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06 septembre 2015

Un monde sous perfusion



Brutalement la Chine nous inquiète. On se demande si la décélération de sa croissance pourrait se propager au reste du monde. C’est plus cela qui nous perturbe que son état réel. Les difficultés des chinois ne sont pas fondamentalement le souci occidental, mais qu’elles puissent plonger le monde dans une récession durable est plus perturbant. Un peu comme le printemps arabe dont beaucoup avaient seulement retenu la possibilité d’une contamination à d’autres zones au lieu d’y voir simplement un formidable élan humain, une envie de liberté et de rénovation. On s’interrogeait alors sur la Russie et sur d’autres nations où l’humeur citoyenne faisait des siennes. Les marchés n’aiment pas les révolutions. Surtout lorsqu’elles se multiplient et se développent.

Quand l’argent vient se mêler aux débats d’idées, rien n’est plus vraiment objectif.

La Chine inquiète donc. D’un certain point de vue, cela peut se comprendre puisque l’on tablait sur des taux de croissance de 8%. Certains espéraient les deux chiffres. Et puis là, soudainement, nous n’aurions plus que 7%, 5%, voire moins. Enfin … façon de dire car dans le monde actuel, dépasser les 3% c’est être un quasi extra-terrestre.

Mais les marchés n’aiment pas non plus les mauvaises surprises. Ils n’aiment pas être pris de court, lorsqu’ils ne maitrisent plus les événements. Pourtant, cet ajustement chinois était largement prévisible. Pour une fois, il avait été prévu par de nombreux économistes, de toutes tendances politiques du reste. La Chine s’étant engagée dans une vaste transition économique, pour miser davantage sur la demande domestique et moins sur les exportations, il était évident que cela ne se ferait pas aussi facilement. Les ajustements en économie créent des secousses, c’est inévitable. La Chine n’y est pas parvenue à ce jour, c’est une évidence, la dévaluation de sa monnaie apparaissant d’une certaine façon comme une bouée de sauvetage pour relancer les exportations et ne pas exposer (de trop) le citoyen chinois.

Mais la Chine reste un marché gigantesque, dont le potentiel est loin d’avoir été exploité. Le pays est en pleine mutation. Une mutation technologique, économique, sociale et humaine. Une transformation sans précédent.

Les héros sont fatigués …

Un peu oui, car depuis des années, nous vivons dans un climat incertain, où rien ne semble plus figé. En fait, rien ne l’est. Selon l’expression de Maurice Levy, le PDG de Publicis, formule devenue célèbre à présent, toutes les industries, toutes les économies sont potentiellement confrontées à un risque d’« ubérisation » ! Il y a eu l’écroulement de la nouvelle économie aux débuts des années 2000, les attentats du 11 Septembre, la paralysie qui s’en est suivie, puis la reconstruction incertaine, avant que l’on ne sombre de nouveau dans une crise d’une ampleur sans précédent. En 2008, c’est l’effondrement. Subprimes, faillite de Lehman Brothers, économies mondiales et européennes en difficulté. L’Irlande, l’Espagne, le Portugal plongent. La Grèce aujourd’hui.

Ah oui la Grèce ! A l’inverse de beaucoup, je me garderais de donner une position définitive sur la situation grecque. Il y a entre moi et la Grèce plus qu’une analyse économique et financière d’un pays … il y a ma jeunesse, mes lectures, les héros mythologiques, Aristote, Socrate, Platon et puis … Alexandre le Grand. J’ai du mal à être objectif avec la Grèce. N’ont-ils pas inventé la démocratie ? N’ont-ils pas structuré nos pensées et finalement nos valeurs ? Ce que nous sommes finalement, du moins en grande partie.
Mais en prenant du recul, je me demande si la solution choisie, rester dans la zone euro et accepter un nouveau plan d’austérité, était la meilleure solution. Cette nouvelle cure ne va-t-elle pas faire plonger le pays un peu plus ? N’aurait-il pas été préférable d’opter pour le Grexit ? L’exemple de l’Argentine est riche d’enseignements à cet égard.

