22 octobre 2012

Notre besoin de parler et d'échanger ...

Alors que je faisais mon footing dans Paris ce dimanche, le temps était radieux du reste, j'ai pris conscience que les bars branchés s'étaient multipliés comme des petits pains. La décoration est en général très tendance et l'ambiance dynamique. On ne vient plus là que pour boire un verre entre amis, mais aussi pour faire des rencontres, connaitre des gens, de nouvelles personnes, se mettre en réseau comme on dit. Sur un plan plus personnel, on vient aussi y chercher l'âme soeur. Bref, dans tous les cas, on veut faire des rencontres. 
C'est assez paradoxal quand on y songe puisque nous sommes justement à l'ère des réseaux virtuels, de l'internet, de Facebook, de Linkedin, et d'autres réseaux sociaux qui nous incitent inconsciemment au retranchement. S'ils ont leurs vertus (je suis moi-même sur Linkedin et comme vous le savez j'ai un blog (:-)), nous connaissons les limites et les dangers de tout excès, le numérique n'échappant pas à la règle. On connaissait "un verre, ça va, deux (ou trois) bonjour les dégâts !", on pourrait avoir "une à trois heures de connexion ça va, 5 à 6 heures bonjour les dégâts !". 
Donc bonne nouvelle la société génère toujours ce désir de contacts physiques, de dialogues, d'échanges. Pour le commercial que je suis, c'est rassurant et même rafraichissant. Tout ne se passe pas à coup de clavier. Il faut les deux. Ils sont certainement complémentaires.
Il faut admettre que les mises en relation sont plus complexes qu'avant.
Trouver un emploi est complexe.
Trouver des amis n'est pas si simple (excepté ceux que nous avions déjà !).
Trouver l'âme soeur devient hasardeux. Comment évaluer les valeurs partagées de nos jours ? 
Trouver des collègues avec qui on peut partager ses réflexions sur l'avenir ? Sur l'entreprise de demain par exemple.  
Trouver des investisseurs pour se lancer ... complexe aussi. 
Trouver des partenaires pour monter une société, des hommes et des femmes qui partagent les mêmes goûts, les mêmes passions, voilà encore un beau challenge. 
Tout est devenu plus compliqué. Les réseaux nous aident à établir des liens mais ensuite rien ne remplace la confiance d'un sourire, d'un regard, d'une poignée de mains. Hum ... cela me va. 
Au travail, la transformation des bureaux en "open spaces" (plus conviviaux mais moins confidentiels) et la nouvelle loi interdisant la cigarette dans les lieux publics ou de travail, ont engendré un changement là aussi assez majeur. La machine à café, la fameuse machine à café, s'est déplacée à l'extérieur des bâtiments, au moins pour les fumeurs. Ils prennent leur café (à la machine à café ou ailleurs) et sortent dehors avec leurs collègues d'affinité pour fumer et avaler des gorgées de caféine. Même les non fumeurs sont tentés de les rejoindre. En fait, c'est assez sympa de se trouver là, dans un groupe ! Au final, ce sont là des moments de convivialité, où l'on apprend à se connaitre, à se voir de façon différente. 
Au-delà de ces contacts humains, éternels, nécessaires, il y a une volonté forte de conserver cette petite différence qui fait de nous des êtres humains, l'espèce la plus évoluée qui peuple la terre. Cette petite différence se traduit par le langage. Parler un code commun permet d'échanger des émotions, de motiver d'autres personnes pour atteindre des objectifs ambitieux. Cette petite différence nous permet chaque jour d'innover. Elle nous permet de créer, d'apprendre, d'enseigner, de discuter, de débattre, d'être d'accord ou pas. Elle permet de pousser nos limites toujours plus loin, de faire montre de nos intelligences. Le langage est un véhicule de changement. Grâce à lui, un jour, l'être humain a conçu l'écriture, puis d'autres techniques, et un jour l'ordinateur, mais au final tout vient de là. Ce qui distingue l'homme de l'animal c'est avant tout la langage. Pas uniquement, mais en premier lieu. 
C'est bien cet élément fondamental que l'on cherche à retrouver en allant fumer une cigarette à l'extérieur des bâtiments, en prenant un café à la machine avec des amis ou collègues, en allant dans un bar le jeudi soir pour un "happy hours"ou en recréant des atmosphères de convivialité dans les immeubles modernes. Nous sommes en quête de sens. En quête d'un langage commun qui ne soit pas qu'informatique. Pas que numérique. 
Je voudrais partager avec vous un de mes derniers interviews, papier paru dans le journal la Tribune (en cliquant sur les photos, vous pouvez lire ou imprimer l'article) :