(seconde édition)
Les 29 et 30 Janvier derniers, je
participais à une table ronde lors de la seconde édition de la Conférence
Européenne de la diversité qui se déroulait à Paris-la-Défense à la tour
Société Générale. Le but de cette discussion était de faire le point sur ce
sujet capital et de mesurer les progrès accomplis.
Voici en substance les points que j'ai
eu l'occasion de développer:
- Nous vivons une période unique. Il ne s’agit pas
juste d’une crise mais d’un véritable « changement de monde »
en reprenant l’image utilisée par Michel Serres. Le progrès
technologique, l’ultra-médiatisation ou les réseaux sociaux viennent
profondément modifier le cours des choses. Tout cela change notre façon de
vivre, de travailler et même notre façon de penser.
- Ces changements ne pourront pas être sans
conséquence sur le leadership.
- Dans ce contexte, davantage tourné sur l’émotionnel
et l’intelligence relationnelle, les femmes pourraient être privilégiées
car leur profil psychologique, comportemental et de leader semble
parfaitement correspondre aux enjeux à venir.
- Un équilibre entre femmes et hommes aux commandes du
pouvoir va devoir être trouvé.
- Enfin ! Pourrions-nous dire car les progrès
accomplis sont très faibles. Nous parlons beaucoup. Les conférences se
multiplient mais les chiffres ne montrent pas un progrès massif.
- Et pourtant, tout montre qu’un équilibre au niveau
de la diversité femmes/hommes rime généralement avec performance. De
nombreuses analyses viennent conforter ce point de vue. Voir en
particulier les papiers produits à ce sujet par McKinsey. Le patron
de la société Mercer a ainsi déclaré : « when women
thrive, businesses thrive ». L’exemple d’HP France me parait
significatif à cet égard : deux femmes sur les 5 leaders d’entités
business, 50% du business France entre les mains de femmes et HP France
dans les 5 pays les plus performants au sein du groupe HP dans le
monde !! Je ne sais pas s’il s’agit de la raison, mais rien
inversement ne permet de dire que cette corrélation n’est pas l’explication !
Voilà pour les constats. La réalité est qu’il s’agit d’un
véritable combat. Pour que les femmes émergent au sein des comités de direction
opérationnels ─ et pas seulement au sein des conseils d’administration ─, au
cœur des assemblées législatives, des comités politiques, des gouvernements,
etc., il va falloir que des hommes cèdent des places ! Les femmes vont
devoir gagner ces postes, comme elles ont gagné le droit de vote ou le droit à
l’avortement. Prenons conscience qu’aucune femme ne dirige par exemple une
entreprise du CAC 40 !!
Que devons-nous faire ?
Bien que je ne dispose pas de la recette miracle, je peux
partager quelques réflexions et parler de certaines actions mises en œuvre au
sein d’HP France :
- Plus de discours, des actions !! C’est simple mais efficace. Il
faut mettre les leaders en position de dire ce qu’ils font, au pire ce
qu’ils vont faire. L’heure n’est plus aux déclarations d’intention, mais
au concret. Personne n’est jamais venu dans une table ronde dire qu’il
n’était pas d’accord pour trouver un meilleur équilibre !
- Prendre garde à identifier des talents à développer dans les deux
genres en proportions égales. Nous le faisons au cœur de l’entreprise que
j’ai la chance de diriger. Nous avons aujourd’hui un équilibre presque
parfait. Du jamais vu dans notre secteur !
- Même si la balle est plutôt dans le camp du gouvernement, nous avons
tous le devoir de pousser les jeunes filles fraichement diplômées du
baccalauréat, ou même plus tôt du brevet, à s’orienter vers des carrières
scientifiques, en université ou dans les grandes écoles d’ingénieurs. Ce
n’est pas suffisamment le cas aujourd’hui et c’est un problème pour nous
qui recherchons cette mixité.
- Même si je ne suis pas très favorable au concept de la discrimination
positive, la pousser au départ pour amorcer le mouvement. Cela permet de
montrer que cela marche … des « success stories » !
Les femmes doivent avoir confiance. Proposant un job à
une femme, il m’est souvent arrivé de devoir transformer la discussion où elle était
supposée me dire pourquoi « je devais la nommer » en une autre où
« je lui expliquais pourquoi elle serait parfaite pour le job ». Un
peu le monde à l’envers ! Les femmes ont souvent des réserves sur leurs
capacités, elles pensent toujours ne pas être prêtes. Elles pensent toujours
qu’il leur manque une étape. Les hommes jamais, ils doutent rarement en séance,
c’est autre chose après ! Lors des entretiens, j’ai souvent entendu:
"Gérald, je suis ton homme!".
Nous progressons par mimétisme. Or autour de nous ce sont
des hommes qui sont pour l’essentiel aux commandes. On a donc tendance à copier
des codes masculins. Quand les femmes seront en plus grand nombre, elles
pourront alors développer leur propre style de leadership.
Tout pourra alors s’accélérer.
Le monde à venir ne sera pas celui des femmes, mais celui
d'un véritable équilibre entre les deux genres. Un équilibre salutaire au
final.