La Chine et la Grèce sont au final certainement sources d’inquiétudes. Mais les zones de turbulences ne sont pas uniquement là. Il y a les ex-BRICs, appelés il y a peu à des croissances à deux chiffres dont le premier n’était pas le 1, et qui souffrent aujourd’hui. Ainsi, la Russie ou le Brésil ne sont pas au mieux économiquement. Ils sont à la peine.



Les Etats-Unis eux-mêmes, première puissance mondiale, pourraient tôt ou tard entrer en récession, comme le Canada aujourd’hui.

Mais au final, la principale source d’inquiétude reste l’Europe. Croissance molle, chômage galopant, climat morose, rien n’est simple. A cela s’ajoute la dette des Etats.

Il y a bien sûr urgence. Il faut des actions fortes et efficaces, d’autant plus que le chômage frappe en grande partie les jeunes. Il faut harmoniser nos politiques fiscales, développer une véritable solidarité entre pays, sinon il n’y a pas d’Europe. Il faut poursuivre les efforts de rigueur, mais aussi et surtout construire un véritable plan de relance européen. Une approche keynésienne pour soutenir la consommation et l’investissement. Les grandes nations, dont la France, l’Allemagne et l’Angleterre, pour n’en prendre que trois, peuvent emprunter à des taux très bas et soutenir les axes clés de l’économie … sur le long terme, ce qui est plus cohérent.

L’histoire est riche d’enseignements. Le monde a toujours basculé du mauvais côté lorsque le peuple s’est vu privé de liberté, lorsqu’il avait faim … ou les deux !

En France, la liberté ne prête pas à discussion, mais un chômage fort, croissant, durable, touchant les jeunes en priorité, peut déboucher sur le pire.

C’est là qu’il va agir. Et même si de façon évidente, nos politiques le savent et sont déterminés en paroles, il faut qu’ils le soient à présent dans les actes et bien entendu qu’ils obtiennent vite des résultats tangibles.Certes, notre président s’est engagé à redresser la courbe de l’emploi. Il s’est engagé à ne pas se présenter en 2017 s’il venait à échouer. Mais cette conséquence ne pourrait en rien nous satisfaire, être une consolation.

Nous n’avons pas ou plus le choix, nous devons réussir sur le terrain de l’emploi. Pour nous sortir des ces multiples perfusions, des organismes internationaux, BCE, Fed et FMI en tête. 

Et pas dans trois ans,  aujourd’hui !  

22 mars 2015

Dans notre engagement pour l'émergence de start-ups, nous avons accueilli chez HP la 3ième édition de la ScientiAcademy !


#ScientiAcademy

Les 4 pépites à suivre en 2015 selon Scientipôle Initiative

Maddyness, le journal des start-ups

SCientiAcademy

C’est lors de la troisième édition de la ScientiAcademy, qui s’est déroulée jeudi 12 mars 2015 dans les locaux de HP France à Boulogne Billancourt, que les meilleures pépites des « Scientipôles de l’année 2014″ ont été distinguées. Après le discours d’ouverture de Gérald Karsenti, PDG France de Hewlett Packard, Eric Vaysset directeur de Scientipôle Croissance et Scientipôle Initiative a tenu à rappeler son engagement auprès des startups franciliennes : faire en sorte qu’elles dépassent 1 million de chiffre d’affaires sur 3 ans.

Scientipôle Initiative est une structure associative, membre d’Initiative France, qui apporte une solution de financement d’amorçage aux jeunes entreprises innovantes d’Ile de France. Les prêts d’honneur attribués, d’une valeur de 60 000 à 90 000 euros par société, ont pour vocation d’accélérer le développement commercial des entreprises. Parmi la longue liste des lauréats depuis 13 ans, on retrouve des entreprises comme Blablacar (qui s’était présenté à l’origine avec le nom de Comuto), Payplug, Ynsect ou encore Kudoz, Deliver.ee, Centimeo et Auticiel pour les plus récentes.
Signe du bon fonctionnement de la chaîne du financement, 94% des prêts sont remboursés. En effet, le prêt d’honneur de Scientipôle Initiative fonctionne comme un prêt bancaire à la différence que celui-ci est à 0% et qu’il est possible de commencer à rembourser 1 an après son obtention. Pour aller plus loin dans son accompagnement, la petite soeur Scientipôle Croissance a été lancée avec un pari en passe d’être tenu : celui de devenir l’accélérateur de JEI le moins cher de France.
 
