02 juillet 2011

Chronique du mois de Juin 2011

A la demande de certains de mes lecteurs assidus (que je remercie au passage), je lance une rubrique "Chronique de la quinzaine". Ce sera l'occasion pour moi de parler de ce qui m'a le plus marqué. Ce qui m'a intéressé. Je pourrais ainsi alterner avec des billets sur des sujets divers. De façon exceptionnelle, je ferais référence cette fois à des faits qui portent sur les trois dernières semaines.
Gérald Karsenti
Je commence par la semaine du 27 Juin. Elle a démarré pour moi par une très bonne nouvelle, je ne pourrais dire le contraire, puisque les dirigeants mondiaux et européens de Hewlett Packard ont décidé de me confier la direction de la filiale française. L'annonce a été faite par Yves de Talhouët le 27 Juin 2011. J'ai pris mes fonctions de PDG HP France le 1er Juillet 2011 (cliquez sur le titre pour voir l'annonce). C'est sans aucun doute un moment très important dans ma carrière. 
Pour plusieurs raisons : 
1) HP est un fantastique groupe, le seul aujourd'hui qui peut offrir aux clients une vue de bout en bout du flux informationnel, le seul qui possède un leadership technologique étendu allant du PC, des imprimantes, des offres de proximité aux technologies et services liés aux centres de traitement ("Data Centers") en passant par les réseaux; 
2) La richesse des femmes et des hommes qui y travaillent, leur loyauté envers ce groupe, l'attachement qu'ils ont tous à une culture ancrée dans le marbre; 
3) Une dynamique permanente, le groupe ayant fait l'acquisition de multiples entreprises dans les réseaux, le stockage, les serveurs, les ordinateurs personnels, les imprimantes, l'art graphique, le logiciel et les services; 
4) une capacité d'innovation sans cesse renouvelée, les annonces récentes de la plateforme WebOS et de la tablette HP en sont deux parfaites illustrations; 
5) Un nouveau président mondial a pris les rênes de l'entreprise au 1er Novembre 2010. Comme je l'avais annoncé dans un précédent billet, il s'agit de Léo Apotheker. C'est une nomination qui était venue à point nommé car Léo est un leader de croissance et nous en voyons déjà les effets positifs. 
Yves de Talhouët
Président HP EMEA (MD)
Je succède à Yves de Talhouët. Ce fait est déjà un honneur. Yves est un fantastique leader. Du reste, il vient de prendre la présidence d'HP en Europe (Zone EMEA).
Les challenges qui nous attendent sont passionnants. Nous avons un potentiel unique, guidés par un objectif central: satisfaire nos clients en leur apportant des solutions innovantes et en délivrant nos contrats avec l'excellence attendue. HP est une entreprise d'ingénieurs, fondée sur l'innovation, la créativité et le développement des collaborateurs & et de son écosystème (partenaires).

