14 septembre 2009
Le capital humain
29 juin 2009
Pour mieux appréhender les théories économiques ...

Gérald K.
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Non, la monnaie n'est pas neutre, puisqu'elle influence l'activité économique. Non, l'impôt n'est pas un prélèvement obligatoire, puisque chacun peut toujours s'expatrier s'il estime n'en avoir pas pour son argent. Non, la justice sociale n'est pas un concept creux, c'est même la condition de l'existence d'une société démocratique. Non, le marché ne suffit pas à faire le bonheur et la concurrence à assurer l'efficacité. Reprenant les principales affirmations de la vulgate libérale, Jacques Généreux montre que, heureusement, elles n'ont pas grand-chose à voir avec ce que la réflexion économique a pu dire de sérieux, ni avec ce que le réel nous donne à constater. La science économique a été transformée en une théologie, grâce à une "lecture tronquée des textes sacrés" que conteste l'auteur.
Ce livre, en plus d'être brillant, est salubre et facile à lire. Le seul regret porte sur le titre, Les vraies lois de l'économie. En effet, le message des grands auteurs a été parfois travesti, c'est exact, mais qui peut prétendre détenir la vérité dans ce domaine? Jacques Généreux nous fournit une lecture plus nuancée, moins caricaturale et, pour tout dire, plus convaincante que celle de certains chroniqueurs radiophoniques du matin. Cela suffit à notre bonheur.
Denis CLERCAlternatives Economiques - n°199 - Janvier 2002
06 juin 2009
Un livre à découvrir …

Publié en 2005
Jean-Pierre Ponssard est directeur de recherche au CNRS. Il a publié plusieurs ouvrages et de nombreux articles en économie industrielle, théorie des organisations et théorie des jeux. Il est également professeur à l'École Polytechnique, titulaire du cours d'économie de l'entreprise et co-responsable du master économie et gestion.
David Sevy est principal (directeur associé) au sein du cabinet de conseil en économie LECG, dont il dirige le bureau parisien ; il est également professeur chargé de cours à l'École Polytechnique. Son activité professionnelle porte essentiellement sur des questions de politique de la concurrence et de réglementation, dans le cadre de dossiers impliquant de grandes entreprises issues de tous secteurs. Il a également participé à de nombreuses missions de conseil en stratégie.
Hervé Tanguy est directeur de recherche à l'INRA. Ses travaux portent sur les applications de l'économie aux problèmes de stratégie industrielle, finance et organisation d'entreprise. Il a conduit de nombreuses interventions dans les industries de base, l'agro-alimentaire, et les services. Il est aussi à l'origine de la création d'YKems, cabinet de conseil en stratégie fondé en 2001.
25 mai 2009
Les Français frustrés de ne pas comprendre les principes de l’économie …
- Apprendre aux jeunes lycéens, non pas uniquement les principes de l’économie, mais le débat, la réflexion. L’analyse à partir de faits et de données. Cela se perd et nous voyons le résultat ;
Tout ce qui est obligatoire est en général rejeté. Pourtant à bien y réfléchir, cela serait un moyen infaillible de s’assurer que nous avons une plus juste compréhension des mécanismes essentiels, que nous comprenons mieux les actes de nos gouvernants et des dirigeants d’entreprises et que nous ne sommes pas là au fond à subir les lois imposées par certains dans l’ignorance quasi générale. L’ignorance ou la résignation ? Il est vrai que l’Europe était censée apporter la stabilisation et le bonheur de tous. La crise est venue effriter les édifices pétris de certitudes.
Il est temps de relever les manches et de s’attaquer à ce problème passionnant de la diffusion d’une véritable culture économique !
17 mai 2009
La France fait de la résistance !

Est-ce la revanche du modèle social à la française empreint de Colbertisme ? Il faut se méfier des conclusions hâtives, mais il est vrai que le rôle joué par l’Etat dans l’économie nationale, que le nombre significatif de fonctionnaires en proportion de la population active et que les systèmes de protection en place constituent autant de boucliers ou de remparts dont ne disposent pas la plupart des autres nations. Il est également vrai qu’en cas de reprise, la France aura vraisemblablement plus de mal à (re)décoller. Le système français est un amortisseur mais pas une catapulte ! Peut-être. Mais gageons que nous n’avons pas fini de surprendre le monde … les français ne sont jamais aussi efficaces que lorsque la difficulté est là.
