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29 novembre 2015

La 1Oème Edition des Etats de la France s'est déroulée le 18 Novembre dernier


Cette année se déroulait la 10ème édition des Etats de la France. Comme depuis quelques années maintenant, nous nous sommes retrouvés dans le magnifique amphithéâtre du Conseil Economique, Social et Environnemental. Ci-dessous, en voici quelques éléments de synthèse. Y figurent aussi les informations  nécessaires pour obtenir plus de details. J'ai eu le plaisir d'accueillir Emmanuel Macron, Axelle Lemaire et de présider la table ronde sur le numérique.
CONSERVER LE CAP, ACCELERER LE RYTHME, AMPLIFIER L'EFFORT

Matthias Fekl

A l’issue de la 10ème édition des Etats de la France qui s’est tenue mercredi 18 novembre au Conseil économique, social et environnemental, plus de 500 représentants de sociétés à capitaux étrangers installées en France ont fait part de leurs « Recommandations pour améliorer l’attractivité du site France ». Un « Manifeste des Etats de la France 2015 », signé par 100 Présidents de filiales françaises d’entreprises multinationales, a été publié ce même jour dans le quotidien Les Echos pour porter ces recommandations. Ont été dévoilés les résultats d’un sondage Ipsos / EY / Etats de la France réalisé auprès de 200 dirigeants sur leur perception de l’impact des réformes engagées en matière d’attractivité. Ci-dessous Matthias Fekl en introduction de cet événement.

Table ronde L’Embellie
Une table ronde
Cette 10ème édition a été ouverte par un message de solidarité de la communauté des entreprises étrangères avec la France dans l’épreuve qu’elle traverse depuis les tragiques événements du 13 novembre. Une minute de silence a été respectée en mémoire des victimes.
Muriel Pénicaud
Muriel Pénicaud
Quatre membres du gouvernement, vingt-cinq présidents de filiales françaises d’entreprises étrangères, le président du MEDEF, la directrice générale de Business France et plusieurs grands témoins, ont débattu de l’attractivité de la France devant 500 participants.
Gérald Karsenti
Gérald Karsenti
Au total, six tables-rondes ont abordé le thème de l’attractivité de la France sous différents angles :
  • L’attractivité de la France s’est-elle améliorée depuis un an ?
  • Comment nous inspirer des bonnes pratiques étrangères pour aller plus vite, plus loin, plus fort dans la réforme ?
  • Comment faire de la transition énergétique un facteur d’attractivité pour la France ?
  • Comment mieux valoriser l’atout « innovation » pour améliorer l’attractivité de la France ?
  • Comment faire en sorte que les investissements étrangers soient plus créateurs d’emplois ?
  • Comment faire de la révolution numérique un facteur d’attractivité de la France et attirer les talents de la nouvelle économie ?
Nous tenons une fois encore à remercier tous les intervenants et participants, ainsi que nos partenaires.
Rendez-vous l’année prochaine pour la 11ème édition des Etats de la France !
Emmanuel Macron
Emmanuel Macron

L'attractivité de la France selon les responsables de sociétés étrangères

Thierry Mandon
Thierry Mandon
Pour nourrir la réflexion, les Etats de la France en collaboration avec EY ont demandé à Ipsos de réaliser, pour la deuxième année consécutive, un sondage sur l’image de la France auprès des responsables de sociétés étrangères ayant plus de 250 salariés en France.
Le pays est-il jugé attractif pour les entreprises ? Les mesures prises vont-elles dans la bonne direction ? Sont-elles à la hauteur des enjeux ? Comment les perceptions ont-elles évolué depuis un an ?
À ces questions, l’enquête dévoilée le 18 novembre a apporté plusieurs éléments de réponse :
  • La perception globale de l’attractivité de la France progresse positivement et l’action du Gouvernement dans ce domaine est saluée ;
  • Les mesures prises depuis deux ans sont jugées comme allant dans le bon sens mais restent insuffisantes pour répondre aux attentes des entreprises étrangères ;
  • Bien que toujours dégradée, l’image de la France s’améliore auprès des sièges mondiaux.
Les recommandations prioritaires des Etats de la France 2015 
Axelle Lemaire
Axelle Lemaire
Les entreprises multinationales représentées aux Etats de la France ont présenté 7 mesures phares :
1. Installer de nouvelles règles de gouvernance pour améliorer l’attractivité de la France
2. Refonder le droit du travail pour favoriser la création d’emplois
3. Améliorer l’écosystème de l’innovation en rapprochant le monde de la recherche, de l’entreprise et de l’université et améliorer son financement et sa fiscalité
4. Faire de la numérisation de la société française un facteur d’attractivité pour la France en facilitant le développement des start-ups ainsi que leur alliance avec les grands groupes
5. Attirer les talents de la nouvelle économie pour renforcer l’attractivité de la France
6. Favoriser l’installation des quartiers généraux et des centres de décisions internationaux des multinationales
7. Mettre la transition énergétique au cœur de la politique d’attractivité de la France
Pierre Gattaz
Pierre Gattaz en clôture
propos des Etats de la France :
Fondés par Denis Zervudacki, Président de D.Z.A., les Etats de la France constituent le rendez-vous annuel des sociétés à capitaux étrangers pour qu’elles puissent, dans une approche résolument « francoptimiste », faire entendre leur voix sur la problématique de l’attractivité du site France. Ils ont pour objet de permettre aux multinationales de débattre des ressorts de l’attractivité de la France et de former leurs recommandations pour que notre pays soit mieux irrigué par les investisseurs étrangers. Pour cette 10ème édition, les Etats de la France étaient soutenus par plus de 70 grandes entreprises partenaires, dont 6 partenaires stratégiques : Accenture, Adecco, EY, Hewlett-Packard Enterprise, Roche et Siemens.   

20 juillet 2015

Patron, manager, leader ... et demain ? Quel est votre avis ?



