16 juin 2013

Faut-il redouter l'impopularité ?



Oui et non. L'ignorer reviendrait à revendiquer une absence de sensibilité ou d'intérêt à l'opinion de l'autre. Ne penser qu'à cela à l'inverse ne peut qu'aliéner la force de l'action pourtant nécessaire aujourd'hui, ou du moins la volonté d'entreprendre les changements. Comme toujours, le jeu consiste à trouver la juste mesure entre ce qu'il faut faire pour réformer et avancer et ce qu'il ne faut pas faire pour ne pas choquer et bloquer toute progression. 
En politique, le sujet est épineux. Transformer la France, comme ont pu le faire les gouvernements précédents et actuel, est un sujet brûlant, l'assurance en quelque sorte de ne pas rester populaire très longtemps. En dehors de toute considération politique, tel n'est pas le propos de ce post, ni même de ce blog, il faut dire et redire que vouloir plaire à tout prix en restant haut dans les sondages implique d'abdiquer sur de nombreuses responsabilités. Mais comment ensuite se regarder dans une glace quand on sait que la France va dans le mur à coup sûr si rien n'est fait dans l'urgence ? On ne le pourrait pas. Pas plus notre 1er ministre que nous tous. Que l'on soit de gauche ou de droite, mieux vaut pour la France que le gouvernement actuel réussisse car autrement, dans 4 ans à présent la situation sera plus que difficile. Nous pourrions alors connaitre le sort des Italiens ou des espagnols, à défaut de celui des Grecs.  

Rappelons deux ou trois faits. La France est une des plus grandes puissances économiques mondiales (la cinquième en termes de PIB) et sans doute l'icône de la culture et du savoir-vivre. Il faut le répéter du reste, beaucoup oublient cet élément essentiel ! Mais tout change, tout bouge à 100 à l'heure dans notre société post-moderne. Nous avons perdu des pans entiers de notre industrie, nous ne dominons pas dans le numérique, nous attirons de moins en moins d'investissements étrangers (même si nous restons encore attrayants) et nous sommes en passe de nous faire dépasser par le Brésil et au-delà par les pays formant avec ce dernier ce que nous nommons les BRICs. C'est inquiétant. Pas perdu car nous avons de très nombreux atouts, mais inquiétant. 

J'ai cependant fait le constat qu'à force d'atténuer la situation mitigée qui est la nôtre, nous fragilisons toute volonté de réforme. C'est dangereux. Il y a toujours en effet quelqu'un de très intelligent, fort de graphiques, de tableaux, de chiffres et de raisonnements brillants, pour affirmer qu'il serait préférable de ne ... rien faire. Et bien n'en déplaise à ces mauvais conseilleurs, il faut réformer et vite. Il faut modifier ou plutôt adapter nos institutions, introduire de la simplification et de la souplesse un peu partout dans les rouages de nos administrations, modifier notre fiscalité, réformer nos régimes de retraite, redonner à la France une compétitivité par les coûts, gagner les marchés par la croissance retrouvée, etc. Les chantiers à entreprendre sont massifs et ne seront pas porteurs de popularité. Mais il faut s'y atteler. 

Ne pas le faire reviendrait à scier la branche sur laquelle nous sommes tous assis. Plus très confortablement du reste. Nous sentons bien la rudesse du bois. Les coussinets que nous avions jusqu'à il y a peu encore nous ont été retirés ou nous les avons perdus. 

Pour redonner à la France toutes ses lettres de noblesse, il faut retrouver le chemin de la croissance et être meilleur que la concurrence. Tout ce qui s'applique à une entreprise l'est aussi à un Etat. Être de nouveau en croissance implique de miser sur les bons secteurs, de garder nos chercheurs, de transformer les innovations en entreprises, de réformer nos écoles et nos universités pour les adapter aux nouveaux challenges à venir, de garder les jeunes pousses et les aider à croître en France et pas ailleurs, de permettre aux entreprises françaises de gagner sur tous les marchés, à l'international, les marchés sont mondiaux aujourd'hui. Il faut laisser de côté nos craintes et nos vieux idéaux, pour adopter une position résolument déterminée et agressive. Personne ne nous fera de cadeau. Nous n'avons pas à en faire aussi. Il faut aller chercher les points de croissance, en Chine, en Amérique du Sud, en Afrique ou aux USA. Il nous faut ensuite être meilleurs que nos concurrents, c'est à dire nos voisins. Et pour cela il faut revenir aux premiers cours de l'enseignement économique. Comme on ne peut pas être les meilleurs partout, il faut choisir ses combats et se concentrer sur ses points forts, là où nous pouvons nous spécialiser. La mode, le luxe, le vin et les champagnes, la gastronomie, le textile (en partie), l'aéronautique, le pneumatique, les jeux vidéos, etc. Une fois sélectionnés avec soin, ces secteurs doivent donner lieu à des investissements importants et réguliers pour ne jamais être décrochés. Il faut se différencier des autres et ce n'est pas simple. Mais c'est ça ou être relégué dans le bas des classements d'ici vingt ou trente ans. La quarantaine et la cinquantaine de nos enfants seraient dès lors un peu moins simples. 

Il faut réformer, prendre des décisions qui sont bonnes pour le moyen et le long terme, même si elle joue négativement à court terme sur les résultats et donc ... les sondages.

Le chef d'entreprise a le même souci. S'il suit scrupuleusement la volonté de Wall Street, il ne prend que des décisions favorisant le court terme et la valorisation boursière immédiate. Mais il mitraille son entreprise à moyen et long terme et laissera à son successeur un bien triste testament. Il ne faut pas inversement se moquer des attentes des marchés. Leurs positions comptent puisqu'elles reflètent l'état d'esprit des investisseurs. Mais ces derniers veulent avant tout attendre des choses qui ont du sens. Leur dire placer votre argent chez nous. Dans 5 à 7 ans nous serons encore plus forts, nos fondations plus solides. Celles et ceux qui sont avisés ne peuvent que souscrire à un tel discours et rejeter les gains de court terme, trop risqués au final. Seuls les spéculateurs trouvent leurs comptes dans ces calculs court-termistes, souvent à leur détriment. 

Il est des fois où, à la tête d'une entreprise, d'un état, il faut prendre des décisions, agir, transformer, bouger les lignes pour trouver les bons équilibres, expliquer pour ne snober personne, jouer la transparence pour être crédible et compter sur l'intelligence collective. Des femmes et des hommes parviennent à accomplir ce type de miracle. Je vous parlerais du reste, sous peu, d'un livre à ce sujet lorsque j'en aurais terminé la lecture. 

Alors pour revenir à la question posée, on ne peut certainement pas rester hermétique face à un problème d'impopularité, du moins pas trop longtemps, mais en période de crise, il est de bon ton de s'en affranchir partiellement, c'est-à-dire de prendre un peu de distance. Question de liberté et de responsabilité. 

08 juin 2013

Transformation managériale, lien social et création de valeur... la nouvelle ère

Je vous recommande la lecture de ce document / synthèse de travail qui aborde dans le monde des services le thème de la mécanique de création de valeur, ce qui passe presque toujours par des transformations d'entreprises et donc managériale. Il permet aussi d'aborder avec plus de sérénité la mutation qui est en cours. Hewlett-Packard France a participé avec de nombreuses autres entreprises à sa réalisation. 