Il n’y a pas beaucoup de français qui viendront s’en plaindre. Il faudrait juste qu’ils aient un peu de mémoire dans quelques temps …
07 mai 2009
La théorie de l’avantage comparatif
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David Ricardo |
(1) David Ricardo est un économiste anglais né en 1772. IL devient l’un des membres les plus influents de l’école classique avec Adam Smith et Thomas Malthus. A sa mort en 1823, il laisse une œuvre considérable dont des traités sur la théorie de la valeur. Il s’oppose à toute forme de protectionnisme.
(2) Michael Porter, né en 1947, est professeur de stratégie d’entreprise à l’université de Harvard. Il a écrit de très nombreux ouvrages, devenus pour la plupart des références, comme l’avantage concurrentiel.
03 mai 2009
Les théories du management puisent leurs sources dans les fondements de la pensée économique
Le côté hermétique des travaux des économistes d’après-guerre pour l’individu lambda vient de cette propension — qui confine parfois à l’acharnement — à vouloir faire de l’économie ce qu’elle n’est pas : une science ! En utilisant systématiquement l’arsenal mathématique, les économistes ont rendu leurs propos abscons pour le citoyen qui n’a pas le désir de replonger dans ces cours de math de prépa ! Raté pour ceux qui ne disposent d’aucune culture scientifique et qui souhaitent juste comprendre les concepts économiques et financiers de base … Une fois le livre d’un Allais, Debreu ou Solow (tous prix Nobel) ouvert, le néophyte n’a qu’une hâte … le refermer ! Il est pourtant indéniable qu’ils fournissent au monde de l’entreprise et à la société plus généralement des vues et des explications pertinentes, tirées de travaux empiriques éprouvés.
Il est d’ailleurs intéressant de constater que la plupart des théoriciens modernes de la stratégie et du management s’inspirent — et continuent de le faire — des recherches de leurs aînés.
27 avril 2009
Est-il risqué d’être un patron de nos jours ?

Le blog de l’émission rappelle les faits :
Les "séquestrations" de dirigeants sont-elles légitimes ? Faut-il les sanctionner ? Le climat social est-il "révolutionnaire" ?
Mercredi, quatre cadres de Caterpillar, retenus toute une nuit, fin mars 2009, par les salariés, au siège de l’entreprise, à Grenoble, ont déposé plainte contre X pour séquestration.
De leur côté, deux dirigeants de l’équipementier automobile Molex de Villemur-sur-Tarn, en Haute-Garonne, ont estimé avoir été victimes d’une "prise d’otages", lorsqu’ils ont été séquestrés pendant vingt-six heures par des salariés.
Pour l’usine Continental de Clairoix, dans l’Oise, le gouvernement affirme avoir eu vent d’un repreneur potentiel. Le conflit a tout de même occasionné des manifestations en Allemagne, mais surtout des dégradations importantes, dans l’usine française ainsi qu’à la sous-préfecture de Compiègne, par des salariés en colère.
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Je prends une position claire sur le sujet. Je suis en désaccord total avec ces actes de violence répétés. Pourtant, je suis le premier à comprendre la détresse dans laquelle se trouvent toutes les personnes qui viennent de perdre leur emploi. Comment l’accepter quand on sait que la crise actuelle est le fait de financiers sans scrupule (ou incompétents, je ne sais pas ce qui est le pire !) qui se sont par ailleurs enrichis ? Comment l’acceptez quand on voit les salaires mirobolants attribués aux dirigeants salariés d’entreprises (parfois en perte) ? (il en est autrement pour les dirigeants fondateurs de mon point de vue). Les dysfonctionnements du système actuel sont nombreux. Trop nombreux. Mais la France est d’abord le pays des libertés, de la démocratie, où le débat sous toutes ces formes est possible. S’il y a opposition de vues, le dialogue doit être établi pour tenter de trouver une solution, ou la médiation dans d’autres cas. Dans les situations extrêmes où l’une des parties estime être lésée, les tribunaux sont là pour dire la loi et réparer les préjudices causés. Mais dans tous les cas, retenir quelqu’un contre son gré n’est pas acceptable. L’Etat ne doit pas accepter cela et doit intervenir. Les personnes fautives doivent être condamnées. La tolérance à ce niveau est impossible.