On me demande souvent lors de mes conférences ou lors de mes interventions à HEC Paris, ce qu'est la différence entre le management et le leadership. 

Vaste question en réalité. Un peu d'étymologie pour commencer. Chose curieuse, le verbe "to manage" et le nom "management" proviennent du vieux français. Et même d'un très vieux, puisqu'il faut remonter au XVième siècle et au verbe "mesnager" signifiant "tenir en main les rênes d'un cheval". Cela a du sens bien sûr. Le manager est là en premier lieu pour mettre tout sous sa coupe. La maitrise est l'essentiel de son job. Tout doit être sous contrôle. Voilà comment le mot qui caractérise le management est lâché : contrôle. C'est pourquoi on dit "c'est sous contrôle" ou "il n'est plus trop sous contrôle en ce moment". Ces expressions prennent tout leur sens. "Mesnager" vient lui-même d'un verbe italien "maneggiare" ... et au bout du compte il y a un lien avec la main ("mano"). Avoir la main sur ... Garder la main sur ... avoir tout ou tout le monde sous sa main ... Tels sont les rôles des managers. En décomposant le mot "management", on pense à "mano" et à "agere" (pour le verbe "agir". L'action est incontournable et la main est le guide. La main de l'action en quelque sorte ! Le manager s'inscrit donc dans l'action, mais avant et surtout dans la gestion, dans la conduite des opérations pour le bien de l'entité qu'il dirige et des salariés qui la composent. Le leadership a pour sa part à voir avec le verbe anglais "to lead" (mener). Le leader agit dans la vitesse, il est dans le mouvement perpétuel et parvient aisément à inspirer ses "suiveurs" (followers). Il cherche en permanence à séduire et à convaincre. Le terme pour caractériser le leadership n'est bien sûr pas le "contrôle" mais le "changement". Le leader est d'abord "celui que l'on a envie de suivre". Et là tout est important. "Envie" signifie que c'est un élan. On a envie de suivre quelqu'un parce qu'il nous inspire et que l'on est fortement attiré par lui. 

Par les temps qui courent, une femme ou un homme apte à intégrer le changement permanent comme une donnée de fait a plus de chance de réussir. Il ne s'agit pas ou plus de s'adapter. Il ne s'agit pas uniquement de rester connecté, de donner l'illusion d'être dans le coup. Non, les mutations actuelles vont bien au-delà de tout cela. Aujourd'hui les GEN Y débarquent et sont dans l'entreprise depuis pas mal de temps. Du moins, pour certains. Ils ne vont pas prendre les rênes de tout, tout de suite, mais vont assurément changer la donne. Dans 5 ans, notre société sera méconnaissable et les entreprises auront également changé de physionomie. 

La GEN Y n'est pas née avec l'internet. Elle n'est pas "digital native" au sens où nous l'entendons. Mais c'est tout comme. Elle va modifier profondément la donne et entrainer les entreprises et leurs dirigeants à regarder tout, les clients, les processus, les outils, les marchés, les partenariats, tout ... avec un regard neuf, différent, au final salutaire. Dans le même temps, la GEN X et la GEN Baby Boomers se doivent de préparer les étapes suivantes en ne cherchant plus à se "répliquer". Ils doivent au contraire, prendre des risques et chercher à positionner des profils nouveaux, qui ne leur ressemblent pas, mais qui vont faire éclater les "statu quo" ! 

La société bouge, les entreprises bougent. Même les états d'esprit changent ... la culture d'entreprise doit s'adapter pour ne pas passer à côté du sujet.

Aujourd'hui on parle "agilité", "vélocité", "vitesse", "dialogue" et "échange". C'est autour de cela que les prochaines moutures de leaders doivent se concentrer. 

Vient donc la question suivante. Nous savons vers quoi le monde s'oriente, même si nous n'en maitrisons pas tous les développements. Le numérique va tout changer. Le rapport au temps et au travail, nos relations au travail, l'accès aux marchés, la construction des offres, etc. 

La question est donc : 
  • Après les managers qui ont gouverné pendant des décennies, avant et après la seconde guerre mondiale;
  • Après l'avènement du leadership;
  • Quelle sera la prochaine étape pour traduire au mieux la mutation en cours ? 
En d'autres termes :

To Manage >> Manager >> Management 
To lead >> Leader >> Leadership
To ... ?? 

Partageons nos idées et peut-être allons-nous définir ensemble le profil du futur dirigeant !! 
A vos plumes !!

09 juin 2015

Innovations : quel nouveau visage pour la France de demain ?

Je suis intervenu hier dans le cadre d'une table ronde organisée par "Génération Entreprise - entrepreneurs associés", avec Natacha Polony, journaliste bien connue (Europe1, Canal+, Le Figaro), Pascal Dalloz, Directeur Général Adjoint chez Dassult Systèmes et Christian Peugeot, directeur des affaires publiques et délégué aux affaires extérieurs de PSA Peugeot Citroën.

Site Génération Entreprise - Entrepreneurs associés

Le thème de la table ronde était : "L'innovation : clé du redressement économique français". Un thème qui m'est bien sûr très cher. 

Le sujet que j'ai abordé plus particulièrement était : "se réinventer à l'heure du digital : la révolution digitale transforme les business models des entreprises". Le sujet est d'actualité et bien entendu vital pour pour le futur de notre pays et des entreprises françaises.

