19 janvier 2014

Un Grand Homme


J'aime bien cette photo. Elle dit beaucoup de cet homme.

Imaginez que vous ne le connaissez pas, que penseriez-vous ? 

Un homme sympathique, le sourire est sincère, puissant, la bonté émane de l'expression même de son visage. La main appuyée sur sa joue donne la touche finale. On est dans la simplicité, dans la sincérité d'un instant. C'est à la fois brut et authentique. Il nous touche. Il suscite en nous de nombreuses émotions, sans parler. Avec lui, nous revenons en arrière. Des visions s'enchainent comme le furent des femmes et des hommes, harnachés en fond de cale, des images de douleur, de violence, d'injustice défilent dans notre esprit et on se dit "je veux suivre cet homme et chasser tous ces mauvais clichés", pas parce que l'on pense que le monde puisse devenir merveilleux du jour au lendemain, nous savons que c'est impossible, mais parce que nous ne devons plus accepter l'inacceptable. C'est déjà fondamental. C'est dans la lignée du "Indignez-vous !" de Stéphane Hessel

C'est aussi une leçon. Beaucoup a été dit sur Nelson Mandela. Que peut-on ajouter ? 

Imaginez cet homme qui passe le tiers de sa vie en prison, qui aurait le droit d'en vouloir au monde entier, et qui au final cherchera toute sa vie à réunir les hommes, blancs, noirs, de toutes confessions, de toutes origines. Pas de haine. Pas de rejet. 

Un homme juste animé par une conviction, celle que la cause défendue vaut davantage que sa rancoeur, davantage que le combat individuel, davantage que sa vie même. 

A ce stade, peu de femmes ou d'hommes peuvent agir ainsi. Il faut du recul sur tout. Beaucoup de force. Il faut savoir encaisser les privations, les humiliations, les mots durs et blessants, les manques, les vides émotionnels, l'absence des êtres chers. Une violence inouïe qui dépasse l'entendement humain. 

On croit comprendre son message, la portée de son action, mais il n'en est rien. On peut analyser ce que l'on voit. On peut juger le bilan provisoire. Mais l'impact réel est ailleurs. Il sera visible dans 20 ou 30 ans. Si la Théorie des Grands Hommes a un sens, c'est un autre débat, il en est l'incarnation même.

Nous savons aujourd'hui, mieux qu'à son époque, l'impulsion donnée par Marin Luther King à l'évolution de l'Amérique, à ce que les Etats-Unis sont aujourd'hui. Sans lui, il n'y aurait sans doute jamais eu un président de couleur à la tête de cette grande nation, du moins pas aussi vite. 

Ce que Nelson Mandela a fait, dit ou écrit ne pourra être compris que plus tard. Lorsque nous aurons la maturité de le lire avec discernement. Nos enfants et leurs descendances feront cela. Et nous verrons alors qu'il aura apporté au monde une contribution plus forte que nous ne pouvons l'imaginer aujourd'hui.

En attendant, nous avons pris une leçon d'humilité.