Certains dirigeants politiques parlent de « climat révolutionnaire » ! Bien sûr les tensions sont là. Comment pourraient-ils en être autrement ? Jamais une crise n’avait frappé le monde aussi lourdement. Mais il faut aussi raison garder et ne pas se laisser aller à des commentaires excessifs et dangereux. De nombreux esprits faibles (ou influençables) ne demandent pas mieux que de justifier leurs actions lâches — parfois violentes — sur la foi de déclarations d’hommes et de femmes au demeurant respectables. Je ne crois pas que la France puisse basculer dans une révolution … Elle peut sombrer dans la grève, dans la contestation, mais de là à imaginer le pire, il y a un pas que je ne veux pas franchir.
Je préfère et de loin me dire que les premiers signes de reprise se confirment dans certains pays. En Europe, comme aux Etats-Unis, elle sera longue à venir. Mais à n’en pas douter, la crise aura entraîné une profonde remise en cause, une réflexion intense sur nos systèmes, nos valeurs, notre gouvernance, nos lois, etc. Grâce à elle, nous aurons réfléchi sur ce que nous voulons vraiment.
Et ça, ce n’est pas rien.
20 avril 2009
La chine : prête à repartir ?
- Tout d’abord, les investissements en capital fixe en zone dite urbaine ont progressé de plus de 30% au mois de Mars 2009 (26,5% pour les deux mois précédents) ;
- Ensuite, la production industrielle a connu une augmentation de 8,3%, contre moins de 4% pour les mois de Janvier et Février ;
- Enfin les ventes de détails se sont envolées, affichant une croissance de plus de 14% en Mars 2009.
11 avril 2009
Le résultat trimestriel pour l’entreprise n’a aucun sens !
Franz-Olivier Giesbert signe un article intéressant à ce propos dans Le Point.fr du 26 Mars 2009 que nous diffusons ci-dessous.
Publié le 26/03/2009 N°1906 Le Point
« L'idée la plus stupide du monde »
Franz-Olivier Giesbert
Que la moralisation du capitalisme soit en cours, voilà enfin une bonne chose, et on ne s'en plaindra pas. Elle a simplement trop tardé.
Il y a des années que nous mettons en garde, au « Point », contre le « cupiditisme » et des pratiques goinfresques qui déshonorent un système économique, le capitalisme, qui est le pire de tous, à l'exception de tous les autres, pour paraphraser Churchill.
La croisade de Nicolas Sarkozy contre les banquiers ou les patrons gloutons est donc tout à fait justifiée. Elle peut apaiser un moment la haine sociale qui monte dans le pays. Mais il est clair que se pose, dans la foulée, la question de la refondation d'un modèle qui, avec son obsession du lucre, a creusé sa propre tombe.
Jack Welch, patron de General Electric pendant vingt ans, a tout dit là-dessus. Jusqu'au krach, c'était l'icône et le commandeur du capitalisme américain, un fanatique de la croissance et de la rentabilité, sacré naguère « manager du siècle ». Il nous assure aujourd'hui que l'obsession, chez les entrepreneurs, du résultat trimestriel et de la valeur de l'action était « l'idée la plus stupide du monde ». Dont acte.
Avant le G20, il est temps que les gouvernements commencent à songer aussi à l'après-crise, pour définanciariser une économie trop longtemps tyrannisée par des marchés qui, finalement, font la loi dans les entreprises. Jusqu'à ces licenciements dits boursiers, comble de « l'horreur économique », qui mettent les spéculateurs en joie. La finance est une chose trop importante pour être confiée aux seuls financiers. Depuis le temps qu'on le sait, il ne faudrait plus jamais oublier de s'en souvenir.
06 avril 2009
Interview de Dean Baker : "La solution, c'est d'organiser la faillite des banques."
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Dean Baker |
Interview publiée dans le numéro du 2 Avril 2009, page 51, édition papier.
Dean Baker : Certaines de nos plus grosses banques sont de manière évidente en faillite. La solution, c'est de les fermer, de procéder à une mise en faillite organisée, ordonnée. Au lieu de cela, avec le programme d'achat d'actifs toxiques, on va déverser des montagnes d'argent public, sans aucune transparence. Le mécanisme va, en fait, autoriser des investisseurs à acheter ces actifs toxiques avec de l'argent public quand, de leur côté, le risque sera minimal. En outre, c'est politiquement dangereux : dans quelques mois, les électeurs s'apercevront que des spéculateurs ont gagné des millions grâce à ce programme, sur le dos du contribuable.