Voici une synthèse de mon intervention : 

En quelques années, nous sommes passés de l'Octet au Digital. On ne parle plus de systèmes d'information traditionnels mais d'usine numérique, où comme pour la délivrance d'énergie électrique, nous allons vers un modèle de "catalogue de services". Aujourd'hui, personne ne cherche à savoir ce qu'il y a derrière une prise électrique à la maison lorsqu'il branche un appareil. Qu'il y ait au bout une centrale (électrique ou nucléaire) n'est pas notre souci, nous voulons un service 24h / 24, 7jours/7 et payer en fonction de ce que nous utilisons. Demain, il en sera de même avec l'informatique. Les clients veulent acheter des services et payer à la consommation. "Pay for use". Par exemple, vous dirigez une PME, vous avez 10 salariés, vous voulez que l'on adresse 10 bulletins de paie, fin de mois. Si vous en voulez 12, vous voulez voir votre facture ajustée en conséquence. C'est une confort absolu. C'est en même temps une révolution et un changement drastique. HP fonctionne déjà dans ce modèle pour les clients qui le souhaitent. Mais c'est le modèle où le marché va. Les implications de ce type de mouvements ne vont pas être neutres. Il y aura des conséquences sur divers points. 

On ne parle plus de technologie pour la technologie, mais d'usage. Ce que l'on peut faire des technologies acquises est bien plus important. C'est un changement majeur, y compris sur le plan des mentalités. 

McKinsey a publié en 2014 une étude "Accélérez la mutation digitale" montrant que la France est bien placée en matière de digitalisation pour le particulier, mais pas pour l'entreprise, où nous sommes mal classés. J'ai rajouté qu'à la maison nous sommes au 21ème siècle, avec les tablettes, smartphones, etc. mais dans l'entreprise ce n'est pas encore le cas, et le "bring your own devise" a sans doute aidé mais nous sommes loin de pouvoir réussir la convergence de toutes les technologies. Et là, sur ce sujet, nous sommes engagés dans une course contre la montre. Il faut dire que la mutation a été rapide. En moins de 30 ans, ce qui est très court, on a vu naitre l'ordinateur personnel, l'internet, les technologies objet, le Cloud, le Big data, les objets connectés, les réseaux évolués et ultra-performants, les réseaux sociaux. Sous peu, d'ici 2030, chaque mois, on connaitra le même niveau d'innovation que pour tout le 20ème siècle ! C'est un mouvement de fond. 

Les dirigeants prennent conscience de l'importance de cette mutation digitale mais très lentement. Il faut maintenant bouger plus vite. 

Il faut en même temps prendre conscience que la compétition semble parfois déséquilibrée. Les nouvelles sociétés qui émergent dans le monde, Uber, Alibaba, Airbnb, Booking.com, etc. transforment le monde des affaires et le rapport au monde mais sans posséder le capital lui-même. Amazon est un acteur de la distribution mais n'a aucun inventaire, Facebook est un leader média mais ne fabrique pas de contenu, Uber n'a aucun véhicule en propre etc. Les entreprises dites classiques doivent compenser en fait leur structure de coûts. Autrefois, posséder donnait de la valeur. Mais est-ce toujours le cas aujourd'hui ? Question intéressante. 

Il faut apprendre à travailler avec d'autres générations. L'inter-générationnel est en fait devenu un facteur critique de succès ou d'échec. 

Tout le monde a peur de se faire "Ubériser". C'est tellement fort qu'on en a fait une formule ! Dans le monde l'hôtellerie par exemple. D'un côté il y a Airbnb qui vient prendre aux acteurs en place des pans entiers de business et de l'autre Booking.com qui prend possession de la relation clients. Ne rien faire c'est aller assurément dans le mur. On peut signaler le plan stratégique bâti par le Groupe Accor qui me semble pertinent, solide et en ligne avec les attentes du marché. 

Les règles sont maintenant : désintermédiation, dématérialisation et immédiateté. 

En conclusion, j'ai indiqué que selon moi la mutation digitale stimulait la mutation sociétale qui est en cours, elle-même engendrant une mutation humaine sans précédent. Il faut revoir la façon dont nous préparons les futures générations de leaders. Le monde de l'éducation va devoir aussi se mettre au digital, les Moocs étant un bon exemple. Le leader de demain n'aura que peu de choses en commun avec ceux d'aujourd'hui. Nous sommes là aussi face à une évolution majeure, à venir. 

Des questions devront néanmoins être posées et traitées : quelles sont les limites de l'acceptable sur un plan éthique ? Quelles évolutions sociales à venir ? Futur du contrat de travail ? Transhumanisme et limites ? 

Au final, l'Etat a un rôle majeur à jouer sur ce plan, celui de mettre le curseur là où il doit être mis, sans transférer cette responsabilité au monde du privé, aux grandes multinationales en particulier. Cet effort est à mener sur un plan international. 

Nous sommes au coeur d'une révolution unique.   

22 mai 2015

Adapter les compétences et les profils aux défis de demain

En marge du Congrès HR qui s'est déroulé les 8 et 9 Avril 2015 au Pré Catelan, j'ai été interviewé par Moortgat.

Je souhaitais partager avec vous quelques réflexions sur l'adaptation nécessaire des profils et des compétences des femmes et des hommes de l'entreprise aux défis de demain.

Nous sommes au coeur de plusieurs mutations, sociétale, digitale, humaine, et pour en tirer tout le bénéfice les entreprises doivent s'appuyer sur des femmes et des hommes préparés à aborder les questions d'hier d'une façon totalement différente. Il est même probable que les questions qui se poseront demain n'en sont pas aujourd'hui.


10 mai 2015

Mieux vaut ne pas se contenter d'observer la partie émergée d'un iceberg !

Transformer une organisation, quelle soit publique ou privée, est un projet complexe et exige rigueur et engagement. Je me suis souvent demandé ce qui pouvait expliquer les succès et les échecs de certaines entreprises. Pourquoi certains chantiers échouent alors qu'à priori ils étaient partis avec les mêmes probabilités de réussite ? Les hommes ? Peut-être. Mais il arrive que des leaders qui ont réussi un projet de transformation majeur échouent sur le suivant, sans que l'on puisse vraiment le comprendre. C'est aussi une question que l'on pose fréquemment sur le campus d'HEC Paris. 

