La crise économique que nous vivons aujourd'hui se transforme peu à peu en crise sociale, un peu partout en Europe, un peu partout dans le monde, avec comme toujours des points culminants, des zones plus touchées que d'autres. A sa source, il y a une crise financière. Les flux financiers dégressifs et les problèmes monétaires se traduisent vite par de la décroissance et des déséquilibres divers. En France, comme ailleurs, notre industrie souffre, le chômage s'aggrave et nous parlons de plus en plus de ... pauvreté. Qui aurait pu penser que certains pays européens comme l'Espagne, le Portugal, la Grèce ou l'Italie connaitraient les mésaventures actuelles ? C'était peu prévisible. Et pourtant, nous y sommes et la France n'en est pas loin. Les courbes de l'endettement, de l'emploi et de la balance extérieure sont arrivées dans une zone dangereuse où l'action devient nécessaire. D'où le plan adopté par le gouvernement dans la lignée du rapport Gallois. Choc, pacte ou trajectoire de compétitivité, tous les termes ont été employés, mais au fond peu importe, seul compte le résultat, il faut redresser l'industrie, générer de la croissance, source d'expansion et de création d'emplois. L'Europe a besoin de cela pour exister et vivre en paix. Sans croissance, l'Europe ne peut pas s'en sortir.
Il existe deux raisons majeures de révolte pour un peuple: la faim et la privation de liberté. "La seconde est acceptable un temps tant que la faim ne gagne pas les chaumières" disait le diction. Mais que se passe-t-il lorsque le pain vient à manquer et que la liberté file en lambeaux ? Eh bien c'est la révolution !!! En sommes-nous là ? Bien sûr, nous sommes loin d'une révolte ou d'une guerre, bien que certains intellectuels aient pu récemment prédire la possibilité d'un conflit mondial. Je n'y crois pas. Mais pour s'assurer que tout ira pour le mieux, il faut veiller à préserver cette paix qui est si importante pour tous les équilibres.
Récemment, l'Europe a reçu le prix Nobel de la paix. Cette annonce a été diversement appréciée. Certains ont applaudi des deux mains. D'autres ont critiqué cette décision qui favorisait une région du monde.
Je fais plutôt partie de la première catégorie. J'ai vu dans cet événement la consécration du travail des générations passées. Nous vivons sur un continent qui a connu des horreurs sur des millénaires. Les pires sont sans doute arrivées au XXe siècle. Confrontés à des idéologies totalitaires, nous avons connu les pires catastrophes humaines, certaines surpassant et de loin nos pires cauchemars. L'union européenne, car il s'agit bien d'une union, a permis l'unification pacifique d'un continent. D'un conflit cauchemardesque franco-allemand, étalé sur trois guerres, sur deux siècles, nous avons construit une alliance et une force. L'union en Europe, une fédération aux Etats-Unis, le modèle est différent, mais la logique est la même. Seule compte la paix.
Nous devons faire face en permanence à des chocs. Des chocs de civilisation, des chocs industriels, des chocs culturels, et aujourd'hui un choc de compétitivité. En toile de fond, il y a des crises, des redressements, des hauts et des bas. Un peu comme dans toute association. Une entreprise, un gouvernement, une association, un couple, peu importe. Tout ne peut pas être rectiligne. Mais une chose est certaine.
On est plus fort quand on est uni.
On est plus fort quand on part le même language.
On est plus fort quand on partage des valeurs communes.
Alors oui, ce prix Nobel de la paix avait à mes yeux beaucoup de sens.