scienti academy

190 euros pour 12 mois d’accompagnement

Au total, ce sont 7 parcours à la carte que peuvent suivre les lauréats de Scientipôle Initiative, dans le cadre de l’accompagnement de Scientipôle Croissance, lancé il y a 18 mois. Aujourd’hui, 87 sociétés ont débuté le programme et ont chacune obtenu une progression de plus de 200% de leur chiffre d’affaires annuel, en dépassant 500 000 euros dès la première année. Le modèle semble donc solide et fiable compte tenu des premiers résultats.
Si Idénergie en Mayenne se revendique comme le premier accélérateur français, Scientipôle Croissance se positionne comme le moins cher du marché et celui qui regroupe le plus de startups (plus de 200 entreprises accélérées en 2014). Sur ce modèle, pas de prise de parts au capital ni d’incubation, mais plutôt un accompagnement sur-mesure grâce aux partenaires mécènes de la structure.
 

Les 4 ScientiStars de l’année 2014 élues en 2015

Si habituellement, les partenaires d’un concours abondent la dotation d’un concours par des services d’accompagnement, lors de la ScientiAcademy, les choses ont été sensiblement différentes. En effet, les partenaires Mécènes (BNP Paribas, AXA, HP et GMBA Baker Tilly) ont récompensé les lauréats de la soirée d’une manière un peu différente, en offrant des places pour des événements sportifs (Roland Garros, match de rugby) ou des concerts.


 


 
Cette année, 4 startups ont été récompensées :
  • Deliver.ee (Catégorie Innovation de la Vie Quotidienne): Deliver.ee est un réseau de coursiers permettant aux professionnels et particuliers de se faire livrer une commande en 90 minutes. La jeune pousse a notamment passé un partenariat avec la Fnac.
  • Auticiel (Catégorie Innovation de la Santé et Cleantech) : Passé par le Camping, Auticiel est une solution logicielle à destination des personnes à déficience cognitive
  • Feetme (Catégorie Objets Connectés et Voiture du Futur) : Feetme est une semelle connectée par bluetooth permettant de prévenir d’un ulcère pour les diabétiques (500 millions dans le monde).
  • Valwin (Catégorie Transformation Numérique de l’Entreprise): Projet porté par Camille Freisz, Valwin est une solution de big data qui a pour but de mettre l’innovation au service des pharmacies et de la santé, dans un cadre éthique.

16 juin 2014

Le Baromètre de l'attractivité de la France 2014 par EY - Un papier / point de vue de ma part y est publié.

Il y a peu sortait le "baromètre de l'attractivité de la France 2014", publié par EY.

Comment attirer l'investissement
étranger en France ? 

Je livre ci-dessous mon propos sur la nécessité de pousser l'entrepreneuriat en France. 


Point de vue de Gérald Karsenti (pages 12 et 13 du document)

La France a inspiré la liberté, mais pas la liberté d’entreprendre

“Nous ne sommes plus dans le temps de la réflexion et du diagnostic, mais dans le temps de l’action et de la transformation.”

Patrie de la liberté et de l’égalité et mère des grandes révolutions à l’origine de notre monde moderne, la France dérange autant qu’elle fascine, si bien qu’aujourd’hui, les observateurs internationaux s’interrogent sur ses errements, espèrent qu’elle sorte de son inertie et, dans cette attente, lui opposent parfois de virulentes critiques à des choix jugés hasardeux. En effet, la France se cherche et avance à tâtons, oscillant entre l’American dream et le Mittelstand industriel allemand, tant et si bien qu’elle renvoie une image peu attractive à l’international. Or, c’est en puisant dans notre propre mythe fondateur, empreint de valeurs révolutionnaires, que nous pourrons susciter à nouveau le désir de France. Seulement voilà : si la passion de la liberté est gravée dans le tempérament national, l’obsession française de l’égalité nuit gravement à la liberté d’entreprendre, distillant un sentiment collectif d’injustice face à la réussite individuelle, là où la liberté d’entreprendre et le succès individuels se fondent dans le creuset du rêve collectif américain.

