16 février 2015

La seconde édition de la Conférence Européenne de la Diversité à la SG (La Défense) les 29 et 30 Janvier derniers


Lien sur le site : "La conférence Européenne de la Diversité"
(seconde édition)




Les 29 et 30 Janvier derniers, je participais à une table ronde lors de la seconde édition de la Conférence Européenne de la diversité qui se déroulait à Paris-la-Défense à la tour Société Générale. Le but de cette discussion était de faire le point sur ce sujet capital et de mesurer les progrès accomplis.

Voici en substance les points que j'ai eu l'occasion de développer:

  • Nous vivons une période unique. Il ne s’agit pas juste d’une crise mais d’un véritable « changement de monde » en reprenant l’image utilisée par Michel Serres. Le progrès technologique, l’ultra-médiatisation ou les réseaux sociaux viennent profondément modifier le cours des choses. Tout cela change notre façon de vivre, de travailler et même notre façon de penser.
  • Ces changements ne pourront pas être sans conséquence sur le leadership.
  • Dans ce contexte, davantage tourné sur l’émotionnel et l’intelligence relationnelle, les femmes pourraient être privilégiées car leur profil psychologique, comportemental et de leader semble parfaitement correspondre aux enjeux à venir.
  • Un équilibre entre femmes et hommes aux commandes du pouvoir va devoir être trouvé.
  • Enfin ! Pourrions-nous dire car les progrès accomplis sont très faibles. Nous parlons beaucoup. Les conférences se multiplient mais les chiffres ne montrent pas un progrès massif.
  • Et pourtant, tout montre qu’un équilibre au niveau de la diversité femmes/hommes rime généralement avec performance. De nombreuses analyses viennent conforter ce point de vue. Voir en particulier les papiers produits à ce sujet par McKinsey. Le patron de la société Mercer a ainsi déclaré : « when women thrive, businesses thrive ». L’exemple d’HP France me parait significatif à cet égard : deux femmes sur les 5 leaders d’entités business, 50% du business France entre les mains de femmes et HP France dans les 5 pays les plus performants au sein du groupe HP dans le monde !! Je ne sais pas s’il s’agit de la raison, mais rien inversement ne permet de dire que cette corrélation n’est pas l’explication !

Voilà pour les constats. La réalité est qu’il s’agit d’un véritable combat. Pour que les femmes émergent au sein des comités de direction opérationnels ─ et pas seulement au sein des conseils d’administration ─, au cœur des assemblées législatives, des comités politiques, des gouvernements, etc., il va falloir que des hommes cèdent des places ! Les femmes vont devoir gagner ces postes, comme elles ont gagné le droit de vote ou le droit à l’avortement. Prenons conscience qu’aucune femme ne dirige par exemple une entreprise du CAC 40 !!

 

Que devons-nous faire ?

 

Bien que je ne dispose pas de la recette miracle, je peux partager quelques réflexions et parler de certaines actions mises en œuvre au sein d’HP France :

  • Plus de discours, des actions !! C’est simple mais efficace. Il faut mettre les leaders en position de dire ce qu’ils font, au pire ce qu’ils vont faire. L’heure n’est plus aux déclarations d’intention, mais au concret. Personne n’est jamais venu dans une table ronde dire qu’il n’était pas d’accord pour trouver un meilleur équilibre !
  • Prendre garde à identifier des talents à développer dans les deux genres en proportions égales. Nous le faisons au cœur de l’entreprise que j’ai la chance de diriger. Nous avons aujourd’hui un équilibre presque parfait. Du jamais vu dans notre secteur !
  • Même si la balle est plutôt dans le camp du gouvernement, nous avons tous le devoir de pousser les jeunes filles fraichement diplômées du baccalauréat, ou même plus tôt du brevet, à s’orienter vers des carrières scientifiques, en université ou dans les grandes écoles d’ingénieurs. Ce n’est pas suffisamment le cas aujourd’hui et c’est un problème pour nous qui recherchons cette mixité.
  • Même si je ne suis pas très favorable au concept de la discrimination positive, la pousser au départ pour amorcer le mouvement. Cela permet de montrer que cela marche … des « success stories » !

Les femmes doivent avoir confiance. Proposant un job à une femme, il m’est souvent arrivé de devoir transformer la discussion où elle était supposée me dire pourquoi « je devais la nommer » en une autre où « je lui expliquais pourquoi elle serait parfaite pour le job ». Un peu le monde à l’envers ! Les femmes ont souvent des réserves sur leurs capacités, elles pensent toujours ne pas être prêtes. Elles pensent toujours qu’il leur manque une étape. Les hommes jamais, ils doutent rarement en séance, c’est autre chose après ! Lors des entretiens, j’ai souvent entendu: "Gérald, je suis ton homme!".

Nous progressons par mimétisme. Or autour de nous ce sont des hommes qui sont pour l’essentiel aux commandes. On a donc tendance à copier des codes masculins. Quand les femmes seront en plus grand nombre, elles pourront alors développer leur propre style de leadership.

Tout pourra alors s’accélérer.

Le monde à venir ne sera pas celui des femmes, mais celui d'un véritable équilibre entre les deux genres. Un équilibre salutaire au final.