J'ai interrogé plusieurs de mes relations, eux-mêmes chefs d'entreprises ou consultants, tous fortement expérimentés en management de projet et/ou en projets de transformation d'une entreprise. Ces discussions n'ont aucune valeur empirique. Elles ont été conduites sans structure, sans schéma préétabli. Il s'agissait pour moi de me faire une idée, rien de plus. Mais au final, j'en suis ressorti avec une conviction que j'ai essayé de synthétiser dans la diapositive ci-dessous : 




 
Que nous dit-elle ? 

1. Nous avons tous une tendance naturelle à nous attaquer en premier lieu à la partie visible de l'organisation (que j'ai imagé ici par un iceberg et sa partie émergée). Là se trouve le tangible, ce que l'on maitrise davantage car nos esprits cartésiens sont habitués à travailler sur ces matières. Notre cortex, la partie structurée de notre cerveau, peut s'en donner à coeur joie. Du reste, si vous faites appel à des consultants, ils seront très à leur aise sur ces domaines d'analyses. Ils reprendront des études déroulées mille fois, dans des secteurs équivalents ou pas, avant de les adapter à votre problématique. Au final, la marge d'erreur est limitée. De quoi parle-t-on ? Définir une vision et des objectifs stratégiques. C'est important bien sûr. Lou Gerstner, ancien président de Nabisco, American-Express et IBM, disait au temps où il officiait qu'on ne gagner pas avec une stratégie. Dont acte. Encore faut-il en avoir une ? On se sent toujours mieux une fois les plans stratégiques et opérationnels clairement définis. Le reste devient alors plus facile. On définit les structures, la gouvernance, le système de management et l'organisation. Pour autant, sans s'en rendre compte, seulement 20% du chemin est fait !! Car l'essentiel est ailleurs. Il réside dans la partie cachée de l'iceberg.  

2. Nous ignorons, volontairement ou pas, cette partie cachée de l'iceberg. Il s'agit pourtant de la partie essentielle de l'iceberg. 80 % au moins ! Il en est de même dans l'entreprise. Ce sont tous les pouvoirs et les schémas d'influence. On parle d'une partie différente de notre cerveau. On est davantage proche du système limbique qui agit sur le comportement, et en particulier sur les émotions. Car pour comprendre ces éléments ou facteurs, l'intelligence analytique n'est pas suffisante. Il faut d'autres formes de logique et d'analyse. Il s'agit : 1) des dynamiques de groupes qui se créent au fil du temps et finissent pour peser sur les décisions, les orientations et la bonne tenue des projets; 2) des forces de conformité ; 3) des sentiments et relations interpersonnelles, sur lesquelles il est impossible d'agir mais mieux vaut les connaitre; 4) des besoins et aspirations au niveau individuel, des aspirations de carrière pouvant gêner la bonne marche générale ; 5) et finalement et surtout la culture de l'entreprise

Cette dernière est absolument vitale. Sans compréhension de la culture interne, un projet a peu de chances de réussir. Plus généralement, les projets qui n'intègrent pas les paramètres de la face cachée de l'iceberg ont peu de possibilité d'aboutir. 

Les solutions existent. En voici quatre parmi les très nombreuses "meilleures pratiques" :

1. Donner du sens au projet pour que chaque équipier s'y retrouve; 
2. Isoler la contribution de chaque membre de l'équipe. Le succès collectif est une chose, connaitre sa contribution en est une autre, tout aussi importante. 
3. S'appuyer sur les "stars". Ce ne sont pas des leaders de l'organisation reconnus et suivis. Il s'agit plutôt de ceux que l'on écoute et que l'on suit. Il faut les identifier et s'en faire des alliés. Il ne s'agit pas non plus de les manipuler. Au contraire, il convient d'être sincère avec eux et de leur confier une mission claire. 
4. Communiquer de façon régulière. 

La liste n'est pas exhaustive bien entendu. 

Pour maximiser ses chances de réussite au niveau d'un projet, mieux vaut donc constituer une équipe capable de traiter les deux parties de l'iceberg. ce sont rarement les mêmes profils !

25 mars 2015

L'innovation s'invite à l'Elysée !




Suite aux Etats de la France (Neuxième Edition) qui se sont déroulés le 17 Décembre dernier, nous avons rencontré comme l'an passé, le Président de la République François Hollande. C'était le 16 Mars dernier à l'Elysée. J'étais accompagné des présidents de EY, de Roche, de Siemens, de Bain, d'Accenture et de Compass Group.

Nous avons évoqué nos propositions dans les domaines de l'économie, de la fiscalité, du social, des régions et bien sûr dans celui qui me tient à coeur, à savoir celui de l'innovation.  

Je suis en charge de cette partie là. J'ai évoqué de nombreux points, je les résume :
  • Je commence par dire que les choses bougent dans le bon sens avec La French Tech, le Crédit Impôt Recherche (CIR) et le CICE par exemple; 
  • Nous pensons ensuite qu'il convient de mettre en cohérence les nombreuses initiatives proliférantes prises en matière d'innovation;
  • Qu'il convient de concentrer nos efforts sur des priorités à fort potentiels, porteuses de développement et de rayonnement international. Nous insistons sur 4 secteurs qui nous paraissent clés : les sciences du vivant, le numérique, l'énergie et les transports;
  • Nous pensons qu'il faut éviter le saupoudrage des aides publiques en ciblant prioritairement des innovations de rupture;
  • Qu'il convient de favoriser la collaboration entre les équipes de recherche publique et le secteur privé;
  • Qu'il faut intensifier les rapprochements entre le monde de la recherche, de l'université et des entreprises. Créer en fait des écosystèmes favorables à l'innovation. Nous proposons ainsi :
    • - d'adosser les initiatives conjointes sur des structures industrielles pour favoriser le passage de l'expérimentation à la fabrication, tout cela devant générer au final de l'emploi;
      - de clairement définir les questions liées à la propriété intellectuelle ... c'est généralement un point de blocage;
      - de mieux identifier les priorités publiques en matière de recherche. 
  • Créer un état d'esprit favorable à l'innovation en substituant au principe de précaution un principe de progrès;
  • Qu'il faut améliorer le financement de l'innovation et nous proposons des mesures pour aller plus loin au niveau du CIR en traitant le sujet de la sous-traitance souvent lésée, le client recevant seul l'allocation de l'Etat. 
J'ai ensuite illustré mes propos par un cas concret mené en Isère par Hewlett-Packard, les centres de recherche, le pôle universitaire et des complexes industriels sur le thème de la photonique. je précise que des expériences permettant d'acquérir un avantage compétitif sont possibles dans toutes la France à condition d'y mettre de l'énergie, de détecter nos pépites et d'accompagner les entreprises en leur simplifiant la tâche. 