 

 
 
 
 
 

03 juin 2013

Réinventer la croissance

ou Agir ensemble pour une dynamique économique


Je souhaite faire état de la publication d'un document/rapport émanant d'un groupe de réflexion formé par des organisations syndicales de salariés (la CDFT, la CFTC, la CFE-CGC) et d'employeurs (la CGPME, l'UPA et le MEDEF) sur les thèmes de la dynamique de croissance, des secteurs où il convient d'investir, et des solutions pour sortir la France du marasme ambiant. La France possède de nombreux atouts que nous devons bien connaitre afin d'affiner nos actions.

Au-delà des sujets abordés, notamment la recherche d'une nouvelle gouvernance économique, les nouvelles technologiques comme atouts de développement ou encore la politique énergétique qu'il convient de mener, c'est surtout sur un autre point que ce travail mérite d'être salué et distingué : la collaboration, fut-elle virile à certains moments, entre organisations trop souvent opposées, démontre qu'il existe en France des femmes et des hommes de bonne volonté, guidés par la volonté de servir la cause française et son renouveau, en laissant aux vestiaires les intérêts partisans.

En mettant atour de la table les meilleures compétences, tout va tout de suite mieux ... 

26 mai 2013

Faisons confiance aux jeunes !

Manifestation des jeunes à Madrid
au mois de Mars 2013
On pourrait croire, on le dit du reste, que notre monde est devenu plus violent. Que les revendications sont plus démonstratives, plus extrêmes. Il n'en est rien en fait. Celles et ceux qui pensent cela n'ont pas connu, ou ne se souviennent plus, des conflits, des contestations qui ont toujours jalonné les chemins français. Nous contestons quand nous ne sommes pas d'accord ou pas contents, ce qui en France n'est pas toujours la même chose. Mai 68 est l'événement phare, emblématique, mais il en a toujours été ainsi. Et si ce mouvement a débuté effectivement sur une contestation d'étudiants, les jeunes ne sont pas systématiquement les moteurs du rejet et de la contestation. Du reste, les mouvements tardifs qui perdurent "contre le mariage pour tous" ne sont pas orchestrés par la génération Y. C'est un bon exemple, d'autant plus fort que les jeunes sont finalement assez partagés sur la question. 

Mais ce qui se passe sous nos yeux est plus profond. Les jeunes, dans tous les pays du monde, en Europe plus particulièrement, sont inquiets pour leur avenir. Ils regardent autour d'eux et font des constats qui ne les rassurent pas. 

La plupart ont fait des études, parfois très brillantes. Ils n'ont pas lésiné, parlent plusieurs langues. L'anglais bien sûr, mais aussi le Chinois, l'Espagnol, l'Allemand, etc. Ils ont fait de nombreux stages à l'étranger et connaissent plusieurs cultures. Ils sont ancrés dans la mondialisation et la comprennent. En ce sens, ils sont bien plus évolués au même âge que les générations passées. Le monde a bougé vite, ils ont suivi le rythme mais au final ... pourquoi ?

Pour se retrouver au chômage ? Pour payer l'addition laissée sur la table par leurs parents et grands-parents ? N'est-ce pas la première fois depuis longtemps où l'on se dit que peut-être demain nos enfants ne vivront pas mieux que nous !


Le Time titrait récemment "The Unemployed Generation". Et il est vrai que la vie de nos jeunes n'est pas simple à cet égard. Dans les années 80, 90 et même au début des années 2000, on disposait généralement de deux, trois offres, parfois bien plus. Il s'agissait toujours de CDI. Le CDD faisait exception. Aujourd'hui, c'est une règle. On offre des stages aux étudiants, qu'on ne prolonge pas toujours d'un CDD. Dans de nombreux cas, on renouvelle un autre stage. Mais dans la plupart des cas, on préfère prendre un autre stagiaire. Et même, de plus en plus d'entreprises, étranglées par les coûts et la crise, remplacent des CDI par des CDD et des CDD par des stages, quitte à rentrer dans des discussions difficiles avec les représentants du personnel.

Certaines entreprises agissent ainsi, non par volonté, mais parce qu'elles n'ont plus le choix. Elles doivent réduire leurs coûts de structure, mais le travail lui ne varie pas à la baisse. Il faut bien le faire. Alors on a recours à ces méthodes qui certes peuvent déplaire à beaucoup mais qui dans certaines situations sont ... compréhensibles. Dans d'autres cas à l'inverse, c'est plus critiquable. Des sociétés présentant des résultats de qualité, dans des secteurs porteurs, ont recours aux mêmes artifices et là disons-le très clairement, ce n'est pas correct pour nos jeunes. Ils ne peuvent pas avoir confiance dans l'avenir s'ils voient des poids lourds, voire des marques réputées se comporter ainsi.

Il faut donner des signes, des signes qui ne soient pas uniquement les dégradations économiques, financières et sociales, commises au cours des trois dernières décennies.

Les jeunes ont le sentiment de se retrouver face à un héritage dont ils se passeraient bien mais qu'ils ne peuvent refuser. Ils n'ont pas le choix. Economie en berne, chômage galopant, modèle social troublé, valeurs effritées, déficits abyssaux, une retraite improbable, tel est le triste bilan, bilan qui s'est terni au fil du temps.

Ayant la chance d'être en contact avec la jeunesse, je ne crois pas qu'elle soit moins travailleuse ou moins ambitieuse comme je le lis parfois. Je suis même convaincu de l'inverse.

La génération actuelle, celles et ceux qui viennent d'arriver sur le marché du travail, ou qui vont y parvenir sous peu, est consciente des difficultés, elle est plus mature, responsable, mais exigeante sur le travail, son sens, le but poursuivi, le pourquoi des choses. Elle a des exigences. C'est plutôt rassurant je trouve. Elle n'est pas prête à sacrifier l'équilibre qui doit exister entre vie privée et vie professionnelle. A l'époque où je finissais mes études, nous ne nous posions pas souvent ces questions. Surprenant !

En réalité, nous sommes perturbés, car nous sentons qu'un nouveau modèle doit s'installer (cf. post de Michel Serres sur mon blog), qu'il est nécessaire, mais nous ne savons pas lequel. Ni quand il arrivera. Cela prendra-t-il 5 ans, 10 ans, 20 ans, pour passer d'un univers à un autre ? Comme les transitions du passé, de l'agriculture à l'industrie, de l'industrie aux services, des services à l'internet ... d'une économie de production à la finance internationale pour aboutir peut-être demain à l'entreprise sociale, plus respectueuse du développement des hommes et de l'environnement ...

Mais dans tous les cas, pour poser les fondations et aller vers une nouvelle étape, il faudra des jeunes motivés, des jeunes portant le désir de faire avancer les choses. Des jeunes d'où s'extirperont les leaders de demain, celles et ceux qui feront de notre économie un monde meilleur ... où l'on vivra mieux.

N'est-ce pas finalement le but de toute démocratie ?

21 mai 2013

Osons la France, le forum qui met en lumière ceux qui y croient !

