27 novembre 2011

Break it to build it ! (English version follows)

Le monde dans tous ses états. C'est un peu ce que nous lisons depuis des semaines, des mois, dans la presse quotidienne, et ce n'est pas prêt de s'arrêter. Nous voyons bien que quelque chose ne tourne pas rond. Lorsque je vivais aux Etats-Unis, trois années, de 2000 à 2003 très exactement, un des patrons mondiaux, de l'entreprise qui m'employait alors, avait utilisé en conférence une expression qui m'avait dans un premier temps interloqué, avant de tout simplement me faire réfléchir : "Break it to build it !" (Cassez pour reconstruire !). Je ne suis pas certain qu'il aurait mis par l'écrit un point d'exclamation, mais je trouve qu'il traduit plutôt bien le questionnement qui avait été le mien à cette époque. Je n'ai jamais vraiment oublié cette phrase, cette expression qui avait alors atteint l'objectif recherché: provoquer la réflexion. La mienne en tout cas. Sur le moment, cela m'était apparu un peu excessif. Certes, nous étions en pleine éclatement de la bulle internet et forcément, nous étions dubitatifs, perdus. Mais de là à tout casser ! Et Dieu que ces problèmes étaient mineurs comparés à ceux que nous rencontrons aujourd'hui, et davantage encore si nous songeons à ce qui nous attend tous demain ... Il est des conclusions pourtant faciles à dresser : 
  •  Il est urgent de disposer d'un véritable gouvernement européen ou à défaut d'un chef d'orchestre. J'enseigne à HEC Paris depuis des années maintenant, essentiellement dans le domaine du leadership et de la transformation des entreprises, et je répète à l'infini que l'homme a besoin de chefs, ou de guides. En tout cas de leaders capables de tracer la voie et de prendre les décisions qui s'imposent ... 
  • Il est urgent de s'affranchir des marchés. Certaines valeurs, bancaires en particulier, font le yo-yo, sans le moindre rationnel économique. Nous éprouvons un sentiment trouble, qui nous laisse un goût amer en bouche, le sentiment d'être manipulés par une information fabriquée de toute pièce par certaines personnes qui s'empressent d'empocher des sommes d'argent à chaque aller-retour boursier. Plutôt malsain quand on sait que des millions de gens souffrent et peinent à boucler les fins de mois. C'est peut-être faux, mais avouons qu'il y a de quoi se poser des questions.
  • Il est urgent de s'affranchir des agences de notation. Elles devraient être là pour permettre une juste appréciation des choses, de l'équilibre financier des Etats, des entreprises, etc. Elles créent en fait plus de perturbations que de sérénité. Quelle est leur valeur ajoutée ? Aucune. Elles ne font qu'alimenter les marchés en informations contradictions, générant des mouvements perturbés et chaotiques. Il ne s'agit pas de les supprimer, elles peuvent avoir un rôle, mais à condition de mettre en place une véritable gouvernance. 
Alors faut-il casser pour reconstruire ? Il faudrait au moins se poser la question ? Peut-on relancer sans changer notre système actuel en profondeur ? En tout état de cause, il est urgent de positionner, ou de repositionner l'Europe, pour qu'elle soit très vite en situation de résister à l'Amérique, à l'Asie et aux BRICs ! 

English version
The world in all his states. It is a little bit what we read for weeks, even months, in the daily press, and it is not ready to stop. We see well that something does not turn right. When I lived in the United States, three years, from 2000 till 2003, one of the world bosses of the company which used to employ me at this time had used in conference an expression which had taken aback me at first, before making me thinking: " break it to build it ! I am not certain that he would have put in the paper an exclamation mark, but I did it because it translates well enough the questioning which had been mine then. I have never forgotten really this sentence, this expression which had then reached the point: being a little provocative and make us think. At this time, I thought i twas a little excessive. Certainly, we were in full explosion of the internet bubble and necessarily, we were a little bit sceptical, a little lost. But from there, I saw a gap before breaking all ! And God, these are not serious problems compared to the ones we are facing since years and the ones that will certainly appear in the next future. 
Some conclusions can be drawn easily : 
  • It is quite urgent to get a government in place, or at least a leader who can show the way and make decisions. I am teaching leadership and transformation at HEC Paris since years and I am always very vocal on the fact that any human group needs a chief, need a leader. 
  • It is urgent to move away from the markets, at least to take some distance. Obviously some people are creating information, making a lot of money, particularly with the banking values, while most people across the world are really suffering. This is quite hard to accept.
  • It is urgent to move away from the rating agencies. They should bring clarity and serenity but indeed this is quite the opposite. What is the value of the current system. We can obviously question ourselves. A governance needs to be established and applied to everyone, them included. 
So should we break all to rebuild a new world ! Of course cannot be done and said this way. Can we relaunch our economy without changing dramatically our current system. But anyway we have certainly to act quickly to make sure that Europe will be able to resist (exist) to the United States, to the Asian push and to the BRICs development. 

20 novembre 2011

Lâchons nos enfants ...

