04 novembre 2012

Devoir de mémoire et ... entreprise

Il y a en France de très nombreux monuments aux morts. Ils sont là, au coeur de nos villages et villes. On y prête plus trop attention avec le temps. Et pourtant, les centaines de milliers de noms qui y figurent étaient pour l'essentiel de jeunes gens, entre 17 et 23 ans, maximum 25/28 ans. Si nous avions la possibilité de visionner leurs photos ou le film de leur vie, si courte, nous aurions un choc. Nous verrions des visages jeunes, plein d'avenir, le regard lumineux et le sourire radieux. En fait, lorsque l'on songe à eux, on pense plutôt aux "anciens combattants". On imagine des personnes âgées. C'est sans doute une erreur que nous faisons tous. Ce n'est pas tant que cette image ne soit pas belle, nos anciens ont du mérite, mais dans notre subconscient, nous associons cela à quelque chose de passé et un peu de désuet. Quelque chose dont on a plus envie de parler. C'est franchement injuste car ces jeunes générations ont donné leur vie pour nous. Nous leur devons quelque chose. Quoi ? C'est difficile à dire. Ou plutôt tout le monde peut mettre dans le panier de la mémoire ce qu'il veut bien y déposer. On y met ce que l'on veut donc, mais il faut honorer leur mémoire. En le faisant c'est notre histoire que nous sanctifions, c'est-à-dire nos racines, notre culture, nos valeurs. C'est d'autant plus fort que sur ces monuments, il y avait des français de naissance, mais aussi des français venant d'autres origines, voire des étrangers, des maghrébins en particulier (nombreux sont ceux qui sont morts pour la France), des chrétiens, des protestants, des juifs et des musulmans. Mélange de culture pour une cause commune. A l'heure où nous allons rentrer dans les commémorations et les célébrations, le 11 Novembre en particulier, il faut garder ceci en tête. Des hommes et des femmes ont donné leur vie pour une cause qu'ils croyaient juste. 
Dans l'entreprise, c'est un peu la même chose. Ne pas entretenir la mémoire de l'entreprise et son histoire revient à la laisser dépérir. L'histoire d'un peuple est faite de hauts et de bas, de bons moments et de très mauvais. Dans l'entreprise, c'est un peu la même chose. Il y a les périodes fastes, de développement, de croissance et d'embauche. Et puis les moins bonnes. Un plan social, c'est un peu comme une déchirure pour les dirigeants qui le conduisent, mais surtout pour celles et ceux qui le subissent. Cette rupture entre ceux qui restent et ceux qui partent sonne un peu comme un tocsin, certes moins dramatique, mais tout de même, on coupe des liens forts qui nous unissaient à quelque chose qui faisait partie de nous, on rompt une synergie que l'on croyait immuable. C'est pour cela qu'il faut choyer la culture au sein de l'entreprise. La culture n'est pas neutre. C'est un bien immatériel, difficile à valoriser dans un bilan, et pourtant sa valeur est immense et son impact fantastique. Il faut préserver cette adhérence que chaque salarié a avec son entreprise, comme autrefois, lorsque nous faisions corps avec le village, l'école ou même l'entreprise régionale. Chaque dirigeant devrait favoriser ce devoir de mémoire
Il est drôle de constater que le phénomène est identique à l'observation précédente. Peu de jeunes diplômés, fraichement recrutés, ont le souci de connaitre l'histoire véritable et profonde de l'entreprise. Cela fait un peu réchauffé. Pas très "glamour". Le passé c'est le passé.  Ils ont tort. La passé sert à construire les fondements de la réussite à venir. Le passé, c'est notre ancre. C'est ce qui pousse des hommes et des femmes à faire des choses extraordinaires, des choses qu'ils ne feraient pas dans un contexte où l'entreprise n'aurait pas de recul et de ... mémoire. 
L'entreprise a un grand intérêt à protéger son histoire et son passé. Elle a intérêt à les construire et à les transmettre. Ce passé, cette mémoire, c'est sa culture. Et la culture fonde les plus grandes réussites, car pour elle, on peut gravir des montagnes et changer le monde. Parce que l'on sait que nos lignes, nos mots, nos actes viendront s'ajouter à celles et ceux de nos prédécesseurs, sans s'évaporer. Ils viendront au contraire consolider les acquis de l'entreprise pour la rendre plus forte. Devoir de mémoire !