Dean Baker : S'il s'agit d'un processus de faillite organisée, ce n'est pas vrai. Les dépôts de ces banques sont couverts par la FDIC [Federal Deposit Insurance Corporation, l'organisme fédéral chargé d'assurer les comptes bancaires] dans de larges proportions. D'autres créanciers essuieraient, certes, des pertes, mais ce n'est pas un drame. Et, de toute façon, ce plan ne sera vraisemblablement pas suffisant, il faudra revenir devant le Congrès demander une rallonge dans quelques mois. Autant régler le problème maintenant et sans gaspiller l'argent du contribuable.
Cette capitulation devant les banques n'est pas surprenante : la proximité de Tim Geithner [le secrétaire au Trésor] et de Larry Summers [président du conseil économique national à la Maison-Blanche] avec les milieux financiers était connue. C'est sans doute trop difficile pour eux de dire aux banques dont ils sont si proches : « Vous êtes la cause du problème. »
Dean Baker : Il se montre très actif et c'est ce qu'il faut. Le passage du plan de relance de l'économie de 700 milliards de dollars est un coup politique admirable. Le problème, c'est que ce n'est pas suffisant.
Dean Baker : Attendez les prochaines mauvaises nouvelles ! Le chômage, par exemple : on prédisait 10 % à la fin de l'année, en fait ce sera sans doute dès cet été. La bulle de l'immobilier commercial n'a pas encore fait sentir ses effets et ils seront terribles. La crise est loin d'être terminée.
Quant au déficit budgétaire, c'est un problème très exagéré. Quand la croissance sera revenue, il se résorbera très vite. L'endettement public américain est encore tout à fait supportable
29 mars 2009
La rémunération des dirigeants

La présidente du MEDEF — Laurence Parisot — était l’invitée en fin de soirée du « Grand Jury RTL – Le Figaro-LCI ». Interrogée sur les questions relatives à la rémunération des dirigeants, elle a pu affirmer ses positions. Un peu plus tôt, François Bayrou s’était également exprimé sur ces sujets, poussant à la suppression des stock-options pour les dirigeants du CAC 40, tout en concédant l’intérêt d’un tel système pour les PME-PMI. Essayons d’analyser les points de vue, tout en donnant notre opinion.
1) L’Etat veut interdire les parachutes dorés et le versement de rémunérations excessives pour les entreprises ayant bénéficié de son soutien financier du fait de leurs difficultés économiques. La patronne des patrons a clairement soutenu cette position. Nous aussi. Nous allons même un peu plus loin en suggérant que ces principes s’appliquent à toute entreprise qui se trouverait dans le rouge ou qui serait contrainte d’engager un plan social. Il serait aberrant ou paradoxal — en particulier vis-à-vis des clients — de se trouver dans une situation inverse.
Terminons en rappelant que les dirigeants-fondateurs ou dirigeants-actionnaires prennent de très gros risques en engageant leurs propres capitaux et qu’il est normal qu’ils en retirent en contrepartie des avantages financiers conséquents (valorisation de leur investissement, dividendes, etc.…). Juste rémunération de leur prise de position.
22 mars 2009
Les MBA en question …
Les universités américaines — et pour certaines européennes — prônent des règles simples dont l’une ne souffre d’aucune discussion : il faut servir en premier lieu l’actionnaire. De ce fait, les étudiants MBA de la célèbre Harvard Business School concentrent leur attention sur quelques concepts : rentabilité, efficience, retour sur investissement, profit et valorisation de l’entreprise. Chaque trimestre, il faut délivrer les chiffres comme on dit (voir notre article dans ce blog dans la rubrique « La crise économique » : halte à la dictature de Wall Street !). Mais on oublie de leur enseigner d’autres valeurs, plus humanistes. On oublie de leur dire que la maximisation du profit n’est peut-être pas le seul objectif. Il faut se souvenir qu’un candidat au MBA de l’université de Harvard ou de Stanford doit faire de nombreux sacrifices. S’il n’est pas supporté par une entreprise, il doit généralement emprunter un montant très significatif, prendre des risques, se mettre en danger, dans le seul objectif de détenir le sésame, le parchemin sacré. C’est cela même que valorisent les entreprises. Ce goût du risque et de l’aventure, plus que le contenu même de l’apprentissage. Et c’est bien dommage. Je crois que l’éducation à la française, si souvent décriée par certains, a de nombreuses vertus. Le contenu est fort. Les grandes écoles de management et les universités disposent d’un corps enseignant réputé, d’un contenu pédagogique et académique éprouvé, mais aussi d’un équilibre dans ce qui est enseigné. Sciences Po dans sa spécificité, HEC Paris ou d’autres grandes écoles, certaines universités — les IAE, Dauphine, la Sorbonne — sont des références que l’on devrait nous envier. Commençons nous-mêmes par en prendre conscience au lieu de chercher à copier le modèle américain qui vient de montrer ses limites et ses faiblesses. Certes nous devons poursuivre l’adaptation de notre système éducatif, nous devons veiller à laisser à chacun sa chance, nous devons nous intégrer dans la course mondiale, mais avec nos propres valeurs et notre différence. C’est ainsi que nous avons toujours gagné !