Source : Dalipas
J'aime bien cette image qui traduit tout à la fois l'évolution de l'homme et le fait que tout est un éternel recommencement. L'homme s'est dressé par la première fois pour voir par dessus les herbes hautes et ne pas se laisser piéger par quelques bêtes sauvages. Il retourne quasiment dans sa position initiale, poussé par les nouvelles technologies. Néanmoins, un bémol, l'image laisse penser que nous descendons des singes, ce qui n'est pas le cas ... Mais là n'est pas la question sur laquelle je souhaite m'attarder aujourd'hui. C'est le lien entre le potentiel des enfants et l'ambition des parents qui m'intéresse. Récemment, à plusieurs reprises, des parents, amis par ailleurs, m'ont questionné sur ce qui pouvait conduire leurs enfants à la réussite, ce qui se caractérise pour quasiment tous par l'entrée de leurs chers petits/chères petites dans une grande école, Polytechnique, Centrale, HEC ou Sciences Po. Je leur ai fait à peu près la même réponse: la meilleure chose à faire est de guider ses enfants, de les conseiller, pour qu'ils puissent se retrouver un peu mieux dans les méandres des formations et des carrières, et ensuite il faut les laisser avancer à leur guise, sans leur mettre de pression, sans les contraindre à intégrer telle ou telle préparation scientifique, commerciale ou littéraire. Il n'y a pas de succès possible par l'obligation. On ne peut obliger un enfant, fut-il brillant, de réaliser le rêve de parents ! Les cas sont multiples. On trouve les parents issus eux-mêmes de prestigieuses écoles et qui n'envisagent pas une seconde que leurs progénitures puissent échapper à la même marque de fabrique. Il y a aussi ceux qui auraient rêvé en intégrer une et qui faute de l'avoir fait projettent leurs ambitions passées sur leur descendance. Il y a enfin ceux qui ne sont dans aucun de ces cas, mais qui souhaitent ce qu'il y a de mieux pour leurs enfants. Quoi de plus naturel ? Mais es-ce bien pour eux ? Pas si sûr. L'enfant gagne son indépendance et sa force dès l'instant où il est capable d'imposer ses vues à ses propres parents. Je crois en toute modestie avoir agi ainsi avec les miens. Ma femme et moi les avons guidé au mieux, pour les aider à choisir. Choisir est complexe, surtout quand les voies qui nous sont offertes sont multiples. Mais choisir marque aussi l'accès progressif à l'âge adulte, à la maturité. "Mais Gérald, tu ne t'en rends pas compte, mon fils/ma fille a un potentiel unique. Il/elle a un QI de 130 !", me dit-on. J'en suis bien conscient. Je veux dire que je suis bien conscient que certains enfants ont un QI supérieur à d'autres. 2,2% de la population selon les statistiques sont considérés comme surdoués! Pas lourd ... Mais le QI ne traduit pas pour autant l'intelligence d'un individu. Il ne caractérise qu'une des sept formes, celle que nous pouvons qualifier de "logico-mathématique". Il y en a d'autres: spatiale, musicale, physique, linguistique, inter-personnelle et intra-personnelle. Il est donc impossible et même dangereux de réduire les capacités d'une personne, encore plus d'un enfant, à un simple chiffre. Cela reviendrait à ne prendre en compte qu'une des facettes de son intelligence, de ses capacités et de son potentiel. Il faut laisser l'enfant se réaliser et se dévoiler. Il n'intégrera peut-être pas au final une grande école ou une brillante université, mais sera peut-être au final bien plus heureux. Car le bonheur est complexe à mesurer. Il est la somme d'une réussite sociale, financière, personnelle et surtout de la réalisation de soi. 

12 novembre 2011

Donner du sens aux choses !

Certaines personnes, elles sont rares, marquent l'histoire. D'autres pas alors même qu'elles auront eu beaucoup d'influence du temps de leur vivant, de leur carrière professionnelle. Ghandi (en photo) fait partie de ces êtres là. Gainsbourg dans la chanson, Steve Jobs dans les affaires, Martin Luther King pour la cause des noirs aux Etats-Unis, Golda Meir en tant que chef d'Etat, etc. Pourquoi certaines personnes sont destinées à marquer leur passage terrestre de façon durable, à laisser une empreinte ? Il n'y a pas de recette miracle, mais il existe par contre des points communs entre ces leaders qui en apparence n'ont rien à voir.
1. Ils sont souvent de condition modeste. Ils viennent de nulle part, mais ont une conviction forte, une idée précise de ce qu'ils veulent accomplir, un idéal.
2. Ils ne se laisseront pas distraire facilement de ce but. Alors que je donnais un cours à HEC Paris, un étudiant me disait : "ils le veulent plus que les autres". Absolument. Mais cela va au-delà, ils sont sans doute plus déterminés, mais leur démarche est ancrée sur quelque chose de profond, plus important généralement que la seule envie de gagner. On peut donc dire qu'ils veulent l'emporter d'une façon ou d'une autre, mais qu'ils ont surtout l'ambition de faire triompher leurs rêves, leurs idées, etc.
3. Ils portent en eux cette capacité à convaincre. Ils ont compris, généralement très jeunes, que la communication est clé dans tout accomplissement, alors ils soignent leur image, et se créé un personnage. Gainsbourg a ce titre permet tout à fait d'illustrer ce point. Au-delà de son talent de musicien et de compositeur, il en avait un autre : il a vécu sa vie comme un roman, faisant de chacun de ses pas une sorte d'idéal, de telle sorte que tout le monde ait un sentiment à son égard. Ceux qui l'aiment, j'en suis, admireront ses actes positifs et lui trouveront des excuses pour ses débordements. Ceux qui le détestent trouveront dans ses choix et dans sa vie des justifications au ressentiment qu'ils lui portent. C'est ainsi, un leader finit par être un tout. Il y a lui en tant que personne et il y a lui en tant que professionnel. Pour les grands hommes, les grands leaders, les deux images finissent par se rejoindre à un moment donné.
4. Ils n'ont pas peur de se mettre en danger, de se mettre en risque, et pas uniquement parce qu'ils n'ont rien à perdre. Ils renoncent bien souvent au bien-être, au bonheur que nous concevons tous (avoir une famille, un toit, des moyens financiers, partir en vacances, etc.). D'une certaine façon, et selon les normes habituelles, ils ne sont pas/n'auront pas été spécialement heureux. Mais comment définir le bonheur ? Que veut dire "être heureux ou ne pas l'être" ? Ce qui est certain, c'est qu'ils sont généralement prêts à tout mettre sur le tapis pour atteindre leur but, ils ne font à ce niveau aucun compromis. Et là, il y a une différence notable avec le commun des mortels. L'individu standard va chercher à réussir financièrement et socialement. Pour y parvenir, il travaille souvent dur, sans se poser d'autres questions, ou s'il le fait, ce n'est qu'épisodique.

