04 septembre 2011

Chronique de rentrée (mois d'Août 2011)

Dessin de Frep
Voir blog "Crayon de nuit"
Nous sommes tous de retour ou presque et l'actualité fut dense cet été. L'Europe n'a jamais été aussi fragilisée. La Grèce peine à convaincre les investisseurs internationaux, les Etats partenaires et les institutions internationales. La situation est d'autant plus fragile que l'on sent bien que d'autres pays européens sont en limite de rupture. On le savait pour le Portugal et l'Irlande, mais l'Espagne, l'Italie ne sont pas loin d'un point de rupture. De quoi nous mettre en alerte, de quoi faire couler beaucoup d'encre, remettre en cause l'avenir de l'euro. Christine Lagarde s'est vu fustigée pour ses déclarations relatives aux banques européennes. Elle a simplement affirmé que les banques européennes devraient renforcer leurs capitaux. A-t-elle raison ou tort ? En tout cas, la majorité des commentaires allaient dans le sens d'un non sens, qu'elle était déjà à la solde des Etats-Unis. Il est vrai que les USA se débattent dans une crise sans fin et une récession naissante. Les dirigeants américains ont un intérêt évident à faire douter les investisseurs de la solidité des banques européennes. Ils ne mentent pas, ils mettent juste en avant ce que nous savons tous au fond. En cas de nouvelle chute des marchés, en cas de crise des liquidités, les banques auront du mal à suivre. Certains avancent que le problème n'est pas de recapitaliser mais d'assurer une bonne liquidité. D'autres prétendent que Christine Lagarde visait uniquement les banques qui n'avaient pas passé les "stress tests" de juillet. En bon économiste, je pense que les banques doivent maintenir un niveau de liquidité adéquat, sans cela c'est leur activité même de crédit qui sera en premier lieu affectée, mais qu'elles ont également la nécessité de renforcer leur niveau en capital pour faire face aux attentes du marché concernant les ratios de dettes sur capitaux solides. Je pense que Christine Lagarde n'a pas tort. Il n'y a pas de raison de s'alarmer outre-mesure, nos banques sont solides, mais en cas de nouveau tsunami, qui peut prédire le futur. D'autant que les états ne disposeraient plus des mêmes marges de manoeuvre qu'en 2008. Aujourd'hui les gouvernements, France en tête, court après des milliards de dollars, pour réduire cette dette globale qui commence à nous prendre à la gorge. Il faut être attentif au moindre détail. Un ami dirigeant me disait récemment que le monde ressemblait à une cocotte minute prête à exploser ! Un peu exagéré direz-vous. Sans doute, mais cela chauffe quand même. D'autant qu'à la tourmente économique et financière s'ajoutent la révolution des peuples arabes un peu partout, la recherche de démocratie est toujours une bonne chose, et des manifestations sociales, celles d'hommes et de femmes qui ne parviennent plus à se frayer un chemin dans le monde actuel. Dernier pays en date à connaître ce type de situation, Israël, qui signe des temps, n'y était pas habitué. On parle un peu partout de taxer davantage, des patrons revendiquent leur désir de payer plus, on parle de ponctionner plus d'argent sur les plus value des capitaux, mais attention il y a un revers à cela. Si tous les pays ne mènent pas ce mouvement de concert, on risque d'assister à des départs massifs de cadres dirigeants et/ou d'entrepreneurs, et là nous aurons perdu beaucoup plus. Je ne suis pas contre une augmentation des impôts, surtout pour les plus aisés, mais le niveau de taxation est déjà très élevé en France. J'ai quelques convictions: le capital mérite rémunération car ce sont les entrepreneurs qui prennent des risques, parfois énormes, souvent sans richesse spécifique au démarrage de leur entreprise. De nombreuses affaires, prospères aujourd'hui, ont débuté sur la volonté d'un homme ou d'une femme, qui a eu le courage de se mettre en danger. Ils assurent la croissance de l'économie française et créent une dynamique de l'emploi. Ce n'est pas rien. Sans eux, cela deviendrait très difficile. Une nation, fut-elle aussi grande que la France, a besoin de ces créateurs. Ce ne sont pas des spéculateurs, ils ne faut pas confondre, ce sont des leaders qui ont des idées et du courage. Alors protégeons cela, c'est une pépite pour nous tous. Et n'oublions pas aussi que peu d'entre nous ont ce talent en eux. Je pense qu'il est aussi normal qu'il y ait des graduations importantes dans les grilles de salaires au sein des entreprises de toute taille. Un PDG du CAC 40 par exemple a une responsabilité énorme sur ses épaules. Cela doit être payé. Je crois à l'inverse qu'il faut raison garder et que nous devrions réguler les salaires, certainement les plafonner par niveau. Je ne sais pas comment, mais c'est ce qu'il faudrait faire. On a abusé et aujourd'hui il ne devrait pas y avoir de tels multiples entre le président et le plus bas échelon d'une société donnée. On pourrait alors redistribuer un peu mieux le produit du travail et éviter les injustices sociales souvent criantes du moment. Je vous retrouve semaine prochaine pour une réflexion sur le dirigeant.