Notre pays dispose pourtant de tous les ferments d’une nouvelle “rêv-olution” française. Encore faut-il que nous leur offrions une terre fertile pour que l’innovation puisse y voir le jour et y créer croissance et emplois. Or, si la France vénère la matière scientifique pure, elle dénigre la recherche appliquée : “Avoir une idée, oui ! La vendre ? Jamais !”. Or, la grande majorité des innovations à l’origine de la création d’entreprises ne relèvent pas toujours de la science mais du commerce, du marketing, du design... Cette dynamique d’innovation, seule voie possible si nous souhaitons retrouver un rythme de 2% à 3% de croissance, doit être insufflée par une politique d’attractivité des talents.

80 000 étudiants quittent la France chaque année, contre 280 000 qui y viennent, mais parmi lesquels trop peu d’étudiants et de cadres expérimentés originaires des économies émergentes, davantage attirés par les pays anglo-saxons. Faciliter les entrées de ces talents à travers l’octroi sélectif de visa est un moyen de les attirer et de les faire rester en France. Mais il est surtout urgent d’aligner nos règles fiscales, sociales et juridiques sur celles de nos voisins européens et outre-Atlantique, en témoigne l’initiative Start-Up America1, pour attirer les entrepreneurs et les capitaux- risqueurs. Cette attractivité repose sur des conditions de fiscalité personnelle et d’entreprise avantageuses, en particulier avec une fiscalité des plus-values de cession non décourageante, assorties de conditions, à savoir un véritable projet d’implantation soumis à contrôle et assorti d’une interdiction de délocaliser.

La rétention ou l’attraction des talents et des champions de l’innovation repose sur un écosystème fiscal et réglementaire attractif, certes, mais aussi, et surtout, sur la capacité de notre pays à faire rêver et à offrir un cadre de vie agréable. Si nous ne pouvons que saluer le programme French Tech, il manque encore à la France des métropoles technologiques françaises, identifiées et identifiables à travers un récit cohérent, afin d’ancrer le rêve français dans un, ou plusieurs, lieux mythiques. Si aujourd’hui, la plupart des Français ignorent, par exemple, que Grenoble - où HP est implanté aux côtés de nombreuses entreprises internationales innovantes - figure à la 5e place du classement Forbes des villes les plus innovantes au monde, comment un investisseur étranger pourrait-il le savoir ?

Par ailleurs, si nous entendons rendre la France compétitive, la gestion de l’Etat devra reprendre les mêmes fondamentaux que celle de n’importe quelle entreprise : si beaucoup de tentatives d’incursion du privé dans la formation de gouvernements ont pu échouer par le passé, sphères publique et privée doivent travailler de concert, avec la composition de gouvernements mixtes entre hommes d’Etat et membres de la société civile ayant une expérience du monde des affaires et de l’international. Nous ne sommes plus dans le temps de la réflexion et du diagnostic, mais dans le temps de l’action et de la transformation, qui doivent être confiées à des professionnels dotés d’une conscience collective, mais désintéressés de tout enjeu politique.

Si la France veut à nouveau s’autoriser à rêver et faire rêver, elle doit admettre l’inexorable basculement du centre de gravité de l’économie mondiale vers les économies émergentes. Au risque de céder à la tentation d’un fatalisme immobile – tiraillée entre un passé idéalisé et la crainte d’un avenir déclassé – qui la précipiterait dans un nouveau cycle de déclin. La France de Tocqueville et de Chateaubriand, qui bouscule le statu quo et se trouve souvent là où personne ne l’attend, doit produire une synthèse féconde entre son héritage des Lumières et son avenir dans les nouveaux rapports de force à l’œuvre dans la recomposition d’un monde multipolaire.