15 mars 2009
Pour en finir avec la pauvreté !


· Une entreprise qui gagne de l’argent mais qui ne cherche pas la maximisation du profit ;
· Une entreprise qui consacre la majeure partie de ses bénéfices à la production d’avantages sociaux ;
· Une entreprise qui ne rémunère pas ses actionnaires.
Une réaction des Etats, mais aussi de chaque citoyen du monde, s’avère de toute façon nécessaire lorsque l’on songe que 60% de la population mondiale doit se contenter de 6% du revenu mondial et que la moitié des humains doit vivre avec moins de 2 dollars par jour ! Il y a pire en fait : plus d’un milliard de personnes vivent avec moins de 1 dollar par jour … un véritable drame sous nos yeux. Ou plutôt loin de nos yeux. Cette situation de pauvreté extrême s’est propagée en divers endroits de la planète, au point de menacer les équilibres et la paix. Cette dernière est en effet fortement menacée par l’injustice économique, sociale et politique. La répartition des richesses est inégale, nous le savons depuis longtemps. Mais là, il ne s’agit plus de cela, mais de lutter pour éviter que des continents entiers ne disparaissent faute de disposer d’un peu de ressources. Il faut savoir que dans certains pays, quelques dollars suffisent à lancer une activité lucrative, suffisante pour faire vivre une famille, parfois plusieurs. Mais l’inégalité dans ce monde est forte. Elle contribue à créer le chaos, le désordre. L’absence de démocratie dans certaines zones, l’inexistence de liberté d’expression, la privation de droits pour certaines communautés sous-représentées, la violence envers les femmes, l’exploitation des enfants mineurs, la dégradation sauvage de l’environnement ou l’absence de droits de l’homme, sont quelques uns des maux dont nous souffrons.
Il faut réagir. La Grameen Bank accorde des prêts sans garantie pour les activités génératrices de revenus, des prêts au logement, des prêts pour financer les études de jeunes gens démunis, des bourses pour les plus talentueux, et des prêts destinés au lancement de micro-entreprises.
L’objectif est clairement annoncé : mettre la pauvreté au musée ! Une ambition irréaliste diront certains, irresponsables penseront d’autres, manipulatrice avanceront même les plus sceptiques ou les plus critiques. Certes, mais une chose est certaine, ce livre amène la réflexion sur un problème qui nous concerne tous puisque par ricochet il peut entraîner des conséquences dramatiques aux quatre coins du globe. Et c’est déjà d’en prendre conscience …
08 mars 2009
Walras : l’un des grands fondateurs de la pensée néoclassique

Léon Walras (1834-1910)
Biographie (source : Alternatives Economiques - Pratique n°21 - Novembre 2005)
Fils de l’économiste Auguste Walras, Léon Walras est connu comme le principal fondateur de l’approche économique néoclassique. En fait, il a été aussi critique vis-à-vis du libéralisme orthodoxe des économistes français que du socialisme de Marx et de Proudhon. Mais il existe un autre Walras, aux idées socialistes.
Très impliqué dans le mouvement coopératif à partir de 1860, il est invité en 1870 par le gouvernement suisse à enseigner à l’Académie de Lausanne, ville où il peut se consacrer à ses écrits théoriques. Il y rencontre Enrico Barone et Vilfredo Pareto.