Le 23 Mars, soit il y a quelques jours, je retourne à l'Elysée (une habitude !) pour y présider une table ronde au sujet de l'innovation. Les conseillers de François Hollande, Jean-Jacques Barberis, Adrienne Brotons et Julien Pouget nous y attendent. Je suis entouré de leaders de différentes entreprises. cela va de Dow Chemical à Bosch France, en passant par Pfizer, Siemens, 3M, MSD, SKF, Roche, Microsoft, Philips, Nestlé ou Shell. Le débat tourne autour de 3 thèmes :
  • Appréciation générale des incitations et des freins à la R&D en France;
  • Appréciation des dispositifs d'incitation à la recherche partenariale entre acteurs publics et privés;
  • Recherche entre grands groupes et PME innovantes / start-up. 
Débat passionnant et foisonnant d'idées.

Au final, nous avons eu de l'écoute, sur tous les sujets, pas uniquement sur celui de l'innovation. Des sujets vont être approfondis et espérons que certaines de nos recommandations vont être appliquées. Nous allons suivre.

Et selon le dicton des Etats de la France : plus vite, plus loin, plus fort !

02 novembre 2014

Nouveau modèle de société ? Nouveau leadership ? (post 1)




Le monde qui nous entoure est complexe et turbulent. Tout bouge très vite. Trop vite parfois. Les technologies sont de plus en plus performantes. Elles nous permettent en réalité de presque tout envisager. Et c'est cela même qui peut en inquieter certains. Où sont les limites ? Comment les définir ? Qui doit les poser ? Le faut-il seulement ?

Le progrès technique a été tel au cours des trois dernières décennies qu'il ne semble y avoir aucune limite. Dans le même temps, les coûts ont été divisés par deux ou par trois. L'information circule à la vitesse de la lumière au moindre coût. On a parfois à peine le temps de se familiariser avec une technologie donnée qu'elle est remplacée ! Faut-il le regretter ? Peu importe ... car ce n'est peut-être pas la bonne question.

Pour autant, nous sommes tous, à des degrés différents, inquiets, perplexes, en questionnement. En particulier sur ce que sera la société de demain. Nous voulons comprendre, donner du sens à nos existences, nous recherchons bonheur et bien-être. Nous voulons trouver des nouveaux équilibres alors même que tout est fait pour les rompre. Pris dans le tourbillon des réseaux sociaux, d'une communication incessante et parfois paralysante, nous vivons dans le "toujours connecté", toute notion d'étanchéité entre vie privée et vie professionnelle tendant à s'estomper peu à peu. Et pourtant, il faut bien se ressourcer. On ne peut être performant et créatif sans prendre régulièrement le recul nécessaire.

Alors il est peut-être tant de revenir à l'essentiel. Car si les générations changent, si les besoins évoluent, il existe malgré tout une constante, et cette constante est vitale. Elle fédére, elle rassemble, elle crée le ciment entre des individus qui diffèrent pourtant en de nombreux points, qui n'ont même parfois pas les mêmes vues ou opinions, mais qui se retrouvent à un moment autour d'un projet commun. Cette glu s'appelle la culture. Celle-ci est indélébile. Nous la transmettons de père en fils, de génération en génération. Grâce à elle, nous savons qui nous sommes. Elle nous définit et nous sert de phare, de point de ralliement. Elle est un cri intérieur, une source d'apaisement. Des membres d'une même groupe peuvent la définir différemment, peu importe au fond, du moment qu'ils vibrent à l'unisson.

La fracture que nous vivons aujourd'hui, du moins depuis la crise de 2008, correspond en réalité à une nouvelle adaptation de celle-ci. Car si elle ne peut pas être copiée par d'autres, elle peut évoluer. En cela, les jeunes générations, la Y, et même la Z qui pointe son nez, jouent un rôle prépondérant. Les "Digital Native" ne sont pas "déjantés", comme nous pourrions le penser de prime abord. Non, ils ont des aspirations différentes des générations précédentes, mais se retrouvent curieusement sur l'essentiel. Ils ne sont pas prêts par exemple à tous les sacrifices au nom d'une sacrosainte carrière. Cela ne veut pas dire qu'ils veulent travailler moins. cela veut dire qu'ils veulent travailler mieux et en tout cas différemment. A coup sûr, ils vont insuffler quelque chose de très nouveau.

Le modèle capitaliste s'est depuis longtemps imposé comme le thermomètre du monde moderne. L'économie de marché, si critiquée, a finalement été adoptée par la plupart des économies occidentales et des courants politiques, de droite comme de gauche. Rien ne compte tant de toute façon que de croître et d'assurer le plein emploi. Une phrase d'un révolutionnaire me revient à l'esprit. Alors qu'il se trouve à la tribune, il s'adresse aux représentants du peuple en ces termes : "La faim et la privation de liberté sont les deux piliers de la révolte". Bien que je ne me souvienne plus de son nom, force est de constater que cela reste vrai aujourd'hui encore !