16 juin 2013

Faut-il redouter l'impopularité ?



Oui et non. L'ignorer reviendrait à revendiquer une absence de sensibilité ou d'intérêt à l'opinion de l'autre. Ne penser qu'à cela à l'inverse ne peut qu'aliéner la force de l'action pourtant nécessaire aujourd'hui, ou du moins la volonté d'entreprendre les changements. Comme toujours, le jeu consiste à trouver la juste mesure entre ce qu'il faut faire pour réformer et avancer et ce qu'il ne faut pas faire pour ne pas choquer et bloquer toute progression. 
En politique, le sujet est épineux. Transformer la France, comme ont pu le faire les gouvernements précédents et actuel, est un sujet brûlant, l'assurance en quelque sorte de ne pas rester populaire très longtemps. En dehors de toute considération politique, tel n'est pas le propos de ce post, ni même de ce blog, il faut dire et redire que vouloir plaire à tout prix en restant haut dans les sondages implique d'abdiquer sur de nombreuses responsabilités. Mais comment ensuite se regarder dans une glace quand on sait que la France va dans le mur à coup sûr si rien n'est fait dans l'urgence ? On ne le pourrait pas. Pas plus notre 1er ministre que nous tous. Que l'on soit de gauche ou de droite, mieux vaut pour la France que le gouvernement actuel réussisse car autrement, dans 4 ans à présent la situation sera plus que difficile. Nous pourrions alors connaitre le sort des Italiens ou des espagnols, à défaut de celui des Grecs.  

Rappelons deux ou trois faits. La France est une des plus grandes puissances économiques mondiales (la cinquième en termes de PIB) et sans doute l'icône de la culture et du savoir-vivre. Il faut le répéter du reste, beaucoup oublient cet élément essentiel ! Mais tout change, tout bouge à 100 à l'heure dans notre société post-moderne. Nous avons perdu des pans entiers de notre industrie, nous ne dominons pas dans le numérique, nous attirons de moins en moins d'investissements étrangers (même si nous restons encore attrayants) et nous sommes en passe de nous faire dépasser par le Brésil et au-delà par les pays formant avec ce dernier ce que nous nommons les BRICs. C'est inquiétant. Pas perdu car nous avons de très nombreux atouts, mais inquiétant. 

J'ai cependant fait le constat qu'à force d'atténuer la situation mitigée qui est la nôtre, nous fragilisons toute volonté de réforme. C'est dangereux. Il y a toujours en effet quelqu'un de très intelligent, fort de graphiques, de tableaux, de chiffres et de raisonnements brillants, pour affirmer qu'il serait préférable de ne ... rien faire. Et bien n'en déplaise à ces mauvais conseilleurs, il faut réformer et vite. Il faut modifier ou plutôt adapter nos institutions, introduire de la simplification et de la souplesse un peu partout dans les rouages de nos administrations, modifier notre fiscalité, réformer nos régimes de retraite, redonner à la France une compétitivité par les coûts, gagner les marchés par la croissance retrouvée, etc. Les chantiers à entreprendre sont massifs et ne seront pas porteurs de popularité. Mais il faut s'y atteler. 

Ne pas le faire reviendrait à scier la branche sur laquelle nous sommes tous assis. Plus très confortablement du reste. Nous sentons bien la rudesse du bois. Les coussinets que nous avions jusqu'à il y a peu encore nous ont été retirés ou nous les avons perdus. 

