grosse tempête. La crise de la dette et ses répercussions n'en finit pas de faire couler beaucoup d'encre.
Nous ne sommes pas sortis de la crise. Loin s'en faut. Pourtant, beaucoup font comme s'il ne s'agissait que de vieux souvenirs, que d'une histoire ancienne, un cauchemar aujourd'hui oublié. On a vite rangé tout ceci dans un placard. Attention danger ! Seule la nation allemande tient bon. Nos voisins, si importants pour nous sur le plan économique, nos partenaires de toujours, aussi bien fournisseur que client, ont fait leur armes, comme nous le savons, en réintégrant l'Allemagne de l'Est. Et ils l'ont fait seuls. Personne ne les a aidé ou peu. Alors aujourd'hui, ils coincent un peu lorsqu'on leur demande de venir en aide à Pierre, Paul ou Jacques, simplement parce que certains ont plus ou moins bien gérés leur finance. Partout en Europe, le chômage frôle les 10%, parfois on les dépasse. Même tendance alarmante aux Etats-Unis. Les indices de prix, alimentaires en particulier, remontent à une vitesse vertigineuse. Et quand le peuple a faim ... on connait la chanson. 
Pour information, en 1970, la dette américaine était de 170% du PIB, ce qui a provoqué la cassure du lien qui unissait le dollars à l'étalon or, avec les conséquences bien connues. En 1928, veille de catastrophe, ce même pourcentage s'établissait à 220% !! Aujourd'hui, nous dépassons les 350% !!! De quoi inquiéter même les plus détendus. Voilà bien où se trouve l'inquiétude la plus forte, sachant qu'en plus le coup de la conversion dettes privées en dettes publiques n'est ni facile ni acceptée. L'étau se resserre. Il y a urgence à réformer la finance mondiale en profondeur. Mais comment ? L'absence de gouvernance mondiale est une cause de retard chronique. Nous sommes un peu comme celui qui, assis dans un bolide, voit le mur arriver mais n'a ni volant ni freins !!! 
Certains bougent. Les plans d'austérité se multiplient, en Grèce, au Portugal, en Italie. Le président américain met toute son énergie à convaincre les élus de la nécessité d'une action rapide au niveau de la dette. De la nécessité de le suivre et de lui faire confiance, qu'ils soient républicains ou démocrates. La cause est maintenant commune. Mais au final il peine ...
L'incapacité à s'aligner, à se mettre d'accord, des égos mal placés, tout cela peut coûter cher au monde moderne et aux générations futures. La recherche de consensus systématique présente des limites que nous avons peut-être déjà dépassés. D'autant plus que tout ce que nous disons de la problématique financière peut s'appliquer à d'autres domaines tout aussi dramatiques et urgents, comme les impacts du changement climatique par exemple. On parle beaucoup, on décide peu. 
Or quand il y a crise, la solution est autant dans la vitesse d'action que dans le contenu de la solution. Il vaut mieux se tromper (un peu) et agir que de rester dans un immobilisme consternant. Certains en appellent à la notion de souveraineté nationale. Mais admettons que le concept a peut-être vécu et qu'il serait temps d'évoluer.
Christine Lagarde
C'est dans ce contexte de tension extrême que Christine Lagarde vient de lâcher le Ministère de l'économie, des finances et de l'Industrie pour prendre la direction du FMI (le Fonds Monétaire International). A peine installée dans son siège, elle accordait un entretien à la chaîne de télévision américaine ABC (diffusé le 11/07/2011) et déclarait son inquiétude face au blocage entre démocrates et républicains en vue de relever le plafond légal de la dette publique américaine. Pour certains, le risque serait un possible défaut de paiement. Pour d'autres, des solutions existent. Mais plus que le contenu, il est intéressant de noter que Christine Lagarde est rentrée dans ses nouveaux habits en un temps record, tout en reconnaissant que son prédécesseur, Dominique Strauss-Kahn, avait fait un remarquable travail à la tête de l'institution. Compétente, elle ne perd pas de temps et prend déjà des positions affirmées. Tant mieux.  


Au gouvernement Fillon, elle avait été la première femme à occuper un poste de Ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie. Au FMI, elle est de nouveau la première femme portée au sommet de la vénérable maison.