Et si nous osions TOUS faire bouger les lignes. C'est ce que nous propose Aude de Thuin, fondatrice et présidente de "Osons la France" qui au fond revendique de TOUT oser (dans la limite des bonnes règles bien sûr) pour sortir la France de sa torpeur. Car plus que la crise elle-même, c'est aussi l'idée de la crise, créant une certaine paralysie générale, qui handicape nos énergies. Et le talent est là, partout. La France a des gisements qu'elle ne soupçonne même plus. 
Pas question de penser qu'il suffira de se baisser pour exploiter ses sources. Il faudra produire des efforts mais nous avons des atouts que beaucoup nous envient ... du reste nous sommes après l'Angleterre, le second pays en Europe pour l'investissement étranger. Nous formons des intellectuels et des chercheurs appréciés partout. Ils inondent les centres de recherche un peu partout dans le monde. 
Alors OSONS, encourageons nos jeunes à créer, accompagnons-les, nous le faisons dans l'entreprise que j'ai le privilège de diriger. "Coaching", "mentoring", accompagnement, donnons le nom que nous voulons à ce que nous pourrions aussi appeler "une main tendue" ou "une aide continue" ... pour voir émerger des petits joyaux. 
"Osons la France" est une formidable idée.
Je suis intervenu cette année sur le thème de "osons la coopétition" en compagnie de Véronique Di Benedetto, directrice générale de la société Econocom. Thème original, peu discuté au fond et pourtant nous sommes presque tous dans la coopétition. Nous avons commencé par un petit jeu de rôles ... puis poursuivi un peu plus sérieusement (vidéo attachée de cette seconde partie ci-après). 


01 mai 2013

L'art difficile de la mesure

Ce billet veut traiter de la difficulté pour un manager de trouver le juste équilibre entre la mise sous contrôle des opérations et la nécessaire liberté qu'il convient de laisser aux salariés en matière d'innovation et de créativité. 

Nous connaissons tous l'expression "il est sous contrôle" ("He is under control"). On parle là généralement d'un manager ou plus largement d'un individu sur qui l'on peut s'appuyer, qui maitrise son environnement, en d'autres termes qui est sous contrôle. C'est la raison pour laquelle lorsque nous recherchons à recruter quelqu'un dans une fonction ou à la tête d'une entité d'affaires, on se tournera plus facilement vers quelqu'un qui a déjà une expérience similaire, dans un contexte si possible quasi-identique. On cherche inconsciemment à limiter les risques, à se protéger des aléas, il y en a tellement déjà sans se rajouter une complexité inutile.

Un dirigeant a besoin de regarder son équipe de management en se disant : "J'ai confiance. Ils savent ce qu'ils font; Je peux dormir sur mes deux oreilles". Un dirigeant a besoin de se sentir conforté par une équipe compétente, où "l'imprévu n'est jamais totalement un hasard !! ". 

Lorsque vous êtes vous-même manager d'une équipe de ventes ou de production, vous ne pouvez pas vous sentir à l'aise sans mettre en place les verrous de contrôle, les leviers nécessaires pour mesurer votre progression et pallier aux inévitables surprises. 

Mais faisant cela, le risque est de n'avoir autour de vous que des automates, incapables de penser, incapables de créer, d'innover ... d'exister en fait. Vous avez le sentiment d'être sous contrôle certes mais avez-vous pour autant la meilleure équipe ? C'est-à-dire celle qui, par une remise en cause permanente, par une innovation continue, va bousculer le status quo et vous aider à prendre l'avantage ou à le garder. 

Il faut un juste milieu. En tant que leader, vous devez indiscutablement trouver la juste mesure : une mise sous contrôle indispensable, et un terrain de créativité nécessaire

Pour trouver cet équilibre, il faut des dirigeants compétents, car pour assurer cette mise en gouvernance, il faut parfaitement maîtriser les processus de son métier, mais aussi courageux, car la recherche de créativité implique de faire des choix, de garder une certaine liberté, et donc une certaine distance, de ne pas être un "mouton suiveur", mais un leader averti, avec des opinions, une légitimité et un goût pour la conquête. Et pour conquérir, il faut innover. Il faut créer sans cesse, améliorer l'existant. 

C'est là l'art de la mesure. Et convenons que c'est difficile !

27 avril 2013

Le véritable holdup de la finance ...

En France, nous nous targuons de "fabriquer" une élite intellectuelle. D'un certain point de vue, je partage cet avis. La France a depuis toujours su se distinguer sur ce plan. Les "lumières" émanent de la France depuis toujours, inspirant les plus grands mouvements d'idées et de société. Cela s'est sans doute accéléré sous la révolution française, sans jamais être démenti au cours des décennies suivantes. Normale Sup., Polytechnique, Mines Paris, HEC Paris, Sciences Po Paris ou l'ENA sont des références en France mais aussi dans le monde entier. La recherche mondiale vient nous prendre nos meilleurs talents qui s'installent depuis longtemps dans la Silicon Valley ou en Israël, et depuis moins longtemps, en Chine, en Inde ou en Australie. Les conseils d'administration des grandes firmes internationales viennent aussi chercher nos diplômés business sur les bancs d'HEC ou d'une autre "business school". C'est une reconnaissance universelle. Ma réserve initiale vient du fait que notre système de sélection est concentré sur une forme d'intelligence, le QI pour faire court, alors même qu'il en existe de multiples. Nous devrions nous inspirer de ce qui est fait dans d'autres pays pour enrichir nos cursus et donner à nos étudiants une ouverture plus grande. 

Mais revenons à notre propos. La France n'est en rien spécifique à cet égard. Les formations d'élite existent partout en Europe ou dans le Monde, et la problématique est donc la même ailleurs.  

Depuis toujours, nos élites sont tentées par la politique. La raison est simple, c'est l'un des moyens le plus sûr de marquer son passage terrestre, de rentrer dans l'histoire. François Mitterand aura aboli la peine de mort et permis l'avénement de l'Europe, et que l'on soit pour ou contre, François Hollande aura légalisé le mariage entre personnes de même sexe. 

De la fin de la seconde guerre mondiale à la fin des années 80, nos élites se sont ainsi massivement orientées vers l'inspection des finances (ou fonctions équivalentes), puis vers la politique, briguant des mandats électifs, visant un poste de ministre, voire un des postes suprêmes, celui de Premier Ministre, de Président de l'Assemblée Nationale ou du Sénat ou bien sûr de Président de la République. 

En classant mes papiers comme je le fais régulièrement, je suis tombé il y a quelques jours sur cette déclaration de Jacques Chirac à l'endroit d'Alain Juppé le qualifiant de "meilleur d'entre nous". Il est vrai que la lecture du CV de l'ancien premier ministre peut donner le cafard à beaucoup de gens. L'homme est à proprement parler une "élite". Il est de plus devenu avec les années l'une des valeurs sûres de la République. A droite bien sûr, mais à gauche aussi, il est reconnu. 

Mais mon propos n'est pas ici de discuter de la nécessité de disposer d'une élite ou pas, ni même de comparer nos élites à celles des autres pays. Il est davantage de faire un constat. Depuis la fin des années 80, peut-on affirmer que nos élites se dirigent bien vers la classe politique ? 

Rien n'est moins sûr. Il est même fortement probable que non. Le monde de la finance est venu là encore bouleverser la donne. Non content d'imposer ses vues, obligeant les entreprises à des disciplines draconiennes, il a peu à peu attiré les meilleurs talents. Il est vrai qu'avec la révolution numérique, de l'internet, les "meilleurs d'entre nous" se sont un peu détournés ... de la politique ... pour se diriger vers l'entreprise, et parfois ont même créé des entreprises. Il y a aussi plus d'argent à gagner. Cela a été à n'en pas douter un critère de choix. 

Je n'ai pas la réponse. A chacun de se faire une opinion. Mais au final, au sein des partis, il y a sans doute moins de talents en 2013 qu'il n'y en avait en 1963 ou en 1981. 