Pour redonner à la France toutes ses lettres de noblesse, il faut retrouver le chemin de la croissance et être meilleur que la concurrence. Tout ce qui s'applique à une entreprise l'est aussi à un Etat. Être de nouveau en croissance implique de miser sur les bons secteurs, de garder nos chercheurs, de transformer les innovations en entreprises, de réformer nos écoles et nos universités pour les adapter aux nouveaux challenges à venir, de garder les jeunes pousses et les aider à croître en France et pas ailleurs, de permettre aux entreprises françaises de gagner sur tous les marchés, à l'international, les marchés sont mondiaux aujourd'hui. Il faut laisser de côté nos craintes et nos vieux idéaux, pour adopter une position résolument déterminée et agressive. Personne ne nous fera de cadeau. Nous n'avons pas à en faire aussi. Il faut aller chercher les points de croissance, en Chine, en Amérique du Sud, en Afrique ou aux USA. Il nous faut ensuite être meilleurs que nos concurrents, c'est à dire nos voisins. Et pour cela il faut revenir aux premiers cours de l'enseignement économique. Comme on ne peut pas être les meilleurs partout, il faut choisir ses combats et se concentrer sur ses points forts, là où nous pouvons nous spécialiser. La mode, le luxe, le vin et les champagnes, la gastronomie, le textile (en partie), l'aéronautique, le pneumatique, les jeux vidéos, etc. Une fois sélectionnés avec soin, ces secteurs doivent donner lieu à des investissements importants et réguliers pour ne jamais être décrochés. Il faut se différencier des autres et ce n'est pas simple. Mais c'est ça ou être relégué dans le bas des classements d'ici vingt ou trente ans. La quarantaine et la cinquantaine de nos enfants seraient dès lors un peu moins simples. 

Il faut réformer, prendre des décisions qui sont bonnes pour le moyen et le long terme, même si elle joue négativement à court terme sur les résultats et donc ... les sondages.

Le chef d'entreprise a le même souci. S'il suit scrupuleusement la volonté de Wall Street, il ne prend que des décisions favorisant le court terme et la valorisation boursière immédiate. Mais il mitraille son entreprise à moyen et long terme et laissera à son successeur un bien triste testament. Il ne faut pas inversement se moquer des attentes des marchés. Leurs positions comptent puisqu'elles reflètent l'état d'esprit des investisseurs. Mais ces derniers veulent avant tout attendre des choses qui ont du sens. Leur dire placer votre argent chez nous. Dans 5 à 7 ans nous serons encore plus forts, nos fondations plus solides. Celles et ceux qui sont avisés ne peuvent que souscrire à un tel discours et rejeter les gains de court terme, trop risqués au final. Seuls les spéculateurs trouvent leurs comptes dans ces calculs court-termistes, souvent à leur détriment. 

Il est des fois où, à la tête d'une entreprise, d'un état, il faut prendre des décisions, agir, transformer, bouger les lignes pour trouver les bons équilibres, expliquer pour ne snober personne, jouer la transparence pour être crédible et compter sur l'intelligence collective. Des femmes et des hommes parviennent à accomplir ce type de miracle. Je vous parlerais du reste, sous peu, d'un livre à ce sujet lorsque j'en aurais terminé la lecture. 

Alors pour revenir à la question posée, on ne peut certainement pas rester hermétique face à un problème d'impopularité, du moins pas trop longtemps, mais en période de crise, il est de bon ton de s'en affranchir partiellement, c'est-à-dire de prendre un peu de distance. Question de liberté et de responsabilité. 

06 janvier 2013

La courbe d'apprentissage (english version follows "the learning curve")

From Marvin Weisbord
(on the internet)
La question est : apprenons-nous quelque chose du passé ? 

Bien sûr, nous sommes toujours en crise, du moins économique, car apparemment pour certains économistes ou politiques la crise financière et de l'Euro serait derrière nous. Je n'y crois pas une seconde. Que la volonté soit à présent de sauver la zone euro et que cette idée soit partagée par tous les pays européens, y compris l'Allemagne, je le crois aussi, mais de là à dire que le problème est réglé, certains vont à mon sens un peu vite en besogne. Il me semble que les centaines de milliards de dollars injectés dans l'économie mondiale au cours de trois ou quatre dernières années ne se sont pas évaporés du jour au lendemain et que la fragilité de certains pays européens, et même dans le monde, appelle la plus grande vigilance. Mais au fond, ce n'est pas tant de cela que je voulais traiter dans ce billet. Mon point est ailleurs. 