C'est pourquoi l'individu lambda arrivant à maturité (50 ans et au-delà) fait souvent sa petite crise d'identitité ou existentielle: au fond, quel est le sens de mon action. Qu'aurais-je réellement construit ou fait ? Que vais-je laisser derrière moi ? Hum ... voilà bien des questions importantes. Mais quand ces personnes se les posent il est souvent trop tard pour agir et changer le cours des choses. Quand Picasso se lance dans la peinture, vivant au départ dans le besoin, il croit en sa bonne étoile et poursuit sa voie. Il n'est pas sur un chemin traditionnel, fait de choses pré-établis: je me mets en couple plus ou moins à tel âge, je veux deux ou trois enfants, j'achète ma maison, une belle et grosse voiture, je pars en vacances dans des clubs, etc. Rien de grave dans ce type de vie. Au contraire, il s'agit là d'une vie heureuse et réussie. On a donné du bonheur autour de soi, élevé des enfants, on a créé une famille. Mais il faut aussi réaliser qu'on ne peut pas tout avoir. 99% des individus dans les pays occidentaux veulent une vie organisée, structurée, standardisée. Même s'ils ne l'avouent pas ! On y a été préparé dès l'école. Comment renoncer à tout ça pour accomplir un rêve ? D'autant plus que pour un Picasso, il y a des milliers, des centaines de milliers de peintres qui ne connaitront que galère et misère. Et cela toute leur vie durant. Alors autant assurer ! Et bien voilà, l'assurance a un prix. En renonçant à une vie de bohème, à la poursuite d'un idéal, à la concrétisation de ses idées, pour une vie plus "normale", on doit accepter la contrepartie de "ne pas entrer dans l'histoire" ! Le dicton dit : "On ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre". Et oui on ne peut pas. Mais est-ce si grave ? C'est une question à laquelle chaque individu se doit de répondre avec objectivité, en se souvenant que de toute façon il avait des chances très limitées de réussir à marquer son temps, d'abord parce qu'il faut en avoir le talent, ensuite parce qu'il faut avoir un but clairement défini et différenciateur, enfin parce qu'il faut avoir vécu au bon moment, à la bonne époque. Cela fait beaucoup de conditions ! 
Les leaders, les grands hommes comme les appelle Hegel, sont ceux et celles qui defient à la fois le temps et les choses établies, ils bousculent le status quo. Ils n'ont généralement aucun regret à la fin de leur vie, qu'ils aient réussi ou pas. Ils ont poursuivi un but et seul cela compte. Nous autre, individus lambda, ceux et celles qui tôt ou tard plongeront dans l'oubli, devons vivre avec cette idée d'un certain renoncement. Nous avons renoncé à la gloire éternelle pour un confort ... Ainsi, l'homme politique renonce souvent à gagner beaucoup d'argent (en principe) pour accomplir son dessein, alors même qu'il sort de la même école ou de la même université que son camarade qui lui a choisi d'être "trader" dans une banque. Ils n'ont pas choisi la même vie. Ils investissement différemment et le rendement pour l'un et l'autre, qui n'est pas garanti, n'est en tout cas pas distribué avec la même échelle de temps. L'un aspire à laisser une trace, l'autre veut gagner de l'argent pour jouir de cette vie terrestre.
A chacun de choisir.
A chacun d'assumer ses choix. 
Ci-dessous, la chanson bien connu, extraite du spectacle Starmania, "Le Blues du Businessman". En parcourant les paroles, il est amusant de voir que l'on retrouve bien ce questionnement qui nous assaille tôt ou tard, que l'on ait réussi ou pas. Je laisse mes lecteurs l'analyser ! Très belle chanson, pleine de sens et de justesse. J'ai mis en couleur et en gras les parties qui méritent selon moi d'être méditées.     

Le blues du businessman
    J'ai du succés dans mes affaires
    J'ai du succés dans mes amours
    Je change souvent de secrétaire
    J'ai mon bureau en haut d'une tour
    D'où je vois la ville à l'envers
    D'où je contrôle mon univers
    J'passe la moitié d'ma vie en l'air
    Entre New York et Singapour
    Je voyage toujours en première
    J'ai ma résidence secondaire
    Dans tous les Hilton de la Terre
    J'peux pas supporter la misère.
    (Choeurs:)
    Au moins es tu heureux?
    (Chant:)
    J'suis pas heureux mais j'en ai l'air
    J'ai perdu le sens de l'humour
    Depuis qu'j'ai le sens des affaires.
    J'ai réussi et j'en suis fier
    Au fond je n'ai qu'un seul regret
    J'fais pas c'que j'aurais voulu faire.
    (Choeurs:)
    Qu'est ce que tu veux mon vieux!
    Dans la vie on fait ce qu'on peut
    Pas ce qu'on veut.
    (Chant:)
    J'aurais voulu être un artiste
    Pour pouvoir faire mon numéro
    Quand l'avion se pose sur la piste
    A Rotterdam ou à Rio
    J'aurais voulu être un chanteur
    Pour pouvoir crier qui je suis
    J'aurais voulu être un auteur
    Pour pouvoir inventer ma vie
    Pour pouvoir inventer ma vie
   (Chant:)
    J'aurais voulu être un acteur
    Pour tous les jours changer de peau
    Et pour pouvoir me trouver beau
    Sur un grand écran en couleur
    Sur un grand écran en couleur
    J'aurais voulu être un artiste
    Pour avoir le monde à refaire
    Pour pouvoir être un anarchiste
    Et vivre comme un millionnaire
    Et vivre comme un millionnaire
    J'aurais voulu être un artiste....
    Pour pouvoir dire pourquoi j'existe.

07 novembre 2011

Chronique du mois d'Octobre 2011

Tout doucement au cours du mois d'Octobre 2011, nous nous sommes dirigés d'une crise de la dette vers une autre de nature plus ... politique. Depuis Mai 2010, la CDU, le parti de la chancelière Angela Merkel, a perdu presque toutes les échéances politiques. La pression est donc forte sur elle. Les présidents français et américain se sont pas en reste et même s'ils se tendent la main, ils savent bien que les scrutins les attendent sous peu. Le leader Grec, Georges Papandréou a lâché une bombe en proposant un référendum, qui n'aurait pas été une mauvaise idée au fond s'il n'avait pas été proposé une fois les aides attribuées. Les conservateurs vont surement prendre le pouvoir en Espagne et n'auront pas d'autres choix que la réduction des dépenses publiques et la mise en place d'un plan d'austérité, au moins équivalent à celui que devra lancer Silvio Berlusconi qui n'a que rarement été aussi affaibli qu'en ce moment. Comme ce fut le cas en Irlande, dès lors que l'on met en place les ingrédients du redressement, qui immanquablement riment avec rigueur, on se met en position de faiblesse et bien souvent on perd le pouvoir. C'est ainsi. Notre bonne vieille Europe peine à trouver de nouveaux équilibres et cela risque de durer. Alors dans ce contexte, où il faut retrouver des repères fiables, des lignes de flottaison auxquelles on puisse se fier, il faut se souvenir de l'essentiel : les marchés ne peuvent pas guider nos pas. Il faut s'affranchir de toute dictature de l'esprit qui viendrait inhiber hommes politiques et chefs d'entreprise. Il faut au contraire changer la donne : donner un nouveau sens aux entreprises, changer le modèle, décloisonner le monde financier pour le sortir de son carcan actuel, viser à long terme, investir pour le futur, valoriser en somme les investissements sur des échelles de temps différentes, relancer des plans de croissance qui seuls peuvent générer de l'emploi et surtout espérer que nous aurons quelques femmes et hommes courageux qui feront fi de leurs ambitions pour servir une cause, un dessein plus profond, plus essentiel, pour se donner une raison d'être ... Certains/certaines perdront probablement des élections. Sans doute. Mais peut-être auront-ils tout simplement sauver l'Europe ! Ils passeront alors très certainement à la postérité. Il faut parfois savoir perdre gros pour gagner très gros, surtout lorsque la mesure n'est pas pécuniaire et qu'elle a trait à la conscience !