Pour réussir en politique, il faut une alchimie entre plusieurs éléments qui sont au bout du compte difficiles à réunir : des valeurs humaines éprouvées, du courage, de la culture, une intelligence pure, un leadership et un charisme avérés, une facilité à communiquer, des convictions politiques et une capacité à agir. 

Alors n'assistons-nous pas, sans en avoir eu toujours conscience, depuis plus de vingt ans au holdup organisé par la finance et le secteur privé du capital humain étatique des grandes démocraties occidentales ? 

Cela ne veut pas dire inversement qu'il n'y a plus de talents en politique. Il y en a plein. Mais sans doute moins qu'avant. On doit donc choisir dans un panel moins large ce qui tend à affaiblir le niveau avec le temps. Les élites modernes vont indéniablement vers la finance ou vers d'autres cieux. Un normalien qui se laisse tenter par le métier de "trader", rien de péjoratif dans cette assertion, c'est un peu dommage non ?

Nos élites devraient aller en priorité vers la recherche (médicale, technologique, fondamentale, etc.) et la vie politique. La recherche, c'est l'innovation et donc plus d'emploi à terme. La politique, c'est la bonne santé des nations, de la croissance et donc plus d'emploi à terme. Les enjeux au final sont les mêmes.

Dans l'hypothèse où mon intuition viendrait à se révéler juste, il serait alors nécessaire de redorer le blason de la politique pour être certain demain d'attirer les "meilleurs d'entre nous" et leur confier alors les manettes du monde en toute quiétude. Aujourd'hui, on se méfie du patrimoine des politiques alors même que c'est ce qu'ils font ou ne font pas qui est important ! On devrait au contraire les payer davantage ! Après tout, pourquoi ne pas attribuer un salaire élevé au ministre du budget par exemple sous condition qu'il évite à la France la banqueroute ! Il faudrait lui assigner des objectifs de résultats et le payer en conséquence ... 

Ce serait là notre intérêt non ? 

20 avril 2013

Le doute

En parcourant la presse ce matin, je tombe sur un article des Echos qui reprend un sujet qui fait tâche d'huile ses derniers jours dans la presse mondiale, à savoir la découverte par Thomas Herndon, étudiant à l'université du Massachussetts, d'erreurs commises par les deux économistes, Kenneth Rogoff et Carmen Reinhart, dans leurs calculs lors de la publication d'une étude en 2010. L'économie est l'un de mes sujets préférés, alors mon regard détecte assez rapidement ce type de sujet. 


Au premier abord, on se dit alors qu'il n'y a pas là de quoi fouetter un chat. Et pourtant, la tempête médiatique qui s'en est suivie est pour le coup justifiée. En effet, Rogoff et Reinhart concluaient, sur la base de leurs analyses économétriques, que "la croissance économique d'une nation ralentit massivement quand sa dette dépasse le seuil de 90% du PIB". 

Où est le problème ? Il vient du fait que cette déclaration est fausse et que c'est pourtant sur cette base que Paul Ryan aux USA et qu'Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques" ont respectivement poussé les pays en difficulté à tailler dans leurs dépenses. Effectivement, Herndon a montré qu'ils ont tout simplement oublié des pays, aboutissant à des biais et par là-même rendant leurs conclusions infondées !!! 

Il est surprenant de voir que l'on peut établir une stratégie, une démarche, un programme sur des données, des conclusions qui se révèlent fausses au final ! 

Il est surprenant de voir que l'on peut entraîner des masses dans une direction en découvrant après coup que la prémisse était fausse. 

Dans une société qui a définitivement versé dans l'information, dans un monde où les données doublent tous les dix-huit mois, cela peut paraître surprenant, d'autant plus que les chercheurs sont dotés de nos jours de moyens informatiques et statistiques qui devraient leur permettre d'éviter ce genre de déconvenues. 

Mais peut-on parer ce genre de problèmes ? N'est-on pas au fond confrontés, sans en prendre réellement conscience, à une obligation de publication, à la nécessité de produire vite, quitte à faire dans l'approximatif. N'est-ce-pas le résultat d'une évolution inéluctable de notre société ? Chacun se fera une idée mais cet article m'a amené à quelques réflexions ... 

Alors que les technologies de l'information permettent aujourd'hui de tout contrôler, par des croisements d'informations, par des recoupements massifs, permettant de mettre au grand jour les pires contradictions, nous devrions voir les tricheries, ou les approximations diminuer. Or c'est l'inverse qui se produit. Sans généraliser, bien entendu, nous n'avons jamais autant douté !

On doute de tout. Et au fond il y a de quoi ... les scandales politiques et/ou religieux se multiplient, certains étant à la limite du grotesque, la généralisation des communications instantanées, des tweets ou des blogs (j'en fait partie !) permet à n'importe qui de publier quelque chose sur n'importe quoi. On ne prend même plus le temps de vérifier si le déclarant a une quelconque expertise sur le sujet. Ce n'est du reste pas fondamentalement grave car lorsque l'on découvrira qu'il ne l'avait pas, cela donnera lieu à une nouvelle polémique, de nouveaux tweets etc. 

Nous sommes à un moment de notre histoire où le fait de communiquer est plus important que le contenu communiqué lui-même. On ne sait plus mettre de hiérarchie dans les malheurs du monde. Un ministre qui ment est massacré sur le plan médiatique ... certes c'est grave mais bon la terre va continuer de tourner. C'est surtout ennuyeux pour lui. On mettra sur le même plan le mensonge d'un homme de foi avec une guerre dans un pays africain. On ne sait plus doser. On ne sait plus relativiser. Les émissions se succèdent avec un seul objectif, faire du buzz

Et ça marche puisque nous ne faisons qu'une chose pendant des jours entiers, parfois de semaines : parler d'un sujet futile en lui donnant une importance considérable !

Au fond, plus nous avançons, plus nous mettons en doute ce que nous voyons. Tout le monde finit par se demander si tel attentat est vraiment un attentat ... si ceux qui ont été arrêtés et tués étaient bien les coupables ... si un mensonge d'état de seconde zone n'en cache pas un autre bien plus important ... si la libération d'otages ne cache pas en fait le paiement d'une rançon alors même que le chef d'état s'est clairement positionné sur la question. 

Nous avons peu à peu généré notre problème. Nous doutons de tout. Nous avons le sentiment que nous sommes en permanence manipulés. Nous avons le sentiment que l'on se moque de nous. 

On se jette sur les nouvelles du jour, outrés ou confortés dans nos positions, pour découvrir le lendemain que tout était faux, tant et si bien que les heureux d'un jour font les malheureux du lendemain et inversement ! Un peu fou non ? 

Voilà donc un bon sujet de thèse : la maitrise technologique de l'information crée-t-elle de la certitude ou du doute ? 

07 avril 2013

Protéger le français pour porter notre culture et nos valeurs

La culture est essentielle à toute société. Elle est d'autant plus importante qu'elle nous permet d'exister, de nous sentir uniques, en nous donnant le sentiment d'appartenir à une communauté fermée. Une sorte de privilège. Les cultures sont diverses et sont alimentées par de multiples sources. La langue en est une. Ainsi, la langue française qui fut longtemps la langue de référence, diplomatique, internationale, a joué et continue de jouer un rôle majeur dans la diffusion de l'esprit français. Mais force est de constater qu'elle a perdu de sa superbe et qu'elle n'est plus qu'une langue parmi d'autres, sans avantage particulier. Elle a cédé le pas voilà des décennies face à l'hégémonie de l'anglais et de l'américain, restant certes dans certains milieux réservés une langue "élitiste" et pour tous la traduction du génie de la création littéraire. 

