La politique est un métier. Il ne faut pas se tromper. On ne peut pas s’improviser « homme ou femme » politique du jour au lendemain. C’est même un long apprentissage. Il faut des années pour se préparer aux métiers de ministre, de député, de maire, et à fortiori à la fonction suprême, la présidence de la république. La preuve a été faite à maintes reprises que des « civils », nommés à des fonctions gouvernementales, avaient presque toujours échoué, faute de préparation ou de savoir-faire, dans leurs tâches. Ce n’est pas un hasard. Pour réussir en politique, il faut avoir au-delà des compétences techniques une connaissance approfondie des rouages politiques, du fonctionnement des instances et des organes de la vie publique. Cela s’apprend, sur les bancs de Sciences Po ou sur ceux de l’ENA. On peut aussi découvrir tout cela sur le terrain, au fil des ans. En théorie, il faudrait avoir eu les deux pour être fin prêt, ou du moins bien préparé. Pourtant, nous ne pouvons pas dire que les « politiques » nous impressionnent par leurs résultats si l'on regarde les cinq ou six derniers septennats ou quinquennats. D’une élection à autre, un processus équivalent se répète inlassablement. L’espoir tout d’abord des promesses, auxquelles on ne croit plus toujours, suivi de satisfactions et de déceptions. Depuis le temps où je suis en âge de voter, je ne me souviens plus d’une présidence qui ait totalement convaincu. Aucune en fait.
J’ai alors réfléchi à la façon dont les grandes entreprises identifient et préparent ce qu’elles appellent leurs « hauts potentiels » aux fonctions de commandement et je me suis demandé s’il n’était pas possible de transposer à la politique un modèle équivalent.
Les entreprises détectent en effet les jeunes cadres qui pourraient devenir les leaders de demain, les dirigeants de l’entreprise. Elles essaient de percevoir chez eux ces qualités de leadership qui les distinguent des autres, ces marques qui font d’eux des êtres à part, des personnes que l’on a envie de suivre naturellement. La préparation peut ensuite varier d’une firme à l’autre, mais globalement il existe une sorte de schéma établi, fait de missions à l’étranger (des expatriations), de postes dans diverses « business units » pour se préparer à tous les modèles de l’entreprise, de jobs dans des fonctions transverses, comme les ressources humaines ou la finance par exemple et de formations à chaque étape de carrière. Ce n’est qu’après de nombreuses années et de multiples missions que l’on se sent capable de prendre les rênes d’une firme, en assumant toutes les responsabilités que cela englobe.
Alors pourquoi ne pas faire un parallèle avec la politique et mettre en place un type de préparation équivalent.
Il faut se rappeler que la politique n’est pas neutre. Elle impacte la vie des citoyens, le contexte économico-social d’un pays et l’image de la nation à l’international. Des politiques qui ne maitrisent pas ces trois dimensions peuvent créer des déficits dramatiques qui, cumulés sur des années, aboutissement à des gaps irréversibles, ceux-là même qui nous empêchent de fonctionner correctement aujourd’hui et pour longtemps. Bien entendu, ces propos s’appliquent à toute nation, des Etats-Unis à la Russie, en passant par l’Italie, la France ou le Japon. Personne ne peut raisonnablement échapper à ce constat.
Fort des ces observations, et inspiré par les écrits politiques du grand Aristote, je me suis alors demandé s’il ne serait pas possible d’établir une sorte de chemin de carrière pour chaque fonction politique clé. Pourquoi ne pas imaginer que pour accéder à un poste de ministre il faudrait obligatoirement :
1) avoir occupé des fonctions opérationnelles clés en entreprise (grandes ou PME-PMI) puis de direction (pour savoir ce que peut être l'impact de ces actions sur le tissu économique du pays), sachant qu'être au contact d'entreprises ne veut pas dire qu'on puisse forcément les comprendre ! Cela ne suffit pas ... ;
2) avoir été en fonction dans un ou deux pays étrangers pour des périodes minimales de 2 à 3 ans (pour davantage mesurer l'impact de son action sur les pays environnants et sur d'autres cultures que la nôtre) ;
3) avoir exercé une fonction locale (pour mesurer l'impact de ces actions sur le citoyen, l'homme et la femme de la rue ... nous). Dans ce dernier point, cela pourrait être des fonctions de "maire", de direction dans une chambre de commerce locale par exemple ou encore dans un groupement professionnel (celui des boulangers ou des artisans, ...).