23 octobre 2011

Merci à notre héroïque équipe de France, bravo aux All Blacks !

Commençons par dire que les All Blacks ont fait une superbe coupe du monde, après avoir dominé le rugby mondial ces quatre dernières années. C'est sans aucun doute la meilleure équipe du monde et il était temps pour eux de retrouver le trophée mondial. Leur victoire est, même si cela nous cause un pincement au coeur de le dire, amplement méritée. 
Les All Blacks,
champions du monde 2011
Alors, bravo aux néo-zélandais ! 
Mais bravo aussi à cette fantastique équipe de France qui a encore une fois fait vaciller cette équipe des "tout noir". On est bien, en jouant sur les mots, leur bête noire ! On y a cru, jusqu'au bout. Une pénalité et nous revenions avec la coupe. 
Néanmoins, sur l'ensemble de l'épreuve, cela n'aurait sans doute pas aussi mérité que pour les blacks. Ils ont survolé tous les matchs, battant les australiens en demi-finale, une autre finale avant l'heure, quand nous avons enregistré deux défaites et une victoire tirée par les cheveux contre les Gallois. Alors tout est bien ainsi. Nous sortons de cette coupe du monde par le haut, droit dans nos bottes, fiers d'avoir combattu et d'avoir fait taire tous ceux qui ne percevaient pas entre les interstices la force de cette équipe. 
Marc Lièvremont,
sélectionneur de l'équipe de France
Un coup de chapeau aussi au staff français, à Emile Ntamack (dont nous avons déjà dit toute sa force et tout son professionnalisme) et à Marc Lièvremont qui, malgré les attaques quasi incessantes de la presse, des médias, a réussi à hisser son équipe en finale ! Pas mal, je trouve. Cela dénote une force de caractère dont je ne doutais pas. 
On finira par la gagner cette coupe, en Angleterre, dans quatre ans !

22 octobre 2011

Un défi comme on les aime !

Les All Blacks ... ou comment défier une légende ? 
Les All Blacks ne sont pas une équipe de rugby. Ils sont bien plus qu'un sport, ils sont un élément clé de la culture locale. Ils sont à la Nouvelle Zélande ce que l'Académie Française est à la France. Devenir un Black, c'est entrer dans la légende, c'est devenir un immortel ! Le pays est petit, guère plus de quatre millions d'habitants. Le rugby y joue depuis toujours un rôle central. C'est le haut-parleur de cette nation, le porte-voix, un emblème. La victoire demain n'est pas seulement souhaitable et attendue, elle est pour tout habitant des îles une obligation. Ce n'est pas une option ! Autant dire que la partie va être dure pour nos valeureux français qui ont déjà surpris cette équipe mythique au cours des dernières années. On se souvient du quart de finale de coupe du monde en 2007. Les Blacks aussi. Certains ne s'en sont d'ailleurs jamais remis. Demain, ce sera un combat, un enfer, mais ne nous y trompons pas, la pression sera surtout du côté des néo-zélandais. Ils ne peuvent pas échouer. Tant mieux. C'est peut-être là notre chance ! J'aime le sport parce qu'il transcende notre imaginaire, parce qu'il nous entraine dans d'autres contrées, d'autres univers. Il nous oblige à redécouvrir les valeurs que nous nous acharnons à oublier à longueur de journée, dévorés par le quotidien de nos vies. J'aime le rugby parce qu'il réveille en nous toutes nos pulsions. Certaines sont guerrières certes, mais au final c'est d'abord et surtout une question d'amitié et d'émotions. Demain, il ne faudra rien lâcher. Il faudra se battre, ne pas reculer face à ces guerriers transcendés par le Haka, danse traditionnelle maori. 
Peut-on y arriver ? C'est la question que tout le monde se pose et des personnes plus expertes que moi ont déjà apporté leur point de vue. Pour ma part, je vois la France capable de réaliser un nouvel exploit sous condition de dominer en touche, comme ils le font depuis le début, de tenir les mêlées, et de casser le jeu des Blacks en tapant régulièrement en touche. Il ne faut surtout pas leur laisser du champs, de l'espace. Il ne faut pas les laisser développer leur jeu. Les Néo-Zélandais sont comme tout le monde, s'ils doutent, ils joueront moins bien. Il faut casser leur jeu, le rythme du match, procéder par coups de boutoir et par contre-attaques. Ce n'est pas faire preuve d'anti-jeu, mais de tactique. Le Rugby est certes physique, mais la part stratégique est énorme. Il faut la tête et les jambes pour gagner ! Plus facile à écrire qu'à faire. Demain je serai avec des amis dans un café non loin de chez moi pour voir le match et je me régale d'avance. Allez la France !

09 octobre 2011

A speech delivered by Steve Jobs in 2005 at Stanford University ... a lesson for everyone !


'You've got to find what you love,' Jobs says

This is a prepared text of the Commencement address delivered by Steve Jobs, CEO of Apple Computer and of Pixar Animation Studios, on June 12, 2005.