Sans croissance économique, nous ne pourrions rien envisager. Mais si le modèle actuel a toutes les raisons de perdurer, il ne le pourra qu'au prix d'une profonde adaptation. Car nous ne pouvons pas continuer de sacrifier le long terme à des résultats boursiers de court terme. Nous ne pouvons pas continuer de poursuivre la coupe des coûts au nom d'une prétendue recherche de compétitivité. Nous ne pouvons pas poursuivre notre quête de productivité sans nous soucier de trouver de nouvelles formes d'équilibre, mélange d'économique et de social. Nous ne pouvons pas évoluer dans un écosystème en  faisant abstraction de son devenir. Il est fait de femmes et d'hommes, qui sont autant d'êtres humains que de consommateurs potentiels.

J'entame donc une série de posts, sous forme de questions. Je vais les partager sur LinkedIn. Je vous encourage à les commenter et à donner votre point de vue sur les questions soulevées en me rejoignant.

Tout cela devrait nous amener à nous questionner sur le modèle de société de demain. Et au-delà à l'évolution des formes de leadership. Nous allons avoir besoin de leaders différents pour aborder le monde de demain.

Prochain post : avant de parler des caractéristiques du leader de demain à quoi ressemblera la société de demain ? 

05 janvier 2014

Quel leadership face à la révolution numérique ?

Je voulais vous faire part d'un événement important qui s'est tenu en Mai 2013 dans les locaux d'HP France à Boulogne sur le thème suivant : "Quel leadership face à la révolution numérique ?". Cela date un peu mais le thème est important et plus que jamais d'actualité. 

Cela me permet en même temps de vous faire découvrir le site du Cercle du Leadership dont la vocation est de réunir des dirigeants de grandes entreprises désireux de promouvoir une vision et des actions innovantes en matière de management et de leadership :


Voici la synthèse de l'événement réalisée par le Cercle du Leadership :


Cycle d’études 2013 : « le sentiment d’un chaos ou l’émergence d’un nouveau monde »

Conférence avec le concours de HP à l’auditorium de HP France



A l’invitation de HP France, Le Cercle du leadership a tenu ce 30 mai 2013, la troisième conférence de son cycle d’études 2013 sur le thème de la révolution numérique.
La plupart des dirigeants des sociétés traditionnelles n’ont qu’une connaissance limitée des enjeux et des possibilités qu’offrent les NTIC. Ils se trouvent ainsi démunis face à ce qui constitue une formidable révolution industrielle, sans doute l’une des plus importantes, la révolution numérique, ce qui contribue au sentiment de chaos. Il s’ensuit des décisions stratégiques ou d’organisation souvent stériles ou dépassées.
Dans un premier temps, Marc Padovani, Chief Technical Officer de HP France, nous a rappelé quelles étaient toutes les nouveautés en matière de higt tech, de manière ludique et pédagogique, pour nous remettre dans le jeu et dans le vocabulaire des NTIC.
Puis nous nous sommes demandé en quoi les NTIC modifiaient les conditions d’exercice de notre propre leadership ; comment elles ouvraient de nouveaux modes d’accès à la connaissance ; quel rôle elles laissaient aux managers ; quelle organisation du travail il pouvait en découler ; quelles nouvelles frontières elles ouvraient aux entreprises ; et surtout quelles remises en cause personnelles elles nécessitaient.
Nous avons partagé les réflexions menées par Gérald Karsenti, Président de HP France, interviewé par Oliver de Conihout, Président de « l’Espace Dirigeants » et membre du Cercle du leadership, ainsi que les témoignages de deux jeunes créateurs de start up, Jakob Haesler, Président de Tinyclues et Olivier Gorce, Associé de QAPA.fr, tous deux interviewés par Arnaud Franquinet, DRH de Grant Thornton et membre du Cercle du leadership.

Auditorium Siège HP France







 
 
Marc Padovani met l’accent sur le déluge numérique qui bouleverse nos habitudes : chacun peut aujourd’hui se procurer pour une somme d’environ 75 Euros, une capacité mémoire de 1 Tera octets ce qui représente 2,4 kilomètres de dossiers papiers empilés, soit....7 tours eiffel
 
 


Le déluge numérique : faits ou illusions

Pour situer les choses, 1 péta octet représente 1000 Tera octets soit 7000 Tour Eiffel or Google traite environ 20 pétas par jour.
La grande Bibliothèque de France est en route pour les 2 petas.
La taille de tout internet était estimée en novembre 2011 a 5000 pétas soit 5 exas. Fin 2013, il atteindra 11 exas.
Le cerveau humain quant à lui contient potentiellement (mais ne sait pas utiliser), 11 exas octets (1 exa = 1000 petas) ce qui signifie qu’en théorie il contient tout internet.
Le futur big data center sera radicalement différent des architectures matérielles et physiques actuelles.
De nouveaux usages, tous très demandeurs de ressources (HPC, Cloud , jeux en réseau , Big Data Hadoop, In Memory Computing), ont montré la limite de ces architectures en introduisant les notions de fermes de calcul. Le parallélisme massif, la localisation des données et l’aplatissement du réseau pour répondre à ces nouveaux besoins, qui, il y a encore peu étaient l’exception, deviennent la norme.
La prochaine étape est la levée définitive des frontières entre serveur, stockage et réseau. Cette levée des frontières doit impérativement être liée à la disposition quasi infinie des ressources à bas coût. Un seul exemple : l’ensemble de l’industrie du software repose sur la double assertion que la mémoire est finie et que les disques sont lents. Pagination, sb, shared memory deviennent des objets du passé si nous savons mettre 1Peta de mémoire non volatile, travaillant à la vitesse de la DRAM, dans un serveur.
 