Nous regardons avec fierté les oeuvres de Victor Hugo, Proust, Rimbaud ou de Sartre, dont la verve n'a d'égale que la qualité de leur français, sans comprendre que les auteurs modernes ont plutôt basculé de l'autre côté de l'atlantique, avec des Paul Auster ou des Philip Roth. Le monde change et nous devons nous accrocher à l'essentiel. La préservation de notre langue est une priorité. Bien sûr, les jeunes générations, et les autres aussi, doivent être quasiment bilingues anglais-français. Cela ne fait aucun doute. Mais cela ne doit en aucun cas se traduire par l'abandon de notre langue maternelle. Cette langue qui nous permet de garder un lien avec nos ancêtres.

L'histoire de France est complexe. Lumière du monde, c'est le cas de le dire, de la renaissance jusqu'à la fin du 19ème siècle, inspirante sous Louis XIV, puis sous la révolution, conquérante sous Napoléon, notre pays a brillé de mille feux à certains moments de sa construction. Comme l'Egypte, la Grèce ou Rome en leur temps. Abandonner notre langue, la laisser partir en perdition, revient à mourir doucement, comme d'autres empires auparavant. Sans attachement à nos racines, la langue en est une, nous pourrissons de l'intérieur. Car la langue ne sert pas qu'à la communication. Elle est aussi un fantastique lien culturel entre les individus. Elle entretient la fraternité et créé des liens indéfectibles. Deux français qui se croisent à l'autre bout du monde auront plaisir à échanger ensemble, tout comme deux italiens, deux allemands ou deux brésiliens. Demain la langue dominante ne sera peut-être plus l'anglais, mais le chinois ou le brésilien. Qui peut savoir ? 

Pour autant, la langue française n'est pas statique. Elle évolue avec le temps, sait intégrer les mutations sociétales (de nouveaux mots apparaissent) et s'enrichie régulièrement. Le français n'est pas une langue morte, mais bien vivante, dynamique et résolument moderne, et malgré leur âge certain, les académiciens mettent un point d'honneur à assurer cette évolution, gage de pérennité. 

En abdiquant sur la langue, en considérant par exemple qu'il est trop tard, qu'elle ne peut échapper à son sort, celui d'être réduite à sa plus simple expression, nous commettons une grave erreur. Il faut au contraire refuser qu'elle soit massacrée comme elle l'est parfois dans la bouche de certains. Les réseaux sociaux, les SMS et messageries instantanées ne nous aident pas toujours du reste. Le Français n'est pas une langue que l'on peut ou que l'on doit tronquer. Elle n'a de force que maniée avec dextérité, simplicité et élégance. Il faut affirmer qu'il n'y a pas une culture dominante, anglo-saxone, et des ethnies autour, mais une multitude de cultures, dont la notre, et se battre pour qu'elle fasse plus que survivre. Elle en vaut la peine. Le français en est l'expression. 

Protéger la langue française, c'est refuser de voir notre culture disparaitre peu à peu et vouloir retrouver la gloire passée d'une France entreprenante. Nous en avons les moyens. Ce n'est pas impossible. Et même si ce n'est pas simple, il faut se fixer un objectif et s'y tenir. Que le Français redevienne la langue internationale au niveau mondial, c'est en effet peu probable, mais qu'elle soit davantage et mieux utilisée en France et dans les pays qui la pratiquent, c'est non seulement possible mais c'est nécessaire. 

Il faut pour cela commencer par transformer nos formations. Ne cherchons pas à copier les modèles MBA anglo-saxons, notre valeur ajouté serait limitée, mais plutôt à nous appuyer sur nos spécificités. Les MBA américains ou européens ont par ailleurs montré leurs limites. Détachons-nous en et faisons valoir nos atouts, qui nous permettent du reste aujourd'hui de dominer encore dans certains secteurs comme ceux du pneumatique, de l'aéronautique ou du luxe. Faisons en sorte que nos meilleurs talents aient envie d'innover en France et pas ailleurs. Faisons en sorte qu'ils créent ensuite des entreprises à vocation internationale en France pour servir le monde. C'est à ce prix que la France va regagner peu à peu ses galons et faire de nouveau parler d'elle pour d'autres motifs que nos scandales ridicules. 

Les groupes français qui ont souvent institué le français comme langue principale gagneraient à donner des cours à leurs salariés étrangers qui le souhaitent. Voilà un bon moyen de répandre le français à moindre frais ! 

Dans la compétition internationale que nous vivons aujourd'hui, la maitrise de la langue est un atout indéniable. Nous autres Français le voyons bien. Nous sommes rarement avantagés de conduire des meetings ou des négociations dans la langue de Shakespeare. Nous partons généralement avec un poids supplémentaire. 

Pour gagner, il faut être conscient de ce que l'on est et se développer sur ses atouts, pas ceux des autres, il faut entrainer l'autre sur notre terrain, là où nous sommes un peu plus à l'aise. Jouer à domicile a parfois des avantages ! 

Je suis persuadé qu'une France fidèle à elle-même peut apporter beaucoup au monde de demain qui est indéniablement en pleine turbulence, tant en apprenant des autres. C'est bien ainsi que nous avons progressé, la France a toujours été une terre d'asile, d'écoute et de mixité. La richesse première de notre pays a toujours été d'intégrer les richesses culturelles apportées par les autres à notre socle de base. C'est ainsi que notre culture s'est étoffée au fil du temps. Préservons-là ! Et pour se faire, rien ne vaut que de protéger en premier lieu notre langue qui permet de passer nos émotions et de transmettre nos valeurs. 

01 avril 2013

La vigilance est toujours nécessaire !

Sans porter de jugement sur ce livre que je n'ai pas encore lu, je copie ci-dessous un article qui a attiré mon attention et qui selon moi mérite réflexion. Heureusement il n'y a pas que cela autour de nous ! Mais vigilance oblige ! 

Et à chacun de se faire une opinion !

Capital, du 26/03/2013

"La crise renforce le pouvoir de nuisance des sales cons dans les entreprises"
L’auteur du best-seller "Objectif zéro-sale-con" est formel : la peur du chômage donne encore plus de champ aux individus néfastes qui sévissent en entreprise.

Depuis la parution de son livre, «The No Asshole Rule» («Objectif zéro-sale-con») en 2007, Robert Sutton est devenu le spécialiste mondial des personnalités odieuses au bureau. Il avait déjà réédité son ouvrage en 2010, avec une pelletée de nouvelles observations. Nous lui avons demandé de faire un troisième point, fin janvier 2013, sur l’évolution des comportements déviants en milieu professionnel. Même au téléphone, depuis Palo Alto, l’homme s’enflamme sur le sujet : avec la crise, les tyrans, les pervers et les emmerdeurs de tout poil ont de plus en plus le champ libre. Mais beaucoup d’entreprises commencent à poser des garde-fous.

Management : Pourquoi le professeur en comportement organisationnel que vous êtes s’est-il penché sur le sujet des “sales cons” ?
 
