16 novembre 2013

Intervention devant les anciens d'HEC, groupement Stratégie de l'Entreprise

Le 1er Octobre dernier, j'intervenais devant les anciens d'HEC dont la synthèse (ci-dessous) a été rédigée par Didier Hauvette (Management et RH, HEC) et Jack Voileau (Stratégie de l'entreprise, HEC). Le texte sera publié dans la revue HEC "Hommes et Commerce".


Groupement Stratégie de l’Entreprise
Rencontre du 1er octobre 2013 avec Gérald Karsenti , PDG d’HP France
Pour Gérald Karsenti, nous vivons aujourd’hui la révolution de l’entreprise étendue  préfigurée dans les années 80 par Michael Porter. Les technologies numériques l’ont rendu possible. Ce qui génère une accélération des changements des « Modèles d’affaires » (Business models), une impérieuse nécessité d’innovation et une évolution inévitable des qualités nécessaires aux leaders.
Les modèles d’affaires changent très vite : la part du matériel dans le CA d’IBM, qui représentait il y a 10 ans 83%, est aujourd’hui de 12% ; Dell, qui a changé la donne dans les années 90, est aujourd’hui en difficulté ;  Amazon, de son côté évolue vers la distribution alimentaire !
Aujourd’hui, ce qui fait le succès d’un pays, c’est l’innovation : il y a une impérieuse nécessité à innover et les jeunes y sont prêts. Je le vois à HEC [1] : ils sont différents, ils n’ont pas de frontières, pas de complexes et beaucoup d’idées. Ils ont compris que l’innovation génère de la création qui génère à son tour de la valeur.
L’innovation peut faire peur : chez HP, à puissance comparable, un serveur occupe 10 % du volume des modèles précédents ; et ils sont de plus en plus puissants. Nous allons vendre moins de serveurs. Il faut donc identifier de nouvelles zones de création de valeur. Nous sommes en changement perpétuel.
Quels sont donc les éléments-clés pour réussir ce challenge de l’innovation ?
  • Gérer le capital humain (identifier les talents, les développer,…) ; si on se contente de vivre sur l’acquis, il se déprécie rapidement, comme le capital matériel. 
  • Donner aux femmes le rôle qui leur revient : les entreprises où les femmes sont plus nombreuses réussissent mieux, y compris sur le plan financier.
  • Faire évoluer la culture managériale : en 30 ans, les organisations sont passées d’un modèle mécaniste à un modèle organique ; ça nécessite beaucoup de délégation et les changements d’attitudes et de comportements correspondants.
  • Avoir une vision d’ensemble : pour HP, il s’agit de « Challenge 2017 ». Elle permet d’anticiper les différentes évolutions et de prévoir les plans d’actions, par exemple pour augmenter la rentabilité des secteurs moins rentables.
  • Utiliser les atouts dont nous disposons en France : nous utilisons beaucoup le Crédit Impôt Recherche ; c’est l’outil le plus efficace que je connaisse, dans le monde entier, dans ce domaine.

Et quelles implications en résulte-t-il pour les leaders, quelles qualités sont requises ?
Avoir une intelligence qui ne soit pas uniquement  analytique : certes, un bon QI est un prérequis ; en tant que dirigeant, il faut traiter 15 sujets dans la même journée. Mais il ne suffit pas,  il faut également de l’intelligence émotionnelle et de l’intelligence relationnelle.
S’entourer de gens brillants : ceux qui le font développent mieux leur organisation que les autres.
Avoir du courage : il sera indispensable demain plus que jamais.                                                  
Rester connecté : écartelés entre la dictature de l’immédiateté opérationnelle et la vision à long terme, c’est à mes yeux le seul moyen de ne pas devenir schizophrène ; lorsque le leader s’isole, il échoue.                                                                 
Rencontrer ses clients : il me paraît essentiel d’aller voir un nombre minimum de clients chaque semaine ; les clients disent la vérité.
Avoir une écoute active et bienveillante : indispensable pour mobiliser les talents et les énergies.
Cultiver son charisme, savoir séduire : celui qui est charismatique arrive à convaincre. Quand je reçois la CEO d’HP, il faut la séduire car c’est elle qui décide d’investir - ou pas- sur nos projets, en France.
Avoir  un « fou du roi » : un conseiller ou quelqu’un de ce type qui ne joue plus sa carrière. Les narcissiques explosent quand ils n’écoutent plus leur fou du roi. Et c’est également indispensable pour les autres !
Pour réussir, le parti pris de la fierté et de l’optimisme :
La France a beaucoup d’atouts. Et je veux porter le message d’une France qui réussit ! Il est important et urgent que nous réagissions pour en avoir rapidement les bénéfices.                 
Ce monde est ouvert, l’optimisme est une qualité indispensable pour demain. Un leader, c’est quelqu’un qu’on a envie de suivre, ce n’est pas un statut, c’est une qualité que les autres vous  reconnaissent. Il n’y a pas de leaders pessimistes, ça n’existe pas !

Didier Hauvette (Management et RH) et Jack Voileau (Stratégie de l’Entreprise)



[1] Gérald Karsenti est Professeur affilié à HEC