 
Quelques chiffres ou données sur le déluge numérique
 
  • 1 milliard de téléphones portables vendus dans le monde en 2012.
  • 700 millions de smartphones, soit une progression de 45 % par rapport à 2011.
  • 4 milliards de téléphones mobiles en 2015 (population estimée à la même époque 7,5 milliards).
  • 50 % des Américains possèdent un smartphone.
  • En 2016 l’Inde et le Brésil devanceront les USA en matière d’équipement de smartphones.
  • Les outils personnels de communication (smartphones, tablettes Portables …) dépassent en qualité ceux que les entreprises mettent à la disposition de leurs salariés.
  • La géolocalisation associée aux achats en ligne permet d’établir un marketing ciblé sur chaque utilisateur en temps réel.
  • Nous sommes la première civilisation à abandonner des pans entiers de notre vie privée à des opérateurs sans aucun contrôle.
  • Les NTIC permettent d’ores et déjà le « work at home » dans des conditions optimum avec une économie de coûts réelle pour l’entreprise. De ce point de vue, elles révolutionnent potentiellement les liens sociaux, les transports, les coûts du poste de travail.
  • Les NTIC ont totalement décloisonné vie professionnelle et vie privée.
  • Les hybrides continuent de se développer : un même appareil rempli toutes les fonctions (téléphone, PC, TV, jeux, achats, robotique domestique ….).
  • Une famille occidentale de deux enfants possède environ 10 écrans à domicile.
  • L’imprimante 3D est la prochaine grande révolution numérique : elle bousculera les habitudes d’achats et de fabrication puisqu’on fabriquera son produit à domicile. On imprimera des revolvers et bientôt des pizzas
  • Le marché de l’économie numérique 3D représentera 3 Milliards de dollars en 2018.
  • Google, Facebook, linkedin… possèdent plus d’informations sur les citoyens que tous les états et gouvernements réunis.
  • 118 milliards de mails sont échangés chaque jour dans le monde.
  • 2,45 Milliard de contenus Facebook sont échangés quotidiennement.
  • En 2011, il fallait 2 jours pour générer 5 exaoctets. En 2013, il en faudra 10 minutes.
  • Chaque minute dans le monde :
    • 82 millions de mails
    • 2,3 Millions de recherche Google
    • 300.000 tweets
    • 13.500 nouveaux sites web
  • 32 % des français utilisent un ordinateur pour regarder un programme TV.
  • 60 millions de tablettes vendues dans le monde en 2011. 370 millions en 2016.
  • Le nombre de puces électroniques est en doublement chaque année depuis 1975.
  • 70 millions de sites dans le monde en 2005, 470 millions aujourd’hui.
  • En 2009, 2 mois de production U Tubes donne plus d’images que toute la production télévisuelle réunie de l’année.
  • En France, un individu passe 3h48 par jour devant un écran (hors travail) ce qui correspond à un mi-temps de travail (20 heures par semaine).



Une rénovation nécessaire de notre mode de leadership
Trier et distribuer l’information

Lors de notre matinale du 14 février dernier qui a démarré le cycle de l’année sur le sentiment d’un chaos, nous avons notamment mis en évidence l’impact des nouveaux modes d’accès à la connaissance. L’information est accessible à tous, est-elle pour autant comprise ? Le leader semble ne plus être l’homme omniscient, mais celui qui relie les autres entre eux dans un écosystème efficient.

Gérald Karsenti partage ce point en soulignant qu’un des principaux enjeux du dirigeant devient la capacité à gérer l’information ; il doit en effet être capable de la digérer, de la trier, de la distribuer à la bonne personne, au bon moment, pour un résultat optimum. Cela requiert des qualités de nature différente : rapidité, réactivité, mais aussi discernement, empathie et proximité avec ses collaborateurs. Dans l’économie moderne, le dirigeant qui garde l’information à son profit est définitivement OUT ; il devient un destructeur de valeur, car il brise le flux d’informations qui est aujourd’hui à l’origine de toutes les décisions. Olivier de Conihout évoque quant à lui un leadership collaboratif, loin du leadership hiérarchique basé sur la seule vertu du commandement.

Olivier de Conihout et Gérald Karsenti
Olivier de Conihout et Gérald Karsenti




Gérer sa sphère personnelle
Gérald Karsenti
 
La révolution numérique abroge les frontières entre vie privée et vie professionnelle ; l’irruption des mails et sms accélèrent toutes les prises de décisions mais peut se révéler désastreuse si elle n’est pas maitrisée. Chacun doit trouver son propre mode de traitement de cette question. Pour Gérald karsenti l’impératif est de ne pas traiter les mails et sms dans l’instant, mais de les traiter par lot de préférence sur des plages de temps – généralement le soir- de sorte que ce traitement ne rentre pas en conflit avec le nécessaire contact physique avec les collaborateurs.
Pour développer ses idées, Gérald Karsenti privilégie le blog au détriment du tweet, qu’il juge « dangereux et piégeur pour un dirigeant car trop dans l’immédiateté ». 
Il a d’ailleurs créé son propre blog :

 

Devenir le coach de ses salariés !

Mais c’est sur le terrain de son propre leadership que le dirigeant doit essentiellement se remettre en cause.

Gérald, citant l’exemple de David Fattal -un jeune ingénieur HP reconnu mondialement comme l’un des meilleurs de sa génération-, n’hésite pas à dire que le dirigeant devient aujourd’hui le coach de ses meilleurs elements.