Ce que la communauté internationale voulait changer pouvait tenir en quelques lignes:
  • Arrêtons de regarder à court terme et de mettre en péril la croissance effective des entreprises. En d'autres termes, il faut laisser les entreprises bâtir des plans de moyen et long terme, sans se soucier toujours de la valorisation trimestrielle de leur cours en bourse;
  • Il faut arrêter cette course en avant qui consiste à financer la croissance à crédit, ce qui implique au final un cercle vicieux où nos économies remboursent les intérêts des intérêts et n'arrivent plus à générer du cash. Or, le cash pour les entreprises c'est leur survie. 
  • Il faut redonner du sens à l'action des entreprises et de la société en général. Pourquoi faisons-nous ce que nous faisons ? 
Ces dernières années, les bourses se sont envolées, certaines valeurs se sont appréciées sans cohérence réelle avec leur valorisation effective et leur valeur "business", le capital humain n'a pas été valorisé correctement, etc. La liste serait longue en fait ... 

Alors les choses ont-elles ou sont-elles en train de changer ? 

Pas sûr. On voit bien de nouveau les prémisses de retour à des démons du passé. Les bourses repartent à la hausse alors même que les problèmes sont toujours devant. Certes, le président des Etats-Unis d'Amérique a franchi une étape importante, mais le plus dur pour lui est à venir, dans les deux mois, avec les prochaines discussions autour de la fiscalité. Selon le résultat, l'économie mondiale pourrait sérieusement chanceler. En Europe, la Grèce ne va pas mieux. L'Espagne, le Portugal ou l'Italie non plus. Et la France commence à souffrir. On voit bien dans les rues, dans les restaurants, dans les magasins que les choses ont changé, que les réflexes de consommation se sont modifiés. 

Nous pensions prendre le prétexte de cette crise pour remettre tout à plat et corriger les déviations de nos systèmes. 

A-t-on fait cela ? A-t-on seulement commencé à y réfléchir ? J'ai ma réponse, mais je vous laisse vous faire votre idée !

English version : The Learning curve.


The question is: do we learn anything of past ?

Of course, we are always in crisis, at least on the economic side, because apparently for some economists or politics the financial crisis and of the Euro would be behind us. I do not believe in it one second. That the will is at the moment to save the Eurozone and what this idea is shared by all the European countries, including Germany, I also believe it, but from there to say that the problem is settled, some jump the gun in my opinion. It seems to me that billion dollar hundreds injected in the world economy during the past three or four years did not evaporate overnight and that the fragility of certain European countries, and even in the world, calls the biggest vigilance. But at the bottom, it is not so much it that I wanted to treat in this post today. My point is somewhere else.

What the international community wanted to change could be summarized like in few lines:
  • Let us stop considering short-term and putting in danger the effective growth of companies. In other words, it is necessary to let companies build mid and long-term plans, without caring always about the quarterly valuation of their stock exchange price; 
  • We need to stop this running race forward which consists in financing the growth on credit, what implies in the end a vicious circle where our savings (economies) pay off the interests of the interests and do not any more manage to generate some cash. Gold, the cash for companies it is their survival;
  • It is necessary to give sense in what we are doing, both companies and the society in general.  Why do we do what we do ?


These last years, stock exchanges soared, certain values appreciated without real coherence with their effective valuation and their business value, the human resources was not correctly valued, etc. The list would be long in fact... 

Then things have or are they changing ?

Not sure. We see signs again that we could be returning on the devils of the past. Stock exchanges go up again even if the problems are always in front of. Certainly, the president of the United States of America crossed an important step, but most hard for him is to come, in two months, with the next discussions around the tax system. 
According to the output, the world economy could seriously waddle. In Europe, Greece does not get better. Spain, Portugal or Italy either. And France begins to seriously suffer. We see in the streets, in restaurants, in stores that things changed, that consumption attitude has been significantly modified.

We thought of taking the pretext of this crisis to put everything on the table and correct the deviations of our systems as much as possible.

Did we make it ? Did we only begin to think about it ? I have my own answer, but I let you be made your idea !