Sa pensée
Son ambition était de montrer que l’économie pouvait être une science « pure », c’est-à-dire susceptible d’analyse indépendante des préférences idéologiques de l’analyste. C’est la raison pour laquelle Walras a choisi d’exprimer cette analyse en termes mathématiques (algébriques en fait), tout comme s’il s’était agi d’analyser un problème de physique ou de logique formelle. Il met en scène un ensemble d’individus tantôt producteurs, tantôt utilisateurs ou consommateurs d’un ensemble de biens et de services. Il montre, par un système d’équations, qu’il existe un système unique de prix pour lequel chacune des offres et des demandes qui résultent des comportements des producteurs et des consommateurs est équilibrée : l’équilibre général sur l’ensemble des marchés est donc atteint lorsque ce système de prix est en œuvre.
Mais la démonstration de l’existence d’un équilibre général, pour peu qu’on laisse les prix fluctuer librement, dépendait d’une hypothèse cruciale : tant que les prix d’équilibre ne sont pas trouvés (prix pour lequel offre et demande coïncident), aucun échange ne doit avoir lieu. Ce qui impose, ont fait remarquer les critiques de Walras, un système entièrement centralisé, avec un « commissaire-priseur » bloquant toutes les transactions tant que le marché n’est pas parvenu au prix d’équilibre pour chaque bien ou service. Hypothèse non seulement irréaliste, mais gênante, puisqu’elle aboutissait à suggérer que l’équilibre général pouvait être organisé par un planificateur aussi bien que par un marché. Toutefois, en montrant la possibilité d’un équilibre général issu du fonctionnement de marchés parfaits et dont les prix reflètent l’utilité marginale des acteurs, Walras a jeté les bases de l’analyse orthodoxe… alors même qu’il se réclamait du socialisme.
Ses écrits
Œuvres diverses, éd. Economica, 2000.
Les œuvres économiques complètes d’Auguste (le père) et de Léon Walras sont en cours de publication aux éditions Economica (les volumes V à XIII consacrés à Léon sont tous publiés). Les Eléments d’économie politique pure constituent le tome VIII, les Etudes d’économie sociale pure le tome IX et les Etudes d’économie politique appliquée le tome X.
« De la propriété intellectuelle » (1859), Journal des économistes.
L’économie politique et la justice (1860), éd. Economica, 2001.
« Théorie de la propriété » (1896), Revue socialiste.
« Le problème fiscal » (1896), Revue socialiste.
« Théorie du libre-échange » (1897), Revue d’économie politique.
« Théorie du crédit » (1898), Revue d’économie politique.
Pour aller plus loin
La société n’est pas un pique-nique, Léon Walras et l’économie sociale, Pierre Dockès, éd. Economica, 1996.
« Le socialisme singulier de Léon Walras », Alternatives Economiques n° 193, juin 2001.
« Léon Walras, fondateur de l’économie néoclassique », Alternatives Economiques n° 213, avril 2003.
01 mars 2009
Le capitalisme
Son étymologie vient du latin “capitalis” de “caput” (la tête), ce qui représente les animaux d’un cheptel. Economiquement le terme apparaît au 16ième siècle. C’est avant toute chose un système économique et social, dont la caractéristique essentielle est la propriété privée des moyens de production (notion d’entreprise privée). Fondé sur la liberté des échanges (libéralisme), ses mobiles sont l’accumulation du capital et la recherche de profit — juste contrepartie de l’investissement réalisé (capital) et des risques encourus.
Dans la réalité, le capitalisme peut prendre différents visages. Il existe de nombreuses variantes. Il n’exclut en aucune façon un certain interventionnisme d’état. Certaines fonctions — comme la police, les hôpitaux ou les écoles — ne peuvent en effet être gérées par le capital privé et nécessitent des intérêts publics.
Dans notre subconscient, nous associons souvent les mots “capitalisme” et “spéculation”. Cette dernière a largement contribué à généraliser un certain nombre d’idées préconçues, souvent fausses et presque toujours dangereuses. Le “capitalisme” est avant tout le fait d’hommes et de femmes dont l’esprit d’entreprise les amène naturellement à parier sur l’avenir. Ils le font généralement en poussant de nouveaux concepts, en innovant et en créant de la valeur.
Ceux qui veulent sa mise à mort ont certes des raisons. Ses débordements et excès ont conduit l’économie au bord du gouffre. Pour les Marxistes — nous y reviendrons ultérieurement — le capitalisme s’identifie avant toute autre chose à une forme d’exploitation des travailleurs par les propriétaires (les patrons).