Robert Sutton : Tout d’abord parce que quand j’étais petit, mon père m’a toujours dit de ne jamais devenir un sale con. Plus tard, quand j’ai commencé à travailler au département de management et d’ingénierie de Stanford, je me suis fixé comme règle, avec d’autres enseignants, de ne jamais embaucher ce genre de profil. Même si c’est un prof brillant, un sale con pourrit l’ambiance et fait baisser le niveau d’innovation, de motivation et de productivité. Au sein de l’entreprise, c’est la même chose, d’où mes travaux universitaires sur le sujet. Le lieu de travail doit rester un endroit civilisé. Dans un environnement où règnent le respect et la dignité, la productivité est toujours meilleure : il s’agit d’un cercle vertueux. Sinon, les sales cons prolifèrent. 
 
Management : Le phénomène est mondial, d’après les retours que vous avez… 

Robert Sutton : Pendant que je vous parle, je regarde mon blog : j’ai recueilli à ce jour environ 11 000 témoignages et demandes de conseils venant du monde entier depuis la parution de mon livre, en 2007. D’ailleurs, beaucoup de ces e-mails arrivent de France, et je dois faire appel à ma sœur pour qu’elle me les traduise. Tous ces messages prouvent que le sujet concerne des millions de personnes sur la planète, ce qui est inquiétant et m’a incité à continuer d’étudier le phénomène. Dans les entreprises prestigieuses pour lesquelles il m’arrive d’intervenir comme consultant, chez McKinsey, par exemple, on m’appelle «the asshole guy», «monsieur sale con» !
Management : Avec la crise, avez-vous vu émerger de nouveaux comportements déviants ? 

Robert Sutton : Ce qui a surtout changé, dans ce contexte économique, c’est qu’avec les taux de chômage record que connaissent les Etats-Unis et l’Europe, les gens ont peur de perdre leur job et hésitent davantage à se rebeller contre les managers tyranniques ou pervers. Du coup, le pouvoir de nuisance de ces derniers s’est accru. J’ai d’ailleurs une anecdote regrettable à raconter à ce propos : à cause de mon livre, qu’il avait posé ostensiblement sur son bureau, un de mes lecteurs a été licencié
Management : Les nouvelles technologies contribuent à répandre le mauvais esprit, non ? 

Robert Sutton : L’e-mail permet effectivement d’envoyer des courriers cinglants sans confrontation directe. Un abruti peut aussi déverser des horreurs sur une personne en utilisant la fonction copie cachée. Avec les réseaux sociaux, en revanche, c’est différent. Dénigrer quelqu’un sur Facebook ou Twitter risque, un jour ou l’autre, de se retourner contre vous.

Management : Les entreprises réagissent-elles, du moins aux Etats-Unis ? 

Robert Sutton : Oui. Les écarts de comportement sont de moins en moins tolérés dans les boîtes. Je pense notamment à Procter & Gamble, mais il y en a beaucoup d’autres. Dans ce groupe, ils ont compris que les salariés, même les superstars, qui passent leur temps à être arrogants, à rabaisser leurs collègues et à ne penser qu’à leur intérêt personnel créent une atmosphère démotivante, vampirisent l’énergie de l’entreprise et méritent d’être virés. Chez Google, ils appliquent carrément ce principe dès le processus de recrutement. Il n’y a pas de place pour les connards à Moutain View, fussent-ils les meilleurs techniciens de la Silicon Valley. 

Management : Beaucoup d’entreprises mettent en avant leur mission, leur vision, leurs valeurs… Que pensez-vous d’un code de bonne conduite, un “No Asshole Code” ? 

Robert Sutton : Je dirais oui, faites-en un, mais ne le publiez pas : il est plus important de le rendre implicite. Selon moi, il y a un risque de décrédibilisation pour une entreprise qui afficherait un code de bonne conduite sans que le top management le respecte. Je connais ainsi un labo pharmaceutique dont la dirigeante a ajouté aux valeurs du groupe un objectif du type «zéro sale con». Or elle-même se comportait exactement comme ce qu’elle décriait. Devinez quoi : il y a eu un mouvement de rébellion et elle a finalement été virée par ses actionnaires. Il ne faut jamais rien publier qui puisse vous faire passer pour un hypocrite ou un menteur. Avoir un code de bonne conduite est important. Mais ce qui compte, c’est l’état d’esprit insufflé par les leaders d’une entreprise, et leur façon de se comporter. Les studios Pixar, par exemple, ou l’agence de design Ideo sont des entreprises qui ont besoin d’idées originales pour demeurer innovantes. L’écoute et la confrontation positive des points de vue y sont favorisées et valorisées sans qu’il y ait aucune règle écrite. L’atmosphère qui y règne crée une dynamique positive. 

Management : Mais ne risque-t-on pas de se retrouver entouré d’imbéciles heureux ? 

Robert Sutton : Il faut évidemment se méfier des collaborateurs qui n’expriment pas leurs opinions, ont une attitude soumise ou manquent de personnalité. Les managers, quant à eux, doivent apprendre à être directs, même si c’est au détriment de leur popularité. Une entreprise vit toutes sortes d’événements, et certains collaborateurs ont parfois besoin qu’on leur remonte les bretelles. On peut avoir des discussions houleuses, mais il faut toujours conserver un respect mutuel. Les meilleurs patrons sont ceux qui sont capables de dire rapidement les choses positives ou négatives à leurs salariés. 
Quelle attitude conseillez-vous d’adopter face à la méchanceté ? 
Robert Sutton : Le détachement. Personnellement, si quelqu’un m’agresse, je sais neutraliser l’atteinte émotionnelle produite par l’attaque. Avec le temps, ça s’apprend. Si vous n’y parvenez pas et que vous vous retrouvez dans un environnement professionnel où sévit un sale con, cherchez un job dans une boîte où on ne les tolère pas.

Propos recueillis par Claire Derville et Gabriel Joseph-Dezaize

L'information sans gestion c'est Big danger !

Gérald Karsenti invité à la conférence 
organisée par SCOR le 26 Mars dernier sur le thème du Big Data
Le 26 Mars dernier, je participais  au séminaire sur le thème "Big Data: défis et opportunités pour les assureurs", organisé par l'Institut des Actuaires, l'Institut de Formation de la Profession de l'Assurance (Ifpass), l'Institut des Sciences Financières et actuarielles (ISFA, Lyon) et Scor. Cela se passait dans les locaux de Scor, rue Kléber à Paris. Le séminaire réunissait la communauté des actuaires et des assureurs autour d'un sujet devenu majeur pour toute la profession. Dans une introduction enlevée et illustrée de cas concrets, le président David Kessler (Scor) lance les débats.

La première session débute sur le thème : "Big Data : vers une nouvelle science des risques ?". 

Je suis le premier intervenant. Après avoir défini le Big Data en lui-même, je donne une vue sur ce que représente exactement aujourd'hui ce que l'on appelle également "la gestion des masses de données colossales": entre 2,4 et 2,7 trillions d'octets créés par jour, 78000 tweets échangés par minute et 23000 applications téléchargées sur la même unité de temps. En substance, les données doublent tous les 18 mois ! Nous sommes confrontés à un phénomène de société qui touche davantage de monde que les seuls acteurs informatiques. Tout le monde est concerné. 

C'est d'autant plus crucial qu'au moment même où ces données explosent, nous avons besoin de prendre des décisions rapidement, dans des contextes où les critères de choix sont de plus en plus basés sur du "multi-factoriel", dans des environnements qui se trouvent être de plus en plus "pluri-disciplinaires". Ne pas maîtriser les données de son entreprise revient à l'inverse de ce qui est généralement escompté. Il est donc fondamental de prendre les bonnes options, pour être en mesure de mettre "la bonne information entre les mains de la bonne personne au bon moment pour prendre la bonne décision". 