 
Biographie de Gérald Karsenti
PDG de HP France, Gérald Karsenti a été nommé à la tête de la filiale française HP France le 1er Juillet 2011. Responsable de la conduite des activités liées à un vaste portefeuille composé d’équipements informatiques, de logiciels et de services, il pilote le développement de l’activité et de la croissance en France. Gérald Karsenti occupe également les fonctions de Vice-président, Entreprise Services France, entité en charge de la transformation et des activités d’infogérance. Gérald Karsenti a rejoint HP France en tant que Vice-Président et Directeur Général des ventes de l’activité Enterprise Business en janvier 2007 où il a conduit la transformation de l’activité, obtenant des succès notables et reconnus en termes de croissance et de gains de part de marché. Avant de rejoindre HP, Gérald était président d’une filiale de services dédiée aux applications au sein du groupe Capgemini, puis directeur Général Adjoint de Sogeti France. Gérald a également travaillé près de 18 ans chez IBM où il a occupé de nombreux postes de vice-président au sein de diverses entités, notamment à la tête de la division « IBM Software Group ». Son parcours professionnel l’a amené à occuper des postes internationaux en Russie, au Japon, aux Etats-Unis et pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique. Diplômé de l’IEP de Paris (Sciences Po Paris), Gérald Karsenti est également titulaire d’un Master spécialisé de HEC Paris, d’un diplôme de l’université d’Oxford et d’un Master en finance. Auteur de plusieurs ouvrages, le dernier étant « Le Business Model des Services » aux Editions d’Organisation (novembre 2010), Gérald est également professeur affilié à HEC Paris où il enseigne le leadership et la transformation des entreprises.
Gérald est marié et père de deux enfants.
Il doit se mettre en situation de les entourer dans les domaines où ils ne sont pas excellents pour les amener au plus haut niveau ; il doit être capable de déléguer en contrôlant, c’est à dire en connaissant suffisamment les techniques et les produits utiles au développement de son entreprise ;
 
Compenser la hightech par une présence physique !
Cette entreprise numérique est éclatée. Elle est mondiale, globale. Elle est parfois immatérielle : on travaille n’importe où ; n’importe quand ; l’unité de lieu et d’espace deviennent un leurre ? Chez HP France par exemple, il n’y a plus de bureaux : on se pose là où il y a de la place, cela rend plus nécessaire que jamais de trouver des occasions de maintenir un lien physique avec ses collaborateurs par tous les moyens possibles pour compenser la froideur des organisations modernes.

Les nouvelles frontières de l’entreprise
 
Ces dernières considérations nous amènent tout naturellement à évoquer, avec nos deux derniers invités, Olivier Gorce (Qapa.fr) et Jakob Haesler (Tinyclues), comment les nouvelles technologies modifient les frontières de l’entreprise.
 
L’économie de l’échange.
 
Pour Olivier Croce, sales director et Partner de QAPA, site de recrutement par internet, l’économie numérique modifie considérablement la gestion des ressources humaines. La priorité de QAPA, est de matcher le profil du candidat, avec les besoins de compétence du futur employeur. QAPA, tel Meetic en son temps, apporte un concept innovant en matière de rencontre professionnelle. Le marché de l’emploi est difficile, de nombreux sites poussent à remplir leur CV en ligne, chez QAPA, pas de CV, mais des compétences développés au fil de la carrière ou dans la sphère privée. Un fort accent mis sur le « Matching de compétences », car l’avenir du CV est incertain, il va surement disparaitre. Le temps réel est privilégié : toute une profession de recruteurs doit se remettre en question. L’économie numérique c’est l’économie de l’échange instantané.

Jakob Haesler, Arnaud Franquinet et Olivier Croce

 
La nécessité de la douceur…

 
Jakob Haesler
 
 
Pour Jakob Haesler, Président de Tinyclues, société de data minding, c’est toute la relation humaine à l’intérieur de l’entreprise qui est modifiée par la high tech. Les TPE et start up vont se développer au détriment des grosses structures, apportant un nouveau style de management. Dans cet univers, la relation hiérarchique est dépassée ; le bureau n’existe plus, laissant place à un espace libre et ouvert, à la carte. Le plus qualifié, ou le plus ancien doit apprendre du plus jeune (le reverse coaching) ; il doit remettre en cause son savoir en permanence « le release 2.0 »
Dans cette organisation débridée, où il faut gérer l’activité en mode projet ; où il faut partager le même espace de travail avec les autres ; où l’idée de hiérarchie est absente, le sens relationnel devient primordial, l’entente entre les collaborateurs essentielle.
Devant cette nécessité, Jakob Haesler n’hésite pas à en appeler à des qualités rarement évoquées par les dirigeants : la douceur, l’empathie, la bienveillance… de quoi surprendre dans l’univers froid et glacé du numérique.

Beau paradoxe !

Pour conclure, quels faits saillants ?

Cinq ou six thèmes saillants sont mis en exergue pendant la conclusion par Philippe Wattier et Gerald Karsenti.
 
 
Philippe Wattier
 
Le leadership collaboratif -celui qui consiste à aider les autres, à les relier entre eux- supplante le leadership de commandement.
Le leadership que l’on développe par sa capacité d’influence sur son environnement devient lui aussi plus signifiant que le leadership hiérarchique qui constituait jusqu’alors la pierre angulaire de l’organisation traditionnelle.
Le leadership de flux l’emporte sur le leadership de stock. Le dirigeant ne gère plus des stocks (stocks de connaissances ou de certitudes, stocks de collaborateurs, stocks de produits), il ne gère plus que des flux volatiles qu’il faut savoir utiliser à bon escient dans une unité de temps extrêmement réduite.
 
 
 

L’organisation pyramidale semble révolue et laisse place à une organisation en projet, déformable, adaptable et auto destructible. Le leader doit inventer sa propre résilience et celle de son organisation à tout moment.
Enfin, le leader devient le coach de ses collaborateurs et surtout des meilleurs d’entre eux. Il doit les choisir plus compétents que lui et s’attacher à les faire progresser dans les domaines où ils n’excellent pas encore …
 
Revenant au final sur une idée développée par Jakob Haesler, Gérald Karsenti, en guise de conclusion, choisit de mettre l’accent sur l’importance de la relation directe, physique et conviviale pour compenser l’immatérialité de la nouvelle entreprise.
L’entreprise du futur, soudée par sa machine à café en quelque sorte !

 
Gérald Karsenti
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Prise de notes : Sébastien Jai, MBA IAE d’Aix
Synthèse des débats : Philippe Wattier
Photos : Emmanuelle Solinski