D'autres événements ont attiré mon attention au cours de ces trois dernières semaines.
"Passe ton Bac d'abord !"
Le Bac tout d'abord. Sans doute parce que mon fils le présentait cette année. On connait la fameuse expression "Passe ton bac d'abord !". Qui ne l'a pas entendu. Pourtant, elle reste le meilleur conseil que l'on puisse donner à un jeune. Sans lui, point de sésame pour se lancer dans des études supérieures ou du moins les choses se complexifient. Sans lui, le taux de chômage monte brutalement. Aujourd'hui, les deux tiers d'une classe d'âge atteignent ce niveau. C'est une bonne nouvelle quand on songe qu'en 1980, on ne parlait que d'un quart !!! Le nombre de bacheliers s'est donc envolé. Les filles ont un taux de réussite supérieur de 10 points aux garçons avec un peu plus de 70%. Dernier constat, malgré tous les efforts effectués au cours des vingt dernières années, le taux de succès stagne ... Bientôt les résultats, alors bonne chance aux bacheliers qui attendent avec impatience et à leurs parents !
Image de la Grèce
La situation de la Grèce me fait aussi réagir. Moi, passionné d'histoire, moi lecteur assidu des oeuvres d'Homére qui ne quittent que rarement ma table de chevet, me voici comme beaucoup incrédule face à ce pays, à l'histoire riche comme aucun autre, au bord du gouffre. Quand on pense au sens du nom même du philosophe (en grec ancien Ὅμηρος / Hómêros, « otage » ou « celui qui est obligé de suivre ») on se dit que c'est un peu à quoi se trouve réduit la Grèce: suivre. Suivre le mouvement. Accepter l'affront aussi, la gène, parfois la honte. Certes, ils ont une part de responsabilité, c'est indéniable, mais ne devrions nous pas faire profil plus bas quand on sait que demain ce sera peut être le tour d'un autre pays européen, l'un de ceux qui est déjà affaibli (l'Irlande, le Portugal) ou même l'Italie, et pourquoi pas la France. Touchons du bois!!! Le 19 Juin, le Sunday Times barrait une photo du célèbre Parthénon d'un slogan provocateur s'il en est "A Vendre", le tout suivi du numéro de téléphone du 1er ministre Grec ! Limite ... non ? Pour que la Grèce s'en sorte, les avis divergent. La mienne est la suivante : le niveau des taux d'intérêt imposés à la Grèce est trop élevé, il pèse sur l'endettement global et l'empêche de recourir aux marchés financiers de façon sereine. Faut-il restructurer la dette ? Non, je ne le pense pas. Mon passé d'économiste me rappelle qu'il faut là proposer le rachat de la dette souveraine, par les banques, par les institutions européennes, voire mondiales, et ensuite permettre à Athènes, de rembourser à des taux raisonnables. ne pas faire cela pourrait menacer la stabilité de la zone euro, créant une véritable crise systémique, bien plus sérieuse que les symptômes que nous constatons aujourd'hui puisqu'elle pourrait aboutir à un gel du marché interbancaire. Il faut du reste se souvenir que le Fonds Européen de Stabilité Financière (FESF) et que la Banque Centrale Européenne (BCE) ont déjà réalisé des montages à plusieurs étages de ce type. Cela passe certes par l'acceptation d'une perte / décote de l'ordre de 25% pour se débarrasser en contrepartie d'actifs risqués. Pas idéal certes, mais pour le secteur financier un moindre mal.
Renault Mégane
Coup de chapeau au constructeur automobile Renault pour la mise au point d'un moteur diesel "Energy dCi 130", supposé consommer 20% de carburant en moins, et salué par tous les spécialistes du secteur. Rappelons au passage que ce fleuron de l'industrie française ambitionne toujours d'être la référence absolue des voitures à zéro émission, en attendant les véhicules électriques. Je me devais de saluer ce résultat !
Centrale nucléaire
Regard sur le nucléaire. Après le drame de Fukushima et la décision allemande (suivie de l'Italie) de renoncer à l'énergie nucléaire, nous avons des raisons légitimes de nous poser cette question. Que faire en France ? Officiellement, la France a choisi de maintenir, comme la Grande-Bretagne, la Corée du Sud, la Chine, l'Inde et le Japon, de maintenir son projet global. Au final, le bilan semble montrer que ceux qui arrêtent ou qui ralentissement ne vont que peu influer sur le volume d'affaires au niveau mondial du secteur. La question est cependant là, latente: à défaut de stopper les programmes, ne faudrait-il pas bâtir un plan mixte et développer des solutions alternatives et complémentaires. La question est même de savoir comment on parviendra à concilier dans le temps la volonté de réduire les émissions de CO2, en augmenter d'une part la sécurité des sites industriels et d'autre part la compétitivité des nations. Ces interrogations ne se posent pas seulement au niveau des gouvernements du monde, mais à toutes les strates de la sociétés, les régions, les villes, les quartiers et même les individus que nous sommes ...

Prochaines chroniques dans quinze jours donc, soit RV pris au 17 Juillet. N'hésitez pas à commenter sur geraldkarsenti@live.fr