Cette explosion des données s'est produite dans le temps, au cours des dernières décennies, avec l'évolution de l'informatique, partie de la production pour arriver aujourd'hui aux systèmes Cloud, aux médias de tous types et aux réseaux sociaux. Avec le machine-to-machine et l'Open Data, nous sommes de plus confrontés à de nouvelles sources de création de données. Mais l'information arrive de toute part, les formats sont variés, il peut s'agir de vidéos, d'audio, d'emails, de textes, de SMS, d'informations produites par des capteurs en tout genre ou d'images

Le Big Data, qui peut aussi se définir sous 4 angles (Volumes, Vélocité, Variétés et Valeur), permet d'analyser le passé ("analytics, Graphes), de comprendre l'Instant (corrélations, animations) et de prévoir le Futur (Maths, arbres). 

Au-delà de la compétence métier, des maths et de la statistique, il parait évident que les actuaires et assureurs vont devoir pour survivre maitriser la connaissance IT et apprendre à gérer les données avec efficacité et même dans l'efficience. 

L'enjeu va être de maîtriser les flux informationnels, sachant que 3/4 des données existantes sont non structurées. D'un côté il y a en effet le monde de l'information encadrée, structurée, celle de l'IT, qui appartient à l'entreprise (c'est le SI interne). D'un autre, il y a le monde non structuré qui se trouve aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'entreprise. 

Les exemples d'applications au monde de l'assurance ne manquent pas : grâce à des capteurs, on peut intégrer le comportement des conducteurs au volant dans l'établissement ultérieur de polices d'assurance et de leurs options; on peut prévenir ou réduire les risques sismiques, d'ouvrages, de dommages et sinistres majeurs. On peut aussi gérer sa e-reputation.

Et si la gestion de l'information est primordiale pour le monde de l'assurance, elle l'est tout autant pour les autres secteurs.  

L'idée est de passer du Big Data au Better Data en changeant d'approche, en structurant l'ensemble de façon différente ... mais c'est une autre question.

Il est en tout cas certain que cette profusion d'informations n'est pas neutre et que son orchestration devient un enjeu vital pour les entreprises et les Etats.

Pour se faire, il faut disposer d'une batterie d'outils pour faire le tri et utiliser la bonne information en fonction de ce que l'on veut faire. Bonne nouvelle, ils existent !

24 mars 2013

Eloge de la vitesse

La vitesse n'a jamais sans doute été aussi importante. Le monde bouge vite et le leader d'aujourd'hui doit prendre ses décisions dans des délais courts dans un univers où la complexité va pourtant croissante. Le texte ci-dessous est un extrait de l'ouvrage que j'ai publié en 2009 aux Editions Pearson "Modèle 4X4", livre qui traite en majeur de la conduite du changement. J'ai pensé qu'il était intéressant de le partager avec vous.

Eloge de la vitesse

Depuis le début de ce siècle, les changements se multiplient et s'accélèrent dans tous les domaines. Que ce soit dans les technologies de l'informaton, les télécommunications, les biotechnologies ou la recherche médicale, l'homme ne cesse de repousser les frontières de la connaissance. Les défis scientifiques sont tour à tour surmontés. Seul le facteur temps reste incontrôlable : "Le temps est notre pire ennemi." 
Depuis toujours, les hommes se sont attachés à le dominer, comme s'ils cherchaient à en gommer les effets. 
Pour les entreprises, c'est un peu la même chose. Tout est question d'opérationalisation (ou de mise en oeuvre). ces délais de réalisation sont des clés pour leur développement et leur survie. Le groupe informatique DEC (Digital Equipment Corporation), submergé par la vague de la micro-informatique, après avoir dominé le marché des serveurs intermédiaires, en est un bon exemple. Pour ne pas l'avoir vue arriver - et surtout pour ne pas y avoir cru -, il a connu de grandes difficultés avant d'être racheté par Compaq. Ainsi, un manque de clairvoyance, de réactivité et de vitesse à un instant donné, de la part d'un dirigeant est souvent fatal à l'entreprise dont il a les rênes. Le monde des affaires rejoint en cela celui du sport où l'exigence de performance est permanente. 

Le concept de vitesse doit cependant être abordé avec beaucoup de prudence. Comme souvent, ce n'est pas aussi simple qu'il n'y parait de prime abord. Si nous sommes tous d'accord pour souhaiter la mise au point rapide de traitements contre le cancer, nous restons par contre pour la plupart d'entre nous très mitigés sur les bienfaits potentiels du clonage humain. Rares sont ceux en effet qui entrevoient dans ces avancées scientifiques une source de progrès pour l'humanité. L'homme ne se prendrait-il pas pour Dieu ? a-t-on souvent entendu. Il est (donc) des domaines où la vitesse n'est pas forcément souhaitable. Elle peut être dangereuse, parfois fatale. Il s'agit plutôt, selon le terrain où l'on se trouve, d'aller à la bonne allure. On ne conduit pas à la même vitesse sur un route départementale, une nationale ou sur un réseau autoroutier. On ralentit aux abords d'une école, en traversant un village ou une ville, on s'arrête au péage ou à un stop. Ce sont là des règles de base du code de la route que nous connaissons tous et que nous respectons. Nous n'avons du reste pas le choix. Il en est de m^me pour toutes les activités qui régissent la vie de hommes, des entreprises et de la société en général.

Dans un contexte chargé d'incertitudes, le leader d'aujourd'hui doit avant toute chose savoir s'adapter. Son profil apparaît plus complet que celui de ses prédécesseurs. "Des surhommes" diront certains; "Un dépassement de l'humain" selon Nietzsche. Mais quels que soient leur origine, leur cursus universitaire, leur parcours professionnel ou leur personnalité, une caractéristique les unit : leur goût pour la vitesse !

Le concept de vitesse n'a pas, tant s'en faut, la même signification pour tous. Par exemple, "aller vite" ou "aller au plus vite" sont deux phrases en apparence très proches et pourtant très différentes. La nuance est tout à fait fondamentale. Il est des instants dans l'entreprise où l'équipe, lancée à pleine vitesse, semble capable de dépasser toutes les limites. Les signatures de contrats mirobolants se succèdent dans un climat de confiance et de succès renouvelés. La vitesse permet l'élévation de soi et l'avénement de grands desseins, qu'ils soient individuels ou collectifs. Mais il existe un revers à la médaille : une vitesse excessive, non maîtrisée, peut conduire à la catastrophe. Elle entraîne souvent des dérapages plus ou moins contrôlés ou des acidents dont les conséquences sont parfois désastreuses. Transposé à l'entreprise, ce sera l'acquisition de trop, le contrat mal ficelé et signé trop vite ou encore le projet aux engagements hasardeux, pris trop rapidement, générateurs de lourdes pertes et d'insatisfactions pour les clients.

(Modèle 4x4, Ed. Pearson, Gérald Karsenti, page 55-57)

Si le dirigeant doit aujourd'hui agir avec vitesse, à défaut de le faire dans la vitesse, il est utile de se demander si cela a un sens. Est-ce une bonne chose ? A l'heure où nous avons basculé dans les reporting trimestriels, où les compteurs sont remis à zéro à des échéances aussi courtes, il est utile de se poser une question simple : n'est-on pas en train de sacrifier le futur pour produire des résultats de court terme ?