1) avoir occupé des fonctions opérationnelles clés en entreprise (grandes ou PME-PMI) puis de direction (pour savoir ce que peut être l'impact de ces actions sur le tissu économique du pays), sachant qu'être au contact d'entreprises ne veut pas dire qu'on puisse forcément les comprendre ! Cela ne suffit pas ... ;
2) avoir été en fonction dans un ou deux pays étrangers pour des périodes minimales de 2 à 3 ans (pour davantage mesurer l'impact de son action sur les pays environnants et sur d'autres cultures que la nôtre) ;
3) avoir exercé une fonction locale (pour mesurer l'impact de ces actions sur le citoyen, l'homme et la femme de la rue ... nous). Dans ce dernier point, cela pourrait être des fonctions de "maire", de direction dans une chambre de commerce locale par exemple ou encore dans un groupement professionnel (celui des boulangers ou des artisans, ...).
Ainsi, le ministre en question pourrait mesurer mieux que personne ce que veut dire de « diriger » une entreprise, mieux que personne ce que ressentent les citoyens « localement » et mieux que personne la façon dont nous sommes ressentis, nous autres français, dans d’autres pays, par d’autres cultures.
Ce parcours serait profitable à tous, à ceux et celles qui dirigent d’une part et aux administrés d’autre part puisqu’ils sauront qu’ils viennent de donner les clés à des leaders avertis.
Mon propos n’est pas de critiquer la compétence des politiques actuels, qu’ils soient de droite ou de gauche, du gouvernement actuel, du précédent ou de ceux d'avant, français, allemand ou anglais, mais de faire un double constat qui s'applique à tous et de tout temps :
1) la politique est un métier qui, comme tous les autres, s’apprend.
2) il faut aussi savoir de quoi on parle.
1) la politique est un métier qui, comme tous les autres, s’apprend.
2) il faut aussi savoir de quoi on parle.
Les entreprises ont mis au point des processus très évolués, qualifiés de « programme de gestion des talents et des hauts potentiels ». Le monde politique n’a pas conduit de réflexion semblable. On nomme encore trop de personnes pour des raisons de « reconnaissance » et/ou de « fidélité », critères louables s’il en est, mais qui, dans les périodes troublées que nous vivons actuellement, ne devraient pas perdurer.
Je suis convaincu que le monde politique gagnerait à conduire cette analyse. L’armée a fait cela. Les futurs généraux et colonels suivent de nombreux stages dans des environnements extérieurs à leur monde et découvrent d’autres façons de commander et de diriger. Le résultat est probant. A chaque fois qu’il m’a été donné de côtoyer de futurs grands officiers, j’ai été impressionné par leur simplicité, leur ouverture d’esprit et leur savoir.
En d'autres termes, si je suis convaincu qu'il faut avoir vécu de nombreuses campagnes pour devenir un Homme politique (la politique est un combat), je pense qu'il faut aussi bien connaitre l'environnement dans lequel on va exercer ses missions. Je voudrais terminer par un exemple. Prenons le ministère de la justice. Il serait intéressant que le ministre en charge ait été lui-même juge, avocat ou qu'il ait exercé d'autres missions juridiques. Qu'il ait été en charge de fonctions dans d'autres pays, par exemple au sein du ministère de la justice allemande ou italienne. Qu'il ait enfin été en charge de médiations pendant des années au niveau du citoyen ou qu'il ait pris des fonctions au sein d'une préfecture pour voir de plus près la vie de l'individu lambda. Juste un point de vue ...