La crise qui nous frappe depuis 2008 amène certaines personnes, souvent les mêmes, à penser qu'hier était mieux qu'aujourd'hui. Alors arrêtons-nous quelques instants sur cette considération nostalgique. Est-il vrai qu'avant tout était mieux ? Où est-ce juste une vue de l'esprit de celles et ceux qui préfèrent au fond que rien ne change et que tout redevienne comme avant ? Il y a un peu de tout ça.
Et puis, tout dépend où l'on positionne le curseur du temps.
Et puis, tout dépend où l'on positionne le curseur du temps.
Certains diront que cela fait près de 70 ans que nous n'avons pas connu de conflit mondial (voir ci-dessous le lien sur le dernier post de Michel Serres et Michel Polacco dans le Sens de l'Info sur France Info). Certes, ce n'est pas faux, mais que dire des guerres localisées à des régions plus limitées, en Algérie, en Afghanistan, en Irak, sans parler des guerres qui prennent une nouvelle forme, le terrorisme, les attentats, les guerres d'indépendance, les mafias, les gangs, les ghettos qui se forment dans les banlieues et qui sont souvent hors contrôle. La violence a toujours fait partie de nos vies. Elle évolue simplement. Elle se modernise, elle s'adapte, elle change d'allure, mais elle a toujours été là. Nous sommes marqués par les massacres perpétrés par les hommes, tous ces holocaustes qui ont à l'humanité le visage insoupçonné de l'inhumanité. Mais ces 70 ans sans massacre d'une ampleur équivalente, nous les devons à quoi ? A l'apprentissage ? A l'expérience ? Non, je pense que nous le devons en Europe à la construction d'une communauté, merci à nos pères, et à la peur. La peur guide les pas de l'homme. Les plus grands tyrans se méfient de nos jours. Ils savent que la sanction ne tarde plus trop de nos jours. Les fous et les barbares ont toujours existé, il y en aura toujours. Malheureusement. Il faut juste les mettre sous contrôle.
Alors pourquoi cette nostalgie ?
Le progrès technique, dans les domaines des télécommunications, de l'informatique mobile, des médias, du divertissement, du cinéma ou de la médecine, rend notre vie plus sûre, plus énergisante, nous la vivons en meilleure santé. Nous vieillissons mieux. Nous allons à l'école dès notre plus jeune âge, du moins dans les pays occidentaux, nous bénéficions d'une sécurité sociale, d'aides quand nous en avons vraiment besoin, nous sommes plus en sécurité. Notre vie est bien meilleure qu'avant en réalité.
Alors pourquoi cette nostalgie ?
Meilleure santé, meilleure éducation, accès à l'information, liberté, paix. Que demandez de plus ? Je pense que la nostalgie qui nous frappe vient de l'anéantissement de certaines valeurs qui faisaient la grandeur de nos nations. Prisonniers de nos claviers, endoctrinés par tout un tas de penseurs modernes qui structurent nos esprits, nous nous sentons de plus en plus isolés. Un combe, un paradoxe. Isolé dans un monde de communication et de réseaux. Les réseaux sociaux du reste ont pris le relais de nos vies bien réelles. Nous vivons par procuration dans le virtuel. Certains vivent avec leur smartphone comme s'il s'agissait d'une extension d'eux-mêmes !
Alors on veut revenir à l'essentiel, on veut retrouver les valeurs qui nous tiennent à coeur dans tout ce que nous faisons. On veut se retrouver entre amis, débattre à nouveau, avoir des contacts, s'engueuler, rire, pleurer, éprouver des émotions. On veut travailler pour des entreprises qui ne cherchent pas à nous formater, pour des entreprises qui nous entrainent dans un projet, simple mais enthousiasmant, un projet dont les valeurs seront les nôtres, un projet dans lequel nous pourrons nous inscrire sans nous poser mille questions.
Alors oui si on se compare au passé, surtout lointain, sur un plan matériel, sur le plan de la paix, on peut penser que nous sommes mieux aujourd'hui.
Mais si on se compare au passé sur le plan des valeurs, c'est plus compliqué. Je crois que la principale raison est liée au manque de temps et au manque de réflexion. Comme nous en manquons, nous suivons la pensée générale, j'allais dire unique, et nous oublions de nous arrêter quelques instants, pour remettre en cause ce qui parait établi. Or, bonne nouvelle, rien n'est vraiment figé, tout peut être remis en cause, c'est juste une question de volonté et de courage. Il faut juste le décider et commencer non pas à se rebeller, ou à s'indigner comme on le disait récemment, mais à réfléchir.
N'est-ce pas finalement l'un des points essentiels qui différencie l'homme des autres espèces? Notre cerveau ! Et si on décidait de s'en servir vraiment et de ne plus confier notre système de réflexion à des médias, à des réseaux qui nous disent ce que nous devons penser, ce que nous devons faire et même comment nous devons nous sentir !
Il faut se souvenir du passé. C'est notre histoire, notre culture, mais il ne faut pas en être prisonnier. La vie est une course en avant qui réserve de belles surprises.
Le passé est un trampoline qui doit nous servir à rebondir pour aller plus haut, vers un monde plus sain, plus équilibré, plus en ligne avec nos aspirations profondes. Et celles d'aujourd'hui ne sont justement pas celles d'hier !