Certes le système libéral n’est sans doute pas la panacée. Mais a-t-on seulement réfléchi par quoi le remplacer ? Quel modèle ou système économique peut assurer, et même garantir, la survie de l’humanité, sans chaos, sans guerre, dans un climat serein ? Si l’on en croit les statistiques, à l’horizon de 2050, nous devrions être 15 milliards d’individus à partager les ressources de notre chère planète terre ! De quoi se poser quelques questions ?
21 février 2009
Il faut une relance par la consommation !
18 février 2009
Keynes est plus que jamais d'actualité !
John Maynard Keynes (1883-1946)
Biographie (source : Alternatives Économiques - Pratique n°21 - Novembre 2005)John Maynard Keynes, qui a révolutionné l’économie, au point que ses différents courants se définissent aujourd’hui par rapport à sa pensée, est un pur produit de Cambridge. Il a fréquenté l’élite intellectuelle de cette ville universitaire dès son plus jeune âge. Passionné par la politique, il a pris position sur les dossiers chauds de son temps, notamment en tant que journaliste, mais aussi en tant qu’acteur de la vie économique et politique. Il quitte momentanément l’enseignement à Cambridge pour travailler au Trésor britannique qu’il représente à la conférence de la Paix à Versailles. Formellement opposé aux réparations de guerre que le traité de 1919 impose aux Allemands, il les dénonce dans son pamphlet Les conséquences économiques de la paix (1919). Il démissionne alors du Trésor britannique et revient à Cambridge.
C’est dans le contexte de la crise économique des années 30 qu’il rédige son œuvre fondamentale : La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936). Mais c’est pendant la guerre, sous le gouvernement de Winston Churchill, que Keynes atteint le sommet de son influence. Ainsi, en 1944, à la conférence de Bretton Woods qui crée le Fonds monétaire international (FMI), il est l’un des principaux architectes du système monétaire international de l’après-guerre.
Sa penséeS’il fallait résumer la pensée de celui qui a le plus marqué la réflexion économique du XXe siècle, ce pourrait être : « Oui, le marché engendre du chômage involontaire. » Dans son grand oeuvre – La théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie –, Keynes avance deux types d’explication possibles pour rendre compte de cette tendance du capitalisme à fonctionner en deçà de ses potentialités :
– une explication radicale, fondée sur l’incertitude du futur, qui pousse les hommes d’affaires à faire montre de prudence et, du coup, à investir moins qu’ils ne le devraient ;
– une explication plus traditionnelle, fondée sur le fait que toute insuffisance initiale de la demande tend à engendrer un cercle vicieux : moins de demande, donc moins de débouchés, donc moins de production, donc moins de salaires, donc moins de demande…
Alors que la deuxième analyse débouche sur une politique économique visant à regonfler la demande défaillante, la première passe par des institutions et des règles capables de réduire l’incertitude de l’avenir. Ces deux lectures de Keynes débouchent donc sur deux rôles assez différents de l’Etat : c’est toute l’ambiguïté d’un personnage brillant, capable de suivre plusieurs idées à la fois sans jamais trancher entre elles. Et c’est ce qui en fait aussi la richesse.
Ses écritsLes conséquences économiques de la guerre (1919), éd. Gallimard, 2002, dans un volume qui contient aussi Les conséquences politiques de la paix de J. Bainville.
La fin du laissez-faire (1926), Agone éditeur, 1999.
Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936), éd. Payot, 1990.
Essais sur la monnaie et l’économie (articles – dont « La fin du laissez-faire » – rédigés entre 1923 et 1931), éd. Payot, 1972.
La pauvreté dans l’abondance (articles – dont « La fin du laissez-faire » – rédigés entre 1924 et 1938), éd. Gallimard, 2002.
Comment payer la guerre (1940), éd. L’Harmattan, 1997.
Pour aller plus loin
« Deux Keynes pour le prix d’une théorie », Alternatives Économiques n° 173, mars 2000.
« Keynes, un social libéral avant l’heure », Alternatives Économiques n° 202, avril 2002.
« John Maynard Keynes ou l’économie au service du politique et du social », Alternatives Économiques n° 220, décembre 2003.
Pour une bibliographie complète, voir le site du Center for Economic Policy Analysis (CEPA)