Video of the Commencement address.
I am honored to be with you today at your commencement from one of the finest universities in the world. I never graduated from college. Truth be told, this is the closest I've ever gotten to a college graduation. Today I want to tell you three stories from my life. That's it. No big deal. Just three stories.
The first story is about connecting the dots.
I dropped out of Reed College after the first 6 months, but then stayed around as a drop-in for another 18 months or so before I really quit. So why did I drop out?
It started before I was born. My biological mother was a young, unwed college graduate student, and she decided to put me up for adoption. She felt very strongly that I should be adopted by college graduates, so everything was all set for me to be adopted at birth by a lawyer and his wife. Except that when I popped out they decided at the last minute that they really wanted a girl. So my parents, who were on a waiting list, got a call in the middle of the night asking: "We have an unexpected baby boy; do you want him?" They said: "Of course." My biological mother later found out that my mother had never graduated from college and that my father had never graduated from high school. She refused to sign the final adoption papers. She only relented a few months later when my parents promised that I would someday go to college.
And 17 years later I did go to college. But I naively chose a college that was almost as expensive as Stanford, and all of my working-class parents' savings were being spent on my college tuition. After six months, I couldn't see the value in it. I had no idea what I wanted to do with my life and no idea how college was going to help me figure it out. And here I was spending all of the money my parents had saved their entire life. So I decided to drop out and trust that it would all work out OK. It was pretty scary at the time, but looking back it was one of the best decisions I ever made. The minute I dropped out I could stop taking the required classes that didn't interest me, and begin dropping in on the ones that looked interesting.
It wasn't all romantic. I didn't have a dorm room, so I slept on the floor in friends' rooms, I returned coke bottles for the 5¢ deposits to buy food with, and I would walk the 7 miles across town every Sunday night to get one good meal a week at the Hare Krishna temple. I loved it. And much of what I stumbled into by following my curiosity and intuition turned out to be priceless later on. Let me give you one example:
Reed College at that time offered perhaps the best calligraphy instruction in the country. Throughout the campus every poster, every label on every drawer, was beautifully hand calligraphed. Because I had dropped out and didn't have to take the normal classes, I decided to take a calligraphy class to learn how to do this. I learned about serif and san serif typefaces, about varying the amount of space between different letter combinations, about what makes great typography great. It was beautiful, historical, artistically subtle in a way that science can't capture, and I found it fascinating.
None of this had even a hope of any practical application in my life. But ten years later, when we were designing the first Macintosh computer, it all came back to me. And we designed it all into the Mac. It was the first computer with beautiful typography. If I had never dropped in on that single course in college, the Mac would have never had multiple typefaces or proportionally spaced fonts. And since Windows just copied the Mac, it's likely that no personal computer would have them. If I had never dropped out, I would have never dropped in on this calligraphy class, and personal computers might not have the wonderful typography that they do. Of course it was impossible to connect the dots looking forward when I was in college. But it was very, very clear looking backwards ten years later.
Again, you can't connect the dots looking forward; you can only connect them looking backwards. So you have to trust that the dots will somehow connect in your future. You have to trust in something — your gut, destiny, life, karma, whatever. This approach has never let me down, and it has made all the difference in my life.
My second story is about love and loss.
I was lucky — I found what I loved to do early in life. Woz and I started Apple in my parents garage when I was 20. We worked hard, and in 10 years Apple had grown from just the two of us in a garage into a $2 billion company with over 4000 employees. We had just released our finest creation — the Macintosh — a year earlier, and I had just turned 30. And then I got fired. How can you get fired from a company you started? Well, as Apple grew we hired someone who I thought was very talented to run the company with me, and for the first year or so things went well. But then our visions of the future began to diverge and eventually we had a falling out. When we did, our Board of Directors sided with him. So at 30 I was out. And very publicly out. What had been the focus of my entire adult life was gone, and it was devastating.
I really didn't know what to do for a few months. I felt that I had let the previous generation of entrepreneurs down - that I had dropped the baton as it was being passed to me. I met with David Packard and Bob Noyce and tried to apologize for screwing up so badly. I was a very public failure, and I even thought about running away from the valley. But something slowly began to dawn on me — I still loved what I did. The turn of events at Apple had not changed that one bit. I had been rejected, but I was still in love. And so I decided to start over.
I didn't see it then, but it turned out that getting fired from Apple was the best thing that could have ever happened to me. The heaviness of being successful was replaced by the lightness of being a beginner again, less sure about everything. It freed me to enter one of the most creative periods of my life.
During the next five years, I started a company named NeXT, another company named Pixar, and fell in love with an amazing woman who would become my wife. Pixar went on to create the worlds first computer animated feature film, Toy Story, and is now the most successful animation studio in the world. In a remarkable turn of events, Apple bought NeXT, I returned to Apple, and the technology we developed at NeXT is at the heart of Apple's current renaissance. And Laurene and I have a wonderful family together.
I'm pretty sure none of this would have happened if I hadn't been fired from Apple. It was awful tasting medicine, but I guess the patient needed it. Sometimes life hits you in the head with a brick. Don't lose faith. I'm convinced that the only thing that kept me going was that I loved what I did. You've got to find what you love. And that is as true for your work as it is for your lovers. Your work is going to fill a large part of your life, and the only way to be truly satisfied is to do what you believe is great work. And the only way to do great work is to love what you do. If you haven't found it yet, keep looking. Don't settle. As with all matters of the heart, you'll know when you find it. And, like any great relationship, it just gets better and better as the years roll on. So keep looking until you find it. Don't settle.
My third story is about death.
When I was 17, I read a quote that went something like: "If you live each day as if it was your last, someday you'll most certainly be right." It made an impression on me, and since then, for the past 33 years, I have looked in the mirror every morning and asked myself: "If today were the last day of my life, would I want to do what I am about to do today?" And whenever the answer has been "No" for too many days in a row, I know I need to change something.
Remembering that I'll be dead soon is the most important tool I've ever encountered to help me make the big choices in life. Because almost everything — all external expectations, all pride, all fear of embarrassment or failure - these things just fall away in the face of death, leaving only what is truly important. Remembering that you are going to die is the best way I know to avoid the trap of thinking you have something to lose. You are already naked. There is no reason not to follow your heart.
About a year ago I was diagnosed with cancer. I had a scan at 7:30 in the morning, and it clearly showed a tumor on my pancreas. I didn't even know what a pancreas was. The doctors told me this was almost certainly a type of cancer that is incurable, and that I should expect to live no longer than three to six months. My doctor advised me to go home and get my affairs in order, which is doctor's code for prepare to die. It means to try to tell your kids everything you thought you'd have the next 10 years to tell them in just a few months. It means to make sure everything is buttoned up so that it will be as easy as possible for your family. It means to say your goodbyes.
I lived with that diagnosis all day. Later that evening I had a biopsy, where they stuck an endoscope down my throat, through my stomach and into my intestines, put a needle into my pancreas and got a few cells from the tumor. I was sedated, but my wife, who was there, told me that when they viewed the cells under a microscope the doctors started crying because it turned out to be a very rare form of pancreatic cancer that is curable with surgery. I had the surgery and I'm fine now.
This was the closest I've been to facing death, and I hope it's the closest I get for a few more decades. Having lived through it, I can now say this to you with a bit more certainty than when death was a useful but purely intellectual concept:
No one wants to die. Even people who want to go to heaven don't want to die to get there. And yet death is the destination we all share. No one has ever escaped it. And that is as it should be, because Death is very likely the single best invention of Life. It is Life's change agent. It clears out the old to make way for the new. Right now the new is you, but someday not too long from now, you will gradually become the old and be cleared away. Sorry to be so dramatic, but it is quite true.
Your time is limited, so don't waste it living someone else's life. Don't be trapped by dogma — which is living with the results of other people's thinking. Don't let the noise of others' opinions drown out your own inner voice. And most important, have the courage to follow your heart and intuition. They somehow already know what you truly want to become. Everything else is secondary.
When I was young, there was an amazing publication called The Whole Earth Catalog, which was one of the bibles of my generation. It was created by a fellow named Stewart Brand not far from here in Menlo Park, and he brought it to life with his poetic touch. This was in the late 1960's, before personal computers and desktop publishing, so it was all made with typewriters, scissors, and polaroid cameras. It was sort of like Google in paperback form, 35 years before Google came along: it was idealistic, and overflowing with neat tools and great notions.
Stewart and his team put out several issues of The Whole Earth Catalog, and then when it had run its course, they put out a final issue. It was the mid-1970s, and I was your age. On the back cover of their final issue was a photograph of an early morning country road, the kind you might find yourself hitchhiking on if you were so adventurous. Beneath it were the words: "Stay Hungry. Stay Foolish." It was their farewell message as they signed off. Stay Hungry. Stay Foolish. And I have always wished that for myself. And now, as you graduate to begin anew, I wish that for you.
Stay Hungry. Stay Foolish.
Thank you all very much.