Une chose est certaine, le dirigeant doit jongler entre deux impératifs, un "impératif de vitesse" pour prendre la concurrence de vitesse et toujours être en avance sur les autres; un "impératif de réflexion" qui consiste à ne pas se précipiter, à réfléchir, pour élaborer la bonne stratégie.

18 mars 2013

Le "Story Telling" et notre société

Le Story Telling est une méthode utilisée depuis quelques années en communication pour raconter au sens propre du terme une histoire. L'idée est de faire adhérer un public à une idée, à un projet ou à un programme. Fondé sur la structure narrative du discours, on se rapproche du conte ou du récit.

Quel est le but du Story Telling ? Faire rêver, sans aucun doute, faire rentrer le maximum de personnes dans notre univers pour qu'elles se sentent totalement investies, au point de vouloir contribuer à la réalisation du projet.

Est-ce un bien ou un mal ?

Cela dépend. D'un certain point de vue, poussé à l'extrême, le Story Telling peut être une forme de manipulation. Un bon orateur peut en effet abuser des gens en utilisant une communication imagée et inspirante. Il faut donc être méfiant ou du moins sur la réserve. Car rien n'est plus dévastateur que des usurpateurs exploitant l'incrédulité ou la naiveté des gens. Et il y en a. On peut abuser autrui par goût du pouvoir, de l'argent ou pour d'autres raisons, peu importe au fond le motif, seul reste dans ce cas la trahison. Et rien n'est pire que de découvrir que l'histoire à laquelle on croyait vigoureusement n'est en fait qu'un tissu de mensonges. C'est un peu comme dans une histoire d'amour où l'on viendrait à prendre soudainement conscience que l'autre s'est totalement moqué de vous ... 

D'un autre côté, le Story Telling est sans doute un bon moyen de redonner un sens aux choses, une valeur à l'acte, à la parole, un but à ce que nous faisons, une vision à notre démarche. Nous manquons tellement d'entrain de nos jours. Nous avançons certes mais bien souvent nous ne savons plus très bien pourquoi.

Il y a longtemps que des patrons de groupes utilisent cette technique, tout comme les femmes et les hommes politiques. Du moins certains. Celles et ceux qui manient bien l'acte de la communication orale. Car rien n'est pire que de vouloir l'utiliser sans la maîtriser. On peut facilement alors déclencher l'effet inverse à celui initialement recherché. 

Pourquoi cette technique a-t-elle autant de succès ? Les orateurs de talent ont compris depuis belle lurette que l'on entraîne personne, ou du moins peu de gens, en utilisant des éléments factuels. Il y a une raison à cela. 

Prenons le cas de Louis, un leader au cursus parfait : une excellente éducation, une très bonne formation (un bon Lycée, une bonne école d'ingénieur complétée par un MBA de bonne réputation), une carrière logique et structurée, une solide culture. Louis parle bien. Il ne fait pas de faute et a une très bonne élocution. Il est rationnel. Toute le monde s'accord à dire qu'il est d'une intelligence prodigieuse. Tout irait dans le meilleur des mondes s'il n'y avait pas un ... bémol ... 

Et pourtant quand il s'adresse à ses équipes ou à un public plus ou moins large, il sent bien qu'il lui manque quelque chose. Il ne fait jamais de flop mais il sent bien qu'un déclic ne se produit pas. 

Que se passe-t-il ? 

En l'écoutant asséner ses raisonnements, alimentés de chiffres, de graphiques, de courbes, de faits, d'éléments factuels, personne ne peut dire qu'il n'est pas crédible. Il l'est et tout le monde le lui accorde. On sort de ses prestations en se disant : "brillant !".  Et pourtant, rien ne se passe, aucune action ne suit ses discours. Personne ne bouge. D'un meeting à l'autre, il a l'impression de reprendre à zéro et il doit souvent se fâcher après ses managers pour que les choses évoluent un peu, avant de retomber, tel un soufflé, une fois sa "pression" relâchée ...  C'est frustrant pour toute le monde.

En agissant ainsi, Louis parle au cortex cérébral, cette partie du cerveau qui pilote la partie rationnelle, le raisonnement, la logique, etc. mais pas ... l'action. Et là est tout le secret. Pour passer de la compréhension à l'action, il faut toucher une autre partie du cerveau que l'on appelle le système limbique. Lui seul agit sur les émotions, nos tripes, et nous pousse à nous bouger, à aller dans le sens voulu par l'orateur, à ne pas nous contenter de l'écouter mais à l'aider tout simplement. 

Pourquoi ? Parce que l'on se sent touché. Et ce n'est pas rien. On sent que quelque chose se passe. Il vient de donner du sens à l'objectif global mais surtout au rôle que l'on peut avoir individuellement. Tout est là. 

Comment faire ? Il faut raconter une histoire, comme l'ont toujours fait les leaders à travers les temps. Les hommes ont toujours eu besoin de cette part de rêve. Prenons les écrits bibliques ou les oeuvres d'Homère. Il faut donner corps à son projet et l'inscrire dans une perspective enthousiasmante, sans tricher, sans mentir, en étant vrai. Soi-même. 

Est-ce de la manipulation ? Je ne sais pas. Mais peu importe au fond s'il y a une part d'exagération car au final, cela finit toujours par payer. Nous autres humains avons besoin d'une cause pour bouger, agir, donner le meilleur de nous. Il nous appartient alors individuellement de savoir à qui nous devons accorder notre confiance ou pas. 

Le Story Telling utilisé à bon escient est donc porteur de succès car il entraîne l'adhésion, l'envie de ne faire qu'un, de former un tout et d'avancer ensemble.

On vise les émotions plus que le cérébral. Mais n'est-ce pas de cela dont nous avons le plus besoin aujourd'hui ?

03 mars 2013

Une femme à la tête du journal Le Monde

Natalie Nougayrède à la tête du journal Le Monde
Alors que la journée de la femme approche, je me sentais ce matin presque dans l'obligation d'écrire un post à ce sujet. Et puis j'ai renoncé. La journée de la femme a quelque chose d'agaçant au fond. Elle est là chaque année comme un doigt pointé sur tous, les politiques, les chefs d'entreprises, tous ceux au fond qui disent vouloir rééquilibrer, tous ceux qui ont le souci de la mixité, du moins dans leurs propos, mais qui ne font rien ou peu. Cela bouge certes mais peu. Beaucoup de mots mais ... 

Moi-même, convaincu au plus profond de moi de l'intérêt de cet ajustement, qui au-delà de sa logique, ne peut être que salutaire à notre société et à nos économies, je me demande chaque semaine au moins si j'en fais assez, si je vais assez vite, si je bouscule assez le statu quo qui en la matière est plutôt bien établi.  
Ce n'est pas une journée qu'il faut, mais une action soutenue ... dans la durée ... mais je vais laisser ce débat pour aujourd'hui et  revenir à ma journée, la mienne, celle qui se termine bientôt. 
Je réfléchissais comme je le fais chaque semaine au sujet qui avait finalement retenu mon attention, et là, je me suis souvenu de cette nomination. Une femme à la tête du Journal Le Monde !!! Si ça ce n'est pas un mouvement notoire, une nomination qui fera date ! Comment en douter ?

Etudiant, ce titre était pour moi comme un fleuron de la pensée française, un nom connu dans le monde entier, comme les Editions Gallimard ou Christian Dior. Des décennies plus tard, et même en ayant eu des hauts et des bas, rien n'a changé, l'image est toujours là, intacte. Voilà bien une entreprise que de nombreux dirigeants voudraient diriger ... 

Et bien ce sera une femme !