On avait raison d'y croire ...

La France bat l'Angleterre au Mondial 2011
On avait effectivement raison d'y croire. Les Français, comme ils le font en général dans les moments difficiles, se sont ressaisis, se sont dépassés et ont renvoyé les anglais chez eux ! Quel combat ! Quel fierté au bout du compte ... une belle équipe. Maintenant, nous avons le Pays de Galle en ligne de mire. Une autre belle bagarre en perspective. 

04 octobre 2011

France - Angleterre ce samedi ...

L'équipe de France de Rugby

Il semble que Churchill ait dit : "Les anglais se perdent dans l'ordre, les français se relèvent dans la débâcle".
Peu importe qui a vraiment prononcé cette phrase, mais gageons qu'elle se révèle vrai samedi prochain pour le quart de finale de la coupe du monde qui nous attend.
Le 15 de la Rose ne sera pas tendre. Mais c'est généralement dans ces moments de vérité que l'équipe de France se montre sous son meilleur jour.

03 octobre 2011

HP depuis 40 ans en Isère !

Cérémonie des 40 ans de présence d'HP dans la région de l'Isère
(Le Dauphiné Libéré)
HP dans la région de l'Isère, c'est une longue histoire, 40 ans de présence, 40 ans de partenariat. Nous sommes aujourd'hui plus que jamais persuadés que les centres de compétence, ancrés dans cette région depuis de nombreuses années, donnent une force supplémentaire au groupe HP en France. En présence du secrétaire général de la préfecture, représentant l'Etat, de Mme la députée et première vice-présidente de la metro, du premier adjoint au Maire de Grenoble, de nombreux élus et de personnalités du monde académique, militaire et business, nous avons fêté cet anniversaire chargé d'émotions pour tous les participants. 

01 octobre 2011

Chronique du mois de Septembre 2011

Le taureau (Bull) de Wall Street
Tout le monde connait cette sculpture en bronze de l'artiste Arturo Di Modica située au Bowling Green Park près de la bourse de New York (Wall Street), censée représenter la force, le pouvoir et l'espoir du peuple américain dans le futur. Mon sentiment, en cette fin de mois de Septembre 2011, est que le monde ne tourne pas rond. Les bourses connaissent des mouvements haussiers et baissiers inexplicables, ballotées par les valeurs bancaires. Plus personne ne comprend rien, le tout alimenté par des rumeurs plus folles les unes que les autres. Mais du reste qui est à la manoeuvre pour propager de telles informations ? On peut raisonnablement se demander si certains n'y  trouvent pas un intérêt. Car pendant que nous autres nous questionnons sur le pourquoi du comment, des financiers, avides de gains, s'en mettent plein les poches. Et bien oui, quand une même action (BNPP ou SG par exemple) fait +8%, -5%, -3% et +4% en 4 jours, il y a de quoi se demander si tout ceci n'est pas piloté ? A l'évidence, tout ceci n'est pas clair et vient renforcer l'impression du "tous pourris", alors même que nous aurions tous le souhait de faire un grand nettoyage de printemps et de repartir sur des bases saines. Nous en sommes très loin. Les politiques se débattent entre mises en examen pour abus de biens sociaux, malversations diverses, harcèlement ou tentative de viol. L'homme politique indemne de toute plainte ou de toute suspicion va devenir l'être rare ! Il est temps de reprendre tout ça en main. Les Etats-Unis ont un gros travail à faire sur eux-mêmes. Ces décennies de dépenses illimitées ont plombées leurs finances. En Europe, nous ne sommes guère mieux. Le vieux continent, essoufflé par une croissance très faible et un vieillissement des populations, n'arrive plus à prendre un rythme de croisière. Il y aura de la casse. Faut-il croire que Jean-Jacques Rosa (son ouvrage : "L'erreur économique") avait raison lorsqu'il prétendait que l'euro était une erreur ? En tout cas, force est de constater qu'une Europe à trois vitesses, d'un côté des pays en difficulté (la Grèce, le Portugal, l'Irlande, certains pays de l'Est, etc.), de l'autre des pays plus forts (l'Allemagne, la France, etc.) et enfin des zones tampon (l'Italie, l'Espagne, etc.), ne marche pas. cela ne fonctionne pas parce que les peuples ne pourront pas accepter indéfiniment de renflouer des pays fautifs. Pourquoi au fond un Allemand devrait-il payer pour les erreurs grecs ? D'autant plus qu'après la Grèce, il se dit qu'il devra payer pour l'Espagnol, le Portugais, l'Italien et qui sait, peut-être le Français. ce qui est certain, c'est qu'il est peu probable qu'un jour un Italien paie pour soutenir un Allemand ! Disons que ce n'est pas l'hypothèse la plus réaliste ! Alors solidarité oui, soutien aux autres pourquoi pas, mais tout a une limite dans la vie et les événements récents nous montrent qu'elle est maintenant en ligne de mire. Si l'Allemagne venait à sortir de la zone euro, alors nous serions face à une crise épouvante. Si la Grèce venait à tomber, ce serait dramatique, mais pour forcément mortel pour l'Europe. Difficile de savoir quoi faire. Il est par contre évident qu'après les élections, la retraite à 67 ans sera quasi inéluctable, que la hausse des impôts ne pourra pas être évitée, etc. Il en va de l'équilibre français, de sa solidité (tant que nous n'avons pas trouvé mieux, il nous faut garder nos bonnes notations pour être en mesure d'emprunter à bons taux) et de l'avenir de nos jeunes générations. Il faut reformer, vite, et sans reculer. Il faut accepter, comme le disait Jacques Delors en son temps, de ne pas être populaire. Il vaut mieux cela que de connaitre les affres d'une crise économique, financière et sociale inédite en France, dont les effets ne peuvent pas encore être tous appréhendés. 

25 septembre 2011

L'après 11 Septembre ...

L'après 11 Septembre vu du cinéma
Les attentats du 11 Septembre ont indéniablement changé la physionomie du monde. Et ce à tout point de vue. Certains y voient le début du déclin américain. Je ne le crois pas. D'abord, parce que les USA, certes plus concurrencés, restent une grande puissance, la première, et continuent d'orienter la planète dans de nombreux domaines. Je ne suis pas certain qu'il faille parler de la fin de l'empire américain, mais qu'il s'agit plutôt de l'émergence de nouvelles puissances, des pays qui n'existaient pas ou peu il y a encore deux ou trois décennies. Les BRICs par exemple. Il s'agit d'un sigle regroupant le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Mais il faudra également compter avec certains pays d'Asie, comme le Vietnam et un jour prochain sur le continent ... africain, que certains ont eu tôt fait d'enterrer. 
Mais si le 11 Septembre n'est pas totalement responsable de la situation des USA d'aujourd'hui, il n'a rien arrangé bien sûr. Depuis, les américains ont dû faire face à la guerre d'Irak, à l'Afghanistan et à de multiples conflits ci et là. Les US n'ont plus les moyens d'antan et les attentats leur ont enseigné qu'ils n'étaient pas sans limite et qu'ils étaient vulnérables. Comme tout le monde. La crise actuelle leur a fait mettre genou à terre. Un seul. Mais c'est quasiment la première fois. La faillite de Lehman Brothers aura marqué les esprits, symbole de leur toute puissance. Non l'Amérique n'est décidément plus invulnérable. Elle peut trembler et tomber. La crise de l'immobilier, l'augmentation du chômage et la récession qui pointe son nez nous rappellent que le modèle capitaliste est là-bas fondé sur la dynamique des marchés. Les "mortgages", système "d'hypothèque" américain, consistent à garantir les prêts sur les biens. Jusqu'ici assez similaire au système français. Mais le citoyen américain peut alors emprunter la valeur de sa maison, ou presque, pour faire d'autres achats, ou surtout pour placer en bourse. Comme les fonds de retraite sont eux-même indexés sur la bourse, on commence à deviner le problème. Quand les marchés vont, c'est l'opulence, on vit comme un roi, avec maison au nord de Manhattan, appartement en Floride, quatre voitures et vacances au Bahamas. Mais quand le marché plonge, tout s'effondre, retraites et patrimoines. C'est un peu caricatural, je veux bien l'admettre, mais c'est très proche de la réalité. Ainsi, des citoyens qui ont durement travaillé toute leur vie, se retrouvent sans maison, sans retraite et sont à 70 ans ou plus obligés d'aller travailler pour vivre, ou survivre ! 
Le 11 Septembre n'aura été qu'un déclencheur. Un accélérateur en ce sens qu'il a engendré des dépenses, des milliards de dollars pour l'Amérique, qu'il faut tôt ou tard rembourser. Mais les difficultés ont été accumulées tout au long de ces trois ou quatre dernières décennies. En trébuchant, les USA entrainent l'Europe et le monde, car même si les BRICs et l'Asie résistent, qu'en serait-il si certains états européens venaient à s'effondrer et si le système bancaire venait à réellement plonger ? 
L'Amérique se remet de ses blessures. Il faut prendre conscience que la couverture médiatique de la capture et la mort de Ben Laden a été dix ou vingt fois moins importante que celle d'un fait divers, comme l'affaire DSK par exemple ! Je m'en suis également remis avec le temps. Même si je suis convaincu que le 11 Septembre aura été un véritable détonateur de conscience. Son incidence sur notre façon d'être, notre façon de pensée et nos valeurs n'aura pas été neutre. Lorsque les historiens se pencheront sur l'impact de cet événement tragique, avec le recul nécessaire, on prendra certainement conscience de son ampleur et de ces répercussions. 
Nous sommes aujourd'hui parvenus sur terre à un stade de maturité jamais atteint, nous sommes tous persuadés qu'une guerre mondiale est impossible, que les dégâts seraient tels qu'il n'y aurait peut-être plus de monde, que nous avons dépassé depuis longtemps le stade de "je vais te montrer que je suis plus fort que toi" ou "ce que je veux je vais le prendre par la force". Pourtant, jamais la planète n'a semblé aussi fragile. Chocs écologiques à venir, fragilité des états, et pas uniquement sur un plan économique mais aussi sur les valeurs, révolutions un peu partout (le monde arabe dernièrement), des raz-le-bol qui se multiplient partout (on accepte plus les inégalités qui se multiplient partout), tout cela met nos dirigeants face à leurs responsabilités : redessiner un nouvel ordre mondial, un environnement politique, économique et social, fondé sur des principes inaliénables, novateurs et porteurs d'espoir. On en est un peu loin en ce moment !  

17 septembre 2011

Les jours suivants ...

Rudy Giuliani à Manhattan
avec le président Georges W. Bush
Les jours suivants les attentats du 11 Septembre furent difficiles. Nous venions de prendre conscience que la plus grande puissance mondiale n'était pas hors d'atteinte. Nous venions de prendre conscience que les hommes peuvent commettre des actes horribles lorsqu'ils sont aveuglés ou fanatisés. Rien ne peut et ne pourra jamais justifier l'assassinat de milliers d'innocents. Des femmes et des hommes, souvent dans la force de l'âge, ont laissé leur vie ce jour là, ce 11 Septembre, jour devenu si tristement célèbre depuis. J'avais dans mes équipes à cette époque là des collègues qui ont perdu un proche, un ami, un parent, ... un fils ou une fille. Que peut-il y avoir de plus douloureux pour un père ou une mère ? Tous les jours à se demander comment ils ont vécu leurs derniers instants. Ont-ils vu venir cette fin horrible ? Ont-ils eu peur ? Ces pères, ces mères, meurtris dans leur âme, auraient alors tout donné pour être dans l'une des tours, à la place de l'être aimé. Mais ce n'est pas possible; Il faut alors vivre avec. Et je dois dire que j'ai admiré la réaction des américains et des américaines dans ces instants tragiques, exceptionnels, incompréhensibles. Après le KO technique des premiers jours, ils ont vite relevé la tête. Par fierté, ils ont planté des drapeaux américains dans leur jardin, en ont mis sur leur pas de porte de maison, sur leur voiture, etc. Nous avons fait la même chose. Après ce 11 Septembre, comme le titre du journal Le Monde de l'époque, nous nous sommes tous sentis américains. Je me suis senti meurtri, j'étais américain. Du moins, je me suis senti très proche d'eux. Proche de nos voisins, de nos relations au travail, de nos amis. On osait plus demander à ceux que nous croisions s'ils avaient perdu quelqu'un dans ces ignominies. Cela n'était pas nécessaire, tout se voyait dans leurs yeux. 
La presse a joué un rôle considérable. Elle a bien fait son travail, des hommes et des femmes ont marqué les esprits. Rudy Giuliani  par exemple, le maire de New York au moment des attentats. Nous avons dès lors vécu à l'heure américaine. Nous cherchions à évaluer les risques pour nos enfants. Je me souviens m'être demandé avec ma femme s'il ne fallait pas rentrer. Pour protéger nos enfants contre d'autres fous qui pourraient commettre de nouvelles abominations. Surtout lorsque l'affaire de l'anthrax (ou maladie du charbon) est sortie. Lorsqu'on se met à ouvrir son courrier avec des gants en latex, on se dit que quelque chose ne tourne pas rond. Mais la réaction des américains et des américaines fut si grandiose, si héroïque, que nous avons voulu rester et à notre façon nous battre à leurs côtés. Une forme de solidarité au quotidien en somme.
Le président Georges W. Bush, si décrié lors que de son avénement à la tête de la première puissance mondiale, puis plus tard lors du déclenchement de la guerre en Irak, a magnifiquement géré cette période troublée. Il s'est érigé en chef d'état, en chef de guerre. Il le fallait. Je me souviens de son fameux discours devant le congrès le 20 Septembre 2001. Nous étions devant nos postes, nous écoutions chaque mot. Il a été magistral. Je me souviens que nous avions une larme à l'oeil lorsqu'il évoqua les morts, lorsque le congrès a rendu hommage à cette femme, présente dans l'assemblée, qui venait de perdre son époux dans l'avion qui devait tomber en Pennsylvanie, après que les passagers eurent défiés et empêchés les terroristes d'arriver à leur fin (voir mon précédent billet). Il est des moments que l'on ne peut oublier. En cliquant sur le titre, vous pouvez accéder à la vidéo de l'INA. Ci-dessous une autre vidéo:



Je ne veux pas que mes propos soient mal interprétés. Je ne m'érige pas en défenseur de l'Amérique. Je ne trouve pas que les Etats-Unis constituent un modèle. Mais je m'insurge contre la barbarie, contre l'injustice, contre la mort d'innocents. Je veux aussi avoir une pensée pour mes amis, ceux qui ont perdu quelqu'un, et qui sont meurtris à jamais.

11 septembre 2011

Je me souviens de chaque instant ...

Ma première journée. Je venais de quitter ma maison qui se trouvait à Larchmont (Westchester, Etat de New York), à 20 miles environ de Manhattan. Nous étions privilégiés. Comme de nombreux détachés, nous vivions confortablement, en bordure d'estuaire, une vue imprenable sur Long Island Sound, au milieu d'une importante communauté française. Je roulais dans ma Sebring cabriolet, heureux de retrouver mon équipe. Je dirigeais à l'époque une entité de près de 1700 personnes réparties dans les trois géographies du monde. Comme tous les jours, à 15 minutes du bureau, qui se trouvait au Nord de Larchmont, j'appelais mon assistante. Je la trouvais affolée, balbutiante. A dire vrai je n'ai rien compris. J'ai raccroché et j'ai accéléré. Je pensais qu'une réorganisation avait été annoncée ou quelque chose dans le genre. Le changement stresse toujours les gens. Mais j'ai vite compris que l'affaire était bien plus grave lorsqu'en arrivant j'ai vu les images du premier avion rentrant dans la première tour du World Trade Center. Quel choc ! Je comprenais alors la réaction de ma secrétaire qui elle avait vécu la scène quasiment en direct. Choc certes, mais à ce stade, on pensait encore qu'il s'agissait d'un accident. Qu'un avion était passé au travers des mailles du filet et que le pilote avait perdu le contrôle ou quelque chose dans le genre. Mais mon intuition, sur laquelle je peux généralement compter, me disait que les choses n'étaient peut-être pas aussi simples que ça. J'ai eu la bonne idée d'appeler ma femme qui se trouvait à l'école de Larchmont avec les enfants pour la réunion de rentrée. Sans trop savoir pourquoi je lui ai demandé de rentrer tout de suite à la maison et d'y rester en attendant mon retour. Après avoir raccroché, comme tout le monde, les communications ne passaient plus. Deuxième avion dans la seconde tour. Angoisse. Les tours qui s'effondrent, l'une après l'autre. Cauchemar. Je regardais l'écran, stupéfait, assommé, les larmes aux yeux comme tout le monde autour de moi. Plus de doute, cette fois, c'était un acte terroriste. D'une ignominie absolue. Un troisième avion qui s'abat sur le Pentagone. Tout un symbole. Et le courage des passagers du quatrième, on le saura plus tard, qui ont lutté contre les terroristes pour l'empêcher de s'abattre sur la Maison Blanche. Autour de moi, on essayait de joindre un proche. Tout le monde pleurait. Mais personne ne paniquait vraiment. Les américains ont cette capacité à faire face aux événements, il faut bien l'admettre. Mais le choc était terrible. Déjà on imaginait les salariés, prisonniers de cet enfer, certains se sont jetés dans le vide, il faut en prendre conscience, d'autres ont passé des appels d'au-revoir ! D'adieu en fait ! Qu'ont-ils éprouvé ? Qu'ont-ils pensé ? Ont-ils su qu'ils allaient mourir ? On s'est tous serré. On s'est tous pris par la main. On était comme sonné. Y-avait-il d'autres avions ? D'autres actions terroristes en cours ? Etions nous en guerre ? La fin d'un monde dominé par la glorieuse Amériques
Georges Bush apprenant l'attaque.
Je me souviens de son regard.
Saisissant et dramatique ! 
J'ai quitté avec peine les bureaux et je suis rentré retrouvé ma famille. Ils étaient devant la télévision. Mes enfants étaient encore petits, 7 et 10 ans. Ils voyaient bien qu'il venait de se passer quelque chose de très grave mais c'était à peu près tout. C'était mieux ainsi bien sûr. On a regardé les informations toute la nuit avec ma femme. On était scotché à l'écran. On ne pouvait pas s'en détacher. Les semaines allaient marquer ma vie, celles des américains, des citoyens du monde et de l'humanité dans sa globalité. Mon prochain billet décrira la façon dont j'ai vécu les semaines suivantes, avant d'en écrire un troisième sur